Читать книгу La vie et la mort du roi Richard II - Уильям Шекспир, William Szekspir, the Simon Studio - Страница 4

ACTE PREMIER
SCÈNE II

Оглавление

La scène est toujours à Londres, dans le palais du duc de Lancastre

Entrent GAUNT, LA DUCHESSE DE GLOCESTER

GAUNT. – Hélas! cette part que j'avais dans le sang de Glocester me sollicite plus fortement que vos cris à poursuivre les bouchers de sa vie. Mais puisque le châtiment réside dans les mains qui ont fait le crime que nous ne pouvons punir, remettons notre cause à la volonté du ciel, qui, lorsqu'il en verra les temps mûrs sur la terre, fera pleuvoir sa brûlante vengeance sur la tête des coupables.

LA DUCHESSE DE GLOCESTER. – Quoi! la qualité de frère ne trouvera pas en toi un aiguillon plus pénétrant? ton vieux sang n'a pas conservé vivante une étincelle d'affection? Les sept fils d'Edouard, au nombre desquels tu te comptes, étaient comme sept vases de son sang sacré, comme sept belles branches sorties d'une seule racine: quelques-uns de ces vases ont été desséchés par le cours de la nature; quelques-unes de ces branches ont été tranchées par la destinée: mais Thomas, mon cher époux, ma vie, mon Glocester, ce vase rempli du sang d'Edouard, a été brisé sous la main de la haine et de la sanglante hache du meurtre, sa précieuse liqueur s'est épanchée: cette branche florissante de la très-royale souche a été coupée, et les feuilles de son été se sont flétries. Ah! Gaunt, son sang était le tien: c'est de la couche, c'est du flanc, de la matière, de la substance même qui t'ont formé qu'il avait tiré son existence; et quoique vivant et respirant, tu as été assassiné en lui. C'est à beaucoup d'égards consentir à la mort de ton père que de voir ainsi mourir ton malheureux frère, qui était la représentation de la vie de ton père. N'appelle point cela patience, Gaunt, c'est du désespoir. En souffrant ainsi qu'on égorge ton frère, tu montres à découvert le chemin qui conduit à ta vie, tu instruis le meurtrier farouche à t'assassiner. Ce que dans les hommes du bas étage nous appelons patience est dans un noble sein une froide et tranquille lâcheté. Que te dirai-je enfin? Pour mettre ta vie en sûreté, le meilleur moyen c'est de venger la mort de mon Glocester.

GAUNT. – Cette cause est celle du ciel, car le délégué du ciel, son lieutenant oint devant sa face, est l'auteur de la mort de Glocester: lorsqu'il commet le crime, la vengeance en est au ciel; pour moi, je ne puis lever un bras irrité contre son ministre.

LA DUCHESSE DE GLOCESTER. – A qui donc, hélas! puis-je porter ma plainte?

GAUNT. – Au ciel, qui est le champion et le défenseur de la veuve.

LA DUCHESSE DE GLOCESTER. – Eh bien! je me plaindrai à lui. Adieu, vieux Gaunt. Tu vas à Coventry pour voir le combat de notre cousin d'Hereford et du perfide Mowbray. Oh! fais peser sur la lance d'Hereford les injures de mon mari, afin qu'elle entre dans le coeur de l'assassin Mowbray; ou si, par un malheur, elle manquait la première passe, que les crimes de Mowbray surchargent tellement son sein que les reins de son coursier écumant en soient rompus et que le cavalier tombe la tête la première dans l'arène, lâche, tremblant, à la merci de mon cousin d'Hereford! Adieu, vieux Gaunt: celle qui fut un jour la femme de ton frère finira sa vie avec sa compagne, la douleur.

GAUNT. – Adieu, ma soeur; il faut que je me rende à Coventry. Que tout le bien que je te souhaite m'accompagne!

LA DUCHESSE DE GLOCESTER. – Un mot encore. La douleur, en tombant, rebondit non par le vide, mais par le poids. Je prends congé de toi avant que je t'aie encore rien dit, car le chagrin ne finit pas là où il semble fini: rappelle-moi au souvenir de mon frère York… Oui, voilà tout… Mais non, ne pars pas encore ainsi; quoique ce soit tout, ne t'en va pas si vite… Je puis me rappeler autre chose. Prie-le… oh! de quoi?.. de se hâter de venir me voir à Plashy. Hélas! que viendra-t-il y voir, ce bon vieux York, que des appartements déserts, des murailles dépouillées, des cuisines dépeuplées, un pavé qu'on ne foule plus. Et pour sa bienvenue, quelle autre réception trouvera-t-il que mes gémissements? Rappelle-moi donc seulement à son souvenir; qu'il ne vienne pas chercher en ce lieu la tristesse qui habite partout: désolée, désolée je m'en irai d'ici et je mourrai. Mes yeux, en pleurs te disent le dernier adieu.

(Ils sortent.)

La vie et la mort du roi Richard II

Подняться наверх