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TABLEAU IX[82]

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Suicides aux différents âges (pour un million de sujets de chaque âge).

/* +——————-+—————+—————-+————-+—————+—————+ | | FRANCE | PRUSSE | SAXE | ITALIE | DANEMARK | | | (1835-44)| (1873-75) |(1847-58)| (1872-76)| (1845-56)| | +—————+—————-+————-+—————+—————+ | | H. | F. | H. | F. | H. | F. | H. | F. | H. & F. | +——————-+——-+——+——-+——-+——+——+——-+——+—————+ |Au-dessous de| | | | | | | | | | |16 ans | 2,2| 1,2| 10,5| 3,2| 9,6| 2,4| 3,2 | 1,0| 113 | +——————-+——-+——+——-+——-+——+——+——-+——+—————+ |De 16 à 20 | 56,5|31,7|122,0| 50,3| 210| 85 | 32,3|12,2| 272 | +——————-+——-+——+——-+——-+——+——+——-+——+—————+ |De 20 à 30 |130,5|44,5|231,1| 60,8| 396| 108| 77,0|18,9| 307 | +——————-+——-+——+——-+——-+——+——+——-+——+—————+ |De 30 à 40 |155,6|44,0|235,1| 55,6| | | 72,3|19,6| 426 | +——————-+——-+——+——-+——-+ 551| 126+——-+——+—————+ |De 40 à 50 |204,7|64,7|347,0| 61,6| | |102,3|26,0| 576 | +——————-+——-+——+——-+——-+——+——+——-+——+—————+ |De 50 à 60 |217,9|74,8| | | | |140,0|32,0| 702 | +——————-+——-+——+ | | 906| 207+——-+——+—————+ |De 60 à 70 |317,3|83,7| | | | |147,8|34,5| | +——————-+——-+——+529,0|113,9+——+——+——-+——+ 783 | |De 70 à 80 |317,3|91,8| | | | |124,3|29,1| | +——————-+——-+——+ | | 917| 297+——-+——+—————+ |Au-dessus |345,1|81,4| | | | |103,8|33,8| 642 | +——————-+——-+——+——-+——-+——+——+——-+——+—————+ */

Avec quelques nuances, ces rapports sont les mêmes dans tous les pays. La Suède est la seule société où le maximum tombe entre 40 et 50 ans. Partout ailleurs, il ne se produit qu'à la dernière ou à l'avant-dernière période de la vie et, partout également, à de très légères exceptions près qui sont peut-être dues à des erreurs de recensement[83], l'accroissement jusqu'à cette limite extrême est continu. La décroissance que l'on observe au delà de 80 ans n'est pas absolument générale et, en tout cas, elle est très faible. Le contingent de cet âge est un peu au-dessous de celui que fournissent les septuagénaires, mais il reste supérieur aux autres ou, tout au moins, à la plupart des autres. Comment, dès lors, attribuer à l'hérédité une tendance qui n'apparaît que chez l'adulte et qui, à partir de ce moment, prend toujours plus de force à mesure que l'homme avance dans l'existence? Comment qualifier de congénitale une affection qui, nulle ou très faible pendant l'enfance, va de plus en plus en se développant et n'atteint son maximum d'intensité que chez les vieillards?

La loi de l'hérédité homochrone ne saurait être invoquée en l'espèce. Elle énonce, en effet, que, dans certaines circonstances, le caractère hérité apparaît chez les descendants à peu près au même âge que chez les parents. Mais ce n'est pas le cas du suicide qui, au delà de 10 ou de 15 ans, est de tous les âges sans distinction. Ce qu'il a de caractéristique, ce n'est pas qu'il se manifeste à un moment déterminé de la vie, c'est qu'il progresse sans interruption d'âge en âge. Cette progression ininterrompue démontre que la cause dont il dépend se développe elle-même à mesure que l'homme vieillit. Or l'hérédité ne remplit pas cette condition; car elle est, par définition, tout ce qu'elle doit et peut être dès que la fécondation est accomplie. Dira-t-on que le penchant au suicide existe à l'état latent dès la naissance, mais qu'il ne devient apparent que sous l'action d'autres forces dont l'apparition est tardive et le développement progressif? Mais c'est reconnaître que l'influence héréditaire se réduit tout au plus à une prédisposition très générale et indéterminée; car, si le concours d'un autre facteur lui est tellement indispensable qu'elle fait seulement sentir son action quand il est donné et dans la mesure où il est donné, c'est lui qui doit être regardé comme la cause véritable.

Enfin, la façon dont le suicide varie selon les âges prouve que, de toute manière, un état organico-psychique n'en saurait être la cause déterminante. Car tout ce qui tient à l'organisme, étant soumis au rythme de la vie, passe successivement par une phase de croissance, puis de stationnement et, enfin, de régression. Il n'y a pas de caractère biologique ou psychologique qui progresse sans terme; mais tous, après être arrivés à un moment d'apogée, entrent en décadence. Au contraire, le suicide ne parvient à son point culminant qu'aux dernières limites de la carrière humaine. Même le recul que l'on constate assez souvent vers 80 ans, outre qu'il est léger et n'est pas absolument général, n'est que relatif, puisque les nonagénaires se tuent encore autant ou plus que les sexagénaires, plus surtout que les hommes en pleine maturité. Ne reconnaît-on pas à ce signe que la cause qui fait varier le suicide ne saurait consister en une impulsion congénitale et immuable, mais dans l'action progressive de la vie sociale? De même qu'il apparaît plus ou moins tôt, selon l'âge auquel les hommes débutent dans la société, il croît à mesure qu'ils y sont plus complètement engagés.

Nous voici donc ramenés à la conclusion du chapitre précédent. Sans doute, le suicide n'est possible que si la constitution des individus ne s'y refuse pas. Mais l'état individuel qui lui est le plus favorable consiste, non en une tendance définie et automatique (sauf le cas des aliénés), mais en une aptitude générale et vague, susceptible de prendre des formes diverses selon les circonstances, qui permet le suicide, mais ne l'implique pas nécessairement et, par conséquent, n'en donne pas l'explication.

Le Suicide: Etude de Sociologie

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