Читать книгу Le roi Lear - Уильям Шекспир, William Szekspir, the Simon Studio - Страница 4

ACTE PREMIER
SCÈNE III

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Appartement dans le palais du duc d'Albanie

GONERILLE, OSWALD

GONERILLE. – Est-il vrai que mon père ait frappé mon écuyer parce qu'il réprimandait son fou?

OSWALD. – Oui, madame.

GONERILLE. – Par le jour et la nuit! c'est m'insulter. A chaque instant, il s'emporte de façon ou d'autre à quelque énorme sottise qui nous met tous en désarroi: je ne l'endurerai pas. Ses chevaliers deviennent tapageurs, et lui-même il se fâche contre nous pour la moindre chose. – Il va revenir de la chasse; je ne veux pas lui parler. Vous lui direz que je suis malade, et vous ferez bien de vous ralentir dans votre service auprès de lui: j'en prends sur moi la faute.

OSWALD. – Le voilà qui vient, madame; je l'entends.

(On entend le son des cors.)

GONERILLE. – Mettez dans votre service tout autant d'indifférence et de lassitude qu'il vous plaira, vous et vos camarades. Je voudrais qu'il s'en plaignît. S'il le trouve mauvais, qu'il aille chez ma soeur, son intention, je le sais, et la mienne, s'accordant parfaitement en ce point que nous ne voulons pas être maîtrisées. Un vieillard inutile qui voudrait encore exercer tous ces pouvoirs qu'il a abandonnés! – Sur ma vie, ces vieux radoteurs redeviennent des enfants, et il faut les mener par la rigueur: quand ils se voient caressés ils en abusent6. Souvenez-vous de ce que je vous ai dit.

OSWALD. – Très-bien, madame.

GONERILLE. – Et traitez ses chevaliers avec plus de froideur: ne vous inquiétez pas de ce qui pourra en arriver. Prévenez vos camarades d'en agir de même. Je voudrais trouver en ceci, et j'en viendrai bien à bout, une occasion de m'expliquer. Je vais tout à l'heure écrire à ma soeur, et lui recommander la même conduite. – Qu'on serve le dîner.

(Ils sortent.)

6

As flatterieswhen they are seen abused. Les commentateurs n'ont pu s'accorder sur ce passage, et aucun ne paraît l'avoir entendu dans son vrai sens, que je crois être mot à mot celui-ci: puisque les flatteries ou les caresses, quand ils les voient ils en abusent. Cette version serait incontestable s'il y avait un second tiret entre seen et abused: —when they are seen– se trouverait ainsi entre deux tirets formant parenthèse; mais le mot are, qui s'applique en même temps à seen et à abused, n'aura probablement pas permis d'isoler ainsi cette partie de la phrase où il se trouve contenu. Le vague des constructions et des expressions dans le Roi Lear oblige souvent de décider sur le sens d'après les vraisemblances morales, plutôt que d'après aucune règle ou même aucune habitude grammaticale.

Le roi Lear

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