Читать книгу Antoine et Cléopâtre - Уильям Шекспир, William Szekspir, the Simon Studio - Страница 8

ANTOINE ET CLÉOPÂTRE
TRAGÉDIE
ACTE DEUXIÈME
SCÈNE I

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Messine. – Appartement de la maison de Pompée

Entrent POMPÉE, MÉNÉCRATE ET MÉNAS

POMPÉE. – Si les grands dieux sont justes, ils seconderont les armes du parti le plus juste.

MÉNÉCRATE. – Vaillant Pompée, songez que les dieux ne refusent pas ce qu'ils diffèrent d'accorder.

POMPÉE. – Tandis qu'au pied de leur trône nous les implorons, la cause que nous les supplions de protéger dépérit.

MÉNÉCRATE. – Nous nous ignorons nous-mêmes, et nous demandons souvent notre ruine, leur sagesse nous refuse pour notre bien, et nous gagnons à ne pas obtenir l'objet de nos prières.

POMPÉE. – Je réussirai: le peuple m'aime, et la mer est à moi; ma puissance est comme le croissant de la lune, et mon espérance me prédit qu'elle parviendra à son plein. Marc-Antoine est à table en Égypte; il n'en sortira jamais pour faire la guerre. César, en amassant de l'argent, perd les coeurs; Lépide les flatte tous deux, et tous deux flattent Lépide: mais il n'aime ni l'un ni l'autre, et ni l'un ni l'autre ne se soucie de lui.

MÉNÉCRATE. – César et Lépide sont en campagne, amenant avec eux des forces imposantes.

POMPÉE. – D'où tenez-vous cette nouvelle? Elle est fausse.

MÉNÉCRATE. – De Silvius, seigneur.

POMPÉE. – Il rêve; je sais qu'ils sont encore tous deux à Rome, où ils attendent Antoine. – Voluptueuse Cléopâtre, que tous les charmes de l'amour prêtent leur douceur à tes lèvres flétries! Joins à la beauté les arts magiques et la volupté; enchaîne le débauché dans un cercle de fêtes; échauffe sans cesse son cerveau. Que les cuisiniers épicuriens aiguisent son appétit par des assaisonnements toujours renouvelés, afin que le sommeil et les banquets lui fassent oublier son honneur dans la langueur du Léthé. – Qu'y a-t-il, Varius?

(Varius paraît.)

VARIUS. – Comptez sur la vérité de la nouvelle que je vous annonce. Marc-Antoine est d'heure en heure attendu à Rome: depuis qu'il est parti d'Égypte il aurait eu le temps de faire un plus long voyage.

POMPÉE. – J'aurais écouté plus volontiers une nouvelle moins sérieuse… Ménas, je n'aurais jamais pensé que cet homme insatiable de voluptés eût mis son casque pour une guerre aussi peu importante. C'est un guerrier qui vaut à lui seul plus que les deux autres ensemble… Mais concevons de nous-mêmes une plus haute opinion, puisque le bruit de notre marche peut arracher des genoux de la veuve d'Égypte cet Antoine qui n'est jamais las de débauches.

MÉNAS. – Je ne puis croire que César et Antoine puissent s'accorder ensemble. Sa femme, qui vient de mourir, a offensé César; son frère lui a fait la guerre, quoiqu'il n'y fût pas, je crois, poussé par Antoine.

POMPÉE. – Je ne sais pas, Ménas, jusqu'à quel point de légères inimitiés peuvent céder devant de plus grandes. S'ils ne nous voyaient pas armés contre eux tous, ils ne tarderaient pas à se disputer ensemble: car ils ont assez de sujets de tirer l'épée les uns contre les autres: mais jusqu'à quel point la crainte que nous leur inspirons concilie-t-elle leurs divisions et enchaîne-t-elle leurs petites discordes, c'est ce que nous ne savons pas encore. Au reste, qu'il en arrive ce qu'il plaira aux dieux: il y va de notre vie de déployer toutes nos forces. Viens, Ménas.

(Ils sortent.)

Antoine et Cléopâtre

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