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LA SEULE PRIÈRE QUI AIT

VRAIMENT COMPTÉ

Toute ma vie, j’ai beaucoup prié. La plupart du temps, c’était pour dire : « S’il vous plaît, mon Dieu, sortez-moi de ce pétrin! Et je vous promets que je deviendrai bonne! »

Chaque fois que j’ai été poussée sur la banquette arrière d’une voiture de police, j’ai prié. Chaque fois que la porte métallique du centre de détention claquait derrière moi, j’ai prié. Chaque fois que je me suis retrouvée devant le juge, j’ai dit : « Mon Dieu, je promets de ne plus faire de mal. » Et j’étais sincère. C’est ce qui est le plus triste. Je voulais honnêtement éviter les problèmes. Mais, je ne voyais pas mon vrai problème : moi.

J’ai commencé à boire et à prendre de la drogue à l’âge de 11 ans. Au début, je le faisais pour faire partie de la bande. Ensuite, ce fut pour fuir mon impression de solitude et d’être moins que rien. J’ai toujours eu cette impression. Cela m’a amenée à faire du mal aux autres et à moi-même. Ces actions ont débouché sur la culpabilité et la honte. Puis, j’ai bu pour fuir ces impressions à leur tour.

Les choses ont progressé, comme l’alcoolisme le fait toujours : je buvais et me droguais tous les jours. Je me suis retrouvée avec les clochards. J’en étais rendue à boire pour survivre. J’avais 31 ans. Je ne connaissais pas d’autre vie. J’avais un grand trou dans mon âme. Je ne pouvais plus vivre avec ou sans alcool. J’en étais au point de non-retour, cet endroit dont parle le Gros Livre dans « La vie qui vous attend. »

Tôt un matin, j’étais dans une chambre d’hôtel. La souffrance était intenable. Je pleurais et je suis tombée à genoux. Ma prière a été simple : « Mon Dieu, ça ne peut plus continuer. Je ne sais pas quoi faire, s’il vous plaît aidez-moi. » J’ai continué à boire et à me droguer. Par contre, je crois que ma prière a été mon lâcher-prise. Deux semaines plus tard, ma Puissance supérieure a exaucé ma prière. La réponse a pris la forme des policiers d’Honolulu. J’ai été arrêtée une nouvelle fois et je me suis retrouvée en prison.

Mais cette fois, les choses ont changé. Il s’est opéré une profonde transformation en moi. J’avais l’esprit plus ouvert. Je devais purger deux ans de prison pour récidive. J’ai demandé à aller aux « cours » de traitement. Je voulais impressionner les libérations conditionnelles. J’ai aussi commencé à aller aux réunions des AA de la prison. Je faisais signer ma feuille de présence par la secrétaire. C’est ainsi, par la grâce de Dieu, que j’ai entrepris mon rétablissement. C’est ainsi que je suis sortie d’un état physique et mental désespéré.

La surveillante de mes cours de traitement était membre des Alcooliques anonymes. Nous nous voyions trois matins par semaine. Elle partageait son expérience, sa force et son espoir avec nous. Elle était bien différente de moi. Son basfond se limitait à tomber des tabourets dans les clubs chics. Elle avait couché avec quelques étrangers. Je ne m’identifiais pas du tout à elle. Puis, elle s’est mise à parler de ses émotions. Comment elle se sentait seule et moins que rien. Comment elle était en colère et avait peur. C’était ma propre histoire qu’elle racontait! Elle nous a aussi parlé de sa vie d’abstinence. Elle a parlé de la beauté du rétablissement. J’ai commencé à espérer.

Plusieurs prisonniers utilisaient les réunions des AA pour rencontrer leur petite amie. Les femmes habitaient dans un bâtiment séparé. Il m’arrivait de ne pas vouloir aller aux réunions, car il y avait beaucoup de bavardage et de querelles. Par contre, j’ai commencé à écouter sérieusement les lectures. J’ai écouté attentivement « Notre méthode ». Je me suis même portée volontaire pour faire la lecture à quelques reprises.

Un soir, nous avions un conférencier de l’extérieur. C’était une femme de mon âge. Son histoire ressemblait beaucoup à la mienne. Elle a parlé de la confusion et de la dépression dans sa vie. Elle a parlé de ce qui s’était passé et qui avait changé sa vie. De plus, elle a parlé du miracle de sa nouvelle vie. J’ai senti mon espoir grandir. J’ai commencé à prier chaque soir. J’ai utilisé la prière de la Sérénité et la prière de la Troisième Étape. Au début, je ne me souvenais pas des mots alors je les ai écrits sur un petit papier. Puis, je les ai lus à répétition pour arriver à enfin m’en souvenir. J’ai aussi lu le Gros Livre, surtout les témoignages. J’ai commencé à comprendre que j’étais alcoolique.

Après quatre mois, on m’a transférée à un programme de travail d’état. J’habiterais là au lieu de la prison. J’avais une peur bleue. Dans le passé, chaque fois que je sortais de prison, je faisais la même chose – je retournais à mes anciens repaires. Mais cette fois, j’ai découvert qu’il y avait une réunion près de mon lieu de résidence. J’ai commencé à y aller chaque jour. Je savais que si je ne mettais pas le programme des AA en pratique, je ne survivrais pas. Ma Puissance supérieure sait très bien ce dont j’ai besoin. J’ai eu des anges sur mon chemin. Ils m’ont prouvé que le programme fonctionne vraiment. Je suis sortie de prison il y a quatre ans, trois mois et 27 jours. Je n’ai pas bu depuis. Je ne suis jamais retournée en prison. Je n’ai blessé personne intentionnellement, même pas moi.

Au début, j’ai entendu quelqu’un dire : « Si tu veux ce que nous avons, fais ce que nous faisons. » Je l’ai cru. Je sais boire, voler, mentir et tricher. Je sais comment profiter des gens et comment les tromper. Je ne sais pas vivre. J’étais avec un groupe de personnes qui étaient abstinentes. Ils apprennent à prendre la vie comme elle vient. Je me suis trouvé un groupe d’attache, une marraine et j’ai commencé à mettre les Étapes en pratique et à faire du service. Peu importe la situation, je n’ai pas bu.

Aujourd’hui, je deviens la femme que je n’ai jamais cru être. J’ai un travail. J’étudie aussi à temps partiel au collège. Je répare mes relations avec ma famille, particulièrement avec ma fille. Je l’ai abandonnée il y a 13 ans. Je ne pouvais pas m’en occuper. Je commence à savoir être une amie avec mes amis, une travailleuse parmi les travailleurs. Et surtout, je suis une membre reconnaissante des Alcooliques anonymes.

J’ai un message pour ceux qui se débattent avec la vie : si je peux changer, tout le monde le peut!

–Elizabeth B., Honolulu, Hawaii

Les AA en prison : d’un détenu à l’autre

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