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Vaisseau spatial Théos - L’objet mystérieux

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L'objet qui se matérialisa devant les deux compagnons de voyage stupéfiés n’était pas quelque chose que la nature, dans son infinie fantaisie, avait pu créer seule. Ça ressemblait à une espèce de fleur métallique à trois longs pétales, sans tige, et avec un pistil de forme conique au centre. La partie arrière du pistil avait la forme d’un prisme hexagonal, d’une superficie de base légèrement plus grande que celle du cône qui se trouvait à l’opposé, et qui servait de support pour l’ensemble de la structure. Les pétales rectangulaires se déployaient des trois côtés équidistants de l’hexagone, au moins quatre fois plus longs que la base.

— On dirait une espèce de vieux moulin à vent, comme ceux dont on se servait il y a plusieurs siècles, dans les grandes prairies de l’Est, s’exclama Pétri sans quitter un seul instant des yeux l’objet qui était affiché sur le grand écran.

Un frisson parcourut le dos d’Atzakis, alors qu’il se rappelait certains vieux prototypes que les Anciens lui avaient suggéré d’étudier avant son départ.

— C’est une sonde spatiale, affirma-t-il avec conviction. J’en ai déjà vu d’autres, faites plus ou moins comme celle-là, dans les vieilles archives du Réseau, poursuivit-il, tandis qu’il cherchait à récupérer par son N^COM toutes les informations possibles sur le sujet.

— Une sonde spatiale ? demanda Pétri, se tournant vers son compagnon, l’air stupéfié. Et quand l’aurions-nous lancée ?

— Je ne pense pas que ce soit une des nôtres.

— Pas une des nôtres ? Que veux-tu dire, compagnon ?

— Je veux dire que parmi les habitants de la planète Nibiru, personne ne l’a jamais construite, ni lancée.

Pétri prit une expression encore plus éberluée.

— Qu’est-ce que ça veut dire ? Tu ne vas pas me dire que tu crois toi aussi à ces bêtises sur les Aliens, non ?

— Ce que je sais, c’est que sur notre planète on n’a jamais rien construit de ce genre. J’ai vérifié dans toutes les archives du Réseau, et il n’y a rien d’équivalent à l’objet que nous avons devant nous. Même pas dans les projets qui n’ont jamais été réalisés.

— Ce n’est pas possible ! s’écria Pétri. Ton N^COM doit être déréglé. Regarde mieux.

— Je suis désolé, Pétri. J’ai déjà vérifié deux fois et je suis absolument sûr et certain que ça ne vient pas de chez nous.

Le système de vision à courte portée généra une image tridimensionnelle de l’objet, en le reconstituant minutieusement dans ses moindres détails. L'hologramme flottait légèrement au milieu de la salle des commandes, suspendu à un demi-mètre environ au-dessus du sol.

D’un mouvement de sa main droite, Pétri se mit à le faire tourner lentement, scrutant avec attention le moindre détail.

— Il a l’air construit dans un alliage métallique très léger, dit-il. Son ton parfaitement technique n’avait plus rien à voir avec la stupeur qui l’avait initialement envahi.

— L’alimentation des moteurs doit être fournie par ces trois pétales qu’on dirait recouverts d’une espèce de matériau sensible à la lumière solaire. Finalement, il avait commencé à jouer sur les commandes du système.

— Le pistil doit être une sorte d’antenne émettrice-réceptrice, et le « cerveau » de cette chose doit être dans le prisme hexagonal.

Pétri manipulait l’hologramme de plus en plus vite, en le tournant dans tous les sens. À un moment, il s’arrêta et s’exclama :

— Regarde ça. C’est quoi, d’après toi ? demanda-t-il en essayant d’agrandir un détail.

Atzakis s’approcha le plus possible.

— On dirait des symboles.

— Deux symboles, plutôt, le corrigea Pétri, ou mieux un motif et quatre symboles rapprochés.

Par son N^COM, Atzakis continuait à chercher à toute vitesse quelque chose sur le Réseau, mais il ne put absolument rien trouver qui ait ne serait-ce que le plus petit rapport avec ce qu’il avait devant lui.

Le motif représentait un rectangle formé de quinze bandes horizontales, alternativement de couleur blanche et rouge, et, dans le coin supérieur gauche, un autre rectangle, bleu, contenant cinquante étoiles à cinq pointes, de couleur blanche. À droite, quatre symboles :

J U N O

— On dirait une espèce d’écriture, tenta Atzakis. Les symboles représentent peut-être les noms de ceux qui ont créé la sonde.

— Ou bien c’est son nom, répliqua Pétri. La sonde s’appelle « JUNO » et cette espèce de rectangle coloré, c’est le symbole des créateurs.

— Dans tous les cas, ce n’est pas nous qui l’avons construite, proféra Atzakis. Tu penses qu’il peut y avoir une quelconque forme de vie à l’intérieur ?

— Je ne crois pas. Pas de celles que nous connaissons, en tous cas. La capsule arrière, qui me semble être le seul endroit où il pourrait y avoir quelque chose, est un espace trop petit pour abriter un être vivant.

Tout en parlant, Pétri avait commencé une scannérisation de la sonde, à la recherche d’un quelconque signe de vie qui aurait pu provenir de l’intérieur. Après quelques instants, une série de symboles apparurent sur l’écran ; il les traduisit pour son compagnon.

— Selon nos senseurs, il n’y a rien de « vivant » là-dedans. On ne perçoit pas non plus d’armes de quelque type que ce soit. Après cette première analyse, je pense pouvoir dire que cette chose est une espèce de système d’exploration envoyé en reconnaissance au beau milieu du système solaire, à la recherche d’on ne sait quoi.

— Ça pourrait bien être ça, confirma Atzakis, mais la question qu’il faut se poser est la suivante : envoyée par qui ?

— Eh bien, supposa Pétri, si nous excluons la présence de mystérieux « Aliens », je pense que seuls tes vieux « amis terriens » sont en mesure de réaliser quelque chose de ce genre.

— Mais qu’est-ce que tu racontes ? La dernière fois qu’on les a vus, ils savaient à peine monter à cheval. Comment pourraient-ils avoir atteint un tel niveau de connaissance en si peu de temps ? Ce n’est pas rien d’envoyer une sonde se balader dans l’espace.

— Peu de temps ? répliqua Pétri en le regardant droit dans les yeux. N’oublie pas que pour eux, 3 600 ans sont pratiquement passés depuis. Considérant que la durée moyenne de leur vie était de cinquante-soixante ans maximum, ça voudrait dire qu’une soixantaine de générations au moins se sont succédées. Peut-être qu’ils sont devenus beaucoup plus intelligents que ce que nous imaginons.

— Et c’est peut-être justement pour cette raison -ajouta Atzakis en essayant de compléter la réflexion de son ami- que les Anciens étaient si inquiets pour cette mission. Ils l’avaient prévu, eux, ou du moins, ils avaient pris cette possibilité en considération.

— Ben, ils auraient quand même pu nous en dire deux mots, non ? J’aurais pu y rester, en voyant ce truc.

— Nous n’en sommes encore qu’à des conjectures, dit Atzakis en se frottant le menton entre le pouce et l’index, mais le raisonnement à l’air de se tenir. J’essaierai de me mettre en contact avec les Anciens et de leur arracher quelques informations supplémentaires, s’ils en ont. Toi pendant ce temps, essaie d’en comprendre un peu plus sur cet engin. Analyse sa trajectoire actuelle, sa vitesse, sa masse, etc., et essaie de faire des hypothèses sur sa destination, le temps depuis lequel il est parti, et les données qu’il a recueillies. Bref, je veux avoir le plus d’informations possible sur ce qui nous attend là-bas.

— Noté, Zak, s’écria Pétri en faisant flotter dans l’air, tout autour de lui, des hologrammes de couleur avec une infinité de chiffres et de formules.

— Ah, et n’oublie pas d’analyser ce que tu as identifié comme une antenne. Si c’était vraiment ça, elle pourrait être en mesure de transmettre et de recevoir. Je n’aimerais pas que les expéditeurs de la sonde soient déjà informés de notre rencontre.

Sur ces mots, Atzakis se dirigea rapidement vers la cabine H^COM, la seule du vaisseau à être équipée pour les communications longues distances, et qui se trouvait entre les portes dix-huit et dix-neuf des capsules de transport internes. La porte s’ouvrit avec son léger sifflement habituel, et Atzakis se glissa dans la cabine exiguë.

Va savoir pourquoi ils l’ont faite si petite... se demanda-t-il en essayant de s’installer sur le siège, d’un modèle réduit lui aussi, qui était automatiquement descendu. Peut-être qu’ils voulaient qu’on s’en serve le moins possible...

Tandis que la porte se refermait derrière lui, il tapa une série de commandes sur la console devant lui.

Il lui fallut attendre quelques secondes avant que le signal ne se stabilise. Tout d’un coup, dans la lunette holographique, exactement la même que celle qu’il avait dans sa chambre, le visage creusé et marqué par l’âge de son supérieur Ancien se dessina petit à petit.

— Atzakis, dit l’homme, en souriant légèrement, tandis qu’il levait lentement une main osseuse pour le saluer. Pour quelle raison appelles-tu un pauvre vieux avec tant d’urgence ?

Atzakis n’avait jamais pu savoir avec précision l’âge de son supérieur. Personne n’avait le droit d’avoir des informations aussi confidentielles sur un membre des Anciens. Ce qui était sûr, c’est qu’il avait déjà vu plusieurs révolutions autour du soleil. Malgré cela, ses regards fusaient de droite et de gauche avec une vivacité qu’il ne pouvait lui-même égaler.

— Nous avons fait une rencontre assez surprenante, au moins pour nous, attaqua Atzakis en allant droit au but, et en essayant de regarder son interlocuteur droit dans les yeux.

— Nous avons risqué une collision avec un objet étrange, continua-t-il, essayant de cueillir la moindre réaction de l’Ancien.

— Un objet ? Explique-toi mieux, mon garçon.

— Pétri est encore en train de l’analyser, mais nous pensons qu’il pourrait s’agir d’une sorte de sonde, et je suis sûr que ce n’est pas une des nôtres.

L’Ancien écarquilla les yeux. Il semblait surpris, lui aussi.

— Nous avons trouvé sur la coque des symboles étranges gravés dans une langue inconnue, ajouta-t-il. Je suis en train de t’envoyer toutes les données.

Le regard de l’Ancien sembla se perdre un instant dans le vide, pendant que, par son O^COM, il analysait les informations reçues.

Après un moment interminable, ses yeux fixèrent à nouveau ceux de son interlocuteur, et d’une voix sans émotion, il dit :

— Je vais immédiatement convoquer le Conseil des Anciens. Tout laisse penser que vos premières déductions sont correctes. S’il en était vraiment ainsi, il faudrait revoir nos plans immédiatement.

— Nous attendons de vos nouvelles. Et, sur ces mots, Atzakis coupa la communication.

Nous Sommes De Retour

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