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NOTICE SUR LE JARDIN ZOOLOGIQUE D’ACCLIMATATION.

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Table des matières

Le Jardin zoologique du bois de Boulogne est destiné «à appliquer et propager les vues de la Société

«impériale zoologique d’acclimatation, avec le concours

«et sous la direction de cette Société ; par conséquent

«à acclimater, multiplier et répandre dans le public

«toutes les espèces animales ou végétales qui sont ou

«qui seraient nouvellement introduites en France et

«paraîtraient dignes d’intérêt par leur utilité ou par

«leur agrément.» (Art. 2 de l’arrêté de concession.)

Le Jardin zoologique du bois de Boulogne est donc l’école pratique de l’enseignement et des expériences de la Société impériale d’acclimatation. C’est la réalisation de son programme. Dès l’origine de cette Société, 10 mai 1854, ses fondateurs annoncèrent dans les statuts que, pour atteindre le but qu’ils se proposaient, la création d’établissements spéciaux était indispensable. C’est qu’en effet il ne suffit pas de transporter les animaux et les végétaux d’un pays dans un autre, pour leur y faire prendre droit de cité ; il faut encore qu’ils y trouvent les conditions sans lesquelles ils ne sauraient vivre, une hospitalité convenable, un climat approprié à leur constitution et des soins intelligents. Or, c’est là ce qui a trop souvent fait défaut dans le passé ; et ce serait un long et triste nécrologe que celui des animaux et des végétaux exotiques, qui, importés en Europe ou ailleurs, n’y ont eu qu’une existence éphémère et n’y ont même pas laissé de souvenir. Ainsi ce n’est point assez que des hommes animés de l’amour du bien public scrutent les divers pays du globe pour enrichir nos jardins, nos champs et nos bois, il faut que leur œuvre soit accueillie et continuée par d’autres non moins zélés, et, ce qui est aussi essentiel, qu’elle trouve des conditions matérielles qui en assurent la réussite.

Dans cette vue, quelques établissements furent créés dans les Alpes et en d’autres lieux par les soins des Sociétés régionales d’acclimatation établies à Grenoble et à Nancy, et en Auvergne, par la Société mère elle-même, qui possède dans le département du Cantal, la ferme dite de Souillard, un important dépôt d’animaux. Mais cette localité n’est propre qu’à l’élevage des animaux de montagne, et, pour les autres espèces, la Société impériale d’acclimatation n’avait pu qu’entreprendre, chez quelques-uns de ses membres, des essais faits sur une trop petite échelle pour donner de grands résultats, loin d’ailleurs de la surveillance et des moyens d’action de la Société. Tout le monde comprit que c’était à Paris, siège de la Société, rendez-vous général des hommes éclairés de tous les pays, centre de toutes les grandes impulsions, que devait être l’établissement capital de la Société. On fit appel au principe de l’association, si fécond en grands résultats; une souscription fut ouverte au capital d’un million, et divisée en 4000 actions. Plus de la moitié de ces actions fut souscrite par les membres de la Société d’acclimatation qui, après avoir conçu la pensée du Jardin, voulurent encore le doter richement.

S. M. l’Empereur et S. A. I. le prince Napoléon honorèrent l’entreprise de leur haut patronage.

Dès l’année 1858, une concession de quinze hectares et demi avait été faite dans le bois de Boulogne, par la ville de Paris, à cinq membres du bureau de la Société : MM. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, président de la Société, le prince Marc de Beauvau, Drouyn de Lhuys, Antoine Passy, vice-présidents, et le comte d’Éprémesnil, secrétaire général.

L’Empereur voulut bien, de sa main, agrandir le tracé de cette concession, et en porta les limites jusqu’à près de vingt hectares.

Après les études préparatoires faites par M. Davioud, architecte de la ville, et approuvées par un conseil composé de trente-quatre des principaux actionnaires, on se mit à l’œuvre en juillet 1859. La direction des travaux fut d’abord confiée, sous la surveillance d’un Comité choisi parmi les membres du conseil d’administration, à l’habile directeur du Jardin zoologique de Londres, M. Mitchell, qui était venu offrir ses services pour l’établissement du nouveau Jardin. Une mort soudaine ayant enlevé M. Mitchell après quelques mois (le 1er novembre 1859), le Comité s’est chargé lui-même de diriger les travaux. Ce Comité se composait, avec les cinq membres du bureau concessionnaire, de MM. E. André, Debains, Frédéric Jacquemart, Pomme, Ruffier, le comte de Sinety et Albert Geoffroy Saint-Hilaire, secrétaire du Comité, qui fut chargé, en cette qualité, de la direction provisoire.

MM. Debains, Jacquemart et Albert Geoffroy Saint-Hilaire s’occupèrent plus particulièrement des plans et de leur exécution; MM. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Pomme, le comte d’Éprémesnil et Albert Geoffroy Saint-Hilaire, de la formation du premier noyau de la collection des animaux.

Les travaux pour les constructions restèrent confiés à M. Davioud; et pour les dessins et la disposition du Jardin, M. Barillet-Deschamps, architecte paysagiste du bois de Boulogne, sous la haute direction de M. Alphan, ingénieur en chef des promenades et plantations de la ville de Paris, prêta à l’entreprise le concours de sa grande expérience.

Quinze mois avaient suffi à l’accomplissement des travaux; et un monument, suivant l’expression d’un des zélés fondateurs de l’entreprise, M. Drouyn de Lhuys, «était élevé à la zoologie et à la botanique .»

Le 1er août 1860, M. le docteur Rufz de Lavison, ancien président du Conseil général de la Martinique, fut nommé directeur du Jardin et chargé de l’organisation des services; et à M. Albert Geoffroy Saint-Hilaire, directeur adjoint, fut confié spécialement ce qui concerne l’installation, l’hygiène, l’éducation et la propagation des animaux.

Le 6 octobre, S. M. l’Empereur voulut bien honorer de sa présence l’inauguration du Jardin, et le public y fut admis le 9 du même mois.

Le Jardin zoologique est situé dans cette partie du bois de Boulogne qui s’étend entre la porte des Sablons et la porte de Madrid, le long du boulevard Maillot, dont il est séparé par le saut de loup et par le chemin dit des Érables. Il a la forme d’une longue ellipse. A l’extrémité est, près de la porte des Sablons, se trouve l’entrée principale; et à l’extrémité ouest, près de la porte de Madrid, une entrée sur Neuilly.

Le plan général est un vallon à pentes insensibles, dont le milieu est occupé par une rivière qui, sur plusieurs points de son parcours, s’élargit en bassins où s’ébattent en liberté les oiseaux d’eau les plus variés.

Le côté droit (ou nord), en entrant, dont les constructions regardent le midi, a été réservé aux animaux habitués à de douces températures. C’est là qu’on voit la magnanerie pour les diverses sortes de vers à soie dont l’introduction en Europe est due à la Société d’acclimatation; vers à soie du ricin, de l’ailante et du chêne placés à côté des vers du mûrier. Les dispositions adoptées permettent au public d’étudier ces animaux sans leur nuire. Autour de la magnanerie sont des plantations de mûriers, d’ailantes, de ricins et de chênes.

Plus loin on trouve la grande volière, composée de 21 logements, chacun avec un parquet, et de deux pavillons carrés en grillages, et la poulerie contenant 31 logements avec parquets. Cette poulerie est un vaste monolithe obtenu par le ciment Coignet, imperméable à l’humidité, et ne laissant aucune fissure où les insectes puissent se loger;

Puis vient le bâtiment des gardes.

Le grand bâtiment qui est au centre du Jardin renferme les écuries partagées en dix boxes pour les grands mammifères, hémiones, zèbres, yaks, zébus, tapirs, etc., etc. Au centre de ce bâtiment est un pavillon à balcon, dont le rez-de-chaussée est occupé par le buffet; le premier étage est destiné aux exhibitions des représentations d’animaux et de plantes par MM. les peintres et sculpteurs qui voudront y exposer leurs œuvres.

Le côté gauche du Jardin (ou sud) présente en remontant des grandes écuries vers l’entrée, l’aquarium, établissement d’un genre nouveau, construit sous la direction de M. Lhoyd, qui jouit pour ces sortes de travaux d’une réputation spéciale. Cet aquarium, beaucoup plus considérable que le modèle de Londres, consiste en 14 bacs de 1m,80 de long sur 1 mètre de large chacun, fermés par des glaces à travers lesquelles on pourra observer les animaux marins ou d’eau douce les plus intéressants et les plus singuliers et étudier les mouvements et les mœurs de ces êtres qu’on n’avait guère vus jusqu’à présent que dans les armoires des musées. Les bacs que l’on voit, dans le même bâtiment, à côté de l’aquarium, sont des appareils de pisciculture.

A l’aide d’une machine disposée derrière cet aquarium, l’eau de mer est distribuée dans les divers compartiments, puis reprise, revivifiée, ramenée à une température convenable et rendue propre à la vie des animaux.

Viennent ensuite les fabriques destinées aux mammifères, cerfs, antilopes, lamas, moutons, chèvres, kangurous, etc., etc. Ces fabriques, et d’autres que l’on aperçoit en diverses parties du Jardin et qui servent de logement aux grands échassiers, sont entourées de plus de soixante parcs enclos d’un grillage léger et solide, qui tout en retenant les animaux, leur permettent de courir en liberté, de porter leurs regards dans l’épaisseur du bois de Boulogne et de se croire au milieu de leurs forêts natales.

Au centre de l’un de ces parcs s’élève un rocher artificiel percé, à sa base, d’une grotte qui sert de passage et de lieu de repos pour les promeneurs, et dont le sommet présente souvent des mouflons à manchettes et des mouflons de Corse qui s’y suspendent pittoresquement.

Le grand bâtiment vitré que l’on voit, en retour, à gauche près de l’entrée principale, renferme la grande serre ou jardin d’hiver; c’était autrefois la serre des frères Lemichez, admirée par la population parisienne au village de Villiers, sous le nom de palais des Fleurs. Cette serre a été agrandie et embellie depuis sa transplantation au Jardin zoologique. Un salon de lecture et un buffet en occupent l’une des extrémités; à l’autre est l’entrée principale indiquée par la marquise qui la recouvre. Les petites serres que l’on voit alentour sont des serres de reproduction destinées à l’entretien de la grande.

Cette installation de serres n’avait pas été primitivement comprise dans le plan du Jardin. C’est à une souscription particulière que l’établissement doit cet embellissement destiné à conserver aux yeux le plaisir des fleurs et de la végétation, alors que tous les autres Jardins en sont dépouillés. L’exploitation de ces serres, où l’on pourra se procurer toutes les espèces exposées à la vue, a été affermée à M. Linden, l’un des plus grands introducteurs de plantes exotiques en Europe.

S. M. l’Impératrice a bien voulu assister à l’inauguration des serres le 15 février 1861, et le lendemain, elles ont été ouvertes au public.

Tel est présentement le Jardin zoologique du bois de Boulogne. Mais pour compléter la pensée de ses fondateurs et répondre à la bienveillance dont il a été constamment honoré par l’Empereur, le Jardin zoologique d’acclimatation, sans s’écarter du but spécial qu’il se propose, veut prendre une part immédiate dans les grands services que le règne de Napoléon III rend chaque jour à l’agriculture française; c’est dans ce but que l’administration du Jardin vient d’obtenir, en addition à ses statuts, le droit de répandre, par des expositions et des ventes, les animaux et les végétaux de choix, d’origine française et étrangère. Car le perfectionnement des espèces déjà acquises lui a toujours paru aussi important que l’acclimatation des espèces nouvelles; et elle estime que transporter dans les provinces du Midi ou de l’Est des belles races bovines, ovines et chevalines qui font la richesse de celles du Nord ou de l’Ouest, c’est encore acclimater. Pour atteindre ce but, les projets d’une grande vacherie, d’une bergerie et d’une porcherie, et même d’un chenil (on se plaint généralement que les bonnes races de chiens disparaissent), sont à l’étude.

Tel sera le complément du Jardin zoologique du bois de Boulogne, créé, comme l’a si bien dit M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, avec le concours de tous, dans l’intérêt de tous, et j’ajouterai, placé à la garde de tous.

Le Directeur,

RUFZ DE LAVISON.

Guide du promeneur au Jardin zoologique d'acclimatation

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