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II

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Le lendemain, dès l’aube, Prométhée souhaita son aigle; il l’appela du fond des rougeurs de l’aurore, et, comme le soleil paraissait, l’aigle vint. II avait trois plumes de plus. Prométhée sanglotait de tendresse.

— Gomme tu viens tard, dit-il en caressant les plumes.

— C’est que je ne vole pas encore vite, dit l’oiseau. Je rase terre...

— Pourquoi?

— Je suis si faible!

— Que te faut-il pour voler vite?

— Ton foie.

— Tiens; mange.

Le lendemain l’aigle avait huit plumes de plus; et quelques jours après il devan-çaitl’aurore. Prométhée, lui, maigrissait.

— Parle-moi du dehors, lui disait Prométhée, que deviennent les autres?

— O! maintenant je plane, répondait l’aigle; je ne sais plus rien que le ciel et que toi.

Ses ailes lentement s’étaient accrues.

— Bel oiseau, que racontes-tu ce matin?

— J’ai promené ma faim dans l’atmosphère.

— Aigle! fu ne seras jamais moins cruel?

— Non! Mais je peux devenir très beau.

Prométhée, s'éprenant de la beauté future de son aigle, lui donnait chaque jour plus à manger.

Un soir, l’aig-le ne partit pas.

Le lendemain non plus.

Il occupaitdeses morsuresleprisonnier qui l’occupait de ses caresses, qui maigrissait et s’épuisait d’amour, tout le jour caressantses plumes,sommeillant la nuit sous son aile et le repaissant à loisir. — L’aigle ne bougeait plus ni la nuit ni le jour.

— Doux aigle! qui l’eût cru?

— Que quoi?

— Quenos amours seraient charmantes.

— Ah! Prométhée...

— Tu le sais, dis,toi,mon doux aigle! pourquoi suis-je ici enfermé?

— Que t’importe? Ne suis-je donc pas avec toi?

— Oui; peu m’importe! Au moins es-tu content de moi, bel aigle?

— Oui, si tu me trouves très beau.

André Gide: Oeuvres majeures

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