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CLAUDE DE LA TOUR A ANNA DES LOGES

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En Auvergne, 15 août.

… Me voilà si fatiguée, chère amie, que je n'ai pas la force de m'ennuyer. Nous sommes arrivés ce matin sans nous être arrêtés à Paris que pour dîner. Je n'aime pas Paris; on y sent trop de respirations, trop de chair et trop de sueurs: cela me donne le vertige et cela me trouble le cœur. Si je dois succomber aux désirs de quelque frénétique, ce sera là, au milieu de ces malsaines odeurs d'amour qui tentent, comme la bouteille où d'autres vulgarités trouvent des rires. Mais je n'y connais personne et comme il est peu probable que je me donne au passant, je garderai ma triste vertu… Le passant! Quel amant pourtant est supérieur au passant? Il est l'excuse parce qu'il est l'inconnu; il est le devoir, parce qu'il est le désir. Voilà comment je raisonnerais si j'avais des sens passionnés, mais mon cœur, qui est inquiet, est froid. Je suis dure et morne comme les roches de granit qui sont là et d'où surgissent ces pins sévères où le vent pleure. Écris-moi, parle-moi, chère Anna. Tâche de guérir ton amie; donne-lui un peu de ta force, un peu de ton rayonnement!…


Le songe d'une femme

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