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2.2.2 La liaison

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Le comportement de la liaison chez les apprenant.e.s du français attire beaucoup plus l’intérêt des chercheurs que le schwa. En effet, plusieurs thèses sont dédiées à ce sujet (Mastromonaco 1999, De Moras 2011, Barreca 2015, Harnois-Delpiano 2016) ainsi que deux numéros spéciaux de revues (Racine/Detey 2015, Howard/Ågren 2019). Alors qu’à l’origine la majorité des travaux se concentrait sur des apprenant.e.s ayant l’anglais comme L1, comme dans le cas du schwa (cf. section 2.1.1), les populations étudiées se sont à présent diversifiées. Étant donné que cette contribution met l’accent sur les contextes de liaison à enseigner, nous limitons la présentation de l’état de l’art aux liaisons obligatoires et fréquentes.

Les tableaux 51 à 7 montrent que les résultats des études existantes diffèrent de manière considérable.

Contexte Mastromonaco 1999 Thomas 2002, 2004 Howard 2005 Pustka 2015 Barreca 2015
Parole spontanée Parole spontanée + lecture Parole spontanée Parole spontanée Répétition + lecture + parole spontanée
DET + 93 % (56/60) 96 % (n= 2351) 70–97 %2 3 non-réalisations DET + SUBST : 79 %–90 %3
ADJ + SUBST 100 % (5/5) 50 % (n = 348) 0–50 % 96 % 48 %–53 %
PRON CL + V 100 % (10/10) 96 % (n = 821) 80 %–100 % 1 non-réalisation PRON + V : 78 %–83 %
PREP mono + 100 % (7/7) 96 % (n = 663) 73 %–100 % 100 % PREP + nom propre : 75 %–94 %
ADV mono+ TOUS 90 % (9/10) 85 % (n = 387) (sans pas) 0–100 % 0–100 % selon le lexème ADV + ADJ : 65 %–88 %
très --- --- --- 89 % (n = 28) ---
Constructions figées 100 % (7/7) --- 40 %–100 % --- 49 %–63 %

Tab. 5 :

La liaison obligatoire chez les apprenant.e.s en parole spontanée (et d’autres tâches).4

Les résultats montrent qu’en parole spontanée (cf. tableau 5) les étudiant.e.s ont une assez bonne maîtrise de la liaison obligatoire avec des taux de réalisation se situant entre 85 % et 100 %. Racine/Detey (2015 : 11) avaient déjà formulé dans l’introduction de leur numéro spécial : « (…) les liaisons ‘obligatoires’ ne semblent pas poser de problèmes aux apprenants avancés. » (cf. également Howard/Ågren 2019 : 5).

La lecture fournit des résultats semblables (cf. tableau 6 et 7). Nous soulignons que les résultats des quatre enquêtes présentées dans le tableau 7 peuvent particulièrement bien être comparées entre eux puisqu’il s’agit toujours de la lecture du texte PFC. On constate ici une grande différence entre les élèves de niveau A2 et les étudiant.e.s des autres enquêtes, les taux de réalisation étant beaucoup plus faibles chez ces premiers.

Mastromonaco 1999 Howard 2005 De Moras 2011 5 IPFC‐japonais (Detey/Kawaguchi/Kondo 2015) IPFC‐allemand/Munich (Pustka 2015) IPFC‐norvégien (Andreassen/Lyche 2015) IPFC‐allemand/Vienne (Forster 2017, Pustka/Forster/Kamerhuber 2018)
Sans séjour Avec séjour Elèves A2 Etudiants B1/B2
DET + [z] 96 % 68 %–74 % art. déf. + nom : 68 %–74 %, art. indéf. + nom : 62 %–74 % 73 % 88 % 100 % 39 % 89 % 88 %
[n] 50 % 100 %
ADJ + SUBST 100 % 70 %–81 % adj. qual. + nom : 49 %–57 % 50,0 % 93 % 96 % --- --- 63 %
PRON CL + V [z] 98 % --- --- 92 % 92 % 100 % 83 % 100 % 86 %
[n] 17 % 94 %
PREP mono + 95 % 73 %–76 % prép.+ nom : 73 %–76 % 100 % 100 % 100 % --- --- 100 %
ADV mono+ TOUS 75 % --- --- --- --- --- --- --- ---
très --- 40,0 % 57 % 89 % 31 %
Constructions figées --- 63 %–72 % 63 %–72 % en effet : 89 % Jeux‐Olympiques : 30 % en effet : 67 % Jeux‐Olympiques : 57 % 58 % (7/12) --- --- 8 %

Tab. 6 :

La liaison obligatoire chez les apprenant.e.s en lecture.

Concernant la liaison fréquente, les taux de réalisation s’avèrent assez élevés en lecture et beaucoup plus faibles en parole spontanée (cf. tableau 76). À l’instar des francophones natifs, les apprenant.e.s avancés possèdent donc une certaine compétence socio-stylistique (cf. tableau 3). À y regarder de plus près, on constate toutefois quelques différences. Ainsi, après la forme verbale impersonnelle c’est, les taux varient-ils entre 43 % et 78 % chez les apprenant.e.s, mais seulement autour de 28 % et 30 % chez les natifs. On peut supposer que cela est dû au fait que la liaison a pendant longtemps été considérée comme obligatoire dans ce contexte (cf. Delattre 1947 dans la section 2.1.2) et a donc probablement été enseignée comme telle. Après la conjonction quand, les taux reportés par Thomas 2002/2004 et Howard 2005 sont en revanche beaucoup plus faibles que chez les natifs.

Contexte Mastromonaco 1999 Thomas 2002, 2004 Howard 2005 Pustka 2015 Detey /Kawaguchi/Kondo 2015
Parole spontanée lecture Parole spontanée + lecture Parole spontanée Parole spontanée lecture
c’est + 78 % (7/9) 98 % (48/49) 66 % (n = 1297) --- 43 % (n = 23) ---
est + --- --- 38 % (n = 16) 80 %–71,4 %
CONJ mono + TOUS 29 % (2/7)7 --- --- 0 %–37 % puis + mais : 0 % ---
quand --- --- 41 % (n = 64) 0 %–17 % 80 % ---

Tab. 7 :

La liaison fréquente chez les apprenant.e.s (parole spontanée et lecture).

En conclusion, les études précédentes montrent que les liaisons obligatoires ne semblent pas poser de problèmes aux apprenant.e.s avancé.e.s mais aux apprenant.e.s moins avancé.e.s. Cependant, même les apprenant.e.s avancé.e.s rencontrent des difficultés face aux liaisons fréquentes et tendent à en réaliser moins que ce qui est relevé chez les locuteurs natifs, et ce notamment en parole spontanée.

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