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APERÇU STATISTIQUE SUR LA POPULATION CHEVALINE DE LA FRANCE. — LA PRODUCTION DU PAYS COMPARÉE À SES BESOINS.

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Résultats de divers dénombrements. — Rapport, constant depuis 60 ans, entre la population chevaline et la population humaine. — Situation de la France à cet égard, comparée à celle de divers États de l’Europe. — Proportion dans laquelle l’espèce chevaline se renouvelle. — La production du pays ne suffit pas à sa consommation. — Estimation du déficit annuel. — Ce sont principalement les chevaux à deux fins et les chevaux de selle qui manquent à la France. — Le commerce achète à l’étranger presque tous ceux dont il a besoin. — Cette classe de chevaux est celle que réclame surtout la remonte de nos troupes à cheval.

Évaluation de la population chevaline de la France.

Quand on veut étudier la situation du pays sous le rapport de la production des chevaux, les premières questions qui se présentent sont celles-ci:

Quelle est la population chevaline qu’il possède?

Cette population va-t-elle en augmentant ou en diminuant?

Les documents statistiques publiés en 1848 par M. Moreau de Jonnès présentent les résultats suivants:


Ces résultats fournissent sur le mouvement de la population chevaline les indications que voici:


Des renseignements recueillis par l’Administration des haras, mais qui ne s’étendent encore qu’aux neuf départements suivants: Cantal, Hautes-Pyrénées, Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne, Lot, Pas-de-Calais, Somme, Loir-et-Cher, Manche, constatent qu’une population chevaline qui, en 1840, présentait 331,644 têtes, était, en 1849, de 358,077, ce qui fait ressortir une augmentation de 26,433. En admettant que la population chevaline de la totalité du pays ait suivi pendant cette période une augmentation proportionnelle à celle qui a été constatée dans ces neuf départements, nous aurions pour le mouvement de la population chevaline, depuis 1840:


Il résulte de ce qui précède que la population chevaline de la France est d’environ 3 millions de têtes et qu’elle a été sans cesse en augmentant depuis 1789. Son accroissement annuel de 1840 à 1849 est moins grand qu’il ne l’avait été de 1829 à 1840, mais il est plus que double de celui qui avait été constaté de 1789 à 1812 et de 1812 à 1829; enfin cet accroissement reste proportionnel à celui de la population humaine, et malgré les nombreuses modifications qui se sont introduites dans les besoins de notre société, dans la viabilité du pays, dans notre agriculture, le rapport du nombre des chevaux à celui des habitants est resté constamment le même depuis 1789; pendant cette période, il a toujours été de 8 chevaux pour 100 habitants.

Population chevaline de la France comparée à celle des principaux États de l’Europe.

Si l’on jette maintenant les yeux sur les documents suivants, extraits de l’ouvrage de M. Moreau de Jonnès, on appréciera nettement la situation relative de la France et des autres États de l’Europe sous le rapport de leur population chevaline.

Nombre de chevaux recensés dans les principaux pays de l’Europe, comparés à la population de chacun d’eux.



On peut conclure de ce tableau, en ayant égard toutefois aux époques où les divers recensements ont été faits, que la population chevaline de la France est plus considérable que celle de tous les autres Etats de l’Europe (les renseignements manquent sur la Russie), qu’elle est presque double de celle de l’Autriche, qu’elle dépasse de 2/5 celle de la Prusse, et à peu près de la même quantité celle de l’Angleterre, de l’Irlande et de l’Écosse réunies.

Mais il importe, en même temps, de remarquer que la France n’occupe que le dixième rang, si l’on considère le rapport qui existe dans chaque pays entre la population chevaline et la population humaine. Enfin, comme il était facile de le prévoir, ce sont les pays où ce rapport est le plus grand qui exportent le plus grand nombre de chevaux .

Aux divers renseignements que nous venons de rapporter viennent se joindre ceux que fournit la statistique agricole de la France, faite par les soins de l’Administration et dont les résultats sommaires ont été publiés en 1843, par Royer. Nous extrayons de l’atlas joint à son ouvrage un tableau (voir à la fin du rapport, tableau A) qui présente par département le chiffre des chevaux, des juments et des poulains.

Il résulte de ce document qu’en 1840 la population chevaline de la France se composait de


Le nombre des chevaux comparé à celui des juments.

Les chiffres que nous venons de rapporter permettent de rectifier une erreur assez généralement admise chez les éleveurs, savoir: qu’il naît en moyenne plus de juments que de chevaux .

Laissant en dehors le nombre des poulains, dont le sexe n’est pas accusé dans les documents que nous avons reproduits, nous voyons que la population chevaline adulte se compose de:


Si l’on s’arrêtait à ces chiffres on serait amené à conclure qu’il naît, au contraire, plus de chevaux que de juments.

Mais, d’un autre côté, si l’on consulte les renseignements fournis par l’Administration des douanes (voir les tableaux B et C), on reconnaît que cette différence est essentiellement due aux importations, dans lesquelles le nombre des chevaux dépasse de beaucoup celui des juments. Il serait aisé, en tenant un compte exact des échanges que nous faisons avec l’étranger, de se convaincre que, dans la population chevaline réellement due à la production du pays, la différence entre le nombre des chevaux et celui des juments est insignifiante.

Comment s’alimente et se renouvelle cette population.

Si l’on compare le nombre des poulains au chiffre total de l’espèce, on voit qu’il en est à peu près le huitième, d’où résulterait que la population chevaline de la France se renouvelle par huitièmes. Mais comme différentes causes ont contribué à augmenter, dans les résultats de la statistique, le chiffre des animaux compris sous la dénomination de poulains, en diminuant d’autant le chiffre total des chevaux et juments, on a été porté à penser que le renouvellement annuel par huitième était une proportion trop forte. Cette considération et quelques autres qui, à vrai dire, n’ont rien de tout à fait précis, ont conduit divers auteurs à admettre que la population chevaline de la France se renouvelle par dixièmes. Ainsi cette population étant à l’époque actuelle d’environ 3,000,000 de têtes, le renouvellement se ferait par 300,000 naissances annuelles.

Évaluation du nombre des poulinières.

Les résultats d’une longue observation ont d’ailleurs prouvé que, sur cinq juments saillies, il y en a au plus trois qui donnent des produits; ce qui amènerait à conclure que la naissance de 300,000 poulains nécessite au moins 500,000 juments consacrées à la reproduction. Cette évaluation, nous le répétons, est un minimum, et plusieurs membres ont affirmé, qu’on ne pouvait estimer au-dessous de 600,000 le nombre des poulinières conduites annuellement à l’étalon.

Importations.

Les conséquences que nous venons de déduire supposent, il est vrai, que les chevaux qui existent en France ont tous été produits dans le pays, et, qu’on y conserve tous ceux qui y sont nés. Mais, après avoir suivi les détails que nous allons donner sur nos importations et sur nos exportations, on reconnaîtra que les résultats de notre commerce avec l’étranger ne peuvent infirmer ce que nous venons de dire.

Nous avons placé à la fin de ce rapport (tableaux B et C) un extrait des documents officiels publiés par l’Administration des douanes, et présentant le chiffre des animaux de l’espèce chevaline importés et exportés depuis 1837.

Ces relevés existent depuis 1817; voici le motif pour lequel nous avons cru inutile d’en extraire ce qui est relatif à l’importation des chevaux antérieurement à l’année 1837.

Avant la loi du 5 juillet 1836, qui a fixé les droits d’entrée à 25 francs pour les chevaux entiers, hongres et juments, et à 15 francs pour les poulains, les tarifs étaient de 50 francs pour les premiers et de 15 francs pour les seconds. Sous l’empire de cette taxe protectrice, la contrebande, qui pour les chevaux présente des facilités toutes particulières, avait pris un grand développement.

Des compagnies se chargeaient de frauder les droits moyennant une prime de 25 francs par tête: c’est ce qui a motivé le tarif actuel. Les chiffres publiés par l’Administration des douanes avant 1836 ne peuvent dès lors servir de base à une appréciation exacte des importations; tandis que, depuis la loi de 1836, si la contrebande se fait encore, elle n’a plus une importance sérieuse.

Dans ce qui précède, nous n’avons point tenu compte des chevaux employés par l’armée, nous avions en effet particulièrement en vue d’apprécier nettement le mouvement du commerce dû à la consommation de l’agriculture, de l’industrie et du luxe. Le même motif nous a portés à séparer dans le tableau B, relatif à l’importation, les chiffres qui indiquent le nombre des chevaux que le ministère de la guerre, à diverses époques, a fait acheter à l’étranger pour la remonte de notre cavalerie. Ces achats, parfois considérables, ont augmenté notablement l’importation dans les années correspondantes, et, si on ne les eût fait ressortir à part, ils eussent empêché de saisir le mouvement régulier de production et de consommation que nous cherchions à découvrir.

Il résulte du tableau B que les importations dues à la consommation régulière du pays ont été en augmentant d’une manière à peu près constante depuis 1837 jusqu’en 1845. A la première époque, elles étaient de 19,200; à la seconde, de 28,486; ainsi elles se sont accrues de près d’un tiers dans une période de neuf années. En 1840, il est vrai, les bruits de guerre les avaient réduites à 18,914; mais, dès 1842, elles atteignaient le chiffre de 24,196, supérieur à celui de 1839. Les trois années 1844, 1845 et 1846 présentent le maximum de nos importations.

Néanmoins, dès l’année 1846, un mouvement rétrograde se manifeste; dans cette année, le chiffre des importations diminue d’environ 800 chevaux; en 1847, il baisse de près de 4,000, ce qui s’explique suffisamment par la crise financière et par la cherté des céréales. Enfin, en 1848, la réduction est plus forte encore, et l’on introduit 7,000 chevaux de moins que l’année précédente; les événements politiques y ont sans aucun doute la plus grande part. En 1849, notre importation n’est plus que de 16,307; ce chiffre est le même, à quelques unités près, que celui de l’année précédente.

Quant à l’année 1850, les résultats des six premiers mois semblent indiquer qu’elle présentera une augmentation assez notable sur l’année précédente.

Passons maintenant à l’examen de nos exportations.

Exportations.

Le tableau C, tiré, comme le précédent, des documents officiels de l’Administration des douanes, présente les exportations pour les années auxquelles se rapporte le tableau B. Il montre qu’elles sont beaucoup plus régulières que nos importations; leur chiffre reste presque constamment autour de 5 ou 6 mille par année. Les événements politiques exercent à cet égard peu d’influence.

On a indiqué sur les tableaux B et C les moyennes des importations et des exportations pour deux périodes successives de six années chacune.

Depuis 1837 jusqu’en 1842, la moyenne des importations est de 21,379, celle des exportations est de 6,589: différence, 14,790. De 1843 jusqu’en 1848, la moyenne des importations est de 23,897, celle des exportations de 5,929: différence, 17,968. Ainsi, le nombre des chevaux dont la France a eu annuellement besoin, en sus de ceux qu’elle a produits, a été, pendant la première période, de 14,790 et, pendant la seconde, de 17,968. On est donc en droit de conclure que notre déficit annuel suit une marche ascendante. Telle est la conséquence qui ressort de la comparaison des moyennes prises par six années; mais ce qui s’est produit en 1849 donne lieu d’espérer que nous entrons dans une ère plus favorable, car les importations de cette année ont été de 16,307 et ses exportations de 6,688; la différence est seulement de 9,619: c’est la plus faible qu’on ait observée depuis longtemps; les circonstances particulières où s’est trouvé notre pays ont sans doute influé sur ce résultat . L’avenir montrera si notre production suit une marche ascendante proportionnelle à l’accroissement de nos besoins.

Il résulte évidemment de la discussion à laquelle nous venons de nous livrer, que, même en considérant l’espèce chevaline en bloc, et en supposant que les chevaux que nous exportons soient propres au même service que ceux que nous importons, la France ne produit point assez de chevaux pour sa consommation.

Le déficit annuel pour les douze années dont se composent les deux périodes réunies serait, en moyenne, de 16,379.

Il est aisé, en partant de ce chiffre, d’avoir un aperçu du rapport qui existe entre nos besoins annuels et notre production. Ces besoins sont exprimés, en effet, par la somme des chevaux indigènes qui arrivent annuellement à l’âge de cinq ans et des chevaux étrangers qui franchissent notre frontière à l’état adulte.

Or, d’une part, l’on peut estimer que les naissances annuelles, dont nous avons donné le chiffre, produisent cinq ans plus tard environ 225,000 têtes prêtes à entrer en service, en calculant au plus bas les pertes dues à la mortalité. D’autre part, nous venons de voir que notre déficit annuel, pendant la période de douze années dont nous nous sommes occupés plus haut, était de 16,379 têtes, qui peuvent se réduire, si l’on en retranche les poulains importés, à environ 15,000 adultes. Ces chiffres, 225,000 et 15,000, sont évidemment les deux éléments dont la réunion donne le nombre total des chevaux nécessaires annuellement pour alimenter notre consommation: ils forment ensemble une somme de 240,000. Si l’on compare ce dernier chiffre à celui de 15,000, on reconnaît que nos besoins annuels sont environ d’un quinzième en sus de notre production.

Classification des chevaux relativement aux services auxquels on les emploie.

Mais cela ne veut pas dire que, par rapport à chacun de nos besoins spéciaux, il y ait un déficit exact d’un quinzième, et il est malheureusement trop vrai que si la proportion est moindre pour certaines catégories de chevaux, elle est, par cela même, beaucoup plus forte pour d’autres. On conçoit que l’on pourrait arriver sur ce sujet à des chiffres précis, si le genre de service auquel chaque animal est propre pouvait être constaté au moment où il passe la frontière; mais les états publiés par la direction des douanes ne fournissent aucune indication de ce genre. Nous avons donc dû chercher ailleurs des renseignements à cet égard.

Les chevaux, sous le rapport des usages divers auxquels la société les emploie, peuvent se classer de la manière suivante:

Premièrement, les chevaux de trait au pas: ce sont les plus grands, les plus lourds, ceux qui sont capables de mouvoir les plus pesants fardeaux. Ils sont peu propres aux allures vives; nous les rencontrons, dans nos villes ou sur nos grandes routes, attelés aux charrettes de roulage, aux voitures qui transportent les charges les plus considérables.

En second lieu, les chevaux de trait au trot, chevaux de poste et de diligences, qui sont en état de parcourir 10, 12 et jusqu’à 16 kilomètres à l’heure, en exerçant une force de traction suffisante pour traîner ces lourdes voitures que chacun connaît.

Troisièmement, les chevaux dits de carrosse ou chevaux à deux fins, ceux qui traînent les voitures de luxe, et peuvent généralement servir à la fois au trait et à la selle; leurs formes offrent plus d’élégance que celles des chevaux de poste; ils ont plus de souplesse et de brillant, un trot parfois plus allongé et un galop plus agréable et plus rapide.

Enfin, les chevaux de selle qu’on réserve généralement pour cet emploi, parce qu’ils ont, d’ordinaire, trop peu de masse et trop peu de force pour être avantageusement employés au trait; ceux du meilleur type sont plus souples et plus élégants que les chevaux de carrosse; leur conformation et aussi l’usage qu’on en fait leur donnent sur ces derniers une supériorité réelle dans les allures vives.

Les chevaux de carrosse et l’élite des chevaux de selle sont ce qu’on nomme dans le commerce chevaux de luxe.

Quant à ce qu’on appelle parfois chevaux d’agriculture, on ne peut les considérer comme formant une classe à part: il est très-certain que la majorité des chevaux qui existent en France est employée aux travaux de l’agriculture; mais ceux-là appartiennent, suivant les lieux, aux diverses catégories que nous venons de citer. Ainsi, dans quelques départements, ceux de la Lorraine ou de l’Alsace, par exemple, on voit attelés à la charrue des chevaux qui rentrent réellement, par leur forme et surtout par leurs dimensions, dans la classe des chevaux de selle.

Nature des chevaux importés.

Dans quelle proportion les chevaux importés sont-ils répartis entre ces catégories? Divers renseignements, desquels on ne peut faire ressortir des chiffres précis, mais qui n’en sont pas moins certains dans leur ensemble, conduisent à admettre que la plus grande partie des chevaux que nous importons appartient à la catégorie de ceux que le luxe emploie.

Remarquons d’abord que ceux-ci sont presque toujours des chevaux hongres, et, si l’on jette les yeux sur le tableau B, on verra que les chevaux hongres forment la partie la plus considérable de nos importations; de plus, c’est un fait notoire que, dans toutes nos grandes cités, les marchands de chevaux de luxe achètent à l’étranger ceux qui font l’objet de leur commerce.

Enfin, toutes les personnes qui ont vu les nombreux convois de chevaux étrangers que l’on rencontre sur les grandes routes, dans le voisinage de nos frontières, savent qu’ils sont principalement composés de chevaux hongres susceptibles d’être employés comme chevaux à deux fins.

Divers auteurs (Math. Dombasle et le général de Girardin) avancent que le chiffre des chevaux de luxe employés en France, l’armée en dehors, est de 80 à 100,000, ce qui supposerait un renouvellement annuel de 8 à 10,000. Ce chiffre se rapproche sensiblement de celui de 10 à 12,000 que présente notre importation annuelle de chevaux hongres.

Nature des chevaux exportés.

Quant aux chevaux que nous exportons, des observations analogues établissent qu’ils appartiennent presque tous à la classe des chevaux de trait au trot, si nous en exceptons, toutefois, les chevaux de selle que quelques-uns de nos départements du Midi envoient en Espagne et en Italie; mais ces exportations sont d’une importance minime .

Ce sont les chevaux de luxe qui manquent à la France.

Il résulte de ce qui précède que les chevaux qui manquent à la France appartiennent surtout à la catégorie des chevaux de luxe, et plus particulièrement à celle des chevaux à deux fins.

D’où nous pouvons inférer avec certitude que nos éleveurs ne produisent pas aujourd’hui en nombre suffisant les chevaux de cette catégorie, et ne peuvent les livrer aux marchands à des conditions aussi avantageuses que celles offertes à l’étranger: ce qui revient à dire que c’est surtout pour cette classe de chevaux que la production indigène est inférieure aux besoins du pays.

Dans quelle catégorie viennent se ranger les chevaux nécessaires aux besoins de l’armée.

Si nous nous sommes appesantis aussi longuement sur les détails qui précèdent, c’est qu’ils ont, comme on va le voir, une grande importance, pour bien préciser la position dans laquelle se trouve la France relativement à la remonte de ses troupes à cheval, soit sur le pied de paix, soit sur le pied de guerre.

Voyons d’abord où viennent se ranger dans la classification que nous avons adoptée, les chevaux nécessaires aux besoins de l’armée.

Ces chevaux sont désignés, au ministère de la guerre, par les dénominations suivantes:

Chevaux de cavalerie de réserve ( cuirassiers et carabiniers);

Chevaux de cavalerie de ligne: ce sont les chevaux de dragons et de lanciers, ceux qui montent l’artillerie à cheval et les sous-officiers et brigadiers de l’artillerie montée; c’est aussi dans cette catégorie que sont pris la plupart des chevaux d’officiers;

Chevaux de cavalerie légère (hussards et chasseurs);

Enfin les chevaux de trait qui sont attelés aux pièces d’artillerie et aux voitures des divers trains.

Quant à la gendarmerie, la taille de ses chevaux ne doit pas descendre au-dessous du maximum fixé pour la cavalerie légère.

Le tableau suivant présente les limites de taille dans lesquelles sont reçus les chevaux des différentes armes, ainsi que les prix moyens auxquels ils sont achetés par le Gouvernement.


Les chevaux de la cavalerie de réserve et de la cavalerie de ligne ne diffèrent entre eux que par la taille; ils doivent être, comme on le dit, du même modèle: les premiers sont seulement plus grands et étoffés en proportion. Ces chevaux appartiennent, les uns et les autres, à la catégorie des chevaux de carrosse et des chevaux à deux fins; il faut qu’ils aient en outre, autant que possible, les qualités particulièrement utiles aux chevaux de guerre, de l’énergie sans beaucoup d’ardeur, du fond et de la sobriété.

Les chevaux de cavalerie légère, qui portent des hommes et un harnachement moins lourds et dont on exige moins de taille, sont rangés dans la classe des chevaux de selle.

Enfin les chevaux de trait employés pour le service de l’armée appartiennent à la catégorie des chevaux de trait au trot; le service des batteries surtout réclame beaucoup de force unie à une certaine vitesse dans les allures.

Il résulte de ce que nous venons de dire qu’à l’exception des chevaux de trait, tous les chevaux employés par l’armée appartiennent à cette catégorie qu’on désigne habituellement sous le nom de chevaux de luxe.

Il faut d’ailleurs remarquer que les chevaux de trait, notamment sur le pied de paix, n’entrent que pour une petite portion dans l’effectif total. En jetant les yeux sur le tableau D, qui donne l’effectif des troupes à cheval sur le pied de paix et sur le pied de guerre et les chiffres de leurs besoins annuels en chevaux de remonte, on verra que le nombre des chevaux de trait sur le pied de paix est seulement de 6,821, avec une remonte annuelle de 850, tandis que les autres troupes à cheval ont un effectif de 49,560 chevaux, et exigent une remonte annuelle de 6,181 . Ainsi, et c’est ce que nous voulions constater, les espèces le plus généralement employées pour la remonte des troupes à cheval sont précisément celles dont la production spontanée est insuffisante dans notre pays, et que le commerce achète à l’étranger. On ne doit donc pas s’étonner que, quand la nécessité de mettre notre cavalerie sur le pied de guerre a obligé le ministère de la guerre à augmenter inopinément, et dans une très-forte proportion, le chiffre de ses achats annuels, il ait inutilement cherché, dans nos contrées d’élevage, la totalité des chevaux d’arme dont il avait besoin, et qu’il se soit trouvé parfois dans la fâcheuse extrémité d’en demander un certain nombre à l’étranger.

De l'espèce chevaline en france

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