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IV – L'HISTOIRE DE LA VIEILLE MARIE BONNE D'ENFANT

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Vous savez, mes chers amis, que votre mère était orpheline et fille unique. Vous n'ignorez pas non plus, j'en suis bien sûre, que votre grand-père était ministre de l'Évangile dans le Westmoreland, d'où je viens moi-même. J'étais encore une petite fille à l'école du village, quand, un jour votre grand'mère entra pour demander à la maîtresse si elle pouvait lui recommander une de ses écolières pour bonne d'enfant. Je fus bien fière, je peux vous le dire, quand la maîtresse m'appela et parla de moi comme d'une honnête fille, habile aux travaux d'aiguille, d'un caractère posé, et dont les parents étaient respectables, quoique pauvres. Je pensai tout de suite que je ne pourrais jamais rien faire de mieux que de servir cette jeune et jolie dame. Elle rougissait autant que moi en parlant de l'enfant qui allait venir et dont je serais la bonne. Mais cette première partie de mon histoire, je le sais bien, vous intéresse beaucoup moins que celle que vous attendez. Je vous dirai donc tout de suite que je fus engagée et installée au presbytère avant la naissance de miss Rosemonde: c'était l'enfant attendu, et c'est aujourd'hui votre mère. J'avais, en vérité, bien peu de chose à faire avec elle, quand elle vint au monde; car elle ne sortait jamais des bras de sa mère, et dormait toute la nuit près d'elle. Aussi, étais-je toute fière quand ma maîtresse me la confiait quelquefois un moment. Jamais il n'y eut un pareil enfant, ni avant ce temps-là, ni depuis, ni quoique vous ayez tous été d'assez beaux poupons chacun à votre tour; mais pour les manières douces et engageantes, aucun de vous n'a jamais égalé votre mère. Elle tenait cela de sa mère à elle, qui était, par sa naissance, une grande dame, une miss Furnivall, petite-fille de lord Furnivall dans le Northumberland. Je crois qu'elle n'avait ni frère, ni soeur, et qu'elle avait été élevée dans la famille de milord, jusqu'à son mariage avec votre grand-père, qui venait d'obtenir une cure. C'était le fils d'un marchand de Carlisle, mais un homme savant et accompli, toujours à l'oeuvre dans sa paroisse très vaste et toute dispersée sur les Fells2 du Westmoreland. Votre mère, la petite miss Rosemonde, avait environ quatre ou cinq ans, lorsque ses père et mère moururent dans la même quinzaine, l'un après l'autre. Ah! ce fut un triste temps. Ma jeune maîtresse et moi nous attendions un autre poupon, quand mon maître revint à la maison après une de ses longues courses à cheval. Trempé de pluie, harassé, il avait attrapé la fièvre dont il mourut. Votre mère, depuis lors, ne releva plus la tête; elle ne lui survécut que pour voir son second enfant, qui mourut peu d'instants après sa naissance, et qu'elle tint un instant sur son sein avant de rendre elle même le dernier soupir. Ma maîtresse m'avait priée, sur son lit de mort, de ne jamais quitter Rosemonde; mais elle ne m'en aurait point dit un mot, que je n'en aurais pas moins suivi cette chère petite au bout du monde.

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Hauteurs déboisées couvertes de bruyères et servant généralement de pâturages.

Les conteurs à la ronde

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