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Dans un pensionnat suisse, tous reçurent une éducation de première qualité

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Comme son père auparavant, Marian avait passé sa jeunesse dans un pensionnat excessivement cher en Suisse.

Les pères du premier cercle et le père de Don Rosso avaient déjà fait preuve de clairvoyance et avaient envoyé leurs enfants dans cet internat privé. Ainsi, leurs descendants grandissaient ensemble et jouissaient d'une excellente éducation. L'autre avantage était que les enfants pouvaient ainsi construire une amitié solide et une relation de confiance forte le temps de leur scolarité. Ça aussi, les pères l'avaient souhaité. Le cercle premier devait constituer une communauté de confiance incontestable, et que pouvait-il y avoir de mieux que de commencer sur les bancs de l'école. Don Rosso avait fait de même avec sa fille.

Ce pensionnat strict était situé sur une colline, non loin de la merveilleuse ville suisse de Lucerne, au bord du Lac des Quatre-Cantons. Du haut de la colline, on avait vue sur la belle petite ville avec son fleuve et son célèbre emblème, le pont de la Chapelle.

En hiver, on allait à la montagne faire du ski et en été, on pouvait se baigner dans le lac. Bien évidemment, seuls les enfants des parents les plus riches étaient logés à l'internat, ce qui assurait également aux futurs adultes les meilleurs contacts dans la société influente internationale. Naturellement, personne n'était au courant à l'internat du rôle réel que certains parents avaient dans la mafia. Marian se rappelait vaguement qu'il ne devait y avoir eu qu'un seul incident, lorsqu'un garçon avait affirmé que des enfants appartenaient à des familles de criminels. Il était impossible d'établir les preuves de cette affirmation, et Don Rosso et ses amis s'étaient immédiatement plaints auprès de la direction. Sur ces entrefaites, le garçon avait été renvoyé de l'école et on n'avait plus jamais entendu parler de lui ou de sa famille. On ne sut jamais si la déclaration du garçon reposait sur une pure spéculation ou sur un soupçon fondé.

Les épouses et les enfants des familles n'avaient à aucun moment été impliqués dans les affaires des pères. Ils entendaient seulement, en passant, que les pères étaient membres d'une organisation secrète. Mais il leur était interdit à tous de prononcer le moindre mot à ce sujet et il n'y avait jamais eu d'écart à cette règle. Même y penser était interdit. La plupart d'entre eux avaient apparemment banni complètement cela de leur esprit.

Marian arriva au café et reconnu Don Rosso, ses lunettes de soleil sur le nez, assis confortablement au soleil à une table pour quatre personnes. Devant lui, une bouteille d'eau et un expresso. Ses deux bodyguards s'étaient installés à une table derrière lui et observaient les alentours avec attention.

Don Rosso aimait certes toujours Palerme, sa ville natale, mais il avait voyagé entre-temps dans tellement de pays qu'il avait abandonné l'attitude typique d'un Sicilien. Il s'habillait plutôt comme un banquier londonien et avait leur allure bourgeoise. Il avait au demeurant une stature plutôt normale et n'avait pas un physique qui se remarquait particulièrement. Il avait toujours été un père très aimant qui avait éduqué sa fille unique dans un juste équilibre entre rigueur nécessaire et amour bienveillant. Quand la mère mourut jeune d'une maladie incurable, Don Rosso se chargea également du rôle de la mère et essaya de le remplir dans la mesure du possible. Marian et son père avait une relation empreinte de confiance, et un lien très fort les unissait. Elle avait le souvenir d'une enfance heureuse, et son père s'efforçait en permanence de satisfaire tous ses désirs.

« Bonjour papa », adressa-t-elle à son père en l'embrassant sur les deux joues. Ses yeux en disaient long, si bien que Don Rosso pouvait déjà tout y lire.

« Content de te voir si heureuse, ma fille », dit-il de sa voix virile, « Oui, je peux déjà tout lire sur ton visage, mais assieds-toi et raconte-moi tout en détail. »

Marian lui raconta sa rencontre avec Karl sur le banc du parc. Les choses s'étaient mises en place comme prévu et de surcroît, elle était tombée éperdument amoureuse de Karl, sans savoir vraiment pourquoi. Elle lui décrivit tout avec tellement d'enthousiasme et de détails que Don Rosso le vivait comme s'il avait été là.

En tant que père, il était maintenant très heureux et satisfait de voir à quel point tout le travail portait ses fruits. Il ne manquait plus que Karl se joigne à l'organisation à l'avenir, et tout serait parfait. Les choses ne pouvaient pas mieux tourner pour Don Rosso.

« Papa, merci beaucoup d'avoir intercédé si rapidement pour Karl auprès de la banque. Ce matin, il était visiblement inquiet d'arriver en retard. » Elle regarda son père avec reconnaissance et tous deux s'amusèrent de l'affolement de Karl.

« Cela va de soi, mon enfant, ce n'est vraiment pas compliqué pour moi, et il m'importe que ma princesse soit heureuse. Prenez-vous quelques semaines de vacances, et viens ensuite me présenter le type qui ose me prendre ma fille. »

Le sourire aux lèvres, il demanda à sa fille ce qu'elle désirait boire.

« Papa, nous devrions fêter ça avec un bon champagne, non ? » Don Rosso, qui ne buvait que très rarement de l'alcool, acquiesça et fit signe à l'un de ses gardes vêtus de noir. Celui-ci se leva sur le champ et se dirigea vers un serveur pour passer la commande.

« Où est ton garde du corps ? », demanda Don Rosso à sa fille.

« Ah papa ! » Marian étira ces deux mots comme un chewing-gum. « Tu es adorable de t'inquiéter toujours comme ça pour moi alors qu'il n'y a pas de raison. Karl m'a accompagnée avec le chauffeur à l'aéroport, et puis, ici... » Elle fut interrompue par l'arrivée du serveur, qui déboucha d'une main de maître la bouteille de champagne et le versa dans les verres.

« Ma chère enfant, tu sais que ces mesures de sécurité sont absolument justifiées et que ton Karl n'est pas un agent de sécurité. Le vol et le kidnapping sont à l'ordre du jour. Les journaux en parlent tous les jours. Je t'en prie ! À l'avenir ! Même si ton Karl est là, je souhaite que l'agent de sécurité soit toujours à tes côtés. Même ton Karl devrait comprendre ça ! », Don Rosso paraissait maintenant légèrement contrarié.

Ni lui ni sa fille n'avaient encore été victimes d'un attentat, mais les nouveaux clans des Russes et des Chinois paraissaient à ses yeux au moins aussi imprévisibles que la mafia sicilienne au début des années 20.

« D'accord, papa, je te promets que cela ne se reproduira plus. Ça va, tu es content ? » Marian regardait son père comme une mignonne petite fille implorante.

« Oui, ma petite. Bien sûr que je suis heureux et que je me réjouis pour toi. Je propose que tu me présentes personnellement le gars après de belles vacances. »

« Mais voyons papa, le gars, il s'appelle Karl ! Arrête de l'appeler comme ça. Mais es-tu vraiment certain de vouloir attendre plusieurs semaines avant de le rencontrer ? Tu sais, je suis sûre que c'est le bon ! »

Quelque peu étonné, Don Rosso regarda sa fille et répondit : « Le moment n'est pas encore venu de me présenter Karl et en plus, j'ai des affaires urgentes qui m'appellent en Amérique du Sud. Dans quelques semaines, donc ! » Il ne fallait pas remettre les paroles de son père en question, Marian le savait. Chaque fois qu'il ne permettait aucune objection à ses propos, le contredire s'avérait parfaitement vain et n'était en aucun cas couronné de succès.

Ils restèrent tous deux assis comme un vieux couple à parler de tout et de rien, jusqu'à ce que le soleil s'éclipse et que le temps se refroidisse. Don Rosso fit avancer sa voiture pour conduire sa fille à l'aéroport.

Lorsque Marian et Karl se retrouvèrent à 20 heures au restaurant de l'hôtel, il lui relata en détail sa journée à la banque.

Marian lui dit, enthousiaste : « Mon chéri, allons passer quelques semaines de vacances à Palerme, la ville de mon enfance. J'aimerais tellement te la faire visiter. Nous pourrions loger dans notre propriété familiale et faire quelques excursions sur l'île. Oh, mon chéri, ce serait magnifique. » En même temps, comme pour l'influencer, Marian lui donna la petite chaîne en or qu'elle avait achetée à Paris et dit avec désinvolture : « Maintenant que tu es dispensé de banque. Et dans quelques semaines, tu feras la connaissance de mon père. Il a hâte de te parler. Père a encore quelques rendez-vous d'affaires urgents et ensuite, il viendra lui aussi à Palerme. » Elle rayonnait littéralement et personne, Karl encore moins, n'aurait pu refuser. La décision était donc prise. Après que Karl ait fait ses valises le lendemain, ils s'envolèrent pour Palerme.

La fin de la mafia mondiale

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