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A.—ASSASSINAT PAR VOLUPTÉ36 (VOLUPTÉ ET CRUAUTÉ, AMOUR DU MEURTRE POUSSÉ JUSQU'À L'ANTHROPOPHAGIE)

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Table des matières

Note 36: (retour)

Comparez: Meizger Ger. Arzneiw, édité par Remer, p. 539; Klein's Annalen, X, p. 176, XVIII, p. 311; Heinroth, System der Psych. ger. Med., p. 270; Neuer Pitaval, 1855, 23 Th. (cas Blaize Ferrage).

Le fait le plus horrible mais aussi le plus caractéristique pour montrer la connexité qui existe entre la volupté et la cruauté, c'est le cas d'Andreas Bichel que Feuerbach a publié dans son Aktenmæssigen Darstellung merkwürdiger Verbrechen.

B. puellas stupratas necavit et dissecuit.—À propos de l'assassinat commis sur une de ses victimes, il s'est exprimé dans les termes suivants au cours de son interrogatoire:

«Je lui ai ouvert la poitrine et j'ai tranché avec un couteau les parties charnues du corps. Ensuite j'ai apprêté le corps de cette personne, comme le boucher a l'habitude de faire avec la bête qu'il vient de tuer. Je lui ai coupé le corps en deux avec une hache de façon à l'enfouir dans le trou creusé d'avance dans la montagne et destiné à recevoir le cadavre. Je puis dire qu'en ouvrant la poitrine j'étais tellement excité que je tressaillais et que j'aurais voulu trancher un morceau de chair et le manger.»

Lombroso37 cite aussi des cas de ce genre, entre autres celui d'un nommé Philippe qui avait l'habitude d'étrangler post actum les prostituées et qui disait: «J'aime les femmes, mais cela m'amuse de les étrangler après avoir joui d'elles.»

Note 37: (retour)

Geschlechtstrieb und Verbrechen in ihren gegenseitigen Beziehungen, Goltdammers Archiv, Bd. XXX.

Un nommé Grassi (V. Lombroso op. cit., p. 12) a été pris nuitamment d'un désir sexuel pour une parente. Irrité par la résistance de cette femme, il lui donna plusieurs coups de couteau dans le bas-ventre, et lorsque le père et l'oncle de la malheureuse voulurent le retenir, il les tua tous deux. Immédiatement après il alla calmer dans les bras d'une prostituée son rut sexuel. Mais cela ne lui suffisait pas; il assassina son propre père et égorgea plusieurs bœufs dans l'étable.

Il ressort des faits que nous venons d'énumérer que, sans aucun doute, un grand nombre d'assassinats par volupté sont dus à l'hyperesthésie associée à la paresthésie sexuelle. De même, à un degré plus élevé, la perversion sexuelle peut amener à commettre des actes de brutalité sur des cadavres, comme par exemple le dépècement du cadavre, l'arrachement voluptueux des entrailles. Le cas de Bichel indique clairement la possibilité d'une pareille observation.

De notre temps, on peut citer comme exemple Menesclou (V. Annales d'hygiène publique) sur lequel Lasègue, Brouardel et Motet ont donné un rapport. On le jugea d'esprit sain, et il fut guillotiné.

Observation 17.—Le 18 avril 1880, une fille de quatre ans disparut de la maison de ses parents. Le 16 on arrêta Menesclou, un des locataires de cette maison. Dans ses poches on trouva les avant-bras de l'enfant; de la cheminée on retira la tête et les viscères à moitié carbonisés. Dans les lieux d'aisance on trouva aussi des parties du cadavre. On n'a pu retrouver les parties génitales de la victime. Menesclou, interrogé sur le sort de l'enfant, se troubla. Les circonstances ainsi qu'une poésie lascive trouvée sur lui, ne laissèrent plus subsister aucun doute: il avait assassiné l'enfant après en avoir abusé. Menesclou ne manifesta aucun repentir; son acte, disait-il, était un malheur. L'intelligence de l'accusé est bornée. Il ne présente aucun stigmate de dégénérescence anatomique; il a l'ouïe dure et il est scrofuleux.

Menesclou a vingt ans. À l'âge de neuf mois il eut des convulsions; plus tard, il souffrit d'insomnies; enuresis nocturna; il était nerveux, se développa tardivement et d'une façon incomplète. À partir de l'âge de puberté il devint irritable, manifestant des penchants mauvais; il était paresseux, indocile, impropre à toute occupation. Il ne se corrigea pas, même dans la maison de correction. On le mit dans la marine; là non plus il n'était bon à rien. Rentré de son service, il vola ses parents et eut de mauvaises fréquentations. Il n'a jamais couru après les femmes. Il se livrait avec ardeur à l'onanisme et, à l'occasion, il se livrait à la sodomie sur des chiennes. Sa mère souffrait de mania menstrualis periodica; un oncle était fou, un autre oncle ivrogne.

L'autopsie du cerveau de Menesclou a permis de constater une altération morbide des deux lobes frontaux, de la première et de la seconde circonvolution temporale ainsi que d'une partie des circonvolutions occipitales.

Observation 18.—Alton, garçon de magasin en Angleterre, va se promener dans les environs de la ville. Il attire une enfant dans un bosquet, rentre après y avoir passé quelque temps, va au bureau où il inscrit sur son carnet la note suivante: Killed to day a young girl, it was fine and hot (Assassiné aujourd'hui une jeune fille; le temps était beau; il faisait chaud).

On remarque l'absence de l'enfant, on se met à sa recherche et on la trouve déchirée en morceaux; certaines parties de son corps, entre autres les parties génitales, n'ont pu être retrouvées. Alton ne manifesta pas la moindre trace d'émoi et ne fournit aucune explication ni sur le mobile ni sur les circonstances de son acte horrible. C'était un individu psychopathe qui avait de temps à autre des états de dépression avec tædium vitæ.

Son père avait eu un accès de manie aiguë, un parent proche souffrait de manie avec penchants à l'assassinat. Alton fut exécuté.

Dans de pareils cas, il peut arriver que l'individu morbide éprouve le désir de goûter la chair de la victime assassinée et que, cédant à cette aggravation perverse de ses représentations objectives, il mange des parties du cadavre.

Observation 19.—Léger, vigneron, vingt-quatre ans, dès sa jeunesse sombre, renfermé et fuyant toute société, s'en va pour chercher de l'ouvrage. Pendant huit jours il rôde dans une forêt. Puellam apprehendit duodecim annorum: stupratæ genitalia mutilat, cor eripit, en mange, boit le sang et enfouit le cadavre. Arrêté, il nie d'abord, mais finit par avouer son crime avec un sang-froid cynique. Il écoute son arrêt de mort avec indifférence et est exécuté. À l'autopsie, Esquirol a constaté des adhérences pathologiques entre les méninges et le cerveau (Georgel, Compte rendu du procès Léger, Feldtmann, etc.).

Observation 20.—Tirsch, pensionnaire de l'hospice de Prague, cinquante-cinq ans, de tout temps concentré, bizarre, brutal, très irascible, maussade, vindicatif, condamné à vingt ans de prison pour viol d'une fille de dix ans, avait, ces temps derniers, éveillé l'attention par ses accès de rage pour des raisons futiles et par son tædium vitæ.

En 1864, après avoir été éconduit par une veuve à laquelle il proposait le mariage, il avait pris en haine les femmes. Le 8 juillet, il rôdait avec l'intention d'assassiner un individu du sexe qu'il détestait tant.

Vetulam occurrentem in silvam allexit, coitum poposcit, renitentem prostravit, jugulum feminæ compressit «furore captus». Cadaver virga betulæ desecta verberare voluit nequetamen id perfecit, quia conscientia sua hæc fieri vetuit, cultello mammas et genitalia desecta domi cocta proximis diebus cum globis comedit. Le 12 septembre, lorsqu'on l'arrêta, on trouva encore les restes de cet horrible repas. Il allégua comme mobile de son acte «une soif intérieure» et demanda lui-même à être exécuté, puisqu'il avait été de tout temps un paria dans la société. En prison, il manifestait une irrascibilité excessive, et parfois il avait des accès de rage pendant lesquels il refusait toute nourriture. On a fait la remarque que la plupart de ses anciens excès coïncidaient avec des explosions d'irritation et de rage. (Maschka, Prager Vierteljahrsschrift, 1886, I, p. 79; Gauster dans Maschka's Handb. der ger. Medicin IV, p. 489.)

Dans la catégorie de ces monstres psycho-sexuels rentre sans doute l'éventreur de Whitechapel38 que la police cherche toujours sans pouvoir le découvrir.

Note 38: (retour)

Comparez entre autres: Spitzka, The Journal of nervous and mental Diseases, déc. 1888; Kiernan, The medical Standard, nov.-déc. 1888.

L'absence régulière de l'utérus, des ovaires et de la vulve chez les dix victimes de ce Barbe-bleue moderne, fait supposer qu'il cherche et trouve encore une satisfaction plus vive dans l'anthropophagie.

Dans d'autres cas d'assassinat par volupté, le stuprum n'a pas lieu soit pour des raisons physiques, soit pour des raisons psychiques, et le crime sadiste seul remplace le coït.

Le prototype de pareils cas est celui de Verzeni. La vie de ses victimes dépendait de la manifestation hâtive ou tardive de l'éjaculation. Comme ce cas mémorable renferme tout ce que la science moderne connaît sur la connexité existant entre la volupté, la rage de tuer et l'anthropophagie, il convient d'en faire ici une mention détaillée, d'autant plus qu'il a été bien observé.

Observation 21.—Vincent Verzeni, né en 1849, arrêté depuis le 11 janvier 1872, est accusé: 1º d'avoir essayé d'étrangler sa cousine Marianne, alors que celle-ci, il y a quatre ans, était couchée et malade dans son lit; 2º d'avoir commis le même délit sur la personne de l'épouse d'Arsuffi, âgée de vingt-sept ans; 3º d'avoir essayé d'étrangler Mme Gala en lui serrant la gorge pendant qu'il était agenouillé sur son corps; 4º il est, en outre, soupçonné d'avoir commis les assassinats suivants:

Au mois de décembre, le matin entre sept et huit heures, Jeanne Molta se rendit dans une commune voisine. Comme elle ne rentrait pas, le maître chez qui elle était servante, partit à sa recherche et trouva sur un sentier, près du village, le cadavre de cette fille horriblement mutilé. Les viscères et les parties génitales étaient arrachés du corps et se trouvaient près du cadavre. La nudité du cadavre, des érosions aux cuisses faisaient supposer un attentat contre la pudeur; la bouche remplie de terre indiquait que la fille avait été étouffée. Près du cadavre, sous un monceau de paille, on trouva une partie détachée du mollet droit et des vêtements. L'auteur du crime est resté inconnu.

Le 28 août 1871, de bon matin, Mme Frigeni, âgée de vingt-huit ans, alla aux champs. Comme à huit heures elle n'était pas encore rentrée, son mari partit pour aller la chercher. Il la retrouva morte dans un champ, portant autour du cou des traces de strangulation et de nombreuses blessures; le ventre ouvert laissait sortir les entrailles.

Le 29 août, à midi, comme Maria Previtali, âgée de dix-neuf ans, traversait les champs, elle fut poursuivie par son cousin Verzeni, traînée dans un champ de blé, jetée par terre, serrée au cou. Quand il la relâcha un moment pour s'assurer qu'il n'y avait personne dans le voisinage, la fille se releva et obtint, sur ses instantes prières, que Verzeni la laissât partir après lui avoir fortement serré les mains.

Verzeni fut traduit devant le tribunal. Il a vingt-deux ans, son crâne est de grandeur moyenne, asymétrique. L'os frontal droit est plus étroit et plus bas que le gauche; la bosse frontale droite est peu développée, l'oreille droite plus petite que la gauche (d'un centimètre en hauteur et de trois en largeur); la partie inférieure de l'hélix manque aux deux oreilles; l'artère de la tempe est un peu athéromateuse. Nuque de taureau, développement énorme de l'os zygomatique et de la mâchoire inférieure, pénis très développé, manque du frenulum, léger strabismus alternans divergens (insuffisance des muscles recti interni et myopie). Lombroso conclut de ces marques de dégénérescence à un arrêt congénital du développement du lobe frontal droit. À ce qu'il paraît, Verzeni est un héréditaire. Deux de ses oncles sont des crétins, un troisième est un microcéphale, imberbe, chez qui un des testicules manque, tandis que l'autre est atrophié. Le père présente des traces de dégénérescence pellagreuse et eut un accès d'hypocondria pellagrosa. Un cousin souffrait d'hyperhémie cérébrale, un autre est kleptomane.

La famille de Verzeni est dévote et d'une avarice sordide. Il est d'une intelligence au-dessus de la moyenne, sait très bien se défendre, cherche à trouver un alibi et à démentir les témoins. Dans son passé on ne trouve aucun signe d'aliénation mentale. Son caractère est étrange; il est taciturne et aime la solitude. En prison, son attitude est cynique; il se masturbe et cherche à tout prix à voir des femmes.

Verzeni a fini par avouer ses crimes et dire les mobiles qui l'y avaient poussé.

L'accomplissement de ses crimes, dit-il, lui avait procuré une sensation extrêmement agréable (voluptueuse), accompagnée d'érection et d'éjaculation. À peine avait-il touché sa victime au cou, qu'il éprouvait des sensations sexuelles. En ce qui concerne ces sensations, il lui était absolument égal que les femmes fussent vieilles, jeunes, laides ou belles. D'habitude, il éprouvait du plaisir rien qu'en serrant le cou de la femme, et dans ce cas il laissait la victime en vie. Dans les deux cas cités, la satisfaction sexuelle tardait à venir, et alors il avait serré le cou jusqu'à ce que la victime fût morte. La satisfaction qu'il éprouvait pendant ces strangulations était plus grande que celle que lui procurait la masturbation. Les contusions à la peau des cuisses et du pubis étaient faites avec les dents lorsqu'il suçait, avec grand plaisir, le sang de sa victime. Il avait sucé un morceau de mollet et l'avait emporté pour le griller à la maison; mais, se ravisant, il l'avait caché sous un tas de paille, de crainte que sa mère ne s'aperçût de ses menées. Il avait emporté avec lui les vêtements et les viscères; il les porta pendant quelque temps parce qu'il avait du plaisir à les renifler et à les palper. La force qu'il possédait dans ces moments de volupté était énorme. Il n'a jamais été fou; en exécutant ses actes, il ne voyait plus rien autour de lui (évidemment l'excitation sexuelle, poussée au plus haut degré, a supprimé en lui la faculté de perception; acte instinctif). Après il éprouvait toujours un certain bien-être et un sentiment de grande satisfaction. Il n'a jamais éprouvé de remords. Jamais l'idée ne lui est venue de toucher aux parties génitales des femmes qu'il avait torturées, ni de souiller ses victimes; il lui suffisait de les étrangler et d'en boire le sang. En effet, les assertions de ce vampire moderne semblent avoir un fondement de vérité. Les penchants sexuels normaux paraissent lui avoir été étrangers. Il avait deux maîtresses, mais il se contentait de les regarder, et il est lui-même étonné qu'en leur présence, l'envie ne lui soit pas venue de les étrangler ou de leur empoigner les mains. Il est vrai qu'avec elles il n'éprouvait pas la même jouissance qu'avec ses victimes. On n'a constaté chez lui aucune trace de sens moral, ni de repentir, etc.

Verzeni déclara lui-même qu'il deviendrait bon si on le tenait enfermé; car, rendu à la liberté, il ne pourrait pas résister à ses envies. Verzeni a été condamné aux travaux forcés à perpétuité. (Lombroso, Verzeni e Agnoletti. Roma, 1873.)

Les aveux faits par Verzeni après sa condamnation sont très intéressants:

«J'éprouvais un plaisir indicible quand j'étranglais des femmes; je sentais alors des érections et un véritable désir sexuel. Rien que de renifler des vêtements de femme, cela me procurait déjà du plaisir. La sensation de plaisir que j'éprouvais en serrant le cou d'une femme était plus grande que celle que me causait la masturbation. En buvant le sang du pubis, j'éprouvais un grand bonheur. Ce qui me faisait encore beaucoup de plaisir, c'était de retirer de la chevelure des assassinées les épingles à cheveux. J'ai pris les vêtements et les viscères pour avoir le plaisir de les renifler et de les palper. Ma mère, finalement, s'aperçut de mes agissements, car, après chaque assassinat ou tentative d'assassinat, elle apercevait des taches de sperme sur ma chemise. Je ne suis pas fou; mais, au moment d'égorger, je ne voyais plus rien. Après la perpétration de l'acte, j'étais satisfait et me sentais bien. Jamais l'idée ne m'est venue de toucher ou de regarder les parties génitales. Il me suffisait d'empoigner le cou des femmes et de sucer leur sang. J'ignore encore aujourd'hui comment la femme est faite. Pendant que j'étranglais et aussi après, je me pressais contre le corps de la femme, sans porter mon attention sur une partie du corps plutôt que sur l'autre.»

V... a été amené seul à ses actes pervers après avoir remarqué, à l'âge de douze ans, qu'il éprouvait un plaisir étrange toutes les fois qu'il avait des poulets à tuer. Voilà pourquoi il en avait tué alors en quantité, alléguant qu'une belette avait pénétré dans la basse-cour. (Lombroso Goltdammers Archiv. Bd. 30, p. 13.)

Lombroso (Goltdammers Archiv.) cite encore un cas analogue qui s'est passé à Vittoria en Espagne.

Observation 22.—Le nommé Gruyo, quarante et un ans, autrefois d'une conduite exemplaire et qui avait été marié trois fois, a étranglé six femmes en dix ans. Les victimes étaient presque toutes des filles publiques et pas jeunes. Après les avoir étranglées, il leur arrachait per vaginam les intestins et les reins. Il abusa de quelques-unes de ses victimes avant de les assassiner; sur d'autres il ne commit aucun acte sexuel, par suite de l'impuissance qui lui vint plus tard. Il opérait ses atrocités avec tant de précaution que, pendant dix ans, il put rester à l'abri de toute poursuite.

Psychopathia Sexualis avec recherches spéciales sur l'inversion sexuelle

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