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INTRODUCTION

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Table des matières

O nature, c’est là ta genèse sublime.

Oh! l’éblouissement nous prend sur cette cime!

Le monde, réclamant le sort que Dieu lui doit,

Vibre; et dès à présent, grave, attentif, le doigt

Sur la bouche, incliné sur les choses futures,

Sur la création et sur les créatures,

Une vague lueur dans son œil éclatant,

Le voyant, le savant, le philosophe entend

Dans l’avenir, déjà vivant sous ses prunelles.

La palpitation de ces millions d’ailes.

V. HUGO. Châtiments.

Nous n’avons pas à apprendre à nos lecteurs que les télégraphes n’ont d’autre but que de communiquer la pensée à de très-grandes distances. Le meilleur télégraphe est celui qui accomplit cette opération dans un temps aussi court que possible.

Pour porter au loin la pensée, il est nécessaire de l’exprimer en signes qui frappent au loin les sens.

Pour la porter rapidement, les signes sensibles qui expriment la pensée doivent se former rapidement comme elle et se succéder sans délai.

La science dont l’application forme l’art télégraphique comporte donc l’étude de trois problèmes principaux:

1° Rechercher quel est l’agent physique qui se transmet le plus rapidement à la plus grande distance en laissant à nos sens l’impression de son action;

2° Former un système de signaux transportant rapidement les impressions de cet agent et les variant de même;

3° Exprimer la pensée, au moyen de ces signaux, de la façon la plus prompte, la plus claire et la plus générale possible.

Ces trois problèmes se subdivisent en une infinité de questions importantes et ardues, dignes d’être l’objet d’études spéciales et d’expériences nombreuses, pouvant occuper la vie d’un homme et enrichir la science de découvertes nouvelles. Mais pour ramener ces faits à la pratique de l’art télégraphique, il faut que toutes ces questions soient étudiées et résolues simultanément; si l’on en perd une seule de vue, il est à peu près certain qu’on n’aboutira qu’à des combinaisons inapplicables.

Les agents que la télégraphie peut employer sont au nombre de quatre:

1° Le mouvement de translation. (La télégraphie pneumatique est le type le plus parfait de ce mode de transmission.)

2° Le son. (La télégraphie acoustique aidée de l’électricité a produit le téléphone.)

3° La lumière. (Les télégraphes optiques, appliqués surtout aux armées en campagne et à la marine, fournissent un moyen avantageux de communication, là où le télégraphe électrique ne peut être employé.)

4° L’électricité, qui forme, au moyen du télégraphe électrique, le mode le plus prompt et le plus complet pour la transmission rapide des dépêches à très grande distance.

Le mouvement de translation opéré par les chemins de fer (en leur supposant leur plus grande vitesse pratique), ne permet pas une vitesse assez grande pour franchir la distance rapidement. C’est le moyen de transport le plus rapide de nos correspondances manuscrites, mais il ne peut être assimilé à la télégraphie.

Les tubes pneumatiques ont assisté considérablement la télégraphie à petite distance dans les grands centres, et le mouvement rapide qu’on peut imprimer, par la pression, à un courant d’air enfermé dans un tube souterrain dépasse, d’ailleurs, de beaucoup la vitesse des chemins de fer.

On peut déjà prévoir que ce mode de transmission rapide pourra être étendu à de grandes distances, et nous verrons sans doute, dans un temps prochain, des tubes pneumatiques à relais, pouvant franchir sans arrêt des distances considérables. La vitesse de la poste aux lettres pourra de la sorte être augmentée dans des proportions importantes.

Le son offre, au premier aperçu, des ressources de vitesse plus grandes que le mouvement de translation. Chacun sait qu’il parcourt, dans l’air, 340 mètres par seconde, et sa transmission est plus rapide encore à travers l’eau et les corps solides.

Néanmoins, si le son a été appliqué à la télégraphie par les anciens, il n’a guère été employé que comme simple signal de convention, et sous cette forme n’a jamais dépassé les distances d’un myriamètre. Il était réservé à notre siècle de produire le téléphone, qui transporte le son articulé de la parole à des distances électriques considérables, et il est permis d’espérer qu’avec le temps et les perfectionnements qu’on apporte chaque jour à cet ingénieux et intéressant appareil, la voix pourra franchir des distances aussi grandes que celles parcourues par le télégraphe électrique.

La lumière est l’agent naturel qui se transmet le plus promptement, après l’électricité. C’est aussi celui que nos sens, seuls ou armés de télescopes, perçoivent le mieux et à la plus grande distance. Sa vitesse est telle qu’on ne saurait l’exprimer par la plus petite fraction de temps, même dans son trajet sur la ligne télégraphique la plus étendue.

Soit qu’on emploie les lumières artificielles, pour transmettre les signaux, soit qu’on utilise la lumière directe ou diffuse du soleil, pour présenter aux regards des rayons lumineux ou des corps opaques, il n’est besoin d’établir aucun conducteur spécial entre les stations; les signaux se transportent de l’une à l’autre d’eux mêmes et avec la rapidité de la pensée. Après l’électricité, la lumière offre donc toutes les garanties de rapidité, de variété, de sécurité et d’économie que la télégraphie peut obtenir d’elle, car les accidents atmosphériques viennent souvent interrompre la succession des signaux qu’elle produit. Malgré cet inconvénient, les signaux optiques restent encore à l’ordre du jour, et rendent même, dès à présent, de grands services à la marine et aux armées en campagne.

L’électricité est le véritable agent du télégraphe, et c’est surtout à elle que la télégraphie doit son développement actuel. De même qu’elle s’est adjoint les phénomènes de l’acoustique, elle promet de s’adjoindre aussi ceux de l’optique et de s’assimiler d’autres agents précieux de la physique. Il faut donc espérer que l’extension de la portée du sens de la vue suivra de près celle du sens de l’ouïe, et que l’électricité nous réserve d’étendre considérablement notre centre actuel de vie matérielle et intellectuelle.

La science a certainement bien des découvertes à nous révéler, et les quatre agents physiques dont nous venons d’examiner rapidement les effets sont, sans doute, destinés à se combiner de manière à fournir à l’humanité l’agent télégraphique le plus parfait.

Nous nous proposons de passer en revue, dans les pages qui suivent, les divers systèmes télégraphiques basés sur les quatre agents physiques dont nous venons de parler, et nous donnerons, bien entendu, la meilleure part au télégraphe électrique.

Les télégraphes

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