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ОглавлениеLES ARCHITECTURES BYZANTINE ET GRÉCO-SYRIAQUE
L’ARCHITECTURE BYZANTINE
Lorsque les Empereurs romains abandonnèrent Rome pour Byzance, ils avaient reconnu le Christianisme comme religion d’État, et leurs vues se portèrent vers la construction d’édifices religieux. Ils firent appel à des artistes d’origine grecque qui avaient introduit, en Syrie, deux principes de structure différents, l’un basé sur l’emploi de la brique, adoptée jadis par les Perses, l’autre, sur celui de la pierre que les Grecs avaient si logiquement appropriée à leurs conceptions.
Pour les grands édifices religieux de l’empire chrétien d’Orient dont Sainte-Sophie de Constantinople est le chef-d’ œuvre, c’est la brique qui en forme l’élément principal.
Sainte-Sophie est entièrement conçue et exécutée suivant la méthode dés Perses. Ses voûtes ne sont des coupoles romaines ni dans leur structure, ni dans leurs dispositions, car elles sont établies sur plan carré au moyen de pendentifs dont les Romains ne se servaient pas, se bornant à élever des coupoles sphériques sur plan circulaire. D’ailleurs l’influence des Romains ne se fait sentir que bien indirectement dans ces œuvres byzantines d’origine orientale; en tout cas l’ordre d’idées qui avait égaré les constructeurs de l’Empire romain en les conduisant à employer des éléments décoratifs inutiles à la solidité, fut complètement abandonné par les Byzantins. Dans leurs édifices il y a, de nouveau, accord complet entre la façon de construire et les apparences.
Fig. 15. — Plan de Sainte-Sophie de Constantinople.
L’intérieur de Sainte-Sophie a été très altéré dans sa-décoration intérieure depuis que ce monument chrétien est devenu une mosquée musulmane, mais toutes ses dispositions constitutives ont été respectées, si ce n’est lors de certaines reprises nécessitées, peu après la construction, par des défauts d’exécution et par des tremblements de terre. Le plan (voir fig. 15) en est remarquable et explique comment la poussée de la grande coupole centrale, de trente métrés de diamètre, est maintenue par les parties qui l’entourent, à travers lesquelles est assurée néanmoins la circulation. Deux points sont à observer dans ce vaste intérieur: d’une part, le moyen adopté à la base de cette grande coupole pour assurer l’éclairage au centre de l’édifices indépendamment des jours latéraux; d’autre part, la façon dont les arcades portent sur les chapiteaux, en utilisant leur évasement, ce qui permet de réduire les points d’appui, au bénéfice de l’espace laissé entre eux.
Fig. 16. — Chapiteau à Sainte-Sophie de Constantinople.
Ce parti si rationnel nous intéresse d’autant plus que nous en retrouvons l’application constante dans les édifices romans et gothiques. La sculpture de ces chapiteaux est d’une grande finesse (voir fig. 16) et de ce fait, s’allie intimement à la décoration dans laquelle le marbre et les mosaïques sur fond d’or constituent une ornementation colorée d’une parfaite harmonie et dont le mode d’applique respecte absolument tout ce qui est dû à l’architectonique.
Fig. 17. — Sainte-Sophie.
(Extérieur).
Fig. 18 — Sainte-Sophie. (Intérieur).
A l’extérieur, l’aspect général, qui reproduit fidèlement toutes les dispositions intérieures, est des plus simples dans la nudité des parements qui semblent n’avoir jamais reçu d’éléments décoratifs (voir fig. 17). Quoi qu’il en soit, ce chef-d’œuvre nous offre, par sa conception logique, un exemple bien instructif de composition méthodique. Aussi mérite-t-il d’être étudié et approfondi. C’est dans le but de faciliter cette étude que nous présentons (fig. 18) la coupe qui, faite suivant les diagonales, renseigne tout particulièrement sur la disposition et le rôle des pendentifs.
L’ARCHITECTURE GRÉCO-SYRIAQUE
Dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, les Grecs, qui sous la direction romaine, construisaient en briques les édifices byzantins, — dont Sainte-Sophie de Constantinople est la plus magistrale expression, — élevaient, d’autre part, dans la Syrie centrale des monuments, moins importants, religieux ou civils, dont toute la conception reposait sur l’emploi de la pierre. Ce qui reste de ces constructions publiques ou privées est encore assez bien conservé pour que l’architecte moderne y trouve des éléments d’étude d’autant plus intéressants, qu’il peut constater le retour vers les principes d’une composition logique, ainsi que le sentiment de la forme toujours appropriée à la structure. Toutefois il ne s’agit plus du même système de construction, car on trouve ici l’emploi raisonné et simultané de la plate-bande et de l’arc se combinant pour fournir des solutions nouvelles. Le linteau est alors adopté, lorsque sa forme horizontale est utile et sa solidité est assurée grâce à l’arc qui, placé au-dessus, constitue une décharge. Dans d’autres cas l’arc est destiné à supporter les dalles de pierre qui, dans la généralité des cas, recouvrent les édifices religieux (voir fig. 19 et 20).
Fig. 19. — Plan de l’Eglise de Tafkha. (Syrie centrale).
Parfois cependant les nefs des églises sont recouvertes de combles en charpente, composés de fermettes réunies par des pièces horizontales constituant le chevronnage de la couverture, particulièrement dans l’église de Qalb-Louzeh. Comme le montrent les figures 21 et 22, ces fermettes posent sur des colonnes portées, en encorbellement, par des corbeaux; quant aux petites pannes multiples, leur disposition et leur nombre s’affirment sur le pignon surmontant l’arc qui sépare la net de l’abside qui, elle, est voûtée. Des collatéraux couverts en grandes dalles flanquent la nef; les murs extérieurs sont percés de petites ouvertures qui, avec les baies situées entre les colonnettes supportant la charpente, donnent à l’intérieur de l’édifice le jour nécessaire. Dans cet exemple, l’emploi de la pierre n’est pas absolument poursuivi; mais l’œuvre n’en est pas moins fort rationnelle et d’un caractère d’unité remarquable. La façade principale de cette église de Qalb-Louzeh est détruite, mais la figure 24 qui indique celle de Babouda, édifice analogue (sauf l’existence des bas côtés), renseigne sûrement sur ce point, permet de reconstituer complètement une composition de cette période de l’architecture et de faire ressortir son analogie avec l’art roman des XIe et XIIe siècles. Les architectes de cette époque ont dû certainement s’en inspirer tout en apportant de sensibles modifications, en raison du mode de structure qui était différent, — puisqu’à la pierre venaient s’ajouter le moellon et les blocages, — et qui ne comportait pas l’emploi des dalles en couverture, sauf de rares exceptions (voir le plan de Babouda, fig. 23).
Fig. 20. — Eglise de Tafkha.
(Perspective intérieure).
Fig. 21. — Plan de l’Église de Qalb-Louzeh (Syrie centrale).
Fig 23. — Plan de l’Église de Babouda.
(Syrie centrale).
Fig. 22. — Église de Qalb-Louzeh.
(Perspective intérieure).
Je ne puis ici m’étendre au sujet de cette architecture gréco-syriaque, et dois me borner à présenter les quelques exemples qui précédent; mais j’engage vivement le lecteur à consulter, à ce sujet, l’ouvrage de MM. Melchior de Vogué et Duthoit . On y constatera, l’esprit méthodique qui a guidé les Grecs du Ve siècle, ainsi que l’influence que cette architecture semble avoir eue dans ses données générales et dans ses formes, sur les édifices de la période romane, en Auvergne et en Bourgogne.
Fig. 24. — Église de Babouda.
(Façade).