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XVI

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Salonique, juin 1876.

C'était un bonheur de faire à Salonique ces corvées matinales qui vous mettaient à terre avant le lever du soleil. L'air était si léger, la fraîcheur si délicieuse, qu'on n'avait aucune peine à vivre; on était comme pénétré de bien-être. Quelques Turcs commençaient à circuler, vêtus de robes rouges, vertes ou orange, sous les rues voûtées des bazars, à peine éclairées encore d'une demi-lueur transparente.

L'ingénieur Thompson jouait auprès de moi le rôle du confident d'opéra-comique, et nous avons bien couru ensemble par les vieilles rues de cette ville, aux heures les plus prohibées et dans les tenues les moins réglementaires.

Le soir, c'était pour les yeux un enchantement d'un autre genre: tout était rose ou doré. L'Olympe avait des teintes de braise ou de métal en fusion, et se réfléchissait dans une mer unie comme une glace. Aucune vapeur dans l'air: il semblait qu'il n'y avait plus d'atmosphère et que les montagnes se découpaient dans le vide, tant leurs arêtes les plus lointaines étaient nettes et décidées.

Nous étions souvent assis le soir sur les quais où se portait la foule, devant cette baie tranquille. Les orgues de Barbarie d'Orient y jouaient leurs airs bizarres, accompagnés de clochettes et de chapeaux chinois; les cafedjis encombraient la voie publique de leurs petites tables toujours garnies, et ne suffisaient plus à servir les narguilhés, les skiros, le lokoum et le raki.

Samuel était heureux et fier quand nous l'invitions à notre table. Il rôdait alentour, pour me transmettre par signes convenus quelque rendez-vous d'Aziyadé, et je tremblais d'impatience en songeant à la nuit qui allait venir.

Aziyadé

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