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Chapitre 1

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En traversant le salon de Gypsy installé au sous-sol, Ren ne pouvait s’empêcher de contempler la jeune fille qu’il était en train de porter dans ses bras pour aller jusqu’à la chambre.

Puis il passa la barrière de rideaux perlés, et la principale chose qui attira son regard était la fine couche de saleté qu’elle avait sur le visage : un peu comme du maquillage, pour cacher son teint impeccablement lisse et sans aucune tache. Puis il s’attarda un instant sur ses lèvres parfaites et sur ses longs cils noirs qui lui frôlaient les joues. Pourtant, il en aurait fallu bien plus que toute cette saleté et que tous ces vêtements sales pour lui cacher sa douceur et sa beauté.

Il sentait que l’épaisseur des tissus qu’elle s’était enveloppée autour de la poitrine le gênait. Ce n’était pas étonnant qu’elle se soit évanouie comme ça… il se demandait même comment elle pouvait respirer, avec toutes ces fixations qui la serraient autant. Il se demandait aussi au fond de lui-même qui avait eu l’idée brillante de l’habiller comme un garçon... heureusement pas lui !

Ren s’arrêta à côté du lit et se pencha pour déposer Lacey sur le matelas… et c’est à ce moment précis qu’elle choisit de se réveiller d’un coup, en se redressant brusquement et en lui donnant un coup dans son élan.

La première chose que Lacey remarqua, c’étaient ces bras robustes qui la tenaient prisonnière de manière possessive. Son cerveau divergea rapidement, laissant place au côté paranoïaque de son esprit : elle pensait sincèrement que le dangereux démon qu’elle fuyait depuis deux semaines l’avait finalement rattrapée.

Si la fin approchait pour elle, elle devrait alors tomber sans se battre. Avant même que l’obscurité l’aide à se libérer de sa vision, elle commença à donner des coups de poing au monstre qui la retenait.

- Maint’nant lâche moi, espèce de sale connard ! hurla-t-elle en tentant de faire perdre l’équilibre à son assaillant en lui donnant des coups de pied.

Pris au dépourvu par ce réveil quelque peu brusque, Ren lui arracha ses lunettes de soleil des mains en les jetant en l’air, parce qu’elle avait réussi à les lui faire tomber quand il avait les mains occupées à la garder prisonnière. Frustré, il serra les dents et la laissa tomber gracieusement sur le matelas.

Sans prendre la peine de remettre ses lunettes, il se dressa sur ses pieds en constatant que Lacey était parvenue à rebondir une fois et qu’elle avait même réussi à plier les genoux lorsqu’elle se trouvait en l’air afin de pouvoir atterrir en position agenouillée… ce mouvement était bien coordonné et rapide, pour une humaine… impressionnant !

Lacey cligna des yeux et se sentit soulagée lorsque sa vision devint enfin plus nette. Elle réalisa que cette main était celle de ce lourdaud de garde du corps de Gypsy. Elle fronça les sourcils quand ses yeux remarquèrent l’étrange regard de l’homme. En moins d’un battement de cil, elle se dit que la couleur de ses iris lui rappelait celle du mercure, avec une pointe de bleu glacé tout autour. Bizarrement, cela venait s’ajouter à son sex-appeal.

- Ahhhh… c’est lui, murmura-t-elle.

Puis elle eut un mouvement de recul quand elle le vit lever un sourcil de manière très élégante en lui rétorquant :

- Non… c’est pas moi… c’est le croquemitaine !

Faisant glisser ses lunettes noires sur son nez, il restait encore étonné du fait qu’elle l’ait regardé droit dans les yeux sans avoir la moindre once de peur.

Quant à elle, elle se forçait à le fixer tout en repoussant le plus loin possible l’image effrayante du démon et de tout ce qui tournait autour.

Le cœur battant toujours la chamade, elle croisa les bras sur sa poitrine et lui rétorqua avec tout le sarcasme qu’elle put ajouter :

- Non, le croquemitaine, c’est pas toi ! Toi, t’es qu’un sale type qui ne semble pas vouloir me lâcher !

Ren, ricanant à moitié, la regarda droit dans les yeux en lui ripostant de manière tout aussi sarcastique :

- Ah, ça, je suis sûr que tu adorerais !

- Mais pas du tout…

Elle se redressa sur le matelas, puis elle étira les bras de chaque côté et leva les poings tout en luttant contre le reste de peur qui stagnait dans sa colonne vertébrale. Elle n’avait pas de temps à perdre. Si elle ne parvenait pas à sortir d’ici au plus vite, il se pourrait qu’il soit déjà trop tard et c’est pourquoi elle étudiait ce qui pourrait lui causer du retard.

- Bien sûr que si ! insista Ren en se demandant comment une jeune fille aussi canon pouvait rester mignonne même vêtue d’habits masculins.

- Bon d’accord… laisse-moi te dire ce que j’adorerais… j’adorerais que tu me laisses prendre ce que je suis venue chercher pour que je puisse gentiment m’en aller d’ici, lui dit-elle en levant le menton.

- Tiens, bah justement, parlons-en ! Tu cherchais quoi, exactement ? Et qui t’a envoyée ? s’enquit Ren en se penchant un peu plus près d’elle pour l’intimider à répondre à la seule question qui lui faisait des nœuds au cerveau. Il n’aimait pas l’idée qu’elle se mette elle-même en danger en travaillant avec des démons et résistait à l’envie de lui faire changer d’avis.

Même si elle ne pouvait pas voir ses yeux cachés par ses lunettes de soleil, Lacey pouvait sentir son reflet argenté s’aplatir sur elle et dut étouffer un frisson. Toujours méfiante à son égard, elle recula un peu pour mettre le lit entre eux. Ensuite, elle cligna des yeux, stupéfaite en le voyant soudainement disparaître de sa vue.

Elle ne put s’empêcher de respirer par saccades, puis elle sentit deux mains s’agripper à ses épaules. Sa main gauche ne fit que brasser de l’air au lieu de toucher la surface du matelas. Quant à lui, s’il n’avait pas bougé aussi vite, elle serait tombée du lit pour se retrouver sur le sol.

- Pourquoi ne pas rester tranquille une minute ? poursuivit-il un peu plus durement qu’il ne l’avait prévu. Après tout, cette fille allait devoir se calmer avant de se faire du mal.

La respiration de Lacey accéléra encore et son regard se déplaça dans la pièce à la recherche d’une arme quelconque. À son grand soulagement, elle observa ce qui faisait office de décoration sur les murs et pensa au talent de son grand-père pour réfléchir à ce genre de choses. Pourtant, ces objets n’étaient pas facilement à sa portée, et c’était dommage, vu le contexte.

L’homme qui lui tenait les épaules avait bougé trop vite pour être humain… ce qui signifiait que c’était un démon. Si c’était le cas, alors que faisait-il dans l’abri secret de son grand-père ? Pourquoi était-elle seule avec lui ?

Elle cligna lentement des yeux et toutes ses envies de se battre la quittèrent lorsqu’un souvenir la frappa en plein visage : son grand-père était mort. Un bruit derrière la porte la ramena dans la réalité et elle vit Gypsy et celui qui avait cassé la porte d’entrée du magasin entrer dans la chambre.

Les épaules de Gypsy s’affaissèrent lorsque l’expression de Lacey passa lentement de la tristesse à un air accusateur tandis qu’elles se regardaient d’un côté à l’autre de la pièce.

- Tu pourrais pas me les virer d’ici, que je puisse avoir un moment calme pour réfléchir ? exigea Lacey en colère, qui luttait contre le fait qu’elle ne reverrait plus jamais son grand-père.

- Dois-je vous rappeler que c’est elle qui s’est faufilée ici sans avoir été invitée ? répliqua Ren en souhaitant qu’il y ait un démon sachant lire dans les pensées à proximité, afin qu’il puisse s’emparer de ce pouvoir. Il aurait donné n’importe quoi pour savoir ce que cette fille pensait. La dernière chose dont il avait besoin, c’était qu’elle ait suffisamment de temps pour s’inventer un alibi avant qu’il puisse enfin connaître la vérité à ce sujet.

- Ren, s’il te plaît ? Est-ce que tu peux nous laisser un instant toutes les deux ? Nick… ?

Cette demande venait de la part de Gypsy, qui se sentait triste pour Lacey. Elle aussi, elle avait dû faire face à son propre chagrin lorsque leur grand-père est mort… et aujourd’hui, c’était à Lacey d’affronter cette rude épreuve.

Ren tourna les yeux du côté de Gypsy pendant un moment avant de regarder la fille qu’il serrait encore. Gardant son emprise, il se pencha en avant jusqu’à ce que ses lèvres soient à quelques centimètres de son oreille :

- Je ne suis pas loin.

Lacey, qui n’était pas née de la dernière pluie, avait parfaitement compris la menace sous-jacente de l’homme.

Gypsy soupira et hocha la tête avant de faire signe aux deux hommes de sortir de sa chambre.

- Allez, maint’nant, partez ! Je vais très bien me débrouiller toute seule !

Elle balaya une mèche de cheveux noirs de ses yeux quand ils sortirent de la chambre, mais ils firent une pause dans son salon pour faire demi-tour et la regarder. Fronçant les sourcils, elle s’approcha calmement de la porte d’entrée de l’abri antiatomique et la leur montra :

- Je n’veux pas vous offenser, mais je n’ai pas vu ma cousine depuis plus d’un an et je pense qu’elle a autant de questions que vous… alors sortez !

Nick posa une main sur l’épaule de Ren et le poussa doucement vers la porte, puis il enleva rapidement sa main quand ce dernier haussa les épaules et passa devant lui pour sortir de la pièce. Avant de le suivre, il tourna la tête en souriant à Gypsy de manière rassurante :

- On est juste à côté si besoin. Prenez votre temps.

Ren lui tourna autour pour tenter de gagner du temps, mais les mots moururent sur ses lèvres quand il vit Lacey se tenir derrière Gypsy avec un sourire en coin qui lui faisait comprendre qu’elle avait obtenu tout ce qu’elle avait voulu. Cette petite garce l’horripilait à un tel point… alors il décida de jouer au même jeu qu’elle.

Inclinant la tête légèrement en bas afin qu’elle puisse voir la couleur argentée de ses yeux, il lui rendit son sourire. Lacey, quant à elle, eut du mal à croire que cet homme venait tout juste de lui sourire comme s’il savait quelque chose qu’elle ne savait pas. Eh bien, qu’il aille se faire voir ! En guise de représailles, elle tendit un bras pour fermer la porte du bunker en la claquant suffisamment fort pour qu’elle fasse un grand bruit le temps d’une seconde avant d’en fermer le verrou.

- Tiens, prends ça dans la gueule, vieux sexy des années 80 ! hurla-t-elle intérieurement en oubliant complètement le fait qu’elle venait de lui faire un compliment et une insulte dans la même phrase.

- Mais pour qui elle se prend ? pesta Ren en s’approchant du verrou pour déverrouiller la porte, mais Nick l’en empêcha très vite.

- Allez… je ne pense pas qu’elle soit dangereuse, dit Nick, qui voulait calmer Ren. Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, elle est à moitié morte de peur en ce moment, et elle ne prévoit pas de prendre le contrôle du monde. De plus, il n’y a qu’une seule façon de sortir du bunker et nous nous tenons juste devant elle. Crois-moi… ce n’est qu’une fille ! Pas une menace !

- Mais vas te faire foutre ! lui dit Ren, maintenant exaspéré. Si elle est aussi innocente que ça, pourquoi s’habille-t-elle comme un garçon ? Pourquoi tente-t-elle d’entrer par effraction dans la boutique de son grand-père au beau milieu de la nuit ? Oh, et… n’oublions pas le fait qu’elle soit allée directement au coffre-fort qui contenait pas plus tard qu’hier une foule d’artefacts très puissants que n’importe quel démon donnerait en échange de son épée pour l’avoir en main ? Tu peux m’expliquer ça, Robin ? finit-il avec arrogance.

Nick esquissa un sourire narquois et lui dit à son tour :

- Oh mais non… moi, c’est Batman !

- Qu’importe, Robin ! rétorqua Ren en posant la paume d’une main contre la porte, les yeux fermés pour mieux se concentrer.

Il fronça les sourcils lorsque les pensées de Nick, qui n’étaient pas très agréables, lui traversèrent soudain l’esprit de manière très nette. Ren ne put s’empêcher de commencer à se lamenter silencieusement sur le pouvoir de lire les pensées qui venait de lui faire défaut alors qu’il lui aurait été bien utile. Mais où se trouvait le putain de démon qui savait faire ça ? Il lui en fallait un, et très vite !

Gypsy soupira devant l’entêtement de Lacey et se retourna pour lui faire face. Elle ne prit pas la peine de lui dire que les deux hommes savaient comment déverrouiller la porte qu’elle venait de leur claquer au visage. Si elle continuait de contrarier Ren, elle le découvrirait assez tôt… Gypsy en était certaine.

- Mais qu’est-ce qu’il t’arrive ? commença-t-elle pour très vite se taire parce que Lacey lui indiqua d’un geste sur les lèvres qu’il fallait qu’elle se taise.

- Chhhuuttt !

Elle continua en chuchotant :

- Peux-tu me dire où se trouve notre cristal ?

Elle se leva en parcourant la pièce dans tous les recoins pour tenter de le trouver parmi tous ceux que sa cousine avait exposés dans sa chambre. Gypsy sourit en réalisant ce que sa cousine cherchait, puis elle s’approcha de son ordinateur, où le fameux cristal se trouvait. Plus jeunes, elles s’en servaient souvent pour se dire tous les secrets qu’elles ne voulaient pas que les autres entendent… et surtout pas les adultes ! Et ce cristal était resté leur secret. Il leur avait été donné par leur grand-père. Et si elles l’ont partagé longtemps, il a été mis de côté parce qu’elles ne l’avaient plus utilisé au fil du temps. Gypsy ne le savait pas pourquoi, mais ce cristal était l’un des seuls qu’elle avait conservé… contrairement aux autres cristaux… peut-être qu’elle aurait maintenant sa réponse.

Ren, quant à lui, avait laissé sa main collée à la porte en essayant d’écouter au travers de son épaisseur. Ses yeux rétrécirent quand la voix de Gypsy fut coupée au beau milieu d’une phrase. Nick se tenait à ses côtés, l’oreille collée contre le froid de la porte. Il avait entendu les mêmes choses que Ren, qui se mit à froncer les sourcils quand il entendit Lacey demander à Gypsy où se trouvait un cristal. Puis, un silence de plomb se fit dans la pièce. Juste le son de leurs pas.

- Un cristal ? Mais ? Et quoi encore ? Qu’est-ce qu’un cristal a à voir avec tout ça ? demanda Nick.

Ren lui adressa un regard lui imposant de garder le silence avant de fermer les yeux et de se concentrer à nouveau.

Gypsy et Lacey s’assirent face à face sur le canapé, Gypsy tenant le cristal en main. Puis, Lacey plaça sa main dans la sienne pour le piéger entre leurs paumes avant de lâcher un lourd soupir.

- Maint’nant, tu peux me dire tout ce que j’ai raté depuis que je suis partie, dit-elle doucement à sa cousine.

Frustré, Ren cherchait à tout entendre, mais seuls des fragments de conversation lui parvenaient, comme une mauvaise réception radio. Il se rendit vite compte qu’il était bloqué, un peu comme par une sorte de magie, ou de sortilège. Autour de lui, l’air se chargea d’énergie et son froncement de sourcils s’amplifia. Il regarda la porte avec un mépris non caché.

Confus, Nick se pencha en arrière de la porte :

- Je n’entends plus rien…

- On dirait que Gypsy a quelque chose qui protège les conversations personnelles, dit Ren en pinçant ses lèvres l’une contre l’autre dans cette agitation. C’est comme si elles se servaient de quelque chose de magique pour nous empêcher de les entendre.

Nick se moqua de Ren, lui qui était si fort et si puissant :

- Tu veux me dire que même toi, avec toute ta puissance et ta prestance, tu n’es pas capable de faire face à tout ça ?

La mâchoire de Ren se relâcha un instant au moment où il parvint enfin à la puissance du cristal. Il l’étira comme un bouclier jusqu’à l’endroit où il se trouvait.

- Non pas du tout. J’ai jamais dit ça. Il m’en faudrait bien plus que le jeu stupide d’une gamine et son tour de salon pour m’empêcher d’entrer.

Il se pencha un peu plus près de la porte et regarda Nick avec un sourire malicieux :

- Tu veux entendre ce qu’elles disent ?

- Pourquoi ? Tu me prends pour un con ou quoi ? Bien sûr, que je veux entendre ! lui répondit Nick avec un sourire rusé. Lui aussi, il écoutait aux portes quand ça l’arrangeait. Et bien souvent, c’était lui le pro dans ce domaine.

Ren changea de position et posa une main sur l’épaule du jaguar ; il le serra même un peu fort, histoire de s’amuser un peu.

Nick cria dans cette empoigne dure, mais il l’ignora très vite en entendant la voix des jeunes femmes aussi clairement que s’il était dans la même pièce qu’elles.

- Pas mal du tout, murmura-t-il de mauvaise grâce.

Gypsy, assise les jambes croisées sur le canapé, racontait à Lacey tout ce qu’il s’était passé : elle commença par la mort de leur grand-père et ça ne lui avait pas pris autant de temps qu’elle l’aurait pensé pour raconter toute l’histoire. Puis, elle se pencha un peu en avant quand elle commença à lui parler de Nick, de Ren, et de tout le bazar avec Samuel. Elle rougit en admettant qu’elle avait le béguin pour Nick depuis des années.

Derrière la porte, ce dernier inspira profondément, satisfait d’entendre la confession de Gypsy. Il se tourna vers Ren pour voir comment il réagissait et fut déçu de voir qu’il restait de marbre.

- Tais-toi, lui dit Ren en fronçant les sourcils, souhaitant que Nick cesse de penser autant à lui.

Nick avait envie de rire… mais il se retint malgré tout pour entendre ce qu’il se passait à l’intérieur de la pièce.

Une fois que Gypsy eut terminé, Lacey frotta sa tempe avec sa main libre et son visage était fendu d’un long froncement de sourcils, un peu comme si elle avait mal à la tête.

- Hé bien ? Il s’est passé tout ça et tu es toujours en vie ? Et Grand-Père, qui pensait m’avoir donné le sale boulot ! Y a-t-il autre chose que je devrais savoir ? s’enquit Lacey qui croisait les doigts pour qu’il n’y ait plus rien à dire.

Gypsy réfléchit un moment, puis secoua lentement la tête en lui disant :

- Non, je pense que j’ai dit tout ce qu’il y avait de plus important.

- C’est quand même vraiment étonnant que le Brouet de la Sorcière tienne toujours le coup, chuchota Lacey en serrant sa main sur celle de sa cousine avant de la soulever.

- Et toi, t’as même essayé de tirer sur un démon avec une balle en bois ? dit-elle avec stupéfaction et sympathie en secouant la tête. Je suis tellement heureuse que ce Michael ait le pouvoir de te guérir. En plus, je suis sûre que si j’étais revenue ici et que je vous avais retrouvés morts, Grand-Père et toi, et bien, j’en serais morte !

- Et moi, je suis contente que tu sois de retour à la maison. Tu restes bien, hein ? demanda Gypsy en laissant une pointe d’espoir grandir dans ses yeux.

Lacey voulut dire non, mais elle marqua un temps d’arrêt en se mordant la lèvre inférieure alors qu’elle essayait de se faire à l’idée de ce que sa cousine venait de lui dire. En levant le menton, elle ferma les yeux. Gypsy, elle, se demandait si elle avait trouvé le filet de sécurité qu’elle cherchait. Si ça empêchait les démons de la retrouver un peu plus longtemps, alors elle n’allait pas se plaindre.

- Mais, dis-moi ? Attends un peu… tu étais sérieuse en disant que les démons ne pouvaient pas entrer ici sans ta permission ?

Elle lui posa cette question tout en sachant que quand quelque chose semblait trop beau pour être vrai… et bien, ça l’était quand même !

- On ne peut plus sérieuse ! lui confirma sa cousine avec enthousiasme. On a même testé la formule magique pour être sûrs qu’elle fonctionnait, et elle marche super bien !

Elle s’efforça de ne pas sourire en se souvenant que Nick et Ren avaient été aspirés en-dehors du magasin.

- C’est la chose la plus merveilleuse que j’ai entendue en, heeeeuuuuummm… une bonne année ! dit Lacey en toute sincérité et en sentant une partie de la tension libérer ses épaules et son dos.

Et peut-être même que si elle restait, elle pourrait gagner un peu plus de temps avant de faire face à la mort.

- Et tu dis que c’est l’un de ces sorts qui est resté dans le coffre pendant tout ce temps ?

Elle se demanda intérieurement s’il provenait du même grimoire que celui dans lequel elle avait trouvé celui qui promettait de contrer le pouvoir de la marque de démon qu’elle portait maintenant. Du moins, c’est comme ça qu’elle l’avait compris… qu’en lançant un sort de distorsion au-dessus de sa marque démoniaque, il serait pratiquement impossible de la suivre. Bien sûr, le sort n’enlèverait pas sa marque, mais c’était la meilleure chose à faire.

Elle avait besoin de savoir où ils avaient pris ce grimoire. Sa prochaine étape serait donc de localiser le clan de sorcières le plus puissant de la ville et de les convaincre de l’aider à exécuter le sort. Le problème, c’était… que quelqu’un avait déplacé ce fichu livre.

Gypsy fit pivoter sa tête d’un côté lorsque le soulagement qui était au fond des yeux de Lacey se transforma en inquiétude.

- Lacey, où étais-tu pendant tout ce temps ? Qu’est-ce qu’il s’est passé pour que tu reviennes ?

Comme Lacey ne répondit pas tout de suite, Gypsy baissa le regard vers l’endroit où leurs mains étaient encore unies autour du cristal.

- Saches que Grand-Père était mort d’inquiétude lorsque tu as disparu. Il a essayé de me le cacher, mais tu es restée si longtemps à l’écart qu’il a fini par se convaincre que tu ne reviendrais jamais… que quelque chose de terrible t’était arrivé.

Lacey fit une petite grimace en se disant que son grand-père était la dernière personne responsable du pétrin dans lequel elle était.

Ils avaient toujours tenu Gypsy à l’écart mais maintenant qu’il était mort, rien ne pouvait l’empêcher de dire au moins une partie de ce qui lui était arrivé. En plus, quand son passé l’aurait rattrapée, elle saurait au moins ce qui lui était vraiment arrivé.

Se sentant calme et apaisée, elle décida de dire à sa cousine quelles étaient les activités annexes de la famille.

- Grand-Père t’envoyait toujours aux ventes aux enchères et dans des endroits sûrs pour récupérer les artefacts qu’il voulait pour sa collection ou pour apaiser sa clientèle. C’était ton travail et tu te débrouillais très bien.

Elle sourit affectueusement à sa cousine avant d’ajouter :

- Mais moi… j’étais douée pour faire quelque chose de complètement différent.

- Où veux-tu en venir ? s’enquit Gypsy en un froncement de sourcils.

Elle avait le pressentiment qu’elle n’allait pas aimer ce que Lacey allait lui dire.

Celle-ci haussa les épaules comme si ce n’était pas si grave :

- Grand-Père t’envoyait chercher les choses qui étaient disponibles et faciles à obtenir… il te suffisait de conclure secrètement des accords grâce à des choses très recherchées ou à d’énormes liasses de billets. Et moi, il m’envoyait faire des choses complètement différentes… et pas si faciles à obtenir.

- Comme quoi ? demanda Gypsy.

- Comme tout plein de choses que personne d’autre ne voulait faire, lâcha Lacey qui vit subitement la mâchoire de sa cousine se relâcher d’un coup.

Désir Fatal

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