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EASTON

Je me relaxais dans le jacuzzi extérieur quand Alice arriva.

– Je peux récupérer mon téléphone ? me demanda-t-elle avec un air de chien battu.

– Viens le chercher, l’invitai-je en me déplaçant au centre de la petite piscine pour l’empêcher de me l’arracher des mains.

Comme je m’y attendais, Alice se déshabilla. Sous ses vêtements, elle portait un maillot deux-pièces noir, tout simple.

Même dans l’obscurité, son corps était illuminé par la lumière douce de l’éclairage extérieur. Elle était menue et sa peau était claire et délicate.

Je la fixai tout du long. Ses joues étaient très rouges et je comprenais à ses mains tremblantes qu’elle se sentait mal à l’aise mais, comme toujours, elle fit semblant de rien. J’étais certain qu’elle aurait préféré mourir plutôt que de me donner la satisfaction d’admettre que ma présence l’effrayait.

Elle entra dans l’eau avec timidité et s’approcha prudemment.

– Tu me le donnes maintenant ? me demanda-t-elle d’un air conciliant. Elle tendit la main mais sans tenter de prendre le téléphone de force.

J’attendis qu’elle soit à quelques centimètres de moi.

– Tu ne crains pas que ton copain soit jaloux d’apprendre que tu es ici avec moi, la nuit, à moitié nue ? lui dis-je provocant. Je lançai le portable sur le divan à côté, l’attrapai par les hanches, et la tirai vers moi pour l’empêcher de sortir de l’eau.

Alice sursauta et son visage vira au rouge intense sous ses taches de rousseur qui stimulaient mon imagination. Elle était si proche que nos nez se frôlaient.

Elle se cambra vers l’arrière et je renforçai ma prise sur sa peau lisse et douce.

– Alors ? je l’encourageai. Et je me penchai sur son cou gracile en laissant courir ma langue sur sa peau dans le seul but de la perturber davantage. Je voulais qu’elle perde le contrôle et l’air détaché qu’elle prenait toujours en ma présence.

J’aimais sa saveur et son corps était tellement chaud que cela m’excita. C’était peut-être moi qui risquais de perdre le contrôle, mais je ne m’arrêtai pas. Je jubilais de la voir si vulnérable et effrayée.

Elle s’agita. – Easton ! et posa les mains sur mon torse pour me repousser.

– Tu peux ôter tes mains ? Je… je…

– C’est toi qui me touches, je plaisantai, amusé de son malaise et de ses tentatives maladroites de m’éloigner. Je pensais que ça te plaisait… Tu ne fais pas de genre de choses avec ton copain ?

– Bien sûr mais c’est mon copain. Toi, pas, lâche-moi.

– Tu sais, j’ai cherché quelques photos de ce Jacob dans ton téléphone mais je n’ai rien trouvé.

– Il déteste être pris en photo répondit-elle tout de suite, en se raidissant dans mes bras.

– Et il déteste aussi t’appeler ou t’envoyer des messages ou des emails ? Je n’en ai pas trouvé non plus.

– C’est un type à l'ancienne.

– Alors comment vous communiquez ?

– Avec un pigeon voyageur.

J’éclatai de rire. C’était très drôle de la voir marcher sur des œufs.

Au bout d’un moment, elle se mit à rire elle aussi et se relâcha enfin un peu.

– Je n’ai pas de copain, d’accord ? confessa Alice. Je l’ai inventé pour que tu restes loin de moi.

– Pourquoi ?

– Tu as cette façon de t’approcher, de me toucher, de m’embrasser… Voilà, moi… Moi je ne suis pas faite pour ça.

– Mais tu l’as déjà fait non ? Ou tu es vierge ?

– Évidemment mais avec quelqu’un qui m’aimait, pas avec le premier inconnu croisé dans la rue, s’agita-t-elle de nouveau, en détournant le regard. J’étais perplexe. Et pas sûr de la croire.

Je me moquai :

– Quelle romantique.

– Et toi alors ? Tu ne trouves pas de fille assez folle pour vouloir s’amuser avec toi, pas vrai ? Ça doit être difficile d’être un pauvre type à l’ego surdimensionné comme le tien, contre-attaqua Alice, qui reprit confiance en elle.

– Pourquoi est-ce qu’à chaque fois que tu ouvres la bouche, j’ai immédiatement envie de te la refermer ? je lui demandai énervé en prenant son visage pour poser mes lèvres sur les siennes.

Je ne la lâchai pas et attendis que ce baiser vienne à bout de son obstination et de son envie de m’attaquer et de m’éloigner comme un parasite.

Je ne la supportais pas ! Je n’acceptais pas son refus et je ne voulais plus qu’elle tente de se rebeller.

Ce n’est qu’en sentant son corps trembler au contact du mien, et ses bras glisser sur ma poitrine au lieu de me rejeter, que je me calmai et relâchai la brutalité avec laquelle j’avais bondi sur elle.

Elle avait une jolie bouche. Petite et charnue. Je goûtai ses lèvres douces, les suçotai et les mordis délicatement jusqu’à les entrouvrir.

Putain, qu’est-ce que ça m’excite !

Cette excitation me courant violemment dans les veines, ma langue prit possession de sa bouche haletante qui gémissait doucement, soumise à mon invasion.

Son souffle haché et rapide m’atteignit comme une vague irrésistible, déchaînant mon désir de l’avoir et de la faire mienne.

Je dois avouer qu’Alice était une belle fille. Insupportable mais belle.

Cette idée fixe en tête, et une érection toujours plus impatiente d’être satisfaite, je me jetai sur elle, laissant mes mains courir sur son corps, des épaules au dos jusqu’aux fesses et aux cuisses que j’attrapai et soulevai sur mes hanches, tandis qu’elle s’agrippait à mon cou pour ne pas glisser.

Ce changement de position sépara nos lèvres un instant et je m’attaquai à la base de son cou, le mordis et le suçai tout en détachant le haut de son bikini.

Quand j’y arrivai et caressai sa poitrine, elle sursauta et s’éloigna d’un coup.

– Non ! hurla-t-elle apeurée, s’échappant loin de mes bras.

– Non ?! Vraiment ? je m’exclamai avec un rire nerveux qui cachait mal ma colère d’avoir été interrompu.

J’étais excité à mourir et me sentais à deux doigts de l’orgasme. C’était un peu tard pour un non.

– Je… je ne veux pas. Je ne sais pas ce qui m’a pris, bafouilla-t-elle en tremblant. Elle me regardait de ses yeux verts écarquillés par le choc. J’étais venue pour le téléphone et pour te demander pardon. J’ai exagéré aujourd’hui et je voulais te proposer une trêve.

– Ce n’était pas une trêve justement ce qui vient de se passer ? Jusqu’à ce que tu bondisses comme une pauvre petite pucelle qui se fait peloter pour la première fois.

Alice ferma les yeux comme si elle voulait oublier, et moi et ce souvenir. Quand elle les rouvrit, son regard était flamboyant.

– Je t’ai demandé de me laisser tranquille et d’arrêter de poser tes sales pattes sur moi, et encore plus de m’embrasser. Je ne suis pas un jouet avec lequel tu peux t’amuser et puis jeter aux oubliettes, me dit-elle en cherchant à garder la voix ferme et un ton froid et sévère, m’énervant de nouveau. Pour la énième fois, j’avais perdu ce pouvoir que j’avais sur elle. Ou que je pensais avoir.

Aucune fille avant elle n’avait jamais reculé quand je l’embrassais ou la caressais.

– Désolé, mais je ne suis pas d’accord. Tu es mon jouet.

Elle se fâcha, les yeux brillants et tristes.

– Je voulais juste avoir un dialogue ouvert avec toi, mais c’est clair que tu es trop têtu et immature pour affronter certaines situations comme un adulte. Je la regardai et me rendis compte qu’elle était désespérée : son corps s’était fermé comme une huître et elle tremblait violemment malgré la chaleur agréable de l’eau. Son visage était tendu.

Elle se leva pour sortir de l’eau, son soutien-gorge tenu contre elle pour se couvrir.

Je l’attrapai par un bras et la retins.

– Ne me touche pas ! Laisse-moi !

– Tu as dit que tu voulais me parler, parle-moi je lui dis, ignorant ses paroles.

– Je ne veux plus. Je veux juste retourner chez moi, murmura-t-elle la voix cassée par les larmes. Elle se retourna pour ne pas se montrer mais je savais qu’elle pleurait.

– Dans deux jours, on sera à l’université et tu ne me verras plus. Si c’est moi le problème, tu dois tenir bon encore quelques heures.

– Ce n’est pas toi le problème… pas seulement… Je… Je ne me sens pas bien ici. Je hais cet endroit. Je déteste tout et tout le monde. Je veux juste rentrer à Seattle, chez mon père et mon chien elle avoua dévastée, en rentrant dans l’eau et en rattachant le haut de son bikini.

Je lui demandai, curieux :

– Pourquoi tu veux rentrer ? Tu as tout ici, et tu iras bientôt à l’université. En plus, mon père te donnera tout ce que tu veux. Qu’est-ce qu’il y a à Seattle que tu n’as pas ici ?

– Là-bas j’ai quelqu’un qui m’aime et me comprend, répondit-elle simplement, les larmes coulant sur son visage.

Au moins tu as quelqu’un qui t’aime quelque part dans le monde !

– J’ai fait une erreur en quittant Seattle. Je n’aurais jamais dû accepter la proposition de ma mère. Elle nous a abandonnés mon père et moi il y a des années et ne sait même plus qui je suis… Et par-dessus tout, elle ne semble même pas s’en soucier.

– Si c’est ça, alors pourquoi elle t’a proposé de venir en Oregon ?

– Je ne sais pas. Peut-être pour avoir la conscience tranquille ? Dommage que l’argent pour l’université ne compensera jamais l’affection dont j’ai été privée toutes ces années.

– Chacun aime à sa façon. L’argent c’est mieux que rien lui dis-je. Même si en réalité je n’y avais jamais cru non plus.

– Je ne pense pas. Je suis ici depuis deux jours et j’aurais juste voulu passer un peu de temps avec elle, lui raconter ma vie, mes envies, mes peurs, mes doutes… Mais elle n’est jamais là. Elle m’a lâchée dans cette belle villa comme un paquet et est immédiatement retournée travailler. Les seuls moments passés ensemble, c’était pour dîner. Et à chaque occasion, j’ai seulement eu la preuve qu’elle s’en fiche de moi.

– Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

– Je suis végétarienne depuis cinq ans et elle a fait préparer du pain de viande. Pendant que tu passais ton temps sur ton téléphone en ignorant tout le monde, j’ai essayé de faire comprendre que je ne mange ni viande ni poisson depuis des années, mais ton père affirmait que c’était une lubie d’adolescent et que j’étais trop grande pour ce genre de régime. Mon père n’aurait jamais osé me dire ce genre de chose. Inutile d’expliquer que j’ai fait ce choix après ma rencontre avec l’association Animal SOS qui s’occupe de dénoncer les mauvais traitements dans les élevages intensifs et de recueillir les chiens abandonnés avant qu’on ne les tue ou qu’ils soient enfermés dans un chenil. C’est cette association qui a enlevé Book, mon chien, à son ex-propriétaire qui le battait et le laissait attaché chaque jour à un pieu avec une chaîne courte, sans abri ni eau.

Ils ont sauvé Book et je l’ai adopté déjà adulte, malade. Il ne se laissait approcher par personne. Aujourd’hui Book est le chien le plus gentil et câlin du monde. On dort ensemble et il ne me laisse jamais seule. J’aime ce chien et il m’aime. Il me manque terriblement et je culpabilise de l’avoir laissé à Seattle, même si mon père l’adore autant que moi.

– Je suis vraiment désolé réussis-je à répondre. Je n’avais pas compris qu’Alice était une fille si sensible et fragile.

– Et ce soir… au repas, tu n’étais pas là et nos parents voulaient nous donner des conseils pour l’université. Tout allait bien, jusqu’à ce qu’on parle de voitures.

– Mais tu n’as pas de voiture. Je savais que ce genre d’indépendance était important pour mon père.

– Je n’ai même pas le permis, ajouta-t-elle. Ton père m’a gentiment réprimandée pour ce manquement et a reporté la faute sur le mien, qui n’a pas fait le nécessaire pour m’aider.

– Il a toujours été doué pour dire les mauvaises choses aux mauvais moments je répliquai, nerveux et fâché. Je connaissais mon père et je savais à quel point il pouvait être humiliant et con sans même s’en rendre compte.

– Oui, mais la pire, c’est ma mère, qui lui a donné raison. Même si elle connaît certainement le pourquoi de ma décision, vu que je lui ai expliqué par email il y a des années.

– Et c’est ?

– Pendant ma première leçon de conduite avec l’instructeur, une voiture a perdu le contrôle et nous a foncé dessus. L’impact m’a fait exploser l’airbag au visage, et je me suis fait mal à cause de la ceinture de sécurité. Mon père m’a emmenée à l’hôpital pour un coup du lapin. J’étais tellement choquée et effrayée que je n’ai plus voulu toucher un volant. Dès que je m’assois à la place du conducteur, je commence à trembler de façon incontrôlée m’expliqua-t-elle, encore plus tremblante, comme si elle revivait l’événement.

– Eh, c’est fini. J’essayai de la tranquilliser, et m’approchai prudemment pour la prendre doucement dans mes bras.

Alice recommença à pleurer, plus fort qu’avant, et me fit mal au cœur.

– Tout va bien, je lui murmurai. Je lui caressais les cheveux et elle m’enlaça pour la première fois, comme si j’étais sa bouée de sauvetage.

Je pouvais percevoir sa douleur et je ne comprenais que trop bien sa sensation de ne pas se sentir aimée par celle qui l’avait mise au monde.

Depuis que ma mère était morte, mon père s’était raccroché à son travail et, si je n’avais pas eu mon frère aîné, personne ne se serait occupé de moi. Toutefois, ce sentiment de ne pas être accepté et aimé avait toujours été clair et évident pour moi. Au point de réagir avec colère et des gestes inconsidérés pour obtenir un minimum d’attention, et ne pas me sentir écrasé par l’attachement de mon père aux apparences, et par le faux paternalisme derrière lequel il se cachait.

J’attendis qu’Alice revienne à elle et quand elle arrêta de pleurer, je la lâchai.

– Excuse-moi. Je n’ai personne à qui me confier, même pas mon père. Je ne veux pas l’inquiéter… Et désolée si je m’en suis prise à toi ces derniers jours. Je n’aurais pas dû réagir de cette façon et te faire des sales coups.

– Ce n’est pas grave. Je laissai couler juste pour la voir sourire de nouveau. Elle avait un joli sourire mais ne le montrait jamais.

– On fait la paix ?

– Dès que tu auras payé pour le coup de la douche rouge sang. Je n’ai pas encore compris comment tu as fait, je répondis, la faisant éclater de rire.

– J’ai juste mis un tube entier de colorant alimentaire dans la pomme de douche. Maintenant que tu sais, on devient amis ? Elle cherchait à m’adoucir, avec une voix de petite fille, me regardant de ses splendides yeux vifs et malicieux.

Je la taquinai, la faisant de nouveau rougir :

– Tu as répondu à mon baiser avec trop d’ardeur pour que je te considère comme une amie. En plus, je ne te supporte pas.

– Moi non plus je ne te supporte pas et je peux t’assurer que ce qu’il s’est passé n’arrivera plus.

– Tu en es sûre ?

– Complètement. C’était juste un moment de faiblesse à cause de l’alcool. J’étais saoule. La petite menteuse était de retour ! Comme si elle pouvait avouer juste une fois qu’elle avait cédé à la passion parce qu’au fond je lui plais !

– Peut-être…

– C’est la vérité.

– Tu ne sais même pas ce qu’est la vérité, je lui murmurai à l’oreille en m’approchant. Mais je te garantis que je ferai mon possible pour te la faire sortir. Après, on verra si tu as encore le courage de me dire que m’embrasser était une erreur. Je lui en fis la promesse, me levai et sortis de l’eau. J’adorais les défis et Alice en était un de taille.

– Pauvre naïf.

– Tu regretteras de m’avoir provoqué.

– Tu as commencé ! se défendit-elle, vexée.

– Et tu m’as suivi de près je répliquai, la laissant stupéfaite. Elle savait que j’avais raison et ne pouvait pas dire le contraire.

Je souris, satisfait.

Je venais de gagner le premier round.

J’appelai Ant, euphorique.

– Appelle Logan et Ryo. Venez chez moi ce soir, on a une vengeance à planifier !

– Easton, je t’en prie. Ne me dis pas que tu en veux encore à cette fille ?

– Je veux lui montrer à qui elle a affaire.

– Demain est le dernier jour que vous passerez ensemble, allez.

– Justement, je dois en profiter.

– C’est dingue que tout soit toujours un défi ou un pari pour toi, souffla Ant en raccrochant.

Transgression

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