Читать книгу Une Lueur Au Cœur Des Ténèbres - Amy Blankenship, Amy Blankenship - Страница 7
Chapitre 4
ОглавлениеAlors que le trio pénétrait sur la piste bondée, Suki et Kyoko commencèrent immédiatement à bouger en rythme avec la musique, laissant Tasuki en train de les regarder, fasciné. Les corps échauffés autours d'elles provoquaient l'échauffement de leurs peaux avec l'alcool qui coulait dans leurs veines.
Suki rapprocha son corps de celui de Kyoko lorsqu'elles s'attrapèrent par le cou et commencèrent à se frotter l'une contre l'autre. Riant des bêtises l'une de l'autre, elles dansaient comme des amantes se laissant aller au tempo de la musique. Elles s'étaient mutuellement enseigner à danser ainsi à l'école primaire, il y avait bien longtemps.
Immergées dans l'instant d'amusement pur et simple, les filles avaient momentanément oublié leur compagnon.
Tasuki regarda les deux amies danser passionnément ensemble et sentit une chaleur envahir ses joues.
Wow !
Son corps réagissait à la scène qui se déroulait sous ses yeux. Il avait la sensation d'avoir le souffle coupé. Regarder le corps de Kyoko se frotter contre celui de Suki alors que leurs mains respectives se promenaient sur leurs corps était presque trop pour lui.
Décidant qu'il voulait sa part d'amusement, Tasuki força ses pieds à se mouvoir avant de perdre son courage.
S'arrêtant juste devant Kyoko, il vit qu'elle avait les yeux fermés alors qu'elle bougeait tout contre Suki. Son regard se fixa sur celui de Suki alors qu'il sourit en venant se glisser derrière Kyoko qui était lentement en train de se relever en caressant les cuisses de son amie. Elle espérait que Tasuki trouverait suffisamment de cran pour danser ainsi avec Kyoko.
— Pourquoi ne te joins-tu pas à nous ? C'est vraiment trop amusant !
Elle rit et attrapa Tasuki par la boucle de sa ceinture, l'attirant droit contre Kyoko.
Kyoko choquée, écarquilla les yeux lorsqu'elle sentit un corps dur, inmanquablement mâle se plaquer contre elle d'une façon très intime. Elle sentit brûler ses joues lorsqu'elle compris que Tasuki était en train de la tenir serrée.
— Hey, sourit-elle timidement, elle aimait la sensation de son corps contre le sien.
Elle savait qu'elle pouvait compter sur lui pour ne pas dépasser les limites. Il se comportait toujours en gentleman.
Se sentant d'humeur à oser, Kyoko continua de danser avec Suki qui bougeait derrière elle alors qu'elle posait une main sur l'épaule de Tasuki... comme un encouragement silencieux.
Il n'en fallait pas plus à Tasuki pour attraper les hanches de Kyoko et commencer à suivre le mouvement de son corps. Il eut la sensation d'être au Paradis en dansant avec la fille de ses rêves collée séduisamment contre lui. Percevoir le mouvement de chacune de ses courbes en train de se frotter contre lui était la torture le plus douce qu'il ait jamais subit.
Son regard brun s'adoucit alors qu'il avait la sensation d'être en feu et il voulait la sentir autant qu'il le pouvait. Se pressant un peu plus contre Kyoko, il commença à se frotter contre elle, bougeant son corps en chaleur avec le sien comme un amant après une longue absence.
Kyoko leva les yeux vers ceux de Tasuki et remarqua pour la première fois qu'ils contenaient de jolis flocons d'améthyste dans ses globes de chocolat. Magnifique... fut le seul mot qui lui vint à l'esprit.
Plus elle regardait au fond de ses yeux... plus il lui faisait penser à Shinbe.
*****
L'humeur de Toya ne s'était pas améliorée depuis qu'il était allé au dojo de la fac en espérant y passer ses nerfs. Il avait décidé qu'il était mieux pour lui de partir rapidement lorsqu'il avait fait éclater un sac de frappe à cinq cent dollars. Ce n'était pas sa faute s'il avait visualisé le visage de Kotaro au moment où il l'avait frappé.
— Crétine ! grommela-t-il.
Pourquoi fallait-il toujours qu'elle soit si difficile à gérer ?
Il lança un regard mauvais sans avoir de cible spécifique alors que ses pensées le ramenaient à l'agaçant agent de sécurité avec lequel Kyoko était sortie.
Il était encore livide d'avoir entendu la voix de Kotaro dans l'appartement de Kyoko un peu plus tôt. Il n'aurait rien aimé de mieux que d'arracher à l'homme sa tête avant de la lui enfoncer là où elle ne verrait jamais le soleil. Toya avait toujours eut un sixième sens pour ces choses, et ses sens lui disaient que Kotaro n'était pas ce qu'il paraissait être.
Un loup déguisé en agneau, c'est plus que vraisemblable.
Il sourit, puis se sentit instantanément un peu coupable car lui aussi cachait des choses à Kyoko. Des choses qu'il ne pouvait même pas comprendre lui même.
Il avait appris, tout petit, à cacher ses capacités particulières aux autres, des capacités telles que sa force surhumaine et sa vitesse, ainsi que ses sens exacerbés de l'odorat et de la vue. Le seul ennui était qu'elles se manifestaient et disparaissaient lorsqu'elles le voulaient. Il ne pouvait y faire appel à n'importe quel moment et c'était peut-être une bonne chose.
Perdu dans ses pensées, Toya sentit un picotement sur sa peau lorsqu'il remarqua l'agent appuyé contre la porte de l'immeuble de l'équipe de sécurité.
On parle du diable et on voit le bout de sa queue.
Toya fusilla Kotaro du regard, marchant comme s'il allait le dépasser puis se ravisant, il s'arrêta net.
— Tu fous quoi ici ? gronda-t-il.
Kotaro pris tout son temps pour se redresser de toute sa hauteur et pour marcher jusqu’à l'endroit où se tenait le rencart supposé de Kyoko en train de lui montrer les dents. Regardant autour de lui mais ne la voyant nulle part, son attitude décontractée disparut pour devenir tendue et Kotaro transperça Toya d'un regard furieux.
— Où se trouve Kyoko ? Je pensais qu'elle était avec toi ce soir.
S'il y avait bien une chose que Toya détestait, c'était être dans la confusion et là tout de suite, il n'était pas d'humeur.
— Espèce de connard... Je pensais qu'elle avait rencart avec toi, dit-il sèchement sans réfléchir.
Les nerfs de Kotaro étaient sérieusement secoués, là. Kyoko lui avait dit qu'elle sortait avec Toya et elle avait menti.
— Putain !
Sans accorder à Toya un regard de plus, il s'élança en direction de l'appartement de Kyoko, luttant pour ne pas faire usage de sa vitesse surnaturelle. Pourquoi lui avait-elle menti ? S'il avait su qu'elle ne serait pas avec cette tête de con, il l'aurait suivie.
Toya ressenti un moment de panique lorsqu'il vit l’inquiétude gagner le regard de son rival et la façon dont il était partit à toute vitesse ne lui disait rien qui vaille. Une part de lui savait qu'il pouvait avoir une totale confiance en Kotaro mais il n'irait jamais le lui dire.
Sans même réfléchir à ce qu'il faisait, il s'élança à la suite de Kotaro pour voir où il allait. N'ayant aucun mal à ne pas le perdre de vue, il remarqua cependant la vitesse à laquelle il se déplaçaient tous deux et certains de ses soupçons furent confirmés. Kotaro était bien plus que ce qu'il paraissait être... avaient-ils le même ADN ou quelque chose du genre ? Il grinça les dents car cette idée lui déplaisait.
En moins d'une minute, Kotaro était à l'appartement de Kyoko en train de frapper à la porte, espérant contre toute logique qu'elle y soit. Frappant l'innocente porte de ses deux paumes, il hurla :
— Putain de merde, Kyoko ! T'es où ?
La terreur et l’inquiétude imprégnaient chaque cellule de son être.
— C'est pas bon, gronda-t-il.
— Qu'est-ce qui n'est pas bon ? demanda Toya apparaissant derrière Kotaro.
Les vibrations émanant de Kotaro provoquaient une douleur abdominale chez Toya, tant elles étaient intenses. S'il avait su que Kyoko ne serait pas en compagnie de Kotaro, il serait venu juste pour être avec elle. Il aurait dû suivre son instinct et venir quand même. Tôt ou tard, il lui faudrait mettre une putain de laisse à cette fille.
Kotaro fit volte-face, ayant complètement oublié Toya dans sa hâte de rejoindre Kyoko. Ayant désormais une cible toute trouvée pour sa colère, il la laissa éclater.
— Je croyais qu'elle était avec toi !
Kotaro serra le poing et retint sa rage avant que les choses ne puissent aller trop loin.
— Et comment diable as-tu fais pour me suivre ? Peu importe, j'ai pas besoin de savoir.
Toya le dévisagea, surpris que l'agent de sécurité ait seulement remarqué mais il n'y prêta pas attention.
— Je suis juste aussi rapide que ça, connard.
Calmant la moitié qui le dominait, Kotaro ouvrit grand ses yeux perçants couleur bleu glacier, les fixant sur la personne qui allait l'aider à retrouver «sa Kyoko». C'était déjà dur de savoir que Toya n'était pas revenu sur terre en tant que vampire afin qu'ils puissent régler ça par les poings, mais à présent Toya était en train de recouvrer ses anciennes capacités sans savoir pourquoi. Pour couronner le tout, le meilleur ami de Toya était Shinbe et Shinbe lui-même ignorait également tout de son propre passé.
Kotaro fit claquer la paume de sa main contre sa tempe en se demandant pourquoi diable il était censé se fier à Toya pour prendre soin d'elle... une seconde fois, alors qu'il avait échoué la première fois. Le fait que Toya ne se rappelle rien empêchait Kotaro de se plaindre à voix haute. Il pris une profonde inspiration en absorbant la réalité... ils lui avaient tous deux fait défaut. Il se pinça la lèvre en le dévisageant en silence.
Toya fit un sourire à demi forcé.
— Comme ça, elle t'a menti et jeté en disant qu'elle devait sortir avec MOI. Ah !
Même s'il savait qu'en vérité elle lui avait fait le même coup, il n'allait pas laisser Kotaro le savoir.
Kotaro pris une autre profonde inspiration en tentant de contrôler son mauvais caractère. C'était comme s'adresser à un putain de môme.
— C'est pas un putain de jeu, merdeux. Des filles ont commencé à disparaître à tour de bras sur le campus et dans la ville depuis un peu plus d'un mois. à présent, aucun d'entre nous ne sait où se trouve Kyoko.
Kotaro pouvait entendre la panique dans sa propre voix mais il fit mine de l'ignorer.
— As-tu la moindre idée de l'endroit où elle aurait pu s'éclipser ?
Toya sentait sa cage thoracique craquer sous le poids de inquiétude en imaginant Kyoko en danger.
— Putain de merde !
Il se tourna vers la porte de Suki et commença à tambouriner dessus jusqu'à ce qu'il entende la porte émettre un léger craquement, ce qui l'incita à frapper moins fort. Pas de réponse.
— Fais chier !
Se trouvant proche de la panique, Toya tritura son portable dans l'espoir que Shinbe saurait où se trouvaient les filles.
— Décroche, connard libidineux ! hurla-t-il dans le téléphone qui sonnait encore.
Après la quatrième sonnerie, Shinbe finit par décrocher.
— Shinbe ! Saurais-tu où se trouvent Suki et Kyoko ?
Il lança un regard à Kotaro lorsque ce dernier se rapprocha comme pour attendre d'entendre la réponse. À l'autre bout du fil, Shinbe eut un sourire révélateur,
— Peut-être...
*****
Kyou demeura caché dans l'ombre à regarder la fille avec ses amis. Il avait appris que son nom était Kyoko en écoutant leurs conversations. Jusque là, le garçon dénommé Tasuki avait gardé ses mains pour lui, ce qui était une bonne chose, si on considère que Kyou avait décidé de le laisser vivre aussi longtemps qu'il ne se rapprocherait pas trop d'elle. Il semblait assez inoffensif... si ce n'était qu'il était un peu trop épris d'elle.
Ils s'étaient frayé un passage jusqu'à la piste et la fille avait commencé à danser avec sa copine. La façon dont elles dansaient était indécente. Ça devait être l'alcool qu'elle a consommé si rapidement, il avait du mal à croire qu'il put en être autrement.
Un grondement sourd vibra dans son torse lorsque son champ de vision fut obstrué par un groupe de crétins humains. En l'entendant et en voyant le regard doré glacial les foudroyer en guise d'avertissement, ils se retirèrent promptement à l'autre bout du club. Les lèvres de Kyou formèrent un sourire amusé lorsqu'il vit de quelle manière ils s'étaient instantanément dispersés.
Il retourna son attention vers la piste de danse en se concentrant sur la jeune fille qui le laissait perplexe. Ce qu'il vit fit bouillir son sang de rage. Un grondement mauvais se fit entendre d'un endroit indéterminé alors que son regard d'or colère était traversé d'éclairs de sang.
L'inoffensif garçon Tasuki était en train de danser avec Kyoko comme s'il était en train de la séduire.
*****
Kyoko était étourdie par les sensations provoquées par les mains de Tasuki sur ses hanches, en train de caresser la peau nue de sa taille alors qu'il prenait le contrôle de la danse. Il avait réellement l'air sexy avec sa chevelure ébouriffée alors qu'il dansait de façon provocante avec elle. Un gloussement lui échappa au détour d'une pensée.
Alors qu'elle le sentait en train de caresser la peau exposée au bas de son dos, elle remarqua que son regard était à présent d'une couleur approchant l'améthyste pure.
Suki, décidant qu'elle aurait bien besoin de quelque chose de frais et d'humide, frappa Kyoko sur les fesses.
— Allez, vous deux ! J'ai besoin de carburant !
Elle rigola de sa propre tournure de phrase en entraînant le couple à nouveau vers la table qu'ils avaient occupée un peu plus tôt en espérant un autre verre.
*****
Kyou resta debout en train de tenter désespérément de calmer la rage dans ses veines. Sa coutumière attitude calme et ses nerfs d'ordinaire en acier trempé avaient complètement disparu lorsqu'il avait vu danser le garçon Tasuki avec Kyoko comme si elle était sa maîtresse.
Dans les recoins de son esprit, il sut qu'il lui fallait rapidement se calmer, sans quoi Hyakuhei sentirait sa présence si ce n'était déjà le cas. Prenant une profonde inspiration pour se fortifier, il se blâma mentalement pour sa stupidité.
Pendant des siècles il était demeuré un démon de la nuit, froid et sans émotions. Sa détermination était comme celle de la montagne qu'on ne pouvait ni déplacer ni soumettre par la force. Ses émotions étaient bien gardées par cet extérieur froid, impénétrable pour une raison... afin qu'il puisse dissimuler son aura à son véritable ennemi.
En une nuit, la présence de la jeune fille plus qu'innocente et pure, l'avait fait faillir pour la première fois de son existence sans vie.
Inconscient de la présence du vampire enragé à la chevelure d'argent, le trio retrouva le chemin des sièges occupés précédemment. Le rire innocent de Kyoko flotta jusqu'à lui, calmant à peine sa rage. La tension s'apaisa quelque peu et il se demanda pour quelle raison il avait réagit de façon si possessive face à la jeune fille.
Son regard meurtrier se figea, fixé sur le garçon avec elle, comme la promesse d'une lente et douloureuse mort s'il osait seulement l'effleurer de façon inappropriée une fois de plus. Elle avait besoin d'un gardien.
Kyou ne pouvait comprendre l'immense influence qu'elle possédait sur lui mais la regarder était devenu comme une addiction. Sa beauté et son innocence l'envoûtaient et il commença à se demander si sa peau était aussi douce qu'elle le paraissait. Le fait de voir un autre verre de liquide impur glisser au devant d'elle le mit en colère.
à chaque gorgée qu'elle prenait, l'incandescence de lumière pure qui l'entourait semblait se déformer et faiblir. Elle était déjà plus difficile à percevoir. Si elle continuait à boire l'eau du diable qui était placée devant elle, bientôt elle tomberait du côté obscur. Comme si elle était en train de le défier, il regarda la fille enlever la paille de sa coupe avant de la porter à ses lèvres, absorbant les dernières gouttes du liquide pollué.
Kyou fit une chose qu'il n'avait pas fait depuis des siècles... il sourit, certain à présent que son secret demeurerait imperceptible aux yeux de la force maléfique qui venait de pénétrer dans la boîte de nuit. Peut-être qu'après tout, la dissimulation de l'aura pure d'une belle fille si innocente que c'en était inimaginable n'était pas une mauvaise chose.
Kyou se retira dans l'obscurité dont son ennemi émergeait tout juste.
*****
Hyakuhei passa la porte sans prêter la moindre attention à ses laquais qui suivaient dans l'ombre. Ils pouvaient se charger de leurs propres divertissement pour la soirée. Ils ne feraient que perturber ses plans s'il leur permettait de se joindre à lui ce soir. Son regard écarlate balaya l'étalage de chairs échauffées avec intérêt.
Il avait perçu la vie ici, dissimulée quelque part parmi les humains. Elle l'avait appelé comme une maîtresse en manque de ses caresses, mais pour l'instant cette douce sensation s'était presque évanouie, comme une bougie soufflée trop tôt.
Il s'était bien nourrit la nuit précédente et il ne ressentait pas le besoin de se nourrir à nouveau aussitôt après. Non... ce soir il avait autre chose à l'esprit.
Cette ville détenait le pouvoir du légendaire Cristal du Cœur du Gardien, il en était sûr. Toutes les routes qu'il avait empruntées, à la recherche de la lumière cachée, l'avaient mené ici. Et même là, il pouvait percevoir l'élusive lumière cachée sous un manteau d'obscurité alors qu'il s'appuyait contre le mur, en regardant les humains.
Plusieurs mortels qui ne se doutaient de rien l'avaient déjà remarqué et il savait qu'ils viendraient à lui, offrant leurs âmes par erreur.
Être grand, sombre et beau était la simple combinaison attirante qui lui avait facilité la capture de ses proies. Sa longue chevelure sombre ondulait autour de lui par vagues comme un écrin de sa beauté inégalée. Il pouvait percevoir le désir des humains mais ce soir il n'y prêta aucune attention.
Ce soir, il irait à la recherche de celui ou celle qu'il pourrait contrôler. Parfois, il prenait la peine de transformer une âme confiante seulement pour lui ôter la vie la nuit suivante. Il n'offrait la vie éternelle que lorsque cela lui convenait et cela arrivait moins d'une fois par siècle. Mais cette nuit, il allait chercher cette personne qui allait lui porter assistance dans sa quête afin de déterminer qui était détenteur du Cristal du Cœur du Gardien.
Le regard d'Hyakuhei s'assombrit avec ces pensées. La dernière fois il avait été si proche du mystérieux cristal de légende, la fille transportant le puissant cristal avait démasqué ses intentions. Avant qu'il ne puisse l'arrêter, elle avait mis fin à ses jours... emportant le cristal avec elle hors de sa portée une fois de plus.
Son esprit s'égara dans le regret. Cela avait été une si grande perte... car la jeune fille avait été incomparable en beauté et en pureté sans tâches. Son corps gracile ne fit aucun mouvement alors qu'il cherchait nonchalamment dans la foule avec son regard couleur de nuit noire.
Le cristal ne refaisait surface qu'une fois tous les mille ans si l'on devait en croire les rouleaux anciens qu'il avait pris au mage Shinbe avant de lui prendre la vie. Un cruel sourire effleura ses lèvres au souvenir de ce meurtre en particulier... délicieux en effet.
s'il comptait les années depuis cet évènement, la vierge élue qui détenait à présent le cristal près de son Cœur devrait avoir vingt et un ans, peut-être moins. Hyakuhei l'avait perçue dans les parages de l'université et à présent, ici, parmi la foule d'étudiants présents dans le club.
Le fait que cette ville ait été construite sur le même sol où le cristal avait disparu ne faisait que confirmer qu'il se trouverait au même endroit pour sa renaissance.
s'il ne pouvait pas trouver celle qui détenait le Cristal du Cœur du Gardien, alors il lui faudrait recruter celui qui était accepté parmi eux et qui pourrait l'aider dans sa recherche. Un non-humain, une créature de la nuit, plus que toute autre, pouvait détecter le pouvoir qu'il recherchait et voulait acquérir.
Un sourire plein de malice apparut sur ses lèvres parfaites en anticipation de la fièvre de la chasse. Ayant appelé ses enfants favoris à le joindre, cette fois il obtiendrait ce qu'il désirait. Il était demeuré dans l'obscurité pendant bien trop longtemps et même la plus plaisante des choses avait commencé à l'ennuyer.
Hyakuhei voulait quelque chose de neuf et un défi était exactement ce qu'il fallait pour le sortir du sommeil de toute une vie. Il pouvait vaguement percevoir une perturbation dans l'air et eut un sourire informé. Il n'y avait pas d'urgence... car le temps ne comptait pas... pour un vampire.
*****
Tasuki regarda avec étonnement Kyoko descendre ce qu'il restait de son Long Island ice tea. Son regard désormais d'un brun medium se posa sur son propre verre qui était encore plein, il avait l'air inquiet.
— Ah, Kyoko, si tu as soif je pourrait aller te chercher du vrai thé au bar, ça te dit ?
Il fit un grand sourire en la regardant rougir lorsqu'elle prit conscience de ce qu'elle avait fait.
Suki leva un sourcil en prenant note du verre vide de Kyoko et eut un léger mouvement de recul, consciente que Kyoko se ferait une joie de la tuer le lendemain quand elle aurait la gueule de bois. Mentalement honteuse, elle réussit à se convaincre que cette nuit était une nuit de fête, et que Kyoko lui pardonnerait... un jour.
Regardant Tasuki avec sa meilleure expression pitoyable en lieu et place d'un :
— Au secours, aide-moi, je suis dans la merde !
Suki renchérit.
— Je crois que c'est une bonne idée.
Elle lui fit un clin d’œil d'encouragement malicieux.
Elle avait toujours bien aimé Tasuki et elle se surprenait souvent à souhaiter que Kyoko sorte plus souvent avec lui plutôt qu'avec Toya qu'elle aimait bien mais qui ne traitait pas toujours Kyoko aussi bien qu'il devrait. Elle était heureuse que Kyoko ne se laisse pas faire et soit capable de rendre à Toya coup pour coup.
Puis il y avait Kotaro, qui aurait emporté Kyoko pour l'épouser si l'opportunité s'était présentée. Il était gentil et la traitait comme une déesse, mais Suki n'était pas à l'aise à l'idée de perdre sa meilleure amie.
Le regard de Suki s'illumina à l'idée de tenter de rapprocher Tasuki et Kyoko, particulièrement après la façon dont ils avaient dansé ensemble à l'instant. Elle n'était pas assez bête pour se faire surprendre en train de s'en mêler, parce que Kyoko pouvait être super effrayante lorsqu'elle était méga furieuse. Il fallait qu'une fille en ait pour sortir avec les deux têtes brûlées avec lesquelles elle sortait. Le sourire de Suki s'adoucit à la pensée de son propre petit-ami, même si c'était un titre qu'elle ne lui donnerait jamais officiellement.
Shinbe était aussi fou que les deux gars qui sortaient avec Kyoko, sinon plus.
Revenant à ses pensées présentes, Suki se leva avec un sourire joueur.
— Je vais aller dire un mot au D.J. pour le convaincre de jouer ma chanson préférée, je reviens tout de suite !
Sur ces mots, elle laissa les deux autres seuls. Elle espérait secrètement que le temps passé ensemble sans elle allait déclencher une flamme entre ces deux là. Kyoko retourna la tête vers Tasuki, se sentant étourdie et sourit d'un air coupable.
— J'adorerai un peu de thé... ou peut-être du café serait encore mieux. Même si parfois le rush de la caféine est presque aussi néfaste.
Elle sourit à ses propres paroles,
— Si ça ne te dérange pas d'aller m'en chercher pendant que je vais faire un tour aux toilettes.
Elle saisit la main tendue de Tasuki et le laissa l'aider à se lever.
Kyoko cligna des yeux rapidement alors que les choses commençaient à lui paraître un peu flou, et puis elle se mit à glousser.
— Je reviens tout de suite !
Elle balaya les murs à la recherche d'un panneau indiquant la direction des toilettes des femmes. S'apercevant qu'elles se trouvaient près de la porte d'entrée, elle partit en espérant ne pas paraître aussi chancelante qu'elle se sentait. Peut-être que si elle se passait de l'eau froide sur le visage et qu'elle ne buvait plus d'alcool de la nuit, alors tout irait bien.
Le corps de Kyou se tendit alors qu'il regardait la fille se diriger tout droit vers le dernier endroit où il voulait la voir aller, vers l'entrée et ... en direction de l'ennemi. Son regard doré torturé se teinta de rose et avec un grondement de fureur, il disparut comme s'il ne s'était jamais trouvé là.
L'esprit brumeux de Kyoko se demanda pourquoi on avait placé les toilettes jusqu'à l'entrée de la boîte, près de la porte alors qu'elle regardait une horde de gens qui continuait de pénétrer dans le club. Certains nouveaux arrivants semblaient déjà bien partis en terme d'ébriété, et le bruit provenant de la salle s'amplifia.
Yohji, un des gars de la fac, arriva en titubant, sans regarder ou il allait.
Son frère l'avait déjà convaincu de faire le tour des bars de la rue un peu plus tôt et ils venaient seulement de quitter le dernier pour venir tenter leur chance dans ce club. Alors qu'il se retourner pour appeler son jeune frère, Hitomi, il entra en collision avec un corps chaud et mou.
Entendant un cri poussé par une voix de femme,n Yohji tendit instantanément les bras et la rattrapa. Alors que son regard se posait sur le visage de celle qu'il tenait contre lui, un sourire carnassier s'étala sur son visage.
— Kyoko ?
Une fois que la pièce fut décidée à ne plus tournoyer et à être dans le bon sens, Kyoko leva les yeux vers le gars qui lui était rentré dedans, pour finir par jouer le héros en la rattrapant au vol.
— Yohji... Salut...
Kyoko rougit lorsqu'il la serra d'un peu plus près et elle tenta immédiatement de se libérer de son étreinte en se tortillant.
Pas bon ! Pas bon ! psalmodiait-elle quelque part dans sa tête ... elle pouvait entendre l'avertissement clairement.
Elle avait rencontré Yohji plein de fois à la fac, et bien qu'il soit un favori auprès des filles, avec sa grande beauté et son attitude si machiste, typique des mecs populaires, elle avait toujours tenté de l'éviter. Il était bien trop agressif à son goût et elle choisit de se tenir éloignée de lui et du groupe avec lequel il traînait.
— Je vais bien maintenant, Yohji, alors tu peux me lâcher, elle sourit, masquant son anxiété, en tentant de conserver son calme sans faire de scène.
Yohji ne relâcha pas son étreinte et lui adressa un sourire calculé en constatant son malaise.
— Pourquoi devrais-je te lâcher maintenant que je t'ai enfin dans mes bras, Kyoko ?
Ses yeux étaient déjà pleins de désir et son visage prit un air de prédation. Il avait été eut des vues sur elle depuis longtemps et elle ne lui avait jamais accordé la moindre attention. Et bien, à présent que ses deux gardes-du-corps n'étaient pas à proximité pour l'arrêter, elle n'allait pas s'en aller aussi facilement.
Hyakuhei vit la scène en train de se produire à peine à quelques mètres de lui avec intérêt. Il pouvait voir le gars parfaitement mais n'avait vue que sur le dos de la femme.
Cette fille...
Son regard s'illumina d'une lueur étrange alors qu'il la regardait. Il pouvait sentir sa nervosité et sa pureté à tel point que cela surchargeait ses sens.
Concernant le gars qui la tenait, son désir était tellement lourd dans l'air qu'on pouvait y goûter. Le regard d'Hyakuhei devint fixe alors que le besoin de tuer ce crétin commençait à brûler dans ses veines. Il se mit à avancer dans sa direction, uniquement pour se retrouver bloqué par un bouclier fait d'un arc-en-ciel de poussière. Les paillettes apaisantes se posèrent alors qu'il se penchait pour s'adosser au mur une fois de plus, le regard soupçonneux, figé. Elle était protégée par l'immortel ?
Il tendit la main et toucha ce qu'il restait de la barrière et laissa le sentiment d'apaisement l'envahir. Un tel effect calmant ne suffirait pas à supprimer ses intentions maléfiques bien longtemps.
Les petits garçons et leurs jeux, sourit-il alors que ses yeux couleur d'encre revenaient à la fille.
Son aura l'avait complètement pris par surprise. Son regard parcouru son joli corps et sa peau luisait comme la rosée sur une fleur avant la première lueur de l'aube. Le besoin de la toucher l'envahissait alors qu'il avançait encore dans sa direction... ignorant cette fois l'agaçant bouclier de paillettes protectrices de l'immortel.
Alors même qu'il s'apprêtait à prendre la fille dans ses propres bras, une autre vague de possessivité le frappa comme un coup physiquement porté. L'aura familière caressa ses sens, une aura qu'il n'avait pas perçue depuis des décennies. Avec un dernier regard pour la fille qu'il venait de se réserver mentalement, son sombre regard s'adoucit brièvement alors qu'il prenait sa décision. Il l'aurait... bientôt.
Un sourire malin vint courber ses lèvres face à cette nouvelle aura alors qu'il se retirait dans l'obscurité, hors de vue.
Alors, Kyou, mon égaré, a décidé de se joindre au jeu... Voyons qu'elles sont ses réelles intentions.
*****
Toya se rua dans l'appartement qu'il partageait avec Shinbe mais lorsqu'il ne vit pas son ami, il commença instantanément à hurler.
— Shinbe, bordel, t'es où ?
Sa colère était si grande et pour des raisons évidentes, il avait un très mauvais pressentiment concernant la sécurité de Kyoko, en particulier après ce que Kotaro lui avait dit à propos des autres filles disparues... si nombreuses.
Déjà, ses nerfs avaient subit un choc et s'il ne pouvait poser les yeux sur Kyoko rapidement, il allait casser quelque chose. Mais en même temps, lorsqu'elle poserait les yeux sur elle, elle aurait bien de la chance s'il la laissait à nouveau quitter son champ de vision... Si cela ne dépendait que de lui, il l'aurait menottée à lui de façon permanente pour sa sécurité.
Shinbe sortit de la salle de bain en boutonnant sa chemise bleu glacier en ayant l'air de quelqu'un qui avait prévu une sortie en ville.
— Je suis là, y a le feu quelque part ?
Il s'assit sur le canapé et commença à mettre ses chaussures comme s'il n'avait pas la moindre préoccupation.
Kotaro se tint debout derrière Toya en attendant de voir si Shinbe avait la moindre information sur le lieu où se trouvait Kyoko. S'appuyant sur le comptoir de la cuisine, il regarda Toya qui se dressait tel une tour au dessus de Shinbe.
Si Toya se rappelait ce que Shinbe avait fait pour lui par le passé, il lui montrerait sans doute plus de respect. Kotaro pencha la tête dans une drôle de position en y repensant.
Non, ça n'y changerait rien, se corrigea-t-il. Regarder le garçon péter sa crise aurait été amusant si Kyoko n'avait pas disparu.
— J”ai perdu Kyoko et à présent, je n'arrive pas non plus à retrouver Suki !
Toya tressaillit lorsque Shinbe ne leva même pas les yeux vers lui.
Le sourire suffisant de Shinbe commençait vraiment à lui taper sur les nerfs. Si Shinbe n'avait pas déjà été à moitié abruti par les fréquents coups que Suki lui administrait sur la tête, Toya n'aurait pas hésité à lui éclater la tête. Mais là tout de suite, il avait besoin du cerveau de son ami en état de marche pour obtenir des réponses à ses questions.
Shinbe termina d'attacher les lacets de ses chaussures en sachant que Suki allait lui en vouloir pour ça mais il n'en avait rien à faire. Il lui revaudrait ça. Ils s'amusaient toujours beaucoup lorsqu'ils se réconciliaient après une dispute... son regard était comme figé dans cette pensée plaisante. Se réconcilier avec elle serait amusant...
En entendant un dangereux grondement, Shinbe revint brutalement à lui et accorda à nouveau son attention à son ami, levant un sourcil calmement.
— Quoi ?
— Shinbe, merde ! Je ne joue pas ! Où diable sont Suki et Kyoko ? aboya Toya, son regard doré perçant son ami tel la lame d'un couteau.
Si Shinbe ne se dépêchait pas de lui répondre, il savait qu'il allait exploser.
Shinbe fronça les sourcils, confus lorsqu'il remarqua que Kotaro s'appuyait contre le bar. Toya et l'agent de sécurité ne s'appréciaient même pas, ils ne traînaient certainement pas ensemble. Sa cage thoracique se serra.
— Je ne suis pas certain, mais Suki m'a lâché ce soir en disant qu'elle sortait avec une amie, mais elle ne m'a pas dit avec qui.
Lorsque Toya commença à nouveau à jurer, Shinbe se leva.
— Attends, j'ai pas fini ! Alors calme-toi. Pendant que j'étais à son appartement un peu plus tôt, j'ai vu un flyer sur son bar pour une soirée au Club Minuit avec la date d'aujourd'hui entourée dessus.
Il sourit lascivement.
— Je m'apprêtais à y aller pour voir si j'arrive à la trouver.
Kotaro soupira alors que Toya commença une tirade sur la stupidité des filles. Ne souhaitant pas perdre de temps, il se tourna vers la porte.
— Merci Shinbe, jeta-t-il par dessus son épaule en partant, désormais encore plus inquiet que jamais.
Il espérait seulement qu'elle était en compagnie de Kamui... sous sa protection en quelque sorte.
Shinbe inclina la tête sur le coté en regardant Kotaro partir par dessus l'épaule de Toya, puis il la redressa pour fixer son regard renfrogné sur Toya.
— Il se passe quoi et pourquoi Kotaro était-il ici ?
l’inquiétude zébrait ses yeux améthyste. Il avait toujours apprécié Kotaro mais il ne pouvait l'admettre devant Toya sans se voir épingler comme traître.
Toya attrapa ses clés sur le bar en répondant.
—Je te dirais ça en chemin.
Il se retourna et se dirigea vers la porte, sans même se donner la peine de s'assurer que Shinbe était derrière lui.
Il détestait être sans Kyoko. ça lui sonnait toujours l'impression d'être à la dérive dans la confusion. Il était temps de la retrouver et de la remettre à sa place... à ses côtés.