Читать книгу Coup-d'oeil sur quelques parties du musée de Douai - Auguste Cahier - Страница 6
ОглавлениеÉlément Religieux.—Sacrifices.
Après ces restes de monuments qui étaient évidemment d’une haute importance, l’attention est appelée sur ce qui peut se référer à l’élément religieux. Dans l’armoire marquée du n° 8, on a réuni ce qui pouvait être considéré sous ce point de vue et comme servant aux cérémonies des sacrifices. Ainsi l’on y observe deux petits autels votifs, l’un consacré à Apollon par un nommé Timentius, l’autre qui paraît avoir été surmonté d’une figure dont il ne reste à la base que les plis des vêtements. —L’on y voit: La Dolabra (374), ou couteau avec lequel étaient démembrées les grandes victimes ; le Discus (382, 385, 386), bassin plat en bronze qui recevait quelquefois les entrailles des victimes, quelquefois de la chair rôtie ; le Simpulum (373), employé pour les libations du vin ; des Pateræ ou Patellæ (383, 384, 401, 402, 403, 412, etc.), dans lesquelles on recueillait le sang des victimes ou bien encore le vin que l’on offrait aux Dieux ; des Ligulæ ou Lingulæ (388, 389), espèces de spatules que l’on croit avoir servi à fouiller dans les entrailles des victimes ; des cuillers (394, 395, 396, 397, etc.), à l’aide desquelles on jetait de l’encens dans le feu de l’autel ; l’extrémité supérieure d’un Lituus (377), ou bâton. augural (V. planche II, fig. 1re) ; et un assez bon nombre d’objets semblables ou analogues à ceux qui viennent d’être détaillés.
PL.1.
Mais la pièce la plus curieuse de cette armoire est un trépied en bronze (V. planche Ire), complet, articulé (372), dont voici l’histoire. DE BAST (Loco citato, p. 43), dit «Qu’en 1790, » d’après une autorisation du gouvernement, une souscription » avait été ouverte, une société s’était formée pour faire des » fouilles sur l’emplacement de l’antique cité de Bavai, qu’à ces » recherches a été due la découverte de plusieurs antiques et » entr’autres de ce trépied,»—qui paraît avoir été de suite acquis par la ville de Douai. De Bast ajoute: «Cet ancien » monument, qui est très bien conservé, est composé de trois » montants de bronze, de deux pieds et demi de haut, cancel- » lés en sautoir, et surmontés de trois têtes de bacchantes, or- » nées de feuilles de vigne et de grappes de raisin.»
On en trouve encore une description sommaire, explicative d’une assez bonne planche gravée à la p. 237 de l’Histoire monumentaire des Gaules du père LAMBIEZ, qui parle de la découverte du trépied dans les termes suivants: «On a dé-
» couvert en 1790, à quelques pas des remparts actuels de
» Bavai, sur la route qui tend vers Mons, le trépied ou autel
» de Bacchus qui avait été précipité dans un puits. C’est sans
» contredit le plus beau, le plus rare et le plus instructif mo-
» nument que l’Europe conserve .»
M. I. LEBEAU (Bav., Loc. cit., p. 259), donne aussi sa description en ces termes: «Il se compose de six cancels en
» sautoir et mouvants, de sorte que l’on peut à volonté l’élar-
» gir et l’abaisser, ou le rétrécir et l’élever au moyen d’une
» poignée ornée d’une tête de panthère. Il est surmonté de trois
» têtes de Bacchantes et supporté par trois pieds d’enfant (sic,
»—erreur singulière)! dont chacun repose sur un socle carré.»
Ces trois descriptions ne fournissent, ce nous semble, de cette pièce importante qu’une idée incomplète et insuffisante. Nous allons tenter de suppléer à ce qui leur manque.
Trois montants ou supports terminés chacun à son extrémité supérieure par un buste de Bacchante (V. planche II, fig. 2), dont la tête est en effet ornée de pampres et de grappes de raisin, reçoivent une cuvette dont le diamètre est de 25 centimètres, et la profondeur, à son milieu, de 74 à 76 millimètres. Cette cuvette s’appuie sur trois crochets sortant derrière chaque buste de Bacchante.—Chaque montant ou support a de hauteur 81 centimètres, compris le buste de Bacchante, qui a lui-même 7 centimètres.—L’extrémité inférieure de ces supports se terminait en patte de panthère (V. planche II, fig. 3); aujourd’hui une seule de ces extrémités est dans un état de conservation qui puisse rappeler ce qu’elles étaient dans leur état primitif.—Trois paires de plates-bandes, en bronze, s’étendent d’un support à l’autre et se croisent en forme d’X ou de decussis ou de croix de St-André (V. planche Ire).—L’extrémité supérieure de chaque plate-bande était fixée à une broche terminée par deux roulettes parallèles, lesquelles étaient enchâssées dans chacun des supports, à un point qui se trouvait 38 millimètres au-dessous de la base de chaque buste de Bacchante.—Maintenant ces extrémités supérieures sont retenues avec des fils de fer passés dans les trous des roulettes. —Afin de donner à ce mécanisme la mobilité nécessaire pour que le trépied se replie sur lui-même après l’enlèvement de la cuvette, la partie inférieure de ces bandes a reçu à son extrémité un anneau, qui, affectant la forme du support, est engagé dans ce montant lui-même et peut descendre jusqu’au point où commence la patte de panthère. Par ce moyen, les traverses passent facilement de la position oblique qu’elles occupent quand le trépied est ouvert, à la direction verticale qu’elles doivent prendre quand il est fermé, en se rapprochant du centre et en faisant adhérer les trois montants les uns aux autres. Dans cet état le trépied devient un objet très aisément portatif .
PL II.
A l’un des supports, à celui que nous pouvons appeler le montant principal, vers une hauteur de 54 centimètres à partir du pied, la ligne cesse d’être perpendiculaire: elle se courbe avec élégance, et cette courbure se rattache à la partie supérieure du support par une tête de panthère, dont le cou s’applique au corps de ce même support, et dont la gueule fait en avant une saillie de 68 millimètres (voir planche II, fig. 4). Cette tête , qui est d’un très-beau style, a, de la mâchoire au sommet du crâne, une hauteur de 34 à 35 millimètres. Au milieu de cette courbure on voit briller un vase de 26 millimètres de hauteur, à deux anses fines et légères, ciselé sur une mince lame d’argent ajustée sur le bronze et accusant une saillie peu sensible, mais néanmoins très appréciable. La courbure se termine par un ornement en forme de feuille dont la pointe va quelque peu se relevant . Toute cette partie ainsi recourbée, ornée comme il vient d’être dit, occupe dans l’axe du montant un espace de 23 à 24 centimètres.
En présence des attributs dont est décoré ce trépied, il est hors de doute qu’il était consacré à Bacchus et servait aux sacrifices que réclamait le culte de cette divinité . Suivant le père LAMBIEZ, le fils de Sémélé était particulièrement honoré à Bavai, qui lui aurait dû son nom .
On peut voir encore dans la même armoire des têtes de bronze (478-379), des pieds (380-381) et une cuvette (376), qui faisaient sans doute partie de trépieds semblables à celui que nous venons de décrire.
On remarquera peut-être aussi une baguette autour de laquelle s’enroule comme un ruban de cuivre, longue d’un mètre à peu près, et tout auprès une pomme de pin naturelle bien conservée. Ces deux objets (le ruban de cuivre et la pomme de pin) ont été trouvés avec le trépied bachique dans le même puits (Histoire monumentaire, p. 238). Dans ces deux objets ainsi réunis, on a vu, non sans raison, une partie d’un thyrse de Bacchus. Personne n’ignore que ce Dieu, lorsqu’il revint victorieux des Indes, avait adopté la pomme de pin, emblème de la fécondité.
Dans l’armoire n° 11 (de 554 à 620) apparaît une série de bustes et de statuettes en bronze, représentant les principales divinités mythologiques ; malheureusement ces figurines ne sont point toutes d’un excellent style, d’une conservation intacte, tant s’en faut; cependant on remarquera sur la planche supérieure quatre petits bustes parfaitement conservés, lesquels ont été, disons-le en passant, trouvés il y a peu d’années à Lewarde, localité voisine de Douai; deux représentent Mercure, coiffé du pétase, sans aîles, un troisième Mars, le quatrième Apollon, la tête entourée de rayons; on distinguera, non sans plaisir, un Antinous (574), statuette de la bonne époque, élégante et gracieuse et dont la patine est fort belle; à côté (575), une danseuse ou bacchante, quelque peu fruste, moins correcte, mais dont le mouvement est vif et animé ; une tête d’homme (588) d’âge mûr, à la physionomie énergique, dont le travail est d’une grande finesse; une toute petite figurine très délicate (586), très jolie, représentant une frileuse; celle-ci a bien un peu l’apparence du bronze, mais elle est en terre très dure.
Enfin sur la dernière planche sont rangés des animaux, parmi lesquels il n’y a guère à observer qu’un taureau, assez vigoureusement modelé, et un cheval dont le mouvement est animé et naturel.