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AVIS DE L'ÉDITEUR.

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Table des matières

Jusqu'à ce jour, toutes les relations des voyageurs qui ont décrit l'Égypte, ont été reçues avec avidité, et les éditions de leurs voyages ont été successivement et rapidement enlevées, ainsi que les traductions qui en ont été faites presque dans toutes les langues.

Cependant les récits de ces voyageurs, et surtout de ceux qui avaient parcouru la Haute-Égypte, étaient si imparfaits; leurs moyens de visiter, d'examiner, et de représenter les monuments que ce pays recèle encore, étaient si bornés, que leurs relations servaient plutôt à exciter la curiosité qu'à la satisfaire.

À l'intérêt général que ce pays inspire, soit par l'importance que lui donnent sa fertilité et sa situation, soit par les souvenirs historiques qu'il retrace à l'imagination, se joint en ce moment l'intérêt des grands événements militaires dont il vient d'être le théâtre; aussi la curiosité est-elle doublement excitée lorsqu'il paraît aujourd'hui quelque nouvelle publication sur l'Égypte. Deux grandes nations y ont paru tour à tour victorieuses. «Elles aimeront toujours à revoir les images des lieux et des monuments témoins de leurs exploits, tandis que leurs savants y chercheront de nouveaux sujets d'étude. Par quelle fatalité se fait-il que des rivalités d'ambition condamnent irrévocablement ce beau pays, ce grand domaine des artistes du monde entier, ce berceau des sciences, cette magnifique école encore subsistante d'architecture et de sculpture, à la destruction, à la misère et à la barbarie? En vain les amis des arts s'étaient flattés d'un arrangement qui leur aurait permis d'aller interroger ces mystérieuses constructions aux lieux qui les ont vu s'élever, et qui semblent encore fiers d'en porter le vénérable fardeau; il faut y renoncer; le charme est détruit; la porte de l'Égypte vient de se refermer une autre fois sur l'Europe, et le dernier soldat Britannique qui évacuera Alexandrie, pourra dire: voi che vorreste entrare, perdete via ogni speranza 2. Honneur soit donc rendu à ceux qui viennent aujourd'hui nous soulever la plus grande partie du voile qui nous cachait encore l'Égypte.

Note 2: (retour) Un homme de lettres m'a communiqué un état qu'il s'était amusé à faire de la dépense que coûteraient, et du nombre de jours que prendraient, la route de Londres à Thèbes et le retour de Thèbes à Londres, par des diligences, paquebots, et coches d'eau réguliers. En voici le résumé:

De Londres à Paris. . . . . . . . . . . . . . 5 jours . . 6 louis d'or,

De Paris à Lyon . . . . . . . . . . . . . . . 5 jours . . 6 do.

De Lyon à Marseille, partie par le Rhône 6 jours . . 5 do.

Paquebot de Marseille à Alexandrie . . . 18 do . . 10 do.

D'Alexandrie au Caire par le Canal et le Nil 4 do. . . 2 do.

Du Caire à Thèbes. . . . . . . . . . . . . . 10 do. . . 6 do.

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48 35

Séjour à Thèbes, au Caire, à Alexandrie, etc. 24 do . . 30 do.

Retour à Londres . . . . . . . . . . . . . 48 do . . 35 do.

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Total . . . . . . . . 120 jours. . 100 louis.

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Cet ami des arts avait l'intention de fonder et de tenir à Thèbes, un caravansérail, ou une auberge à l'Européenne.

Honneur à M. Denon qui, au péril de sa vie, est allé le premier de tous les savants de l'expédition de Bonaparte, au milieu du fracas des batailles, et dans l'incertitude du succès, visiter et dessiner des monuments qui ont fait l'admiration et l'étonnement des siècles passés.

Il n'entre point dans mon objet de discuter ici le mérite ou l'extravagance de cette expédition. Contentons-nous de jouir de ses résultats dans le magnifique ouvrage qu'elle a déjà produit, en attendant l'ouvrage plus magnifique encore que prépare la Commission des arts et des sciences de l'Institut d'Égypte.

Les talents de M. Denon sont déjà jugés par toute l'Europe. Sa touche, fine et spirituelle, l'exactitude de ses dessins, l'agrément de sa manière, étaient connus par les ouvrages qu'il a publiés antérieurement; et il passait généralement pour un des meilleurs dessinateurs existants. Ce dernier ouvrage met le comble à sa réputation d'artiste. On a peine à concevoir comment un homme seul a pu, en si peu de temps, et dans des circonstances tellement pénibles et fatigantes, exécuter un travail aussi prodigieux, et le rendre public d'une manière aussi brillante, en un espace de temps aussi court, (deux ans après son retour).

La gravure a répondu aux talents du dessinateur. Si la réputation des Bertaux, des Coiny et des Malbête n'était pas déjà faite, les planches qu'ils ont gravées pour ce voyage leur assureraient l'immortalité.

Quoique le style du voyageur soit souvent négligé, le journal du voyage n'en est pas moins rempli de charmes. M. Denon a su mêler l'enthousiasme avec la précision, et la gaîté avec l'érudition. Le récit de ses marches, celui des batailles dont il a été témoin, est vif, animé et plaisant, sans être dépourvu de sensibilité. On distinguera surtout la franchise et la candeur avec lesquelles il peint les excès de l'armée Française d'Égypte.

On lui a reproché avec juste raison d'avoir écrit le journal de son Voyage, sans aucune division dans les matières, sans aucun repos, sans aucun chapitre, même sans table qui puisse faciliter la recherche des objets sur lesquels le lecteur peut désirer de revenir.

J'ai essayé de remédier à cet oubli, en divisant par des intitulés en Italique, les divers objets que ce journal présente successivement.

Après avoir ainsi fait la part des éloges que méritent l'écrivain, le dessinateur et les graveurs, il m'est pénible d'en venir à la critique: mais il est impossible de passer sous silence la manière défectueuse dont l'impression de l'ouvrage a été conduite. La dissonance de cette partie de l'exécution avec les autres, est choquante; et elle a d'autant plus droit de surprendre que c'est le premier imprimeur de France, le célèbre Didot aîné, auquel la partie typographique a été confiée.

D'abord, le format, qui n'est propre par son énormité à entrer dans aucune bibliothèque, présente des marges inutiles d'une étendue prodigieuse, qui font croire que l'on a eu intention de spéculer sur l'empressement des lecteurs à se procurer le texte, afin de leur vendre surabondamment une quantité de papier blanc, et d'associer ainsi l'intérêt de l'ouvrage à l'intérêt du marchand. Il n'est pas nécessaire de faire un livre colossal parce qu'on y décrit des colosses.

L'inconvénient de la grandeur de cette publication se fait encore sentir en Angleterre d'une autre manière. Les droits qui sont établis sur l'importation des livres étrangers, se perçoivent en raison de leur poids; aussi a-t-il fallu vendre cet ouvrage à Londres sur le pied de 21 guinées; et sans doute il y sera bientôt à 25, et peut-être 30, car les deux premières éditions de Paris en ont été enlevées aussitôt qu'elles ont été achevées, et l'on n'aura bientôt plus que des planches retouchées.

En second lieu, l'incorrection du texte est au delà de ce que l'on peut imaginer, lorsque l'on voit des caractères si beaux et si larges, et des feuilles tirées avec autant de soin; nous pourrions en donner un errata de deux pages 3. Outre cela, les dates sont souvent erronées, et les noms propres des mêmes villes y sont presque toujours écrits de plusieurs manières différentes.

Note 3: (retour) Parmi ces fautes, je citerai ici l'équivoque ridicule qui se trouve dans la préface Mendès; et puis, page 91, ligne 30, la plaine des moines pour la plaine des Momies (en Anglais the Plain of the Monks, édition de M. Phillips), page 22, ligne dernière, avaries pour avanies; page 30, ligne 3, changea et rendit pour changèrent et rendirent; page 137, ligne 33, supérioté pour supériorité; page 173, ligne 7, les caisses de moines pour des caisses des momies, page 205, ligne 24, j'ai crus pour je crus; ailleurs, celle pour celui, etc.

La difficulté de lire cette édition a obligé d'en faire une petite en trois volumes in 12mo., pour ceux qui craindraient de se disloquer le col, de se casser les reins, ou de se crever les yeux, en lisant l'original.

Cette petite édition a l'inconvénient d'être encore plus défectueuse que l'autre; car, outre les mêmes fautes, elle en a qui lui sont propres, notamment à la page 41, où la dernière ligne de la page 22 de la grande édition a été totalement oubliée.

Dans l'impossibilité où j'étais de copier toutes les planches de l'édition de Paris, et voulant faire une édition de ce voyage plus portative et moins dispendieuse que l'original, j'ai choisi de préférence les dessins qui intéressent le plus les artistes et les savants. J'ai mis de côté les vues inutiles des côtes de la Méditerranée, les représentations des batailles des Français et des Mamelouks, les vues des villes Égyptiennes modernes, les costumes et les portraits des personnages principaux du pays qui ont eu des relations avec l'armée Française, comme étant d'un intérêt beaucoup inférieur: mais je crois n'avoir rien omis des monuments de l'antiquité, ainsi qu'on en jugera par la nomenclature qui suit. Il suffit de dire que mes planches ont été gravées par MM. Landseer, Roffe, Middiman, Armstrong, Smith, Conte, Newton, Mitan, Poole, Audinet, Cardon, Wise, Pollard, &c, pour que l'on soit assuré d'avance qu'elles sont au moins égales à l'original, lorsqu'elles ne lui sont pas supérieures.

J'ai préféré la carte d'Égypte tirée de l'ouvrage du général Reynier, à celle du voyage original; il ne peut pas y avoir deux opinions sur la supériorité de la première.

Enfin, j'ai joint à cet ouvrage environ un demi-volume de découvertes et de descriptions ultérieures, publiées tout récemment par les savants de l'expédition d'Égypte; ce qui assure à mon édition un avantage remarquable sur les petites éditions Françaises et Anglaises du Voyage de M. Denon, lesquelles ont été faites à la hâte, et dont aucune n'est digne de ce bel ouvrage.

Voyages dans la basse et la haute Egypte pendant les campagnes de Bonaparte en 1798 et 1799

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