Читать книгу Boulotte - Stella Austin - Страница 6
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«Est moi, Bertie.
— Qui, moi?
— Lotte.
— Bon!
— Laisse-moi entrer, Bertie.
— Je ne peux pas. Je me mets dans mon bain.
— Ah! te mets dans ton bain! T’as donc pas entendu sonner le dézeuner?
— Ne m’attends pas, Boulotte; descends et dis que je viendrai tout à l’heure.
— Bon!» dit Boulotte.
Se tenant fortement à la rampe avec ses deux mains pour s’aider à descendre les deux longs étages, et prenant la précaution de toujours mettre le même pied en avant, Boulotte arrive enfin saine et sauve dans la salle d’étude, où elle trouve tout le monde à table.
«Bertie va venir, nounou,» — et Boulotte grimpe sur son fauteuil.
«Bertie n’était pas encore levé quand je suis descendu tout à l’heure, dit Phil.
— Bertie est toujours en retard,» ajoute Ethel.
Leur mère entre pour leur dire bonjour.
«Qui donc est eu retard? demande-t-elle. Par ces belles matinées d’été, il n’est pas trop tôt pour vous de déjeuner à huit heures. Je crois qu’une très bonne mesure à prendre serait d’imposer deux sous d’amende à ceux qui seront en retard dorénavant. — A la fin de la semaine, au moment où vous recevrez votre argent de poche, votre bonne pourra recueillir le montant des amendes, et c’est Boulotte qui sera chargée de donner cet argent à la quête du dimanche.
— Bien zoli, ça, dit Boulotte tout bas.
— Bien zoli pour toi, dit Phil, mais pas agréable pour ceux qui seront obligés de payer. Ce qui m’en plaît, c’est que je suis toujours exact, moi.
— Prends garde, Phil, dit sa mère en riant. Cela te portera malheur, si tu te vantes ainsi.»
Peu après le départ de leur mère, la porte s’ouvre bruyamment, et Bertie, frais et rose au sortir de son bain, entre en courant.
«Paye deux sous, Bertie, crie Boulotte à tue-tête.
— Pas ce matin; mais à partir de demain, tous ceux qui ne viendront pas déjeuner exactement auront à payer deux sous d’amende, explique la bonne des enfants.
— T’on me donnera, dit Boulotte.
— Ce sera charmant pour toi, cela, dit Bertie!
— Pour mettre dans la bourse dimance, dit Boulotte.
— Quelle quantité de sous payera Bertie! dit Eddy d’un air méditatif.
— Toi, mon bonhomme, mêle-toi de tes affaires, dit Bertie. Que tu es donc gourmand, Phil! Tu as mangé toute la croûte et tu m’as laissé cette horrible mie!
— Premier arrivé, premier servi, répond Phil.
— C’est bon. Nous verrons si demain matin je n’arriverai pas le premier.
— Alors il y aura pas de sous, dit Boulotte d’un air désappointé.
— Méchante Boulotte qui a envie de voir le pauvre Bertie à l’amende!» — Sur quoi Bertie prend un air triste et fait semblant de pleurer.
«Non, non, Bertie, pleure pas.» — Boulotte s’approche tendrement de Bertie qui est son favori, quoiqu’il la taquine de temps à autre. «Lotte est pas méçante pour toi, Bertie; Lotte aime Bertie beautoup, beautoup.»
— C’est bon, Boulotte. Si tu veux me promettre d’être sage, je t’emmènerai avec moi tout à l’heure, quand j’irai donner à manger aux lapins, aux canards et aux poules.
— Bon darçon, répond Boulotte ravie; ze serai saze.
— Ne la tenez pas trop longtemps au soleil, monsieur Bertie, dit la bonne.
— Je dois rester auprès d’Ally une partie de la matinée, de sorte qu’il n’y a pas à craindre que je garde Boulotte trop longtemps dehors,» répond Bertie.
Quinze jours se sont écoulés depuis ce que je vous ai raconté dans le premier chapitre, quand tout le monde croyait qu’Ally allait mourir. Mais il va beaucoup mieux maintenant, il se lève; et, quand arrive la fin de la journée et que le soleil n’a plus trop de force, on roule son fauteuil dans le jardin. Il ne peut presque pas marcher, et fait seulement quelques pas de temps en temps dans la chambre, car il est encore très faible.
«Comme je dois sortir à cheval avec papa ce matin, dit Phil, j’irai auprès d’Ally tout de suite après la prière et j’y resterai jusqu’à ce que papa soit prêt.
AU MILIEU DES ÉCLATS DE RIRE QUI ACCOMPAGNAIENT LA REMARQUE DU PAUVRE EDDY.
— Alors vous pourrez demander à M. Ally ce qu’il aimerait pour son dîner, et vous reviendrez me le dire; n’oubliez pas, monsieur Phil, dit leur bonne.
— Je n’oublierai pas.
— Allons, gros bonhomme, dit Bertie en donnant à Eddy une petite tape d’encouragement sur l’épaule, tu as quelque chose à dire. Qu’est-ce que c’est? N’aie pas peur, parle.»
Car Eddy avait ouvert et fermé la bouche plusieurs fois; seulement, au moment où il allait se décider à parler, quelqu’un l’avait interrompu.
«Parle, répète Boulotte, qui est l’écho fidèle de Bertie.
— Alors, c’est donc tous les jours le jour de naissance d’Ally, dit enfin Eddy.
— Oh! oh! oh! oh! crient tous les enfants les uns après les autres.
— Quelle bêtise! dit Phil.
— A quoi donc penses-tu, Eddy? lui demande Ethel. Personne n’a plus d’un jour de naissance par an, n’est-ce pas, ma bonne?
— Oh! Eddy, tel tonte! s’écrie Boulotte très choquée.
— Qu’est-ce que tu veux dire, mon bonhomme? Voyons, ne t’intimide pas, explique-toi;» — et Bertie redonne une petite tape à Eddy pour l’encourager.
Eddy, voyant que tout le monde écoute et attend ses explications, se trouble davantage. Il finit cependant par dire très lentement: — «Ally choisit tous les jours son dîner. S’il a envie de poulet, on lui en donne du poulet; s’il a envie de canard ou d’oie, on lui en donne aussi. Le jour anniversaire de leur naissance, les enfants ont la permission de commander ce qu’ils aiment le mieux pour leur dîner.»
Au milieu des éclats de rire qui accompagnent la remarque du pauvre Eddy et pendant que leur bonne lui fait comprendre que si Ally choisit ce qu’il veut pour son dîner, ce n’est pas parce que c’est son jour de naissance, mais parce qu’il est malade, on entend la cloche de la prière, et tous les enfants se hâtent de se rendre à son appel