Читать книгу Psychopathia Sexualis avec recherches spéciales sur l'inversion sexuelle - R. von Krafft-Ebing - Страница 35
F.—SADISME PORTANT SUR DES OBJETS QUELCONQUES. FOUETTEURS DE GARCONS
ОглавлениеEn dehors des actes sadiques sur des femmes dont on vient de lire la description, il y en a aussi qui se pratiquent sur des êtres ou des objets quelconques, sur des enfants, sur des animaux, etc. L'individu peut, dans ces cas, se rendre nettement compte que son penchant cruel vise en réalité les femmes et qu'il maltraite, faute de mieux, le premier objet qui se trouve à sa portée.
L'état du malade peut aussi être tel qu'il s'aperçoive que seul le penchant aux actes cruels est accompagné d'émotions voluptueuses, tandis que le véritable motif de sa cruauté (qui pourrait seul expliquer la tendance voluptueuse à de pareils actes) reste pour lui obscur.
La première alternative suffit pour expliquer les cas cités par le Dr Albert (Friedreichs Blætter f. ger Med., 1859) et où il s'agit de précepteurs voluptueux qui, sans aucun motif, donnaient des fessées à leurs élèves.
Si, d'autre part, des garçons, on voyant appliquer une correction à leurs camarades, sont mis dans un état d'excitation sexuelle et reçoivent ainsi une direction pour leur vita sexualis dans l'avenir, cela nous fait penser à la seconde alternative, à un instinct sadique inconscient par rapport à son objet, comme dans les deux exemples suivants.
Observation 37.—R..., vingt-cinq ans, négociant, s'est adressé à moi au printemps de l'année 1889 pour me consulter au sujet d'une anomalie de sa vita sexualis, anomalie qui lui fait craindre une maladie et des malheurs dans la vie matrimoniale.
Le malade est d'une famille nerveuse; il était, dans son enfance, délicat, faible, nerveux, d'ailleurs bien portant sauf des morbilli. Plus tard, il s'est bien développé au physique et est devenu vigoureux.
À l'âge de huit ans, il fut témoin, à l'école, des corrections que le maître appliquait aux garçons, leur prenant la tête entre ses genoux et leur fouettant ensuite le derrière.
Cette vue causa au malade une émotion voluptueuse. Sans avoir une idée du danger et de la honte de l'onanisme, il se satisfit par la masturbation, et, à partir de ce moment, il se masturba fréquemment, en évoquant toujours le souvenir des garçons qu'il avait vu fouetter.
Il continua ces pratiques jusqu'à l'âge de vingt ans. Alors il apprit quelle est la portée de l'onanisme, il s'en effraya et essaya d'enrayer son penchant à la masturbation; mais il avait recours à la masturbation psychique qu'il croyait inoffensive et justifiable au point de vue de la morale; à cet effet, il évoquait le souvenir des enfants fouettés.
Le malade devint neurasthénique, souffrit de pollutions, essaya de se guérir par la fréquentation des maisons publiques, mais il n'arriva jamais à avoir une érection. Il fit alors des efforts pour acquérir des sentiments sexuels normaux en recherchant la société des dames convenables. Mais il reconnut bientôt qu'il était insensible aux charmes du beau sexe.
Le malade est un homme de constitution physique normale, intelligent et doué d'un bel esprit. Il n'y a chez lui aucun penchant pour les personnes de son propre sexe.
Mon ordonnance médicale consista en préceptes pour combattre la neurasthénie et pour arrêter les pollutions. Je lui défendis la masturbation psychique et manuelle, je l'engageai à se tenir à l'écart de toute excitation sexuelle, et je lui fis prévoir un traitement hypnotique pour le ramener tout doucement à la vita sexualis normale.
Observation 38.—Sadisme larvé. N..., étudiant, est venu au mois de décembre 1890 à ma clinique. Depuis sa plus tendre jeunesse, il se livre à la masturbation. D'après ses assertions, il a été sexuellement excité en voyant son père appliquer une correction à ses frères, et plus tard, lorsque le maître d'école punissait les élèves. Témoin de ces actes, il éprouvait toujours des sensations voluptueuses. Il ne sait pas dire au juste à quelle date ce sentiment s'est pour la première fois manifesté chez lui; vers l'âge de six ans cela a déjà pu se produire. Il ne sait pas non plus précisément quand il a commencé à se masturber, mais il affirme nettement que son penchant sexuel a été éveillé à l'aspect de la flagellation des autres et que c'est ce fait qui l'a amené inconsciemment à se masturber. Le malade se rappelle bien que, dès l'âge de quatre ans jusqu'à l'âge de huit ans, il a été, lui aussi, à plusieurs reprises, fouetté sur le derrière, mais qu'il n'en a ressenti que de la douleur, jamais de la volupté. Comme il n'avait pas toujours l'occasion de voir battre les autres, il se représentait ces scènes dans son imagination. Cela excitait sa volupté, et alors il se masturbait. Toutes les fois qu'il le pouvait, il s'arrangeait à l'école de façon à pouvoir assister à la correction appliquée aux autres. Parfois il éprouvait le désir de fouetter lui-même ses camarades. À l'âge de douze ans, il sut décider un camarade à se laisser battre par lui. Il en éprouva une grande volupté. Mais lorsque l'autre prit sa revanche et le battit à son tour, il ne ressentit que de la douleur.
Le désir de battre les autres n'a jamais été très fort chez lui. Le malade trouvait plus de satisfaction à jouir des scènes de flagellation qu'il évoquait dans son imagination. Il n'a jamais eu d'autres tendances sadiques, jamais le désir de voir couler du sang, etc.
Jusqu'à l'âge de quinze ans, son plaisir sexuel fut la masturbation jointe au travail d'imagination dont il est fait mention plus haut.
À partir de cette époque, il fréquenta les cours de danse et les demoiselles; alors ses anciens jeux d'imagination cessèrent presque complètement et n'évoquèrent que faiblement des sensations voluptueuses, de sorte que le malade les a tout à fait abandonnés. Il essaya alors de s'abstenir de la masturbation, mais il n'y réussit pas, bien qu'il fît souvent le coït et qu'il y éprouvât plus de plaisir que dans la masturbation. Il voudrait se débarrasser de l'onanisme, qu'il considère comme une chose indigne. Il n'en éprouve pas d'effets nuisibles. Il fait le coït une fois par mois, mais il se masturbe chaque nuit une ou deux fois. Il est maintenant normal au point de vue sexuel, sauf l'habitude de la masturbation. On ne trouve chez lui aucune trace de neurasthénie. Ses parties génitales sont normales.
Observation 39.—L. P..., quinze ans, de famille de haut rang, est né d'une mère hystérique. Le frère et le père de Mme P... sont morts dans une maison de santé.
Deux frères du jeune P... sont morts, pendant leur enfance, de convulsions. P... a du talent, il est sage, calme, mais, par moments, coléreux, entêté et violent. Il souffre d'épilepsie et se livre à la masturbation. Un jour, on découvrit que P..., en donnant de l'argent à un camarade pauvre, nommé B... et âgé de quatorze ans, avait décidé ce dernier à se laisser pincer aux bras, aux cuisses et aux fesses. Quand B... se mit à pleurer, P... s'excita, frappa de la main droite sur B..., tandis qu'avec la gauche il farfouillait dans la poche gauche de son pantalon.
P... avoua que le mauvais traitement qu'il avait infligé à son ami, qu'il aimait d'ailleurs beaucoup, lui avait causé un plaisir particulier. Comme, pendant qu'il battait son ami, il se masturbait, l'éjaculation qui en fut la suite, disait-il, lui procura plus de plaisir que celle de la masturbation solitaire. (V. Gyurkovochky, Pathologie und Therapie der männlichen Impotenz, 1889, p. 80.)
Dans tous ces mauvais traitements d'origine sadique exercés sur des garçons, on ne peut pas admettre une combinaison du sadisme avec l'inversion sexuelle, comme cela arrive quelquefois aux personnes atteintes d'inversion sexuelle.
Il n'y a aucun signe positif en faveur de cette hypothèse; d'ailleurs, l'absence d'inversion sexuelle ressort aussi de l'examen du groupe suivant où, à côté de l'objet des mauvais traitements, l'animal, le sens de l'instinct pour la femme se fait souvent assez bien sentir.