Читать книгу Poésies érotiques - Évariste Parny - Страница 4
LE LENDEMAIN.
ОглавлениеTu l'as connu, ma chère Éléonore,
Ce doux plaisir, ce péché si charmant
Que tu craignois, même en le désirant;
En le goûtant, tu le craignois encore.
Eh bien, dis-moi; qu'a-t-il donc d'effrayant?
Que laisse-t-il après lui dans ton ame?
Un léger trouble, un tendre souvenir,
L'étonnement de sa nouvelle flâme,
Un doux regret, et sur-tout un désir.
Déjà la rose aux lis de ton visage
Mêle ses brillantes couleurs;
Dans tes beaux yeux, à la pudeur sauvage
Succèdent les molles langueurs,
Qui de nos plaisirs enchanteurs
Sont à la fois la suite et le présage.
Déjà ton sein doucement agité,
Avec moins de timidité,
Repousse la gaze légère
Qu'arrangea la main d'une mère,
Et que la main du tendre amour,
Moins discrete et plus familière,
Saura déranger à son tour.
Une agréable rêverie
Remplace enfin cet enjoûment,
Cette piquante étourderie,
Qui désespéroient ton Amant;
Et ton ame plus attendrie
S'abandonne nonchalamment
Au délicieux sentiment
D'une douce mélancolie.
Ah! laissons nos tristes censeurs
Traiter de crime abominable
Ce contrepoids de nos douleurs,
Ce plaisir pur, dont un dieu favorable
Mit le germe dans tous les cœurs.
Ne crois pas à leur imposture;
Leur zèle barbare et jaloux
Fait un outrage à la nature;
Non, le crime n'est pas si doux.