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AVANT-PROPOS.
ОглавлениеDE L’ORIGINE DES COURSES.
Le plus ancien hippodrome est celui d’Epsom.
Les premiers renseignements que l’on ait sur les courses remontent au règne de Henri II, de 1154 à 1189.
Henri VIII prit à tâche de répandre le goût des courses dans son royaume. Les premières courses qui eurent lieu sous son règne se firent à Chester et à Hamford; mais s’il y avait des courses alors il n’y avait pas de chevaux de course.
Les courses ne se faisaient pas sur des hippodromes préparés comme aujourd’hui; elles ressemblaient aux steeple-chases, et plus le terrain était mauvais plus on le trouvait excellent.
C’est Jacques Ier qui établit les courses périodiques et annuelles de Newmarket, de Craydon et de Eufieldchase.
Charles Ier fut aussi grand amateur de courses, et Charles II fut encore plus passionné que lui pour cet exercice. Il établit celles de Newmarket et remplaça la clochette d’argent, seul prix du vainqueur, jusque là, par une coupe d’argent de la valeur de cent livres sterling.
Guillaume III et la reine Anne firent aussi beaucoup pour améliorer les courses. C’est sous le règne de cette dernière que fut amené en Angleterre un étalon arabe, Darley-Arabian, du nom de son propriétaire qui fut le créateur de la race connue depuis sous le nom de chevaux anglais.
Georges Ier encouragea beaucoup l’amélioration de la race chevaline. Georges II suivit son exemple et fit importer en Angleterre des étalons des plus belles races. Ce fut à cette époque que fut amené en Angleterre le cheval barbe, réputé arabe, qui eut tant d’influence sur l’avenir du sang anglais.
Lord Godolphin le trouva à Paris, attelé à une charrette; il l’acheta, lui fit passer la Manche sans se douter encore de la valeur de sa trouvaille. Ce cheval fut nommé Arabian-Godolphin.
Arabian-Godolphin est resté illustre, entre les illustres. A la bibliothèque de Gog-Magog on a conservé son portrait.
Arabian-Godolphin remplit d’abord dans l’écurie du noble lord, son maître, le rôle singulier de boute-en-train.
Le boute-en-train est chargé d’entamer la conversation avec la jument afin de la disposer à recevoir favorablement l’étalon qui lui succède.
Godolphin jouait tristement ce rôle infime, il précédait un étalon célèbre appelé Hobgoblin.
Un jour Hobgoblin, que lord Godolphin estimait beaucoup, fut devancé par Arabian au moment de saillir une jument nommée Roxane. Le lord furieux envoya au vert le trop galant boute-en-train. De son incartade naquit Hulta qui fut reconnu bientôt, comme un des chevaux les plus remarquables de l’Angleterre. Alors Arabian fut rappelé et passa premier étalon du haras de lord Godolphin.
Cet incident singulier marque la véritable origine de la race des pur-sang.
Le goût des courses de chevaux, déjà très-répandu en Angleterre, y devint tout à fait national sous Georges III. Dès lors il commença à pénétrer en France.
C’est le 5 novembre 1776, qu’eut lieu à Paris, la première course de chevaux régulière. Le duc de Chartres et le major Banks étaient les deux parieurs.
Avant cette époque il y avait bien eu déjà quelques courses particulières; mais ces essais isolés n’avaient point eu de suite. Ainsi, au mois de novembre 1754, lord Pascoal gagea de venir de Fontainebleau à Paris en deux heures.
La maréchaussée fut chargée de veiller à ce que le noble parieur ne rencontrât point d’obstacle; et il gagna de douze minutes, soit une heure quarante-huit minutes pour franchir les quatorze lieues qui séparent les deux villes. Sept minutes quarante-quatre secondes par lieue.
Les courses de chevaux sur le continent n’étaient alors qu’une pâle imitation de celles de nos voisins d’Outre-Manche; malgré cela les Anglais voyaient avec peine ce goût prendre de la consistance en France. Ils prévoyaient qu’il ne tarderait pas à devenir une institution de prévoyance politique.
Ils craignaient que, grâce aux courses, nos chevaux ne devinssent égaux aux leurs, que par conséquent nous nous affranchissions du tribut onéreux que nous leur payions jusque là.
Mais, je le répète, à leur origine, les courses françaises n’étaient, à proprement parler, qu’un jeu, une distraction sans utilité réelle.
L’amour des fêtes, que professait Marie-Antoinette, ne contribua pas médiocrement à les encourager. La première course importante eut lieu le 10 novembre 1776, à Fontainebleau; son but était de distraire la reine. C’était une poule pour chevaux de tout âge.
Les concurrents furent:
Glow-Worm, au duc de Chartres, issu de l’illustre cheval anglais Eclipse.
King-Pepin. au comte d’Artois, cheval issu de Turf et Cygnect.
Barbary, au même, issu de Pangloss et de Ridelle.
Et Cadit au duc de Chartres.
Le comte avait fait secrètement acheter King-Pepin en Angleterre, au prix énorme alors de 1,700 livres (42,000 fr.) On avait gardé et entraîné ce cheval avec le plus grand mystère. On l’avait dérobé à tous les yeux; les amis intimes du prince avaient seuls été admis à le visiter. King-Pepin était un cheval excellent, aucun autre ne pouvait lui être comparé pour la rapidité des courses courtes, mais il ne pouvait fournir brillamment une longue carrière, il avait plus de vitesse que de fonds.
On engagea de nombreux paris.
On pariait deux contre un pour King-Pepin; c’est-à-dire que gagnant il rapportait un à ses partisans, et perdant il leur coûtait deux (voir page 35). Une foule de curieux, venus de Paris et de la province, étaient accourus à Fontainebleau pour assister à cette coursé. Toute la cour y fut présente. Le roi et la reine descendirent dans l’arène pour examiner de près le fameux cheval.
— Sire, dit le comte d’Artois, j’espère que Votre Majesté voudra bien parier pour King-Pepin, cela lui portera bonheur.
— Volontiers, répondit Louis XVI, je parie pour lui.
Lord Claremond, qui était présent, s’avança:
— Si Votre Majesté le permet, dit-il, je sollicite l’honneur de tenir son enjeu.
— J’en suis ravi, milord, j’espère que notre bien-aimé frère va nous faire gagner l’argent de l’Angleterre.
— Combien Votre Majesté veut-elle parier pour King-Pepin.
— Un écu de trois livres.
Tout le monde se mit à rire.
Le comte d’Artois rougit un peu, piqué de ce persifflage. Alors Marie-Antoinette le prit en pitié, et s’approchant de King-Pepin, elle daigna le caresser de ses augustes mains; puis comme le prince le maintenait par la bride, elle appuya ses lèvres sur le naseau du noble animal.
— Oh madame, s’écria le comte d’Artois ravi, vous venez de donner la victoire à mon cheval.
Un instant après le signal du départ fut donné, et la course commença.
King-Pepin fut battu.
Il arriva second dépassé de deux longueurs par Glow-Worm au duc de Chartres.
Louis XVI paya ses trois livres à lord Claremond.
Le comte d’Artois était furieux.
Il fallut soustraire à sa colère le pauvre King-Pepin et le jockey qui l’avait monté.
Glow-Worm, le même jour, gagna une poule de 5,000 fr. contre Marshall appartenant à lord Claremond et contre deux autres chevaux.
Le 6 novembre 1777 il y eut à Fontainebleau une course de quarante chevaux.
Elle fut suivie d’une course de quarante ânes, dont le prix fut un chardon d’or et une bourse de cent écus.
Il existe encore, actuellement à Semur (Côte-d’Or) des courses peu importantes par elles-mêmes, mais curieuses à cause de leur antiquité et de la singularité du prix. Elles remontent au règne de Charles V en 1370; elles ont lieu tous les ans, un jour de foire, le premier jeudi après la Pentecôte. Les coureurs sont ordinairement des artisans montés sur de piètres chevaux.
Le premier prix est une bague d’or aux armes de Semur.
Le second une écharpe de taffetas blanc. Le troisième une paire de gants garnis de franges d’or.
Les trois gagnants se partagent en outre une somme de quarante francs.
C’est sous Napoléon que les courses furent régulièrement établies par le gouvernement. Le principal acte officiel à cet égard est l’arrêté du 13 fructidor, an XIII (31 août 1805). Le 2e est le décret du 4 juillet 1806, pour l’établissement de haras et de dépôts d’étalons, qui fut suivi par les arrêtés du ministre de l’intérieur du 5 et du 30 octobre 1810.
Louis XVIII et Charles X rendirent aussi plusieurs arrêtés relatifs aux courses; mais c’est sous Louis-Philippe, surtout, qu’elles ont pris le développement le plus important grâce aux arrêtés du 31 octobre, à la circulaire du 1er décembre 1832, à l’ordonnance du 3 mars 1833 portant l’établissement d’un registre matricule Stud-Book français, véritable grand livre de l’état civil de la race chevaline, enfin, à l’ordonnance de 1834.
A dater de 1833, les courses entrent dans une ère nouvelle, due à la fondation de la société d’encouragement et à l’important arrêté du 2 juin 1834, qui élève la valeur des prix et fait disparaître l’abus de faveur que les règlements antérieurs accordaient au demi-sang sur le pur-sang.
Dès lors les éleveurs se sont multipliés; si le public les suit en s’instruisant aux courses, ils augmenteront dans une proportion notable la richesse nationale. On doit comprendre pourquoi? De grosses recettes permettent à la société d’encouragement de tenter un plus grand nombre de propriétaires d’écurie en augmentant la valeur des prix à courir et par conséquent multiplient le nombre de ces éleveurs au bénéfice de l’amélioration si importante de la race chevaline.
Les paris ont également une influence énorme sur ce résultat qu’on ne saurait poursuivre avec trop de soins. Mais parier aux courses semble pour beaucoup de gens un ensemble de combinaisons presque incompréhensibles. C’est là une grave erreur. La science des paris de courses n’est pas plus difficile que celle de la bourse et offre des sécurités résultant de combinaisons neuves qui permettent à l’amateur exercé d’agir à coup sûr.
Ajoutez à cet avantage l’attrait de l’émotion, la durée des paris, les modifications qu’ils éprouvent au fur et à mesure que les cotes des chevaux engagés augmentent ou diminuent, et vous conviendrez avec moi que ce jeu intelligent est l’apogée de l’utile dulci.
J’ai parlé de la durée des paris; en effet, on parie à l’avance pour diverses courses périodiques importantes; qui sont: La Poule des produits, le prix du Jockey-Club, l’Omnium, le prix de Diane, les divers prix de l’Empereur et le Grand Critérium.
Pour les courses moindres, les paris ne s’engagent guère que quelques jours avant et souvent sur le Turf même.
Ils sont tous régis par le règlement du Jockey-Club que précède ce chapitre.