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AVANT-PROPOS

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Table des matières

«Non, nous n’avons plus rien de notre antique flamme.

Plus de force au poignet, plus de vigueur dans l’âme!

.................................................

Et quand parfois au cœur il nous vient une haine,

Nous devenons poussifs, et nous n’avons d’haleine

Que pour trois jours au plus!»

Rien ne pourrait mieux s’appliquer à la situation actuelle que ce jugement rigoureux porté par un grand poëte sur ses contemporains.

D’un côté, il me semble entendre ce langage, tenu par la masse des faiseurs, des endurcis ou des indifférents:

«Que me font à moi, public, — marchand «ou autre, — les récriminations intéressées

«de la masse des commerçants contre le mo-

«nopole des gens de l’Hôtel Drouot?

«Guerre de boutique!

«Ils ne s’échauffent tant contre la tyrannie

«de l’exploitation que parce qu’elle les em-

«pêche de m’imposer la leur. La salle des

«ventes me distrait et m’amuse: ce n’est pas

«à dédaigner par le temps qui court. Je m’y

«instruis de la valeur des choses, des marées

«de la vogue, du caprice et de l’engouement.

«Je m’y forme même assez vite pour devenir

«promptement un habile marchand in parti«

«bus infidelium. Qu’est-ce que le commer-

«çant patenté après tout? Un intermédiaire

«parasite entre le vendeur et moi, un gêneur

«qui m’empêche souvent de profiter des oc«

casions. Périsse le marchand! Son infortune

«ne me touche pas. Que les habiles d’entre

«eux se fassent experts ou pourvoyeurs de

«l’Hôtel. Le reste, avec le public exploité, à

«la fosse commune!

«Alors, j’aurai mes coudées franches à la

«salle....»

Passion aveugle et sophistiquée que tout cela, n’est-ce pas?

Je dirai plus: erreur capitale!

Il sera démontré que la concentration sur un seul point de tous les objets précieux à vendre tourne au profit exclusif des puissants et des habiles, au détriment de la masse des véritables intéressés.

Il sera démontré au législateur, — aux économistes inattentifs, — que le jeu normal de «l’offre et de la demande», pierre angulaire de notre Code commercial et de la liberté des transactions, est enrayé par l’existence d’un monopole revêtu d’un caractère légal;

Que ce jeu régulier de la liberté est continuellement faussé et violenté par l’action, patente ou cachée, du monopole, de ses agents. parasites et de ses auxiliaires;

Que l’encan, comme il est pratiqué aujourd’ hui, élève outre mesure certaines valeurs mobilières en dépréciant hors de toute raison le plus grand nombre des autres, ce qui contribue à la ruine générale des détenteurs;

Que le goût naturel d’un public éclairé pour les objets de bon aloi se trouve vicié par les courants factices mais puissants créés par les spéculateurs de l’enchère au profit du faux-rare, du médiocre même, et trop souvent d’une frivolité sensuelle et déshonnête.

Mais, d’autre part, une autre voix, celle de la Raison dévouée et courageuse, sans doute, se fait entendre et me dit:

«Autour de toi, ce ne sont que plaintes, ré-

« criminations contre tels ou tels abus, tels ou

«tels empiétements, et découragement pro-

« fond.

«Le pouls et le moral du malade baissent.

«Hâte-toi d’agir, vole au secours de la

«France artiste et commerciale, avant d’avoir

«à répéter le mot de Bossuet: Madame se

«meurt... Madame est morte!»

Je disais naguère à propos des mêmes maux:

«Apôtre du bien, ennemi inébranlable des abus et de l’iniquité, on me retrouverait au besoin, le moment venu, prêt à rentrer en lice, aussi ferme, aussi ardent que jamais.»

Ce moment est venu.

Aucun mobile d’intérêt personnel ne m’anime, aucun souffle d’orgueil ne gonfle ma voile.

Mais, irrésistiblement possédé de l’ambition de réduire le monstre, ou du moins d’y contribuer, je lance cette bouée de sauvetage:

Le «cahier de doléances» du commerce d’art parisien.

V. PRÉSEAU.

2 février 1875.

Destruction de la fortune mobiliaire en France par le monopole de l'hôtel des ventes

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