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DIOTIME.

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En Italie, comme ailleurs, elle ne vient qu'après. Pendant quelque temps elle lutte avec désavantage contre le latin qui restait la langue officielle, contre le provençal et le français qui semblaient être plus élégants, et, comme parle Brunetto, plus délitables. Mais à Florence, dans une population de 160,000 âmes, où chaque année dix mille enfants recevaient gratuitement l'instruction, dans une démocratie fière et libre qui savait se gouverner elle-même, l'idiome natal et populaire devait rapidement l'emporter. Les ordres mendiants qui démocratisaient l'Église, parlaient et écrivaient l'italien. Le goût très-vif du peuple toscan pour les récits romanesques suscitait des conteurs et des chroniqueurs en langue vulgaire. On conserve, du temps de Frédéric II, un recueil, il Novellino, ou Fleur du parler gentil, dont le style est déjà plein de grâce. Dans le Journal de Matteo Spinelli, le latin, le provençal, le sicilien, se confondent encore; mais les Histoires florentines des deux Malaspini (tirées en grande partie de ces registres nommés Ricordanze où les chefs de maisons patriciennes se transmettaient de père en fils, selon l'usage du patriciat romain, les événements dont se composait la tradition domestique) et la chronique piquante de Villani sont des œuvres italiennes. Enfin paraît Dino Compagni, appelé tour à tour le Salluste ou le Thucydide de la Toscane, plein de force et de douceur, d'élégance et de précision, et dont l'œuvre tout entière est animée des deux grands sentiments qui pénètrent de part en part la Comédie dantesque, l'indignation et la pitié.

C'est du milieu de ce groupe d'hommes éminents, dont les uns le précèdent et les autres lui survivent, que se détache et vient à nous en pleine lumière la figure sculpturale de Dante Allighieri.

Tout annonce à ses contemporains un homme extraordinaire. Un songe symbolique a promis à sa mère enceinte un fils glorieux. Il naît sous la constellation des Gémeaux. Le sang du patriciat romain qui coule dans ses veines donne à son visage un caractère de force et de fierté. Il a, de la race toscane, le front vaste, le nez aquilin, les yeux grands. Son visage est allongé; sa démarche et son geste sont graves; sa parole est rare et réfléchie. Le charme même de l'enfance et de la jeunesse revêt en lui quelque chose de solennel, qui semble comme la muette expression d'un grand destin. C'est ainsi que nous le montre son ami et son condisciple Giotto, dans la fresque du Bargello.

Dante et Goethe: dialogues

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