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IV
Pourquoi Violette s’exila

Table des matières

Violette écouta cette histoire avec un vif plaisir. Comme le voyageur qui a bu à la fontaine, elle remontait à la source avec la volupté des fraîches solitudes. Elle reportait le doux sentiment ressenti pour le duc de Santa-Cruz jusque sur cet enfant des montagnes qui avait commencé par être pâtre. Pour cette âme romanesque il y avait là d’étranges séductions.

–Hélas! dit Santa-Cruz tristement, j’ai commencé par l’énergie pour arriver à l’oisiveté. J’ai honte de moi aujourd’hui. Je sens la rouille m’envahir. Il y avait un homme en moi, il n’y a plus qu’un homme à bonnes fortunes.

Violette questionna le conteur sur sa mère et sa sœur. Elle lui dit qu’elle voudrait bien connaître cette charmante Marie, cette fleur de la montagne qui avait comme elle péché sans le savoir. Achille lui dit que sa sœur devait venir bientôt à Paris et que la première visite de la fleur de la montagne serait pour la violette du Parc des Princes.

Jusque-là, Violette, dans les causeries sentimentales, n’avait osé hasarder le mot mariage. Quand elle vit que Santa-Cruz, malgré ses châteaux en Espagne, n’était pas riche, elle ne désespéra pas. Elle était riche. On avait ouvert sans elle la succession du duc et de la duchesse de Parisis, mais quoiqu’elle n’eût qu’en médiocre estime les biens de ce monde, quoiqu’il lui en coûtât de ne s’avouer vivante que pour recueillir une fortune, elle fit acte d’héritière.

Mais aurait-elle le courage de vivre à Paris visage découvert? Aurait-elle le courage d’aller vivre à Parisis avec Santa-Cruz? Lui faudrait-il s’expatrier, le suivre en Espagne ou l’entraîner en Italie? Tout paraissait impossible à Violette, et pourtant elle s’abandonnait à son rêve.

Comment aborder ce point délicat du mariage! Un jour elle dit à Santa-Cruz, qui lui apprenait que sa sœur avait déjà trois enfants:

–Que je serais heureuse d’être un peu leur mère, en vivant avec votre sœur!

–Pauvre Marie! dit Santa-Cruz, je voudrais bien lui donner vingt-cinq mille livres de rente pour que son mari abandonnât cette vie de garnison qui est un supplice pour lui, mais surtout pour elle.

–Voulez-vous que. je les lui donne? lui demanda Violette d’un œil suppliant.

–Vous êtes donc si riche que cela?

–Oui, lui dit-elle. Moi je ne vous dirai pas ma vie, mais je puis vous dire ma fortune. Puisque je n’en sais rien faire, peut-être aurez-vous la main plus heureuse.

–De quel droit? demanda Santa-Cruz avec quelque fierté.

–Violette tressaillit sous ce mot qui la condamnait. Elle, comprit que l’heure n’était pas venue encore de parler à Santa-Cruz de ses espérances. Elle comprit que l’heure ne viendrait jamais.

Le soir même, sans dire adieu à la duchesse, elle partit pour le château de Pernand presque résolue à ne pas revenir à Paris, voulant s’arracher du cœur cet amour de Santa-Cruz qui ne devait pas plus la conduire au mariage que l’amour de Parisis.

Achille oublia bientôt que Violette pleurait.

Les Parisiennes: Les Femmes adultères

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