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Chapitre 4
ОглавлениеLacey finit de s’habiller en évitant le miroir autant que possible en se plaignant au fond d’elle-même. Pourquoi ce type a-t-il insisté pour venir à sa rescousse ? Elle allait très bien, merci beaucoup. Bien sûr, elle avait eu ses moments d’angoisse, mais elle s’en était bien sortie. Son irritation l’avait vidée. Et comme elle savait que les démons l’avaient trouvée, elle se dit que ses jours étaient comptés et qu’elle n’aurait sûrement pas le temps de prendre sa revanche.
Elle ferma le coffre et l’enfonça dans un coin avant de contourner le mur pour pouvoir rester hors du reflet du miroir et d’atteindre tranquillement la porte.
Le sourire de Ren devint carrément méchant quand la poignée commença à tourner et il se téléporta directement devant la porte de la salle de bain. Il ne la laissa pas faire plus d’un pas avant de tendre rapidement une main pour lui prendre le front tout en lui serrant l’arrière de la tête de l’autre main pour qu’elle reste immobile.
Inclinant la tête en l’air, il se pencha en avant et planta son regard de mercure dans le sien.
Lacey entrouvrit la bouche pour lui hurler dessus, mais sa voix lui fit soudainement défaut quand elle vit de sombres flammes éclater dans ses beaux yeux argentés. En un instant, les flashes de certains événements qui se sont produit au cours de l’année dernière commencèrent à courir si vite dans sa tête qu’elle eut du mal à les suivre. Le flot d’émotions qui suivit ces visions l’accablait.
Effrayée par ce qu’il lui arrivait, elle tenta de sortir de l’étreinte de Ren, mais son esprit s’engourdit et elle ne pouvait plus bouger.
Ren tenait encore Lacey alors qu’une multitude de souvenirs inondaient son esprit en lui laissant tout voir, et même éprouver certaines émotions qui les accompagnaient. Son entêtement l’empêcha de tomber à genoux par terre. Il vit tout, à partir de sa rencontre avec Vincent, jusqu’à sa vision de la créature passant à travers le miroir de la salle de bain.
Il se mit à respirer lourdement du nez en voyant ses moments intimes avec Vincent, ressentant une jalousie presque aveuglante teintée de haine envers l’homme qui l’avait mise dans cette situation dangereuse. Comment osait-il la toucher si tendrement après lui avoir montré un tel mépris ?
Las d’en avoir autant vu, il relâcha Lacey dans un grognement sévère qui fut immédiatement suivi d’une fissure bruyante qui résonna dans le calme de la pièce.
Sa tête claqua d’un côté quand sa paume heurta son visage. Il savait qu’il l’avait bien mérité, mais il n’avait aucune raison de s’excuser pour cette intrusion.
- Sale connard ! Comment oses-tu me faire ça ? enragea Lacey.
Voyant les flammes disparaître de ses yeux d’argent, elle sut tout de suite qu’il avait pu parcourir ses souvenirs un par un.
- Pour qui tu t’prends, hein, en te permettant d’envahir mes pensées de la sorte ?
- Ah, tu vois, c’est ce genre de réactions auxquelles je fais face, moi aussi, ajouta Zachary dont le visage se fendit d’un grand sourire.
Lacey regarda autour de Ren pour voir qui avait parlé mais elle n’aperçut que deux autres hommes qui semblaient s’être désagrégés dans les airs.
- Pourquoi ? Hein ? insista Lacey en rejetant complètement le fait qu’elle venait de voir deux personnes téléportées hors de la pièce, comme transportées vers leur vaisseau mère. Ça ne la dérangea pas autant que le fait que l’homme qui était face à elle venait de lui voler tous ses secrets.
- Et tu as le culot de me traiter de voleuse ?
Ren la regarda avec une expression stoïque :
- Tu ne m’en aurais pas parlé, de toute manière, et pourtant, rappelle-toi bien que… j’ai quand même eu la gentillesse de te poser la question plusieurs fois. Tu ne m’as pas laissé d’autre choix que de faire appel à un ami très puissant pour m’aider à obtenir les réponses dont j’avais besoin. D’ailleurs, c’est une bonne chose, parce que tu t’es empêtrée dans un tas de problèmes.
- C’est à moi de régler ces problèmes, et pas à toi, répliqua Lacey.
Il se pencha vers elle et sourit quand elle recula contre le cadre de la porte.
- Pour ton information : ici, tout le monde n’est pas méchant. On pourrait même t’aider à te sortir de ce pétrin.
Il arqua un sourcil sombre avant de remettre ses lunettes de soleil.
- Je suis désolée si je suis un peu nerveuse à l’idée de faire confiance aux gens en ce moment… surtout s’il s’agit d’un démon, dit Lacey qui aurait préféré qu’il retire ses lunettes de soleil. Tu peux certainement comprendre pourquoi.
- Je pourrais te confier un de mes secrets les plus précieux, si ça peut t’aider à te sentir mieux, proposa Ren calmement. Je suis un humain, mais je possède la capacité de… copier… ou plutôt, de prendre les pouvoirs des créatures paranormales, dans la mesure où elles restent dans mon éventail de succubes.
Lacey fronça les sourcils :
- Succubes ? Je croyais que ce terme ne s’appliquait qu’aux créatures de genre féminin… en fait, je sais bien qu’il s’agit des femelles, mais du coup, ça ne fait pas de toi un incube ?
Ren secoua la tête :
- Je ne suis pas un véritable succube, c’est juste que nous avons toujours appelé cela comme ça, sachant que je semble aspirer n’importe quel pouvoir de nulle part quand quelqu’un en a assez en lui pour que je puisse le faire. Et ce n’est pas par choix non plus… ça arrive, que je le veuille ou non. Et si je suis entouré de plus d’une de ces créatures, alors je puise plus qu’un seul type de pouvoir.
- Tu es donc un voleur, souligna Lacey avec un sourire satisfait.
Le sourire de Ren concordait avec le sien, mais il corrigea très vite son hypothèse :
- Je ne peux pas leur enlever leur pouvoir, mais je peux les égaler, ce qui est très utile lorsque je me retrouve contre l’un d’entre eux.
- Si tu ne sais pas vraiment ce que tu es, comment sais-tu que tu n’es pas un démon, ou du moins un peu comme un métis ? demanda-t-elle curieusement.
- Parce que le sang des démons est noir, dit Ren en se rappelant la façon dont Vincent avait gagné sa confiance.
Il jeta un coup d’œil sur le coupe-papier placé sur le bureau de Gypsy. En le saisissant, il se trancha la paume et lui fit voir la couleur cramoisie qui avait eu le temps de perler quelques secondes avant que la plaie ne commence à guérir.
Les muscles de l’estomac de Lacey se serrèrent à la vue de cette blessure qu’il s’était auto-infligé. Elle regarda rapidement son visage, se sentant coupable de lui avoir fait faire ça juste pour lui prouver qu’il ne mentait pas. D’une certaine façon, il lui rappelait Vincent… humain ou pas.
- Et comme tu peux le voir, je saigne très bien, et mon sang est rouge, dit Ren en remettant le coupe-papier sur le bureau. Je suis complètement humain tant qu’il n’y a que des humains à proximité… mais hélas, il se trouve que c’est la guerre contre les démons, ici à Los Angeles. Cet endroit grouille de démons et d’autres créatures paranormales en ce moment. Je connais même quelques Dieux qui traînent dans les parages. Mes pouvoirs ont tendance à changer à mesure qu’ils entrent et sortent de mon champ de portée.
- Mais pourquoi tu me dis tout ça ? demanda Lacey qui savait très bien que c’est quelque chose qu’il aurait dû garder pour lui… du moins, c’est ce qu’elle aurait fait.
- Prends ça comme une sentence de t’avoir arraché la vérité en la retirant de tes souvenirs. Je suis désolé d’en être arrivé là, lui dit Ren de manière très honnête. Je sais que je peux être un vrai salaud, mais sache simplement ceci : je vais faire de mon mieux pour te protéger si tu me le permets. Cela signifie que la prochaine fois que quelque chose sort d’un miroir pour te sauter dessus, ne mens pas… mais appelle-moi.
Lacey cligna des yeux lorsqu’il dit « appelle-moi » et son esprit vacilla :
- Tu ne peux pas lire mes pensées en ce moment, hein ? demanda-t-elle en sentant la chaleur monter sur ses joues.
Ren fronça les sourcils et essaya d’entendre ce qu’elle pensait, mais tout ce qu’il trouva n’était que du silence. Puis il réalisa qu’elle avait plus qu’une marque sur le corps. Il l’avait vu quand elle avait presque perdu sa serviette dans la salle de bain. Il se demandait quels autres secrets elle cachait.
- Le petit symbole tatoué juste sous ton sein gauche est en fait une barrière qui empêche les autres de lire tes pensées, dit-il en réalisant subitement pourquoi il pouvait maintenant entendre celles de Nick sans aucun problème, mais qu’il ne pouvait pas entendre celles de Lacey même en se concentrant.
Alors qu’elle fixait Ren, Lacey sentit ses joues s’embraser sans pouvoir décider si c’était parce qu’elle était excitée ou énervée. Pas besoin d’être un génie pour comprendre quelles étaient ses intentions quand il est entré dans la salle de bain. Elle avait même juré avoir vu l’argent de ses yeux briller au travers de ses lunettes de soleil alors qu’il la regardait pendant que son rythme cardiaque accélérait.
- Dans ce cas… je suis heureuse de constater que ce tatouage fonctionne, parvint-elle à articuler avant de lui tourner autour pour sortir le coffre de la salle de bain.
Elle allait bientôt mourir, mais elle devait ranger ses vêtements et en plus, elle ne pouvait pas rester là à le regarder toute une journée… et bizarrement, tout ça l’excitait drôlement.
Comme il n’entendait plus rien d’autre, Nick s’éloigna du haut de l’escalier, point de vue d’où il pouvait tout entendre, et alla dans la partie principale du magasin, où il sourit en levant le pouce à l’attention de Gypsy, ce qui la fit sourire affectueusement.
Il jeta un coup d’œil dans le magasin pour compter le nombre de clients qui naviguaient dans les rayons. Jusqu’à présent, il y en avait cinq et elle n’avait pas eu à les inviter. Il garda les yeux sur la leader du groupe Wicca qui s’approcha de Gypsy pour savoir si la commande qu’elle avait effectuée la semaine dernière était arrivée.
Gypsy se rendit dans l’arrière-boutique et il la suivit au cas où le paquet soit lourd mais il s’arrêta dans son élan quand il entendit la sonnette. Son sixième sens était bien plus élevé que celui d’un humain, et Nick dut réprimer son grognement tout en se retournant pour voir deux démons derrière la porte.
Et même s’ils ressemblaient beaucoup à des anciens militaires avec leurs coupes de cheveux et leurs expressions sévères, il était récemment devenu un pro pour repérer les démons. Comme des vampires sans âme, leur odeur les trahissait toujours.
Un très beau jeune homme entra dans le magasin avant de faire une pause. Regardant ses deux compagnons par-dessus son épaule qui étaient encore debout juste sur l’extérieur du seuil, il voulut rire quand il les vit regarder juste devant eux sur le sol, l’air agité.
Voyant qu’ils le regardaient d’un air accusateur, il se contenta de sourire et de hausser les épaules en disant :
- Désolé les gars.
Il pouvait dire qu’ils savaient qu’il n’était pas désolé du tout vu la façon dont ils le dévisagèrent, mais à vrai dire, il ne s’en souciait pas du tout.
Les ignorant, il se retourna et laissa son regard parcourir le magasin pour tenter d’y trouver le vieux bonhomme ou sa petite-fille.
Nick se plaça debout sur toute sa stature et glissa une main dans la poche de son trench où la doublure de la poche était découpée, lui donnant un accès facile à d’autres choses cousues dans le cuir. Il avait là tout un petit arsenal discret d’armes qu’il n’hésiterait pas à utiliser sans attirer l’attention des autres clients.
Il suivit l’homme qui se dirigeait vers le comptoir et remarqua qu’il ne regardait rien d’autre dans le magasin. Nick avait l’impression que l’étranger n’était pas là en tant que client et que ses chiens de garde démoniaques qui le regardaient à travers la fenêtre n’étaient pas un bon signe pour le retour de Gypsy dans le monde des affaires.
L’étranger regarda curieusement Gypsy qui sortait de l’arrière-boutique une boîte en main pour se rendre à l’autre comptoir où une femme l’attendait.
Nick changea de place, pour se mettre entre Gypsy et cet homme étrange qui la regardait.
- En quoi puis-je vous aider ?
L’homme le regarda une fois de plus d’un air ennuyé. Il détestait s’adresser au videur du magasin, mais il n’était pas intimidé non plus. Il fouilla dans la poche intérieure de sa veste pour en sortir une enveloppe.
- Je ne suis qu’un messager et ne veux aucun mal à qui que ce soit. J’ai une invitation pour le propriétaire de cet établissement.
Nick saisit l’enveloppe, mais l’homme la lui retira pour la remettre dans sa veste.
- Elle est uniquement à l’attention du propriétaire, lui dit l’étranger avec un accent anglais et un haussement de sourcil élégant.
Nick inspira profondément mais ne sentit qu’une odeur d’humain. Il se retourna et se pencha contre le comptoir, regardant en arrière les deux démons qui regardaient l’étranger avec des yeux sombres.
- Vous êtes en étrange compagnie, pour un humain, commenta Nick qui ne s’attendait pas à obtenir de réponse de sa part. Il n’en eut pas, d’ailleurs.
Gypsy regarda par la fenêtre et vit les deux hommes fixer le magasin au lieu d’y entrer. Elle tourna immédiatement son regard en direction de Nick, le trouvant avec un homme qu’elle n’avait jamais vu avant.
Il arborait une soyeuse chevelure d’ébène légèrement bouclée qui lui atteignait presque les épaules et une épaisse boucle d’oreille en or. Ses joues bronzées étaient nues, mais il avait une moustache et un bouc bien rasés de même largeur, ce qui fait que ses lèvres parfaites semblaient encadrées. Et la perfection ne s’arrêtait pas là : elle avait remarqué ses longs cils foncés par-dessus son regard brun sombre qu’elle jugea comme étant langoureux.
Elle était sûre qu’il séduirait sans problème n’importe quelle femme qui croiserait son chemin. En fait, ce gars était vraiment trop beau et si ces derniers jours lui avaient appris quelque chose, c’était bien que les vrais humains ne l’étaient jamais autant. Cela la rendit d’autant plus nerveuse alors qu’elle essayait de finaliser au plus vite sa transaction avec sa cliente. S’énervant de plus en plus, elle regardait par-dessus le comptoir la jolie fille qui venait régulièrement dépenser de l’argent dans son magasin puis soupira de satisfaction quand cette dernière lui tendit un gros billet en lui disant de garder la monnaie.
- Merci, dit Gypsy en souriant et en remarquant qu’une liste d’articles chers et difficiles à trouver était mélangée aux billets. Elle regarda la cliente tout en réalisant qu’elle était certainement au courant de l’afflux soudain des démons, sinon elle ne ferait pas de demandes aussi étranges, mais elle n’avait pas le temps d’en discuter maintenant avec elle.
- Je vous appellerai quand les articles arriveront, l’informa-t-elle en hochant la tête comme si elle avait simplement commandé une boîte de chocolats.
Alors que la cliente s’en allait avec sa boîte d’articles douteux, Gypsy regarda Nick qui faisait face au beau gosse et qui semblait le jauger dans un terrible face à face.
- Puis-je vous aider ? demanda-t-elle en arrivant de l’autre côté du comptoir.
L’étranger détourna les yeux de Nick et lui sourit :
- J’espère que oui. Est-ce que par hasard, le vieil homme qui dirige cette boutique est ici ?
Le sourire poli de Gypsy s’évanouit, mais elle avait déjà répondu à cette question des milliers de fois depuis qu’elle avait repris les rênes du magasin.
- Je suis navrée, mais il est décédé il y a plus d’un mois.
Elle perçut une tristesse silencieuse se glisser dans les yeux de l’homme et cela la mit plus à l’aise. Avec ce genre de réaction, il n’était sûrement pas là pour lui causer des ennuis.
- Alors, peut-être que sa petite-fille est disponible ? demanda calmement l’homme.
- C’est moi. Je peux faire quelque chose pour vous ? demanda poliment Gypsy.
L’homme fronça légèrement les sourcils dans sa confusion, mais son sourire reprit rapidement le dessus :
- Peut-être. On m’a dit de donner ça au propriétaire.
Il glissa l’enveloppe de sa poche pour qu’elle la voie. Avec Monsieur Je-Tire-Plus-Vite-Que-Mon-Ombre juste à côté d’eux, il se méfiait en pensant que celle-ci pouvait lui être arrachée à tout moment.
- En fait, je suis à moitié propriétaire avec une partenaire, l’informa Gypsy avec fierté, maintenant que Lacey était de retour.
Un instant, son interlocuteur eut l’air de contempler quelque chose, mais il finit par poser l’enveloppe sur la surface vitrée du comptoir en la faisant glisser vers elle.
Avant même que Gypsy ne puisse l’atteindre, Nick l’intercepta d’un réflexe rapide et l’ouvrit. Il parcourut des yeux l’épais morceau de feuille dorée avant de regarder à nouveau l’étranger. L’homme lui lança un regard de tueur.
Si Gypsy n’approuvait pas l’attitude protectrice de Nick envers elle, l’expression figée de son visage l’incitait à ne pas exiger cette enveloppe. Vu la façon dont les choses se passaient en ce moment, elle avait deviné qu’il s’agissait d’une menace de mort… même si, pourtant, elle était très curieuse de pouvoir lire la lettre.
Nick s’approcha de l’autre côté du comptoir où se trouvait Gypsy et enleva son 9 millimètres de dessous sa chemise. Il maniait le pistolet aussi bas derrière le comptoir de manière délibérée afin que personne d’autre dans la pièce ne puisse le voir, sauf l’homme qui se tenait juste en face. Le pouls de l’homme resta stable, tout comme sa respiration. Nick en conclut qu’il ne représentait pas une menace, mais il voulait que Gypsy se méfie quand même.
- Je reviens. N’invite personne dans ta boutique tant que je ne suis pas là et tire-lui dessus s’il s’approche trop de toi, lui dit-il avec un soupçon de mise en garde dans la voix.
- Mais... ? Pourquoi ? répondit Gypsy dans un murmure confus en le regardant comme s’il était complètement fou. Et la lettre ? Que dit-elle ?
- C’est juste une invitation, mais je pense qu’elle concerne plutôt Ren. Je te tiendrai au courant dès qu’il m’aura dit ce qu’il en pense, précisa Nick en se retournant pour se rendre dans l’arrière-boutique.
Détournant le regard de l’homme, Nick lui répondit, toujours de manière méfiante :
- … à une vente aux enchères très importante, répondit ce dernier avec un sourire sexy.
Les yeux de Gypsy s’illuminèrent lorsqu’elle entendit qu’il s’agissait d’une vente aux enchères, puis elle fronça les sourcils en se demandant pourquoi Nick pensait que Ren serait le premier concerné, même si c’était pour une vente clandestine, car ce n’était pas la première fois qu’elle recevait une invitation par messager.
- De quelle importance ? s’enquit-elle, intriguée.
- J’aimerais tout d’abord vous poser une question, répondit l’homme. Etes-vous de la famille de Lacey ?
La bouche de Gypsy s’entrouvrit alors qu’elle resserrait instinctivement son emprise sur le pistolet en prenant du recul, comprenant maintenant pourquoi Nick avait pris l’invitation pour Ren.
- Mais… qui êtes-vous ? demanda-t-elle avec appréhension.
Les lèvres de son interlocuteur laissaient entrevoir un sourire, mais il ne répondit pas.
Ren regarda en direction de la porte ouverte du bunker quand il entendit les pas de Nick descendre les escaliers en courant. Il regarda le jaguar bondir les dernières marches en serrant une enveloppe dans les mains et se mit à sourciller lorsqu’il le rencontra au niveau de la porte.
- Lis juste ça et pose pas d’questions, lui ordonna Nick en lui tendant l’enveloppe.
Ren l’ouvrit et sortit l’invitation, en la lisant entièrement. Les muscles de sa mâchoire fléchirent un instant alors qu’il luttait contre l’envie de froisser le papier. Son corps se détendit et il changea d’avis en jetant un coup d’œil sur Lacey qui les surveillait de près.
- Et si on allait à une vente aux enchères ? demanda Ren.
- Une vente aux enchères ? répéta Lacey en s’adossant sur le canapé en faisant mine d’y penser un instant et de poursuivre : non, merci.
- Pourtant, tu n’as pas le choix.
Ren se mit à contempler l’invitation pendant un instant. Puis il poursuivit :
- Il semblerait que le principal article de cette vente aux enchères soit une âme marquée et son offre de départ est une âme d’orbe. La vente aux enchères aura lieu ce soir à minuit… tout près d’ici.
Il sentait déjà sa peur s’intensifier, mais il n’avait pas l’intention de la mettre en danger. Son activité dans le réseau clandestin allait prendre fin ce soir… et il s’en assurerait.
Lacey avait l’impression d’avoir les jambes en caoutchouc alors qu’elle s’approchait de Ren et qu’elle prenait le papier qu’il lui offrait. Son regard fut immédiatement attiré vers le symbole du bas où se trouvait normalement la signature, et son cœur s’enfonça dans le creux de son estomac avec effroi. Elle leva rapidement le regard et lut l’invitation en diagonale.
- Qu’ils aillent se faire foutre. Si je reste ici ce soir, ils n’auront pas leur article star et leur petite vente aux enchères va être un échec, dit Lacey en remettant le papier à Ren. Tu vois ce sigle, en bas ? C’est celui du réseau pour lequel je travaillais... et si je vais à cette vente aux enchères, ils me tueront.
- Lacey, dit Ren d’un ton calme, conscient qu’elle avait la frousse. S’ils sont si proches, c’est qu’ils savent déjà où tu es. De toute manière, tu ne pourras pas te cacher éternellement. En plus, on dirait bien que l’on a quelque chose qu’ils veulent.
- Ouais… moi, lui répondit-elle sans se donner la peine de cacher sa peur dans sa voix tout en le regardant. Et si je suis certaine qu’ils me tueront, ce n’est pas une raison pour leur faciliter la tâche.
Nick se retourna et commença à monter les premières marches de l’escalier pour aller retrouver Gypsy et ne pas la laisser seule trop longtemps. Sans même se tourner vers eux, il leur lança :
- Une fois que vous aurez décidé de ce que vous allez faire, y’a un Anglais qui attend la réponse en haut et deux démons qui l’attendent devant le magasin.
Ren baissa les yeux sur Lacey quand il entendit son cœur s’emballer en montant les escaliers derrière Nick. Son expression et ses pensées s’assombrirent. Cet étranger avait plutôt intérêt à ne pas être le bâtard britannique qui l’avait fourrée dans ce pétrin.
Lacey fila jusqu’à la pièce principale, précédée par Nick. Sa bouche s’entrouvrit lorsqu’elle vit Vincent se tenir tranquillement là en regardant Gypsy de l’autre côté du comptoir. Son regard fléchit en voyant l’arme qu’elle tenait en main et elle eut l’envie de pouffer de rire face à cette menace inutile, mais elle se refusa de se dire qu’elle serait la seule à comprendre la blague.
Vincent tourna la tête en direction de celle qu’il recherchait et fixa son regard sur elle.
- Aaaah ! Voilà enfin la jeune fille, respira-t-il en réalisant qu’elle lui avait manqué plus qu’il ne l’avait voulu.
En quelques secondes, Lacey avait les bras autour de sa taille, le visage pressé dans sa poitrine.
Il lui rendit son étreinte et se garda de regarder les démons qui étaient dehors et, même si elle les avait déjà vus, il se tourna pour faire en sorte qu’elle ne puisse les voir.
Gypsy cilla devant ces retrouvailles affectueuses et baissa son arme. Et puis, après tout, il ne pouvait pas être si méchant que ça, vu la façon dont ses yeux s’étaient adoucis à la seconde où il avait vu Lacey. Elle rendit l’arme à Nick quand il la rejoignit derrière le comptoir. Une cliente choisit ce moment pour venir lui poser une question et elle regarda Nick sans savoir si elle devait partir tout de suite ou si elle devait rester.
- Surveille bien qui invite Gypsy dans le magasin. Mais laisse-moi celui-ci, déclara Ren, qui venait d’arriver, sur un ton insistant.
Nick sentit un frisson froid glisser le long de sa colonne vertébrale et se dirigea rapidement vers l’avant du magasin. Même le jaguar en lui était content de ne pas être celui qui avait les bras autour de Lacey en ce moment-même. Ren avait été un vrai salaud quand il s’agissait de concourir pour Gypsy, mais il avait le sentiment que ce n’était rien comparé à ce que l’arrivée de cet Anglais annonçait.
Vincent jeta un coup d’œil à l’homme en colère qui s’approchait d’eux de manière brusque et intimidante. La première chose qu’il avait remarquée chez lui, c’était la façon dont il le regardait… car il ne le regardait pas vraiment… son regard était collé sur le dos de Lacey, là où ses bras étaient bien serrés autour d’elle.
Il n’avait peut-être aucun pouvoir surnaturel, mais après avoir vécu autant de siècles, il savait repérer un homme jaloux à des kilomètres à la ronde. Il se demandait intérieurement ce que Lacey pensait de la relation… si relation il y avait. Depuis un an, il était le seul homme à la toucher et ils n’avaient pas été séparés assez longtemps pour qu’elle se donne à un autre amant. Elle était beaucoup trop exigeante pour ça.
Avec un sourire agacé qui lui tirait les lèvres, il serra son emprise pour voir s’il allait s’y opposer. Après tout, son passe-temps préféré était d’énerver les gens.
Il connaissait suffisamment sa complice pour savoir que son idée d’obsession et de possession n’était réservée qu’aux babioles qu’ils avaient l’habitude de voler… mais pas aux personnes du sexe opposé. C’était une des choses qu’il aimait chez elle : le fait qu’ils étaient tous les deux en faveur de la clause sans engagement.
Sachant qu’il ne pouvait pas arriver là et l’éloigner loin de cet homme, Ren se força à s’arrêter à moins de deux pas derrière Lacey. Il détestait déjà ce connard, mais il était assez intelligent pour contenir son envie de l’étrangler pour qu’il comprenne pourquoi il avait amené deux démons jusqu’ici.
Il glissa sa main droite dans son trench pour cacher le fait qu’il était serré si fort qu’il pouvait sentir ses ongles lui blesser douloureusement sa paume. Si cette crapule pensait qu’il allait ramener Lacey dans son réseau pourri de voleurs clandestin, il lui ferait alors comprendre qu’il aurait à penser à quelque chose de bien plus douloureux.