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CHAPITRE V

Table des matières

LA FÉODALITÉ

Les seigneurs et les fiefs.—Hugues Capet proclamé roi, en 987, n'avait reçu qu'un vain titre: il n'était rien, car tous les seigneurs étaient rois. Les seigneurs, c'étaient les anciens compagnons, les anciens leudes du prince. Les rois francs avaient donné à leurs compagnons, pour les récompenser de leurs services, des chevaux, des armes, puis des terres, des forêts, de vastes domaines. Ceux qui étaient ainsi récompensés devaient engager leur fidélité au roi, leur foi. Les terres données ainsi s'appelèrent les fiefs, et du mot féod nous avons fait féodal. La société fut appelée société féodale, et nous nommons ce régime la féodalité.

Celui qui recevait un fief s'agenouillait devant son seigneur. Il jurait d'être son homme. Quelques-uns, trop fiers ou trop puissants, restaient debout en prêtant serment. Le seigneur, à son tour, remettait à son homme une motte de gazon, un rameau d'arbre comme symbole de la terre que l'autre reconnaissait devoir à sa générosité. S'il s'agissait d'un grand fief, duché ou comte, le symbole était un étendard. Le vassal était obligé de suivre son suzerain à la guerre, de contribuer à sa rançon s'il tombait aux mains de l'ennemi, de l'assister quand il rendait la justice. Le suzerain, en retour, devait protection à son vassal et à sa famille.

Le château.—Les seigneurs étaient cantonnés dans des châteaux; ces forteresses ne furent d'abord que des palissades entourées d'un fossé destiné à défendre le pays contre les Normands. Aux palissades les seigneurs substituèrent des murs en pierre d'une épaisseur énorme. Les murs furent flanqués de tours crénelées, et enveloppèrent souvent une vaste étendue de terrain, de vastes magasins, une ferme, quelquefois même un bourg entier. Le seigneur se sentait fort dans son château. Au sommet de la plus haute tour veillait sans cesse le guetteur. Sitôt qu'il apercevait au loin une troupe suspecte, il sonnait une cloche. Les cors retentissants remplissaient de bruit les cours et les salles. Les guerriers se revêtaient de leurs lourdes armures de fer. Les archers se plaçaient derrière les créneaux; le pont-levis était relevé, la herse abaissée.

Si l'ennemi n'était pas en grand nombre, le seigneur sortait à son tour avec ses hommes: il repoussait ceux qui venaient envahir son domaine et pénétrait dans celui de son ennemi, brûlant, pillant, rendant ravage pour ravage.

L'hiver, il fallait vaincre l'ennui. C'est alors que la châtelaine organisait des fêtes, des jeux, appelait des musiciens, ou ménestrels. Un nain ou un être difforme, nommé le fou, avait mission d'exciter le rire par ses grimaces et ses bons mots. On se réjouissait surtout lorsque arrivait au château un de ces poètes appelés trouvères[3] qui s'en allaient chantant les exploits de Charlemagne et de Roland.

Au pied des châteaux se groupèrent les maisons des hommes dépendant du seigneur et cultivant les terres. Ces maisons formèrent les bourgs quand elles étaient pressées les unes contre les autres et enceintes d'une palissade ou d'un mur, et les villages, quand elles étaient éparses dans la campagne.

Le seigneur possédait non seulement la terre, mais les gens qui travaillaient la terre. Les vilains devaient moissonner ses blés, rentrer ses foins, bâtir sa demeure, réparer ses chemins sans la moindre rétribution: c'était la corvée.

Seul le seigneur pouvait chasser en tout temps sans souci des récoltes: c'était le droit de chasse.

Seul il avait le privilège d'avoir des pigeons qui vivaient aux dépens des champs d'alentour: c'était le droit de colombier.

Dans ses voyages, il se faisait héberger ou il voulait: c'était le droit de gîte.

Les vilains ou roturiers, en acquittant ces droits, ces corvées, gardaient une certaine liberté. Ils pouvaient avoir une cabane, une terre, s'enrichir même s'ils avaient affaire à des seigneurs doux et pacifiques.

Au-dessous d'eux, les serfs, plus malheureux, rappelaient les esclaves antiques. C'étaient les descendants de prisonniers de guerre ou d'hommes réduits en servitude pour certains crimes, parce qu'ils n'avaient pu payer l'amende, ou de pauvres gens qui s'étaient livrés corps et biens, à cause de l'affreuse misère. D'autres, par piété ou par repentir, s'étaient déclarés serfs des églises, des abbayes.

Le serf était comme la terre qu'il cultivait, la propriété absolue de son maître qui pouvait le donner, l'échanger ou le vendre, comme bon lui semblait. Les enfants d'un serf devenaient serfs en naissant. Si un homme libre épousait une femme serve, il tombait en servitude. Le seigneur pouvait séparer le serf de sa femme, de ses enfants, échanger ces malheureux comme un vil bétail.

Histoire de France - Tirée de Ducoudray

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