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LIVRE PREMIER.
DE CE QUE DEVAIT FAIRE LE CONGRÈS.

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Table des matières

La Révolution, aidée de Napoléon, a manque de nous débarrasser des Rois (); ils sont retombés sur nous de tous leur poids. Jusqu’à quel point en étions nous déjà délivrés? C’est ce que j’examinerai dans les considérations que je vais faire sur l’état de l’Europe après le Congrès de Vienne, considérations destinées à montrer jusqu’à quel point nous avons de nouveau reçu des Maîtres.

Depuis les plages où abordèrent en Europe, avec Araon-Alrachid, les Arts policés, les Sciences sociales, jusqu`aux lieux où naguères un prince moscovite les a transplantés, l’on proclame, à la tête de trois millions de mercénaires sens les armes, le grand principe de la force, l’éternité de la légitimité; l’on annonce à lEurope entière, que dans des tems de barbarie des dynasties légitimes ont pu cesser d’être, ce qui rend très-inexplicable la légitimité de celles qui les ont remplacées; mais que le tems de la civilisation étant venu, les dynasties seront éternelles comme la civilisation elle même.

C’est nous annoncer le contraire de ce qui doit, par la nature éternelle des choses, résulter de cette civilisation. Mais quelles seront les conséquences de ce manifeste () des rois aux peuples. Elles dépendent de nombre de considérations don les unes portent sur le tems présent, les autres sur le tems à venir. Les premières sont positives, les autres se résolvent en probabilités, (les conséquences étant multiples) par conséquent en espérances.

Ce tableau qu’offre l’Europe après ce manifeste émané du Congrès de Vienne (I)), ne peut être fait qu’en écartant tout ce qui peut tenir aux. préjugés de la peur et à ceux de l’espérance L’imagination ne doit y porter ses couleurs, que pour aider la lumière à se faire j.our dans l’entendement humain.

L’homme qui lit les ouvrages du jour, se trouve perdu dans un océan de contradictions. Nul ne viendra-t-il débrouiller ce cahos, et dire à la lumière de naître?

Tantôt le génie ne verse sur la terre que des fleurs, force images et comparaisons; les raisons restent au fond de l’urnee: tantôt il emprunte au vent ses outres pour ne semer que des tempêtes.

Tel n’est qu’un partisan perfide et ridicule des idées des siècles passés; on dirait que ses jongleries vont faire revivre les morts. Tel autre se déclare pour les lumièreses, mais c’est plus qu’un aristocrate, c’est un roi des tems féodaux, revêtissant le mauteau de la philosophio du19e. siècle; brébis, gare le loup!

Au milieu de toutes ces idées hermaphroditess, la vérité devient méconnaissable.

En attendant, l’histoire entasse des pages malheureuses; les pages heureuses que lui apporte l’espérance sont des pierres d’attente qu’elle a dû rejetter depuis tant de siècles, et qu’elle rejettera encoree, pour la même raison, pour le bon plaisir des rois.

Cependant plus un homme a de talent, plus la société peut exiger de lui; c’est le cas du parabole évangelique.

S’il laisse sa terre en friche, il est coupable.

Au lieu d’exploiter ce fonds au profit de la société, s’ il n’y sème que de stériles fleurs, moins faites pour le bonheur des autres, que pour l’honneur du maître du champ; il est coupable.

Si de ce fond il ne tire que des fruits de luxe, ou bien s’il n’en exploite utilement qu’une partie, il est coupable.

Il est coupable au dernier point, si dans ce cham p précieux il ne fait croître que des plantes empoisonnées, n’y fait cueillir, à la sociétéé, que la honte et la mort.

Voilà pour l’homme à talens les quatres manières d’aller contre la destination qu’il a reçue de la nature.

Les applications aux beaux talens de nos jours sont trop faciles pour les indiquer.

L’estime du petit nombrere, ceux des Français qui savent penser, voilà le rameau d’or. Désormais, pour obtenir cet estime, quiconque veut écrire, ne doit plus publier:

Io. Que ce qui est vague est comme non écrit.

2o. Qu’il n’y a de vrai que ce qui est marqué au type de la généralité de principe.

3o. Qu’il ne faut pas écrire pour tout le monde.

4o. Que le Français dont je parle, n’est pas l’Athénien qu’avait en vue Phocion, lorsqu’étant applaudi fortement par le peuple, il dit au sage qui était près de lui: aurais-je dit quelque sottise?

5o. Que dans l’arène de la logique l’imagination joue le role d’une enchanteresse qui laisse tomber des pommes d’or, pour empêcher de gagner le prix.

6o. Que plus le talent (je ne dis pas le génie) est grand, plus les erreurs peuvent être grandes, la grandeur des combinaisons étant suj ette à en imposer.

7o. Que pour vouloir porter le fardeau du monde, il faut avoir les épaules d’Atlas.

Je ne commencerai point, ne m’attachant qu’aux grands principes, par faire l’éloge du Congrès (; je ne dirai point qu’il a débrouillé le cahos; je ne le vanterai point pour avoir rendu vain le mot de Napoléon, le Congrès est dissout; surtout je ne me récrierai point sur la libéralité des sentimens professés et mis à exécution par le Congrès. Je ne citerai point son honorable solicitude à l’égard des Suisses, ne pouvant pas diree: il en est jusqu` trois (peuples) que je pourrais citer. Enfin, je ne dirai point: nous ne provoquons pas la révisionn, encore moins le renversement de son ouvrage; car que pourroient quelques écrivains (qui veulent k bon ordre) contre un édifice qui aurait pour jambes de force un nombre toujours croissant de bayonnettes, bien que la pyramide fut assise sur sa pointe.

A proprement parler, l’Europe n’a qu’un seul intérêt, celui du renversement de cette pyramide. Cet intérêt comprend:

1o. L’amortissement de l’esprit militaire.

2o. L’établissement de l’ordre, non pas en France seulement, mais partout, par l`institution des gouvernemens réprésentatifs.

3o. La paix du monde, qui n’est affermi ni dans l’ancien continent, ni dans le nouveau.

Le premier article et le second rétabliront la liberté et l’indépendance politiques; le troisième rétablira le commerce.

Croire que rien d’apparent ne s’oppose à ce qu’on puisse annoncer à l’Europe de longs jours de repos (, c’est sur le bord d’un cratère rêver la félicité éternelle.

L’état des choses du tems des entreprises de Charles-Quint et de Louis XIV, ressemble par trop peu à l’état des choses de nos jours, pour qu’aucune induction puisse être tirée du non-succès de ces conquérans, et pour prédire l’avenir de l’Europe. Napoléon a réussi. La pyramide n’était pas assise sur sa pointe comme on l’a dit); si c’était à refaire, la monarchie universelle serait aussi certaine que l’existence du soleil.)

Après un préliminaire aussi franc j’entre en matière, dégagé de tous entravess, et libre comme la vérité.

Antidote au Congrès de Vienne

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