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II.

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LA LÉGENDE DU MARRONNIER.

Suzanne habitait, non loin du palais d’été de la Reine, sur le versant touffu de la montagne, une petite maison tapissée de vigne vierge et de rosiers sauvages, abritée des vents du nord par un marronnier gigantesque aux fleurs blanches où l’on venait en pèlerinage au mois de mai.

C’était à qui dans la contrée emporterait une branche fleurie comme une bénédiction du ciel.

Ce marronnier, qui était tout un monde, avait sa légende.

Plus d’un roi de France venait s’y inspirer, comme saint Louis sou son chêne, et ce jour-là il était plus grand roi.


Plus d’un héros y cueillait un bouquet de grappes blanches comme talisman de victoire.


On disait aussi que Jésus, venant sur la terre, s’y était reposé un soir, que le marronnier avait neigé sur son front, et qu’en descendant la montagne on l’avait reconnu parce que les fleurs du marronnier s’étaient changées en auréole.

Suzanne-aux-Coquelicots était donc bien heureuse d’habiter à l’ombre du marronnier.

Pas trop heureuse pourtant, car elle n’avait plus ni père ni mère.

Il lui restait son petit frère, malin comme un Champenois, qui allait encore à l’école, vous le savez déjà, mais qui secouait plus souvent l’arbre du prochain que l’arbre de la science.

C’était ce qu’on appelle là-bas un dénicheur de merles.

On le rencontrait bien çà et là croquant une pomme qu’il n’avait pas cueillie dans son verger, mais il montrait de si belles dents, mais il saluait avec des yeux si doux, mais il avait des saillies si naturelles, que nul ne songeait à s’en fâcher.

Il faut bien faire la part des pauvres et des enfants.


La pantoufle de Cendrillon, ou Suzanne aux coquelicots

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