Читать книгу Sang Souillé - Amy Blankenship, Amy Blankenship - Страница 5
Chapitre 3
ОглавлениеDamon croisa les bras et s'appuya contre la cabane à outils des gardiens du cimetière. Cette zone manquait de chasseurs parce qu'elle se situait tout au bout du grand cimetière et était correctement isolée. Cela semblait également être un refuge pour bon nombre d'Arachs qui avaient survécu tout ce temps, presque comme s'ils voulaient de se regrouper et de se cacher.
Il avait promis de laisser Alicia passer à la pratique en matière de combat et, au total⦠c'était l'endroit parfait pour qu'elle s'y mette enfin... tant qu'il était présent en tant que juge de la situation. Ces Arachs étaient faibles comparé à toutes ces créatures qui rôdaient dans la ville à l'heure actuelle, mais il permettait seulement à Alicia d'en combattre une à la fois.
Chaque fois que de courageux Arachs tentaient de la surprendre, il les taillait en pièces avant qu'ils ne soient assez proches pour la distraire de celui qu'elle affrontait. Détruire les monstres qui venaient vers Alicia lui donnait une forme de satisfaction et Damon s'amusait assez. Elle se débrouillait pas mal⦠pour une débutante.
Il avait également remarqué une chute drastique dans le nombre de créatures depuis l'explosion quelques d'heures auparavant, et il en avait conclu que quelqu'un avait débusqué le nid avant de le détruire. Personnellement, cela ne l'aurait pas dérangé de jeter un coup d'Åil au démon qui avait engendré toutes ces horreurs mais il ignora cette pensée. Cette créature était probablement tout aussi hideuse que ces choses, de toute façon.
Entendant des bruits de pas et de voix provenant de la lisière d'arbres au pied de la petite colline où il se tenait, Damon contourna le hangar et alla y fouiller. Ce coin du cimetière longeait de hauts pins majestueux, qui séparaient le lieu sacré d'un voisinage banlieusard.
En se découvrant aussi près des maisons, Damon fut curieux de savoir pourquoi personne n'avait rien entendu pendant la nuit ni n'était venu mener sa petite enquête. Il y avait bien eu quelques moments où il avait cru surprendre le scintillement d'un bouclier autour du cimetière, mais il s'était convaincu que cela n'était qu'un effet de son imagination. Si une protection magique avait été créée, peut-être les chasseurs de démons n'étaient-ils pas aussi inutiles qu'il le présumait.
Il était presque arrivé à la limite formée par les arbres quand deux hommes en émergèrent, pour aussitôt stopper net en le voyant. En distinguant les contours blancs d'un édifice à travers les arbres, Damon supposa que le bâtiment de maintenance principal se situait peut-être de l'autre côté de la ligne d'arbres et que ces hommes venaient d'arriver sur leur lieu de travail.
Ces types ne pouvaient avoir emprunté l'une des routes principales pour arriver jusqu'ici⦠ils se seraient retrouvés bloqués par la police. Sans compter que Damon n'avait entendu aucun moteur de voiture dans le lointain, ce qui lui apprit que ces hommes vivaient à peu de distance du cimetière.
« Bonjour, les salua Damon, en réduisant la distance entre eux pour les hypnotiser.
Les deux hommes le considérèrent avec perplexité. Bien des choses étranges s'étaient passées dans ce cimetière ces deux derniers jours, et cela les rendaient méfiants envers tout individu suspect... ce type qui s'avançait tranquillement vers eux correspondait parfaitement à l'idée qu'ils se faisaient de quelqu'un de suspect.
Celui qui portait un marcel blanc sous sa chemise d'uniforme déboutonnée lui répondit d'un ton autoritaire.
â Pouvons-nous vous aider ? Les visiteurs ne sont pas censés se promener par ici.
Damon acquiesça, concentrant ses yeux améthystes vibrants d'intensité sur les deux hommes, souriant presque lorsque leurs visages se radoucirent pour adopter une expression étourdie.
â En fait, je suis là pour vous aider en vous informant que vous avez déjà terminé votre travail de la journée. Votre employeur a dit de retourner au hangar d'entretien et de vous détendre jusqu'à ce que votre temps de travail soit terminé. Vous ne vous rappellez pas m'avoir vu et si quelqu'un vous interroge... vous avez travaillé dur toute la journée.
Le second employé, à la chemise boutonnée et à l'allure plus professionnelle, jeta un regard à son coéquipier.
â Il est temps d'essayer cette télé que tu as branchée dans la cabane.
â Ouais, Jerry Springer nous attend », renchérit le numéro deux dans un état de stupeur.
Damon sourit d'un air malicieux et attendit qu'ils disparaissent complètement de sa vue. Une fois les humains partis, il se retourna pour remonter sur la colline, quand il aperçut un impressionnant monticule de terre exploser dans les airs. Lorsqu'il arriva au sommet de la colline pour s'aviser des progrès d'Alicia, son visage s'assombrit.
Elle n'affrontait plus un seul Faucheur, maintenant⦠mais trois en même temps, et qui, de toute évidence, lui faisaient passer un sale moment. Un grondement rauque monta du fond de sa poitrine lorsque l'un des monstres, avec un coup terrible, fit mordre à Alicia la poussière.
Alicia était allongée là , et leva les yeux de l'endroit où elle avait été projetée. Tout s'était bien passé jusqu'à ce que les Arachs numéro deux et trois aient décidé de se pointer pour lui compliquer la tâche. Damon l'avait aidée et quand il n'avait pas surgi pour affronter les deux autres monstres, elle l'avait cherché des yeux.
Ne le voyant nulle part, elle avait éprouvé une pointe de joie et de frustration mêlée. La joie parce qu'elle pensait qu'il l'autorisait à se battre⦠et de la frustration parce qu'il n'était pas là pour la voir botter les fesses de ces trois saletés. En relevant la tête, elle allait se remettre sur ses pieds quand les Arachs se figèrent tout à coup. Ils restèrent sans bouger pendant une seconde avant d'exploser brusquement comme du verre.
Alicia se protégea le visage des bras pour éviter d'être touchée par toutes ces saletés. Heureusement, tout avait volé vers l'autre côté et loin d'elle. Lorsqu'elle baissa les bras, elle trouva Damon au-dessus d'elle, les jambes autour de ses membres inférieurs, l'air plus furieux que jamais. Elle tressaillit quand il tendit brusquement une main vers elle, offrant ainsi de l'aider à se relever.
« Merde Damon, j'aurais pu les avoir si tu m'avais simplement laissé une chance de le faire, dit-elle en attrapant sa main.
Damon l'aida doucement à se remettre debout et l'attira contre son cÅur. Alicia allait protester quand elle observa la raideur dans sa mâchoire et le regard sévère qui habitait ses yeux d'améthyste. Sa colère s'évanouit en réalisant qu'elle lui avait involontairement fait peur.
â La règle, c'est un monstre à la fois, grommela Damon, se préparant à une dispute qu'il avait l'intention de gagner.
Il fut surpris lorsque Alicia passa une main derrière sa tête, s'assurant au passage de plonger ses doigts dans ses cheveux avant de l'attirer à elle pour un baiser ensorcelant.
Lorsqu'ils finirent par s'écarter l'un de l'autre, Damon, dans un grognement, repoussa Alicia jusqu'au mur de l'abri contre lequel il s'était adossé un peu plus tôt. Le grognement aurait paru menaçant pour bien des gens, mais pour Alicia, c'était terriblement séduisant.
â Tu n'as pas le droit de faire ça, lui interdit tout bas Damon.
Alicia leva vers lui un regard pétillant d'une innocence feinte.
â Pas le droit de faire quoi ?
Damon effleura la joue d'Alicia de la sienne, les lèvres à peine sur sa peau, avant de s'immobiliser près de son oreille.
â Tu n'as pas le droit de me distraire.
â Oh, chuchota Alicia d'une voix séductrice. Tu veux dire, comme ça ?
Elle se hissa sur la pointe des pieds et l'embrassa encore, avec la langue cette fois-ci. Lorsque Damon pressa sa cuisse entre les siennes, elle écarta les jambes et se pressa contre lui. Savourant la sensation, elle se mit à se frotter d'avant en arrière sur lui. Ses yeux se fermèrent lorsque Damon leva la jambe et que ses pieds quittèrent le sol.
â C'est un début, haleta Alicia quand leurs bouches se séparèrent.
Damon sourit d'un air narquois.
â C'est toi qui a commencé. Son sourire s'évanouit et son regard s'assombrit, pour devenir d'un profond améthyste. Maintenant, je vais terminer ça.
Alicia ne put retenir un gémissement et noua les jambes autour de sa taille, continuant de se frotter contre l'érection qu'elle sentait grossir sous la braguette de Damon.
Damon la pressa brutalement contre le mur de la cabane à outils et déchira éhontément sa chemise. Ses mains s'emparèrent de ses seins, pour taquiner leurs pointes durcies sous la dentelle, puis il s'attaqua à son jean.
Alicia détendit les jambes et laissa Damon faire lentement glisser son jean jusqu'à terre. Elle se délesta du vêtement coincé à ses chevilles et leva les jambes pour les nouer de nouveau autour de la taille de son amant. Avec un petit sourire coquin, Damon ouvrit sa braguette et libéra son sexe de cet obstacle entre eux.
Changeant de position, il haleta en poussant ses hanches en avant tout en abaissant Alicia pour l'empaler sur son membre en érection. Alicia poussa un cri et cala sa tête contre le mur en béton derrière elle. Damon donna des coups de reins à un rythme spécialement choisi pour la punir, s'assurant ainsi qu'elle comprenne vraiment ce que cela impliquait de le distraire.
Alicia ouvrit les yeux et s'agrippa aux épaules de Damon, se collant un peu plus contre lui. Il baissa la tête et suça un de ses tétons à pleine bouche. Alicia haleta sous la vague de sensations qui l'envahissaient et arque-bouta son corps contre le sien. Plus il plongeait en elle, plus il lui semblait que son corps convulsait sous la force de chaque coup de reins.
Un bruit dans le dos de Damon lui fit lever les yeux et elle les plissa en voyant un Faucheur courir derrière eux. De toute évidence, le démon pensait qu'ils étaient vulnérables et cherchait à prendre avantage de la situation.
â Faucheur à midi, chuchota Alicia, à bout de souffle.
Elle regarda la créature exploser sous la force du pouvoir de Damon et gémit quand il commença à aller et venir en elle de plus en plus fort. Il avait l'air d'un possédé... sauvage, rapide, provoquant chez elle des sensations à la limite de la douleur, et elle adorait ça.
â Sur la droite, l'avertit Alicia.
Un autre Faucheur finit par rencontrer son créateur et Damon releva la tête de ses seins. Prenant ses poignets dans ses mains, il les cloua au mur derrière elle et dégaina ses crocs affûtés.
â Jouis pour moi, grogna-t-il en sentant les douces parois du vagin d'Alicia palpiter autour de son membre, au même rythme qu'il pulsait en elle.
Alicia ignora sa demande et tourna la tête sur le côté pour éviter d'avoir à le regarder dans les yeux. Elle essayait de tenir bon aussi longtemps que possible parce qu'en dépit de ce que les autres pouvaient penser... faire l'amour au beau milieu du cimetière était plus excitant que jamais. Le fait que n'importe qui puisse les surprendre en plein acte sexuel n'importe quand pimentait délicieusement leurs ébats.
â Vas-y, gronda Damon d'une voix vibrante et voluptueuse tout contre son oreille.
Il tenait à peine le coup mais, comme elle, il voulait que ça dure et qu'ils arrivent au septième ciel en même temps. Tous deux étaient si excités par l'idée d'être surpris et par celle de pourfendre du démon pendant leurs ébats qu'aucun des deux n'allait pouvoir se retenir plus longtemps.
Alicia poussa un cri, rendant enfin les armes... et tourna son regard vers celui, ardent, de Damon. Le noeud dans son ventre était si serré qu'elle était certaine qu'il allait se briser net. Un autre mouvement derrière Damon la fit regarder par-dessus son épaule et elle laissa échapper un hoquet de surprise.
â Derrière toi, réussit-elle à dire dans un murmure mal assuré.
Damon sourit d'un air diabolique et étendit son pouvoir vers le Faucheur qui attaquait. Au moment où la chose explosa, le corps d'Alicia se resserra autour du sien comme un étau et elle hurla sa délivrance au ciel au-dessus de leurs têtes. Damon répondit par quelques coups de reins appuyés peu de temps après, et libéra sa semence en elle... revendiquant une fois de plus son corps et son âme.
Ils restèrent blottis l'un contre l'autre, respirant lourdement tandis que leurs battements de cÅur ralentissaient peu à peu la cadence. Damon était si fier de son petit félin infernal, elle était tout aussi folle que lui en matière de sexe⦠et c'était précisément ce qui rendait la situation excitante.
Enfin, Damon s'écarta légèrement et lui adressa un doux sourire. Ils gémirent tous deux lorsqu'il se retira d'elle et laissa ses jambes glisser de sa taille. En la contemplant de pied en cap, il dut admettre qu'elle était diablement sexy.
Sa chemise était déchirée sur le devant, les bonnets en dentelle de son soutien-gorge écartés sur le côté pour révéler ses seins nus dans le soleil du matin. Il venait de réaliser qu'elle ne portait pas de culotte... ni qu'elle était toute entortillée dans son jean, toujours à leurs pieds.
â Comment expliquerons-nous la chemise ? demanda Alicia en baissant les yeux sur son corps.
â Nous ne l'expliquerons pas », répondit Damon avec un petit sourire taquin.
*****
Warren et Devon firent cercle autour du Faucheur qui avait croisé leur chemin. Il sifflait d'un air mauvais à leur intention et fouettait l'air de ses longues griffes. Après avoir échangé un regard, les deux jaguars fondirent sur lui. Devon réussit à saisir un des bras du monstre entre ses crocs pendant que Warren parvenait à attraper une patte arrière. Le Faucheur se mit à hurler quand les deux métamorphes partirent chacun dans une direction opposée.
Avec plus d'énergie, Devon tourna brusquement la tête sur la gauche. Le bras céda et Devon recula avec le bras démembré dans la gueule. Warren lâcha la jambe qu'il avait arrachée et recula de quelques pas lorsque Devon se jeta sur la chose et plongea les crocs dans sa gorge.
Warren s'assit et commença à se lécher, quand il entendit le bruit inimitable d'un autre Faucheur caché juste derrière un groupe d'arbres. En se retournant vers le Faucheur que Devon venait d'achever, il en conclut que la situation était entre de bonnes mains puis partit mener sa petite enquête ailleurs.
Devon vit Warren s'éloigner du coin de l'Åil et s'empressa d'abattre le Faucheur avant de bondir de son dos. Lâchant la tête de sa proie, Devon s'ébroua puis se tourna dans la direction que Warren avait prise. Ils faisaient équipe depuis qu'ils s'étaient retrouvés, et Devon passait un moment amusant.
Il s'était à peine éloigné de quelques pas quand un autre Faucheur tomba d'un arbre sur son chemin. Un grondement monta du fond de sa gorge et il s'accroupit au sol, prêt à bondir. Ses yeux félins s'étrécirent quand il remarqua que ce Faucheur paraissait extrêmement agité.
Ils se dévisagèrent l'un l'autre avec des yeux meurtriers, avant que le monstre ne s'accroupisse à son tour pour imiter le comportement du jaguar. Devon gronda et bondit sur le démon, dans l'intention de le tuer rapidement. Le Faucheur bondit en même temps, et tous deux entrèrent en collision en plein vol.
Les griffes de Devon cherchèrent à cingler le Faucheur mais le manquèrent, et le coup du Faucheur l'atteignit à la tête avec violence. La créature indemne atterrit à quatre pattes pendant que le corps inconscient de Devon retombait au sol dans un grand bruit sourdâ¦.
Le Faucheur poussa un sifflement victorieux, puis s'approcha tranquillement du jaguar avant de saisir l'une de ses pattes arrière d'une longue main griffue. Traînant le gros chat à travers le cimetière derrière lui, dans la direction opposée à celle où était parti son partenaire, le Faucheur s'approcha d'une petite crypte. Ouvrant la porte, le Faucheur plaça le jaguar à l'intérieur du bâtiment avant de reculer et de fixer l'animal du regard pendant un moment.
Il inclina la tête en un angle bizarre comme s'il réfléchissait à la meilleur façon de tuer sa proie⦠mais au lieu de le faire, il quitta simplement la crypte à reculons. La créature revint quelques instants plus tard en traînant avec elle deux de ses frères dans l'herbe humide. Les lâchant à côté du jaguar inconscient, la créature recula hors de la crypte et referma la porte, la verrouillant avec le loquet qui y pendait lâchement.
Sans un regard en arrière, le Faucheur traversa le cimetière à toute allure, évitant les chasseurs de démons éparpillés sur tout le terrain. Après avoir emprunté une petite route, il s'arrêta et sembla prendre une profonde inspiration avant que son corps ne change de forme.
En l'espace de quelques secondes, le Faucheur avait disparu, et avait laissé place à Trevor.
Faisant rouler son cou et ses épaules avant de se baisser pour ramasser les vêtements qu'il avait laissés dans un coin, Trevor entra tranquillement dans le champ de vision d'Evey. Il avait reculé jusqu'au cimetière et l'avait garée là avant d'entrer à nouveau dans le cimetière, sous prétexte d'aller se renseigner sur le tour que prenait l'intervention. Une fois hors de vue de sa voiture, il s'était métamorphosé en Faucheur et avait mis son plan en action. Maintenant, tout ce qu'il avait à faire était de se rhabiller et de finir la mission qu'il s'était attribuée tout seul.
Trevor se peigna les cheveux avec les doigts dans un moment d'agitation⦠il n'était pas fier de ce qu'il venait de faire, mais s'autorisa tout de même le petit sourire qui attendait de lui monter aux lèvres. Lorsqu'Evey lui ouvrit la portière côté chauffeur, il réduisit la distance entre eux. Trevor fit une pause en entendant un sifflement jaillir du véhicule.
Baissant les yeux sur son corps nu, il se demanda à quoi Ren avait bien pu penser en donnant à Evey une personnalité aussi humaine. C'était une bonne chose que la voiture n'ait aucune idée de ce qu'il venait de faire⦠sinon, ce serait vraiment un monde de merde.
« Quel magnifique spécimen, le taquina la voix d'Evey.
â Silence, grommela Trevor en se rhabillant précipitamment.
Il se glissa derrière le volant en sachant qu'il avait seulement deux ou trois heures devant lui avant le réveil de Devon. Cela devrait être rapide s'il voulait se sortir d'affaire.
Trevor resta silencieux en conduisant Evey jusqu'à un autre endroit isolé et ferma la voiture. Il s'assit là pendant quelques minutes les yeux fermés, à se demander si c'était la bonne chose à faire.
â Tout va bien, Trevor ? demanda doucement Evey.
â Je vais bien, Evey, la rassura Trevor. J'ai besoin que tu fasses quelque chose de très important pour moi. J'ai une mission secrète à finir absolument. Personne d'autre dans l'équipe ne le sait... c'est top secret. Il grimaça devant les mots qu'il s'apprêtait à ajouter : Storm ne veut aucun rapport archivé à ce sujet, et tu ne peux en parler à personne.
Evey resta silencieuse un moment.
â Combien de temps y restes-tu ? demanda-t-elle.
â Juste deux heures, répondit Trevor. Ãa ne sera pas très long.
â Sois prudent », dit Evey, puis les lumières de son tableau de bord s'éteignirent.
Trevor sortit de la voiture et commença à descendre la rue. Une fois hors du champ de vision d'Evey, à nouveau il se transforma... en Devon Santos cette fois-ci, puis il fit le reste du chemin au pas de course jusqu'à l'appartement de Chad. Pénétrant dans la maison grâce au double de clef qu'Envy avait oublié de lui reprendre, il traversa l'appartement silencieux.
Il savait que Chad serait endormi et il passa devant la chambre de son ami pour s'arrêter devant la porte fermée de la chambre d'Envy. La poussant, il entra dans la pièce et contempla la silhouette endormie d'Envy. Son visage devint sombre et triste lorsqu'il sentit le parfum de sel planant dans la chambre. Il se sentit mal de l'avoir fait pleurer, mais il faisait tout ce qu'il pouvait pour maîtriser sa jalousie.
En revenant au cimetière⦠il avait brièvement songé à tuer Devon. Devon parti, Envy se serait-elle tournée vers lui dans son chagrin ? Il avait forcé cette pensée tentante à lui sortir de l'esprit. Cela le surprenait de voir la vitesse avec laquelle cette vilaine tentation s'était insinuée en lui au début.
Il ne pourrait jamais blesser Envy de cette façon et cela l'effrayait d'avoir ne serait-ce que même vaguement envisagé cette option. De plus⦠la regarder porter le deuil d'un autre homme serait tout aussi désagréable à vivre que de la regarder en aimer un autre. Et même si cela le déchirait atrocement, Trevor savait qu'Envy les aimait tous les deux. Il n'avait pas menti quand, deux heures plus tôt, il lui avait fait observer ce petit détail ennuyeux.
En se déplaçant silencieusement dans la pièce, Trevor se déshabilla lentement et se glissa dans le lit derrière Envy. Si c'était ce qu'il fallait faire pour quelques instants volés seul avec elle... alors il refusait de se préoccuper de la personne qu'elle pensait qu'il était. Il était d'accord avec l'idée qu'il n'existait aucune règle en matière d'amour ou de guerre... et en cet instant précis, il avait l'impression d'avoir affaire à ces deux questions simutanément.
Envy sentit le matelas ployer dans son dos et se tourna aussitôt vers Devon, pour le serrer étroitement contre elle et cacher son visage dans sa poitrine. Elle n'avait fait que penser à Trevor cette dernière heure, ce qui la laissait en proie à un fort sentiment de culpabilité.
Maintenant qu'elle avait vu l'EEP en action, elle réalisait que Trevor avait eu des secrets pour elle parce qu'il n'avait pas eu le choix. Elle s'était montrée assez insensible pour rompre avec lui à cause de quelque chose qu'il ne pouvait contrôler... elle l'avait même tasé à tort pour cela. Comment avait-elle pu se montrer aussi cruelle ?
Qu'il ait le cÅur brisé à l'heure actuelle était de sa faute et elle n'allait pas le punir pour cette raison... au contraire, elle devait essayer de devenir à nouveau son amie et peut-être que le cÅur de Trevor guérirait. Elle frotta sa tête contre la main de Devon, là où il caressait ses cheveux si tendrement.
« Tu es de retour, chuchota-t-elle, en priant pour que le poids sur son cÅur s'envole.
â Qu'est-ce qui ne va pas, Envy ? demanda-t-il tout bas.
â Rien, mentit Envy en desserrant son étreinte, pour mieux reculer et lever vers lui un visage souriant.
â Alors pourquoi as-tu pleuré ? fit-il observer quand Envy le contempla avec confusion. Avant qu'elle n'ait le temps de le nier, il lui rappella : Je peux sentir le sel de tes larmes. Tu ne peux pas me cacher tes sentiments.
Il devait savoir si elle allait parler de lui à Devon plus tard, concernant ce qui s'était passé entre eux quand il l'avait déposée ici.
Envy ouvrit des yeux étonnés. Trevor lui avait dit la même chose. Savaient-ils tous les deux mieux qu'elle-même ce qu'elle ressentait ? Savoir qu'ils pouvaient tous deux lire en elle avec autant de justesse lui donnait le sentiment d'être un peu exposée.
Il la sentit se crisper mais avant qu'il ne puisse surprendre l'expression sur son visage, elle pressa de nouveau sa joue contre sa poitrine.
â Trevor a-t-il dit ou fait quelque chose pour te contrarier sur le trajet pour arriver ici ? Parce que s'il l'a fait, je jureâ¦
Envy s'écarta brusquement de lui et leva sur Devon un regard presque furieux.
â Non, tu m'as promis que tu ne ferais jamais de mal à Trevor, et sous aucun prétexte.
Son cÅur battit à tout rompre dans sa poitrine, car elle ne voulait plus jamais les voir se battre. Si l'un d'entre eux se retrouvait blessé... elle détesterait l'autre, et peu importerait duquel il s'agirait. Elle le savait, maintenant.
Trevor en eut presque le souffle coupé en baissant les yeux sur celle qui était en train de le défendre. Elle avait fait promettre à Devon de ne jamais le blesser... et Devon avait accepté, pour la même raison qui l'empêchait lui-même de tuer Devon.
â Quant aux larmes, enchaîna Envy en baissant la voix pour maîtriser sa nervosité, j'ai rêvé que l'un de ces monstres au cimetière t'avait tué et je pleurais en me réveillant.
Bon... c'était également vrai.
â Ce n'était qu'un rêve », chuchota-t-il en la serrant contre lui.
Trevor ferma les yeux très fort, en se demandant si le lien qu'elle avait avec lui et Devon avait provoqué ce rêve très précis. Ne souhaitant pas y penser, il fit rouler Envy sur le dos et baissa les yeux sur elle, avant d'approcher ses lèvres des siennes.
Envy gémit doucement et se cambra, pour coller ses seins contre la poitrine de Devon. Elle noua ses bras autour de son cou pour qu'il prenne ses poignets et les enfonce doucement dans le lit.
Leurs bouches se séparèrent et Envy rejeta la tête en arrière lorsque les lèvres de Devon entamèrent une longue descente le long de son cou et de sa clavicule. Souriant sous la sensation, elle écarta les jambes et les noua autour de sa taille pour l'attirer plus encore contre son corps, jusqu'à sentir le membre durci de Devon se presser en elle.
Trevor s'arrêta un instant pour la regarder, en se tenant juste au-dessus d'elle, avant de donner un coup de reins. Il se fichait de l'apparence qu'il avait⦠c'était son corps et c'était exactement l'endroit où il voulait se trouver. Suspendu au-dessus d'elle, il lui fit l'amour comme un homme fou qui se serait perdu dans sa propre démence.
Envy se mordit la lèvre inférieure pour s'empêcher de crier et de réveiller son frère. Elle s'agrippa à Devon pour tenter de se calquer sur son rythme mais découvrit rapidement qu'il n'y avait pour elle aucun moyen de tenir la distance cette nuit. C'était tout ce qu'elle pouvait faire pour tenir le coup tandis qu'il la faisait monter au septième ciel à tant de reprises qu'elle en était toute étourdie.
Trevor captura ses lèvres quand elle oublia qu'ils n'étaient pas seuls dans la maison, mais il ne lui laisserait pas une chance de retrouver tout de suite ses esprits. Il maintenait la bride serrée sur son propre sang-froid, sans s'abandonner au même plaisir, jusqu'à ce qu'un peu plus d'une heure soit passée.
Il s'autorisa à la regarder dormir quelques minutes, avant de déposer un tendre baiser sur ses lèvres et de glisser hors du lit.
*****
Warren commençait à s'inquiéter. Il avait cherché à localiser l'odeur de Devon dans tout le cimetière depuis une heure déjà . Quand il s'était aventuré loin de son frère un peu plus tôt, il avait supposé que Devon le suivrait de près et serait prêt à se battre. Warren avait tué trois Faucheurs de plus avant de vraiment réaliser que Devon était toujours invisible.
Il avait même poussé un cri perçant de félin, en version jaguar, pour rester en contact l'un avec l'autre. Il n'y avait pas eu de cri de réponse. Se dirigeant vers le dernier endroit où il avait vu Devon, Warren découvrit les signes de sa lutte mais il n'y avait ni Faucheur ni la moindre trace de Devon. Il lui fallut encore quelques minutes pour enfin retrouver l'odeur de Devon. Elle le menait vers une vieille crypte.
En s'approchant prudemment de l'édifice, il renifla tout le périmètre avant de pousser la porte fermée avec la patte. Il grogna devant le verrou et deux solutions se présentèrent à son esprit. Soit Devon avait été mis là -dedans, soit la porte s'était refermée et verrouillée en quelque sorte pendant l'affrontement.
Réadoptant sa forme humaine, Warren tira avec force sur la porte et l'ouvrit, la faisant sortir de ses gonds avec le cri du vieux métal contre le bois massif. Il ouvrit des yeux surpris quand il découvrit Devon gisant au sol, avec deux Faucheurs entassés l'un sur l'autre à côté de lui.
Devon entrouvrit les yeux quand la porte fut arrachée de ses gonds, mais il les referma aussitôt quand la lumière matinale entra à flots dans l'édifice, lui brûlant les rétines. Il avait l'impression d'avoir vidé tout entier le stock de Feu de Kat et de s'être retrouvé dans une bataille perdue par-dessus le marché.
« Mais que s'est-il passé ici ? demanda Warren à voix basse.
Devon émit un grognement caverneux puis reprit forme humaine. Portant une main à sa tête, il se rassit lentement avec l'aide de Warren et regarda longuement autour de lui.
â La dernière chose dont je me rappelle, c'est de m'être battu avec un autre Faucheur après ton départ, répondit Devon. J'ai dû le piéger ici avant de le tuer⦠son regard tomba sur la pile de Faucheurs puis il eut l'air perplexe. â¦de les tuer, rectifia-t-il. L'un d'eux a dû violemment m'assommer à la tête avant de s'écrouler.
â Je crois que nous avons eu notre dose de bagarres pour le moment, avisa enfin Warren. Nous avons tous les deux besoin de sommeil.
Devon acquiesça et laissa Warren le remettre sur ses pieds.
â Super, nous sommes nus, grommela-t-il.
â Disons plutôt que nous faisons du streaking, plaisanta Warren avec un petit sourire malicieux. Tu veux qu'on sorte lentement d'un air nonchalant de cet endroit pour voir combien de sifflements nous allons récolter, ou bien tu veux foncer droit jusqu'à la voiture ?
â On compte jusqu'à trois, répondit Devon en haussant les sourcils.
Quand ils rejoignirent le véhicule, ils sortirent leurs vêtements de rechange qu'ils avaient gardés planqués là juste en cas de besoin.
â Dépose-moi chez Chad. Envy est là -bas, donc je n'aurais qu'à me glisser dans son lit, dit Devon en s'installant confortablement sur le siège. Et aussi, fais-moi plaisir.
Warren le regarda en conduisant.
â Je ne le dirai à personne, afin que ça ne remonte pas jusqu'aux oreilles d'Envy.
Devon sourit devant l'habileté surnaturelle de son aîné à toujours savoir ce que les autres pensaient. Parfois ce n'était pas aussi gênant.
â Merci, dit Devon. Je déteste quand elle s'inquiète.
Quelques minutes plus tard, Warren s'arrêta devant l'appartement de Chad puis il se tourna vers Devon.
â Va dormir un peu et appelle-moi quand tu te sens prêt à revenir.
Devon secoua la tête.
â Ne t'inquiète pas pour ça, soit Chad nous emmènera soit j'appellerais un taxi. »
Warren attendit que Devon ouvre la porte d'entrée et soit à l'intérieur de la maison avant de repartir. Il ne voulait pas en parler à Devon, mais trouver son frère dans cet état avait éveillé en lui quelques soupçons. La façon dont la porte avait été verrouillée de l'extérieur semblait un peu trop intentionnelle pour qu'il ne se demande pas si quelqu'un ou quelque chose l'avait enfermé là volontairement.
En secouant la tête, Warren choisit de ne plus y repenser pour aujourd'hui⦠il était épuisé.
Devon traversa silencieusement l'appartement en direction de la chambre d'Envy. En ouvrant la porte, il sourit devant le spectacle de son visage angélique, détendu dans son sommeil. Après avoir retiré ses vêtements, il se faufila dans le lit derrière elle et se pelotonna dans son dos, en passant un bras autour de sa taille.
Elle se blottit un peu plus contre de lui avant de se laisser aller contre sa poitrine et de reculer la tête. Sa respiration redevint profonde en raison de son sommeil avancé et Devon se détendit à son tour. Il choisit de la laisser dormir pour cette fois, au lieu de la réveiller pour lui signaler sa présence⦠il devait se rappeller de plus se préoccuper de son rythme de sommeil à partir de cet instant.
*****
Le septième étage de l'hôpital était tombé dans un calme serein. La garde avait été longue et ennuyeuse tandis que les infirmières faisaient leurs rondes auprès des nombreux patients. Les respirateurs artificiels émettaient leurs bips sur un rythme stable et diffus, créant assez de bruit de fond pour préserver l'étage tombé dans l'obscurité d'une atmosphère lugubre.
« Dix longues heures, hein ? lança l'agent de sécurité à l'une des infirmières en poste.
â Et bien plus encore, renchérit l'infirmière avec un sourire. Tu vas au resto du coin pour le déjeuner ?
â Ouais, répondit le surveillant. Tu veux quelque chose ?
L'infirmière acquiesça.
â Nous en parlions un peu plus tôt. J'aurais bientôt une réponse de tout le monde et te tiendrai au courant avant ton départ. »
Le système de surveillance des patients s'illumina soudain et l'infirmière bondit sur ses pieds. Des lumières à DEL bleues clignotaient sporadiquement, ce qui poussa l'infirmière à s'emparer du téléphone posé à côté d'elle.
« Docteur Gordon et Docteur Harris au septième étage immédiatement », appela-t-elle avant de raccrocher et de se précipiter de derrière le bureau.
D'autres infirmières arrivèrent de postes plus modestes situés à chaque extrémité du long couloir de l'étage, chacune d'elles tentant de couvrir une série de chambres pour voir le plus de patients en un temps réduit. Le surveillant sortit sa radio et appella la sécurité du rez-de-chaussée. Il s'écoula peu de temps avant que les deux docteurs de garde se précipitent à l'étage en compagnie d'une petite armée de dix infirmières supplémentaires, pour apporter leur aide.
Panique et confusion commencèrent à se faire sentir dans l'équipe alors que les patients mouraient comme des mouches. Ils restèrent auprès de chacun d'eux aussi longtemps que possible avant de passer de l'un à l'autre, prenant tout juste le temps de noter le temps du décès de chacun d'eux.
Alors que l'équipe longeait le couloir, ses membres comprirent que la cause de la mort des patients semblait se rapprocher du USI, situé également à cet étage. Bien qu'ils pensaient tous à la même chose, personne parmi eux n'exprima cette peur à voix haute... ce n'était qu'une coincidence après tout.
Le surveillant attendait déjà devant l'ascenseur lorsque la police arriva sur les lieux. Il était déçu de voir que seuls deux agents avaient répondu à l'appel, mais c'était mieux que rien. Avec le tremblement de terre datant d'environ une semaine, sans compter les habitants qui avaient été découverts morts et démembrés, il pouvait comprendre le manque de policiers disponibles.
Un hurlement retentit dans le couloir et les officiers dégainèrent leurs revolvers en se précipitant en avant. Deux infirmières furent projetées dans les airs à travers tout le couloir, heurtant au passage le mur avec assez de violence pour se briser les os. Elles s'effondrèrent en laissant de longues traînées de sang derrière elles, sur la peinture blanche immaculée.
« Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ? » chuchota l'agent de sécurité.
Les officiers resserrèrent leur prise sur leurs armes de poing et longèrent lentement le couloir en direction des corps. D'autres membres de l'équipe médicale commencèrent à fuser en volant par les portes tandis que d'autres tentaient de prendre leurs jambes à leur cou.
L'agent de sécurité regarda avec des yeux ronds une silhouette sombre émerger de la dernière chambre située avant la porte de l'unité des soins intensifs. Elle apparaissait puis disparaissait tour à tour de son champ de vision en se déplaçant. Son visage ne pouvait être visible dessous son manteau noir en lambeaux, mais une longue faux tranchante était aisément reconnaissable dans une de ses mains aux doigts à la longueur démesurée et grotesque.
L'apparition descendit le couloir dans leur direction, empoignant sur son passage les infirmières avant de les lancer sur le côté comme des poupées de chiffon. Les officiers ouvrirent le feu en reculant pour s'écarter du spectre. La faux fendit l'air dans un grand arc de cercle avant de s'abattre pour couper un des agents en deux. Du sang gicla sur le sol alors que l'agent s'écroulait sans vie, mais la créature continua d'avancer vers l'autre agent qui lui tirait encore dessus.
Le sang gicla une seconde fois, pour atteindre le visage de l'agent de sécurité pendant que le second policier était découpé en morceaux à son tour. Il enregistra vaguement que l'ascenseur sonnait, signalant l'arrivée de quelqu'un à l'étage, mais il était tétanisé par la peur et ne pouvait pas bouger.
Un homme apparut à la périphérie de sa vision⦠jeune, revêtu d'un manteau, avec des cheveux noirs coiffés à la punk. Il leva une main vers la créature et cette dernière fut projetée au bout du couloir. Elle se mit à hurler, maniant la faux pour arrêter sa trajectoire, et sembla fixer du regard le nouveau venu avant de disparaître dans le sol.
« Vous allez bien ? » demanda Ren à l'homme traumatisé.
Le surveillant s'évanouit soudainement. Ren poussa un grand soupir et sortit son téléphone. C'était une bonne chose que cet hôpital se soit trouvé à la portée de certains êtres paranormaux de la ville, ou bien il n'aurait pas eu le pouvoir d'effrayer cette chose sans qu'elle ne l'attaque à son tour.
« Il nous faut une équipe de nettoyage et le meilleur exterminateur de démons de la liste. »