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LIVRE PREMIER
XIV
ОглавлениеDeux années se passaient pour Élisa dans cette douceur matérielle de la vie, dans ce milieu de complaisances et de paroles flatteuses, dans cette domination acceptée de tout le monde, dans cette indépendance, presque ce bon plaisir de ses volontés et de ses actes. Tout à coup les choses changeaient. La progéniture du maire entrait dans les bureaux d'un ministère à Paris, et le départ de la jeune influence replaçait Élisa dans la situation inférieure qu'elle avait dans le passé. La rancune de ses compagnes blessées par ses airs de princesse, les exigences de ses caprices, les foucades de son caractère, s'essayait petit à petit à mordre sur elle, cherchant à se revenger à la sourdine, avec la méchanceté savante, dont les femmes même des champs ont le perfide secret. Le bonhomme Gros-Sou trouvé un matin d'hiver gelé à l'affût, n'apportait plus, les dimanches, la gaieté de son violon et de sa bien portante vieillesse. La lorraine, attaquée d'un commencement de paralysie à la suite d'une congestion cérébrale, avait été portée à l'hôpital. Monsieur, dont jusqu'alors on ne connaissait pas «la couleur des paroles», s'échappait en de grosses colères, venant de l'annonce d'une concurrence dans le voisinage. En tout et partout, ce n'était que déplaisir pour Élisa qui commençait à s'ennuyer des femmes, des hommes, du pays, en laquelle s'éveillait sourdement la sollicitation d'un changement de lieu et de demeure.