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Bandage.—Désigne en français la bande de fer ou d’autre métal qui entoure une roue. Il faut dire embatage pour signifier l’action de poser un bandage à une roue. L’embatage des roues est une opération difficile, et non le bandage. V. Bander.

Bande.—Expression vicieuse employée pour désigner un groupe de musiciens. Dites fanfare, corps de musique. La fanfare n’est formée que d’instruments de cuivre. Dans le corps de musique il y a en outre d’autres instruments.

Bander.—L’expression bander un fusil ne s’emploie plus. Dites: armer un fusil.

Bander une roue est une expression fautive. Dites: Embatre une roue; des roues embatues. V. Bandage.

Bandeur.—Anglicisme (binder). N’est pas français. Il faut dire tortoir, moulinet ou garrot (bâton sur lequel on passe une corde pour la serrer en tordant).

Banque (petite).—Dites tirelire: petit tronc avec une fente en haut par laquelle on fait entrer les pièces de monnaie.

Banquettes ministérielles.—Expression baroque qui s’emploie à tort pour désigner les sièges du parlement qu’occupent les partisans du pouvoir, les amis du gouvernement.

Bar.—Est français dans le sens de buvette, débit de boissons. Il est du masculin: Un bar spacieux.

Barauder.—N’est pas français. Le mot employé en France est fringaler, pour désigner le mouvement d’une voiture à deux ou à quatre roues, qui est renvoyée d’un côté et de l’autre, mouvement dû, soit à la vitesse du cheval, soit à l’état glissant du chemin, soit à ce que les roues ne sont pas bien fixées.

Barbot.—On appelle ainsi, à tort, un insecte du genre des scarabées. Dites escarbot. Barbot volant est un terme impropre pour désigner le hanneton.

Barbot. Presque tous les écoliers appellent ainsi, mais à tort, une tache d’encre, un pâté.

Bargain.—Terme anglais de commerce qui peut se traduire par occasion.

Barkeeper.—Ce mot anglais se traduit par garçon de buvette, de salle, débitant de boissons.

Barley.—Mot anglais. Se traduit par orge. Soupe à l’orge.

Barre.—Prisonnier à la barre (anglicisme); se dit en bon français, inculpé, prévenu, accusé.

Barre du jour n’est pas français: dites aurore, aube.

Il ne faut pas écrire: La barre à Plouffe, mais l’abord, endroit où l’on aborde, où l’on prend terre.

Dites paratonnerre et non barre à tonnerre.

Barreau.—Se dit à tort pour désigner une barre de châssis, entre deux vitres. Dites croisillon.

Barrène ou Marraine.—Mots par lesquels on désigne à tort le jeu d’enfants qui consiste à pousser, à cloche-pied, un palet entre des lignes tracées sur le sol. Dites marelle ou mérelle.

Barrer, Bâcler.—une porte signifie la fermer en mettant une barre ou bâcle par derrière; et la débarrer ou débâcler, ôter cette barre ou bâcle. C’est une faute de se servir de l’expression barrer ou bâcler pour fermer à clef, et de débarrer pour ouvrir une serrure.

Barrure.—C’est une faute d’appeler barrure ce qui sert à barrer, à assujétir une porte. (V. Barrer.) Il faut dire barre, bâcle, ou verrou, selon le cas.

Bas.—On confond toujours, ici, les bas, les chaussettes, les chaussons. En France, les bas montent jusqu’aux genoux au moins; les chaussettes ne montent qu’à mi-jambe; les chaussons couvrent le pied seulement. V. Chaussons.

Le bas d’une porte désigne la partie inférieure de la partie mobile de la porte. Il ne faut pas dire le bas, mais le pas de la porte, si l’on veut parler de la pierre que l’on met au bas d’une porte, et qui diffère du seuil en ce qu’elle avance au delà du mur, en manière de marche: Etre sur le pas de la porte. Le seuil est la pièce de bois ou de pierre qui est au bas de l’ouverture de la porte. Cette distinction n’est pas observée dans la pratique, et l’on peut indifféremment dire le pas ou le seuil de la porte.

Bascul.—(Ba-cu). Désigne, en français, une pièce du harnais. Est une faute dans le sens de palonnier: pièce du train d’une voiture à laquelle sont attachés les traits.

Basement.—Le mot soubassement est souvent employé ici comme traduction du mot anglais basement. La vraie traduction de basement est sous-sol. Quant au soubassement, c’est la partie inférieure d’une construction sur laquelle semble porter tout l’édifice.

Bâtiment.—A chaque instant, on voit dans les journaux ce mot employé dans le sens de dépendances. C’est une faute.

Bâtiment est un terme générique désignant tous les édifices publics et privés, plus particulièrement ceux qui servent à l’habitation. On dit bâtiments de service pour désigner les écuries, les granges, les hangars et les communs.

Bâtir.—On ne doit pas employer le mot se bâtir, d’une façon absolue, dans le sens de se construire une demeure, et dire: Il va se bâtir, au lieu de: Il va se construire une maison, une demeure. On ne doit pas dire non plus: C’est lui qui va bâtir un tel, bâtir les Frères, etc.; mais: C’est lui qui va construire une maison, une grange, une école (selon le cas), pour un tel, pour les Frères; etc. C’est encore une faute de dire: Bâtir une terre, dans le sens d’y élever les constructions nécessaires à son exploitation.

Bâtisse.—Ici, on prend bâtisse comme synonyme de construction, édifice. C’est un anglicisme, la traduction littérale de building.

Bâtisse est tout ce qui concerne la maçonnerie d’un bâtiment. Bâtisse en bois pour maison en bois est donc un contresens, parce que bâtisse n’est pas une construction, et de plus ne saurait être en bois.

Bâtisses parlementaires. V. Parlementaire.

Batiste.—Il ne faut pas confondre la batiste et la lustrine. La batiste est une espèce de toile de lin très fine et très serrée: mouchoir de batiste. La lustrine est un tissu de coton apprêté et lustré, qui est généralement employé comme doublure. On donne souvent, mais à tort, le nom de batiste à la lustrine.

Bâton de chaise.—N’est pas cette petite barre qui va d’un montant à l’autre dans une chaise. Il faut dire barreau. Le bâton est un des quatre montants d’une chaise.

Il faut dire hampe, et non bâton, pour désigner le morceau de bois auquel est attaché un drapeau, une bannière.

Batte-feu.—N’est pas français. Dites: briquet (petite pièce d’acier dont on se sert pour tirer une étincelle d’un caillou).

Batterie.—N’est pas français dans le sens d’aire, place préparée pour battre le blé. Batterie désigne un certain nombre de pièces de canon. Est aussi un terme de marine, de physique, etc. V. Assaut.

Batteux.—V. Moulin.

Battu.—Ne dites pas: Etre battu de l’asthme, du mal de tête, de la goutte; mais: être sujet aux attaques de l’asthme, ou être asthmatique; être sujet au mal de tête, à la goutte.

Bauche.—Est en français une espèce de mortier. N’est pas français dans le sens de course. Au lieu de: Prendre une bauche, dites: Faire une course.

On donne aussi à ce mot, mais à tort, le sens d’allure rapide, surtout en parlant de celle du cheval: Cet homme a fait le voyage rien que d’une bauche, pour dire qu’il a fait le voyage aussi vite que l’allure de son cheval le lui a permis.

Baudet.—Pas français dans le sens de lit. Il faut dire Lit de sangle.

Bavaloise, Bavaroise.—On emploie à tort ces deux mots pour désigner la pièce de pantalon qu’on appelle en français pont. Bavaloise n’est pas français; bavaroise, substantif, désigne une espèce de boisson; est aussi adjectif, et signifie: de Bavière.

Bavassement.—Il y a bien le mot bavasser, qui veut dire: babiller; mais bavassement n’est pas français. Dites des bavardages, et non des bavassements.

Bec.—Ne signifie baiser que dans le langage très familier. V. Gueule.

Béchée.—Se disait autrefois pour becquée: la quantité de nourriture qu’un oiseau prend avec le bec. N’a pas d’autre sens. C’est donc une faute de l’employer pour désigner ce qu’on peut enlever avec une bêche.

Bêcher.—Signifie: remuer, creuser la terre avec la bêche. N’est pas français dans le sens de piquer une tête, tomber par terre la tête la première, comme dans cette phrase: En courant il a bêché. Dites: En courant il est tombé la tête la première.

Bedeau.—Dites bedeau et non bédeau.

Beef-Steak.—V. Steak.

Béguer.—Corruption de bégayer.

Beigne, Beignet, Croquignole.—Beigne n’est pas français. Beignet, en France, est une sorte de pâte frite à la poêle, enveloppant le plus souvent un fruit coupé par tranches: beignets de pomme, beignets d’abricot, de pêche. C’est un mets très employé surtout aux fêtes du carnaval. Le beignet se fait aussi sans fruit, et alors s’appelle soufflé. Les pets de nonne ou pains d’orange sont une variété de ce genre de soufflés: ils sont faits assez fréquemment à la fleur d’oranger. Ce nom pet de nonne paraît venir de ce que ces soufflés sont parfois fabriqués dans les communautés religieuses. Croquignole est une pâte sèche et très dure. Beignet et croquignole ne désignent donc pas, en français, la pâtisserie à laquelle nous donnons ces noms. Cette pâtisserie, dans laquelle entre du beurre, des œufs, du sucre, est de forme ronde; le centre est découpé en branches auxquelles on donne des formes fantaisistes. On la fait cuire dans un bain de graisse bouillante. C’est un mets national; il n’y a pas de mot français pour la désigner. Beignet et croquignole, désignant déjà des pâtisseries, peuvent prêter à l’erreur pour les Français, si nous nous en servons pour notre mets national; ce qui n’arriverait pas si nous nous en tenions exclusivement au mot beigne.

Beignet, corruption de benêt. En français niais, sot.

Béloné.—Corruption de l’anglais Bologna (sausage). En français, on dit mortadelle. Espèce de gros saucisson.

Béquille.—On donne à tort ce nom aux échasses (longs bâtons garnis d’étriers pour marcher à une certaine hauteur du sol). La béquille est un bâton surmonté d’une petite traverse que les vieillards et les infirmes placent sous l’aisselle ou sous la main, pour s’aider à marcher.

Berda.—N’est pas français. Au lieu de: Faire le berda, dites: Faire le ménage. Au lieu de: Faire le grand berda, dites: faire le grand nettoyage de la maison.

Ne dites pas: qui mène ce berda? mais: qui fait ce bruit?

Ne dites pas non plus: Quel berda dans cette chambre! pour: quel désordre!

Berdasser.—N’est pas français. S’emploie à tort pour faire du bruit: qui berdasse là? ou pour agiter: berdasser les plats, etc., ou pour bouleverser les meubles, dans une chambre etc.

Berne.—Il ne faut pas confondre, comme il arrive souvent, pavillon en berne avec pavillon à mi-mât. Un pavillon en berne est hissé, mais roulé sur lui-même. Le pavillon à mi-mât est toujours déployé.

Bêtises.—Dans le sens d’insultes, injures, invectives, n’est pas français. Au lieu de: Il lui a dit des bêtises, dites: Il lui a dit des injures, il l’a injurié, etc.

Bêtiseux.—N’est pas français. Dites: sottisier.

Bette.—Se dit à tort pour betterave. Le genre bette renferme six ou huit espèces; la betterave est une de ces espèces.

Beurrée.—Une beurrée est, en français, une tranche de pain sur laquelle on a étendu du beurre. La tartine est une tranche de pain recouverte de beurre ou de quelque autre substance facile à étendre. Ainsi, lorsque la tranche de pain est recouverte de beurre, vous pouvez tout aussi bien l’appeler une tartine ou une beurrée; mais si elle est recouverte de miel, de confiture, de crème, il faut dire une tartine, et non une beurrée.

Beurrer.—N’est pas français, dans le sens de: enjôler, tromper par des paroles flatteuses. C’est une corruption de leurrer. Ne dites pas: Il l’a bien beurré! mais: il l’a bien trompé, ou bien leurré!

Bic (de) en blanc.—Dites: de but en blanc. Signifie: sans mesure, sans précaution: On ne parle pas comme cela de but en blanc.

Bien.—Etre bien, pour être à l’aise, avoir de la fortune, n’est pas français, quoique souvent employé.

Au lieu de: Etes-vous bien? dites plutôt: Comment vous portez-vous? comment allez-vous?

Bill.—Est français dans le sens de projet de loi, pour l’Angleterre et ses colonies. C’est une faute de donner à ce mot le sens de mémoire, facture, lettre d’envoi, compte, note, addition (dans un restaurant), affiche.

Bill of fare se traduit par menu, carte du menu.

Bill of lading se traduit par connaissement (déclaration contenant un état des marchandises chargées sur un navire).

No bill se traduit par ordonnance de non lieu.

Bille.—On ne doit pas dire bille, mais boule quand il s’agit du jeu de quilles, et qu’on veut désigner la boule qui sert à les abattre.

Billot.—Ce mot n’est pas français dans le sens que nous lui donnons au Canada. C’est, ici, une pièce de bois rond ordinairement de douze pieds de long, destinée à être équarrie ou sciée en planches. Nos traducteurs la désignent par les mots bois en grume: ce n’est pas tout à fait cela. Bois en grume est un terme générique qui désigne tout bois encore revêtu de son écorce, tandis que notre billot n’est pas seulement un tronc brut, mais a surtout pour caractéristique le fait d’être coupé d’une longueur déterminée. Le mot français est bille: Une bille de douze pieds; une bille de pin.

Biner.—C’est une faute de donner à ce verbe le sens de: reculer, retourner, abandonner, comme dans ce genre de phrase: Je l’ai fait biner, il a biné. Se dit, en français, d’un prêtre, qui, lorsque la nécessité l’exige, dit deux messes le même jour.

Biscuit de matelot.—Doit se dire: biscuit de mer, ou simplement biscuit.

Bisque.—N’est pas français dans les expressions: de bisque en coin, de bisque et de coin. Il faut dire: de biais, en biais, diagonalement, de travers.

Bitters.—Ne dites pas bitters, mais bitter (prononcez: bitère): liqueur amère à laquelle on attribue des vertus apéritives.

Black and tan.—Expression anglaise. Se traduit par noir et feu, pour désigner un genre de couleur du chien. Dites: Un chien noir et feu, et non un chien black and tan.

Blackeye.—Terme anglais trop usité. Dites œil poché, ou œil au beurre noir.

Blacking, Blackball.—Termes anglais. Dites cirage.

Blaguer quelqu’un.—Signifie en français: le tourner en dérision, s’en moquer: Il l’a spirituellement blagué. C’est une faute de lui donner le sens d’enjôler ou de tromper quelqu’un.

Blanc de Cyrus.—Expression impropre pour blanc de céruse.

Blanc-mange.—Corruption de blanc-manger.

Blasphème.—S’écrit avec un accent grave, et non blasphême.

Blette, Belette.—Blette, substantif, désigne en français une plante potagère; est aussi adjectif féminin et signifie trop mûre en parlant d’une pomme, etc. Poire blette.

Belette est un petit animal du genre putois. Il faut le prononcer comme il est écrit: be-lette, et non blette.

Blé-d’Inde.—Est un mot français, et signifie maïs, mais ne s’emploie plus en France pour désigner le maïs (ma-iss).

Bloc.—Un bloc de maisons est un anglicisme. Dites un pâté de maisons, un îlot.

Blond.—C’est une faute d’employer ce mot pour désigner la couleur d’un cheval. Il faut dire: bai-clair: Cheval bai-clair; ou alezan-clair: cheval alezan-clair; ou un alezan-clair.

Blonde.—N’est pas français dans le sens d’amie, d’amoureuse, de fiancée, comme on l’emploie journellement ici, mais à tort: Il est allé voir sa blonde.

Bloqué.—On dit ici qu’un étudiant a bloqué quand il a manqué ses examens. Ce n’est pas français. Dites qu’il a été refusé, ou même qu’il a été blacboulé. Retoqué a le même sens, mais est par trop populaire.

Bloquer.—Ne dites pas bloquer, mais enrayer une roue (l’empêcher de tourner au moyen d’un sabot, ou d’un bâton placé entre les rais).

Blouse.—Est, en France, un vêtement commun, ordinairement de couleur bleue, qui a la forme d’une chemise, et que les ouvriers et les paysans portent en guise d’habit, la laissant pendre pardessus le pantalon. Il faut dire veston pour désigner le vêtement qu’on appelle ici à tort blouse.

Bluff.—Mot anglais. Dites poker, substantif masculin: jeu de cartes originaire d’Amérique et qui tient de l’écarté et de la bouillotte.

Bœuf.—Le bœuf mis au pot-au-feu s’appelle ici, à tort, bœuf de la soupe. Le véritable terme est bœuf nature, ou, dans le langage usuel, bouilli.

Bois.—Il ne faut pas appeler petits-bois, mais jonchets, les petites fiches fort menues que l’on jette confusément les unes sur les autres pour jouer à qui en retirera le plus, à l’aide d’un crochet, sans en faire remuer d’autres que celle qu’on cherche à dégager: Des jonchets d’os, de bois; jouer aux jonchets. Le crochet s’appelle touche (substantif féminin).

Au lieu de terre en bois debout, dites: terre boisée.

Boisson.—Etre en boisson, en fête, sont des expressions vicieuses pour dire qu’un homme est pris de boisson, est sous l’effet de l’alcool.

C’est une faute d’employer le mot boisson seul pour désigner les boissons alcooliques ou spiritueuses, et de dire: Il vend de la boisson, il a pris de la boisson. Mais il est français de dire: excès de boisson, adonné à la boisson.

Boisure.—N’est plus employé en français pour désigner la menuiserie en bois plat dont on revêt les murs d’une salle, d’un appartement. Il faut dire boiserie.

Boîte.—Ne dites pas boîte de pipe, mais fourreau de pipe, ou mieux étui de pipe.

Dites chenil, et non boîte à chiens.

Boîte d’alarme est une expression vicieuse. Il faut dire appareil d’alarme, avertisseur d’incendie, ou simplement avertisseur.

Dites: nécessaire à ouvrage, panier à ouvrage, ou boîte à ouvrage, mais sans confondre ces expressions.

Les boîtes en carton dans lesquelles se mettent les chapeaux s’appellent en français étuis à chapeaux, cartons à chapeaux, et non boîtes à chapeaux, qui est un terme populaire.

Il ne faut pas dire boîte des témoins (witness box), mais banc des témoins. Au lieu de l’expression: Le témoin qui est dans la boîte, dites: qui est à la barre du tribunal, ou simplement, à la barre.

Au lieu de boîte aux accusés, dites: banc des accusés.

Boiter.—Boiter, boiteux s’écrivent sans accent circonflexe. N’écrivez pas boîter, boîteux.

Boitte.—Ce qu’on appelle ici, à tort, boette, boitte ou bouette c’est-à-dire cette nourriture que l’on prépare avec du son et des herbes pour les bestiaux et les porcs, se nomme en français, branée, brenée, brenade. Boitte ou bouette se dit, en français, d’un petit poisson que les pêcheurs de morue emploient comme appât.

Bol.—Est du masculin: Un grand bol. Dites: bassin ou cuvette lorsque vous voulez désigner le vase dans lequel on se lave, et non bol.

Bolée.—Est une espèce de plante. N’est pas français pour désigner le contenu d’un bol. Au lieu d’une bolée de lait, dites: un bol de lait. Bolée est un terme usité en Bretagne et en Normandie, dans le langage populaire. Une bolée de cidre.

Bolt.—Mot anglais. Se traduit par boulon à vis, ou par boulon tout court. (Cheville de fer dont un bout est taraudé et l’autre a une tête).

Bombarde.—N’est plus usité. Dites Guimbarde.

Bombe.—Ne dites pas bombe, mais: bonde d’un tonneau: trou rond pour y verser le liquide. On appelle aussi bonde le bouchon qui sert à fermer ce trou.

Il ne faut pas dire bombe, ni canard, mais bouilloire, ou coquemar, ou bouillotte pour désigner le vase dans lequel on fait bouillir l’eau.

Bôme.—Corruption du mot anglais boom. En français, on dit: estacade flottante (servant à retenir le bois flottant).

Bommer.—N’est pas français. Dites: flâner; passer son temps à boire, à courir les buvettes; mener une vie dissipée.

Bon.—L’expression être bon pour ne peut s’employer dans le sens qu’on lui donne ici. On dit en français: Ce commerçant, ce négociant est bon, vous pouvez lui prêter de l’argent, lui avancer des marchandises. Mais on ne peut dire: il est bon pour telle somme.

Il ne faut pas confondre, comme il arrive souvent, les locutions Homme bon et Bon homme. Homme bon signifie: homme serviable, obligeant.—Bon homme, signifie: homme simple, d’un caractère droit et candide. V. Homme.

Bonhomme.—Mot impropre pour désigner l’épouvantail: mannequin grossièrement fait que l’on place dans un champ, dans un jardin pour effrayer les oiseaux. Au pluriel, ce mot se prononce bon-zomme et non bon homme. Il dessine des petits bonshommes sur son ardoise.

Bonne, Borne.—Ne sont pas français pour désigner un bateau plat. Il faut dire bachot (petit bac).

Bonnement.—On ne doit pas dire: je ne sais pas bonnement. Ce mot ne s’emploie plus dans le sens de précisément, au juste. Bonnement signifie de bonne foi, naïvement, avec simplicité. Dites: Je ne sais pas précisément.

Bonnet.—On dit: la mitre d’un évêque; la toque d’un juge, d’un avocat; la barrette d’un cardinal; et non le bonnet.

Boodlage.—Du mot anglais boodle; n’est pas français. Il faut dire concussion, pour désigner l’action d’un fonctionnaire public qui reçoit des pots-de-vin pour prix de son influence. Boodlage s’emploie aussi à tort pour le pot-de-vin lui-même.

Boodler.—Verbe, du mot anglais to boodle. Se dit, à tort, de l’action du fonctionnaire public recevant des pots-de-vin pour prix de son influence, ou de la personne qui donne ces pots-de-vin, pour acheter l’influence du fonctionnaire public. Faire de la concussion est l’expression française.

Boodleur.—Tiré de l’anglais boodler, (V. les deux mots précédents). Se dit à tort de celui qui fait du boodlage.

Boom.—Mot américain; n’est pas français. Plus-value subite et factice dans les valeurs immobilières d’une localité, d’un pays, par suite d’agiotage ou de spéculation. Le boom peut aussi s’appliquer aux actions de chemins de fer, de banques, etc.

Boomer.—Barbarisme, tiré du verbe anglais to boom. Se dit des spéculateurs qui manœuvrent de telle sorte, qu’ils créent subitement une hausse factice soit sur des valeurs immobilières, soit sur des actions de chemins de fer, de banques, etc. Boomer une ville signifie la lancer, créer une hausse formidable sur les terrains à bâtir.

Bord.—Ne dites pas: Venez de mon bord, il est allé de ce bord, mais: venez de mon côté, il est allé dans cette direction. Au figuré, bord signifie, entre autres choses, avis, parti: Soyez de mon bord, c’est-à-dire, de mon parti. Ne dites pas: de bord en bord, pour de part en part: L’épée le traversa de part en part.

Ouvriers de bord, expression impropre pour désigner les débardeurs, chargeurs et déchargeurs, selon le cas.

A bord est un terme de marine. Au lieu d’à bord du tramway, dites: dans le tramway; dans une, ou dans la voiture du tramway. V. Chars.

Borne.—V. Bonne.

Boss.—Expression anglaise qui se traduit par maître, bourgeois, maître d’atelier, patron, selon le cas.

Bosser.—Est un terme de marine. Dites bossuer, pour signifier: déformer par des bosses; bossuer un plat, un chapeau. Ne pas confondre avec bosseler, terme d’orfévrerie.

Botter.—On peut dire qu’un cheval s’est botté, lorsqu’il a de la neige, de la terre attachée aux pieds; mais il est incorrect de dire que la neige botte, lorsqu’elle est un peu humide, qu’on en fait facilement une boule.

Botter est aussi une corruption de l’anglais to butt; dites rogner, en parlant des pièces de bois.

Boucane.—Le mot boucane dans le sens de fumée n’est pas du tout français. On dit bien: de la viande boucanée pour de la viande fumée; mais, dans ce cas, le verbe boucaner ne vient pas de boucane, mais de boucan, qui est le lieu où les sauvages faisaient fumer leurs viandes, et le gril de bois dont ils se servaient pour cette opération.

Boucané.—Au lieu de hareng boucané, dites: hareng saur, ou hareng sauret.

Boucherie (Faire).—N’est pas français pour désigner l’action de tuer un bœuf, un mouton, un cochon. Boucherie signifie: le commerce de boucher, l’étal où se vend la viande en détail.

Boucle.—Ne pas dire: Une boucle de cravate, mais un nœud de cravate. Une boucle est un nœud simple: Ce nœud est à deux boucles.

Bouffie.—N’est pas français. Dites bulle de savon; boursouflure, enflure, bouffissure de la peau, suivant le cas.

Bougie.—V. Chandelle.

Bougon.—Désigne en français celui ou celle qui aime à gronder, qui en a l’habitude. Mais bougon de pipe n’est pas français; dites brûle-gueule.

Bougon est encore une faute dans le sens d’homme très petit, petit garçon qui se donne de l’importance: Regardez donc ce bougon!

Bougrine.—N’est pas français. On lui donne à tort le sens de vareuse, ou bourgeron, ou veston, selon les endroits où ce mot est employé.

Bouillir.—Dites: Je bous, tu bous, il bout, nous bouillons, et non: je bouille, tu bouilles, il bouille; dites: je bouillirai, je bouillirais, et non; je bouillerai, je bouillerais.

Bouilloire.—Est un anglicisme (boiler) dans le sens de chaudière de machine à vapeur. La bouilloire, en français, est un vase de cuisine destiné à faire bouillir l’eau.

Boulevari.—Quelques-uns disent à tort boulevari, au lieu de hourvari, pour signifier un grand tapage.

Bouncer.—Du mot anglais to bounce, n’est pas français. Dites berner.

Bouquet.—N’est pas synonyme de fleur. Au lieu de: Un jardin plein de bouquets, dites: plein de fleurs.

Bouquet jaune, nom donné à tort à la renoncule âcre qui infeste les champs. Donné à tort également à une sorte de laiteron, ornant les jardins.

Bouragan.—Corruption de bouracan (sorte de grosse étoffe).

Bourasser.—N’est pas français. Dites: malmener, traiter durement, bourrer.

Bourguignon.—Signifie en français: glaçons isolés en mer. On donne à tort ce nom de bourguignons aux grumeaux de glace qui se forment quelquefois dans un chemin ou sur la glace d’une rivière, après une pluie en hiver.

Bourreur.—N’est pas français. Dites bourrelier (fabricant de harnais).

Bourrure.—N’est pas français. Dites rembourrement d’un collier, d’une selle, d’un fauteuil, et non bourrure.

Au lieu de bourrure, dites bourre; amas de poils de certains animaux pour bourrer ou rembourrer. Le foin sert de bourre, et non de bourrure.

Bouscaud.—N’est pas français. Dites courtaud, e; celui, celle qui a la taille courte, grosse et ramassée.

Bout de temps (un).—Dites: Il y a quelque temps qu’il est parti, et non un bout de temps; Attendez un moment, et non un bout de temps; Dans l’espace d’un instant, et non dans un petit bout de temps.

Bouteille.—Ne dites pas: La bouteille à l’huile, au vinaigre, d’un huilier; mais la burette à l’huile, au vinaigre.

Dites plutôt flacon d’odeur, de parfum, que bouteille d’odeur.

Il faut dire isoloir et non bouteille, si l’on veut désigner le morceau de verre qui supporte le fil du télégraphe ou du téléphone.

Boyard.—Ecrivez boïard, et non boyard, sorte de civière.

En France, on dit plutôt bard, ou bayard, ou bayart; mais plus couramment civière, ou brancard.

Bracket.—Mot anglais. Il faut dire en français petite console (sur laquelle on pose des statuettes, etc.), applique.

Brai.—Dites poix (des cordonniers), et non brai.

Braid.—Terme anglais. En français on dit soutache, galon ou passementerie, selon le cas. V. Miret.

Brailler.—Signifie: crier très haut, chanter faux. Dans le sens de pleurer, c’est un terme populaire à éviter. Dites plutôt pleurer.

Brancard.—N’est pas français pour désigner ce qui reste de cartes après la distribution faite à chaque joueur. Il faut dire talon. Brancard est en français une espèce de civière; la limonière d’une charrette, etc.

Branche.—Anglicisme (branch), dans les expressions suivantes: branche des arpentages, des douanes. Dites: division des arpentages, des douanes.

Brancher.—Dites: Cet arbre (qu’on abat) s’est encroué, et non s’est branché: c’est-à-dire, s’est embarrassé dans les branches d’un arbre debout.

Braquer.—Signifie: tourner, placer dans une direction déterminée une pièce d’artillerie. Les expressions braquer des lunettes, braquer les yeux sur quelqu’un, sont françaises; mais on ne peut dire: Il m’a braqué là, dans le sens de: il m’a planté là.

Se braquer n’est pas français: Il a été se braquer devant moi, pour: se placer...

Braquette, Brequette.—Corruption de broquette: petit clou à tête plate. Dites: Acheter de la broquette, et non des broquettes; clouer avec de la broquette, et non avec des broquettes.

Bras d’escalier.—N’est pas français. C’est rampe qu’il faut dire. La main courante est une pièce de bois qui est placée sur toute la longueur d’une rampe en fer. Rampe se dit aussi en français pour main courante.

Brasse-corps (à).—Corruption d’à bras-le-corps. Saisir à bras-le-corps, et non à brasse-corps.

Brassée.—Brassée de savon, de sucre. Expression vicieuse. Dites: brassin de savon, de sucre: quantité que l’on cuit à la fois.

Brasser les cartes.—C’est battre, mêler, faire les cartes qu’il faut dire, et non brasser. Ne dites pas: brasser la salade, mais remuer la salade. Ne dites pas: Il s’est fait brasser comme il faut, mais secouer.

Dictionnaire de nos fautes contre la langue française

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