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Émile Chevalier
LE CHASSEUR NOIR
IV. LE CHASSEUR NOIR

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Après avoir atteint le plateau, le jeune garçon – Sébastien Delaunay – pénétra dans une petite hutte cachée dans un bouquet de cotonniers.

Les chiens le suivirent, mais en se retournant de temps à autre sous la direction que leur maître avait prise.

Au centre de la hutte flambait un bon feu de branchages. Sébastien s’assit auprès. Pendant quelques instants il s’occupa à empenner des flèches, tandis que Maraudeur et Infortune, étendus à ses pieds, l’observaient en silence, d’un air somnolent, les yeux à demi clos.

Toutefois, bientôt fatigué de son travail, il décrocha un grand arc indien, pendu à la paroi de la hutte, et, après l’avoir bandé avec soin, il jeta un carquois sur ses épaules et se dirigea vers le lieu d’où il s’était séparé du trappeur.

Il faisait sombre; mais les chiens, saisissant la piste de leur maître, partirent devant Sébastien et le guidèrent à la vallée.

Comme une sentinelle vigilante, jusqu’à ce que la lune se levât, il inspecta minutieusement le terrain en parlant quelquefois aux chiens et en réfléchissant parfois aussi.

Tout-à-coup Maraudeur s’arrêta court, dressa ses oreilles et pointa son nez vers le fond de la vallée qu’argentaient faiblement les rayons de la lune. Son compagnon à quatre pattes gronda, tressaillit. Il se serait précipité en bas de la montagne si Sébastien ne l’eût retenu.

L’adolescent connaissait assez les habitudes du chien pour savoir que les siens avaient vu ou senti un homme ou un animal. Mais, vainement s’efforça-t-il de découvrir quelque nouvel être vivant. Un groupe d’arbres nains, un peu plus bas, près du lit de la vallée, offrait un point d’observation meilleur et plus sûr; il y descendit.

Aussitôt, il reconnut l’avantage de son mouvement; car, en dirigeant ses regards au sud, il aperçut un individu qui approchait.

C’était un blanc, mais pas Nicolas.

Sa taille, ses vêtements l’indiquaient.

Sébastien se prit à l’examiner.

A l’élasticité de sa démarche, à la flexibilité de ses membres on jugeait qu’il était jeune. Il portait un habillement tout noir, différant matériellement par la coupe de ceux des trappeurs, mais prouvant peut-être que son propriétaire arrivait récemment des pays civilisés.

Il était impossible de distinguer les traits de cet homme. Ses armes consistaient en un fusil à deux coups passé derrière l’épaule.

L’indispensable couteau de chasse et des pistolets pendaient à sa ceinture de cuir uni.

Quoique seul et au coeur d’un pays sauvage, le jeune chasseur (ainsi le désignerons-nous) paraissait brave et sûr de lui.

C’est au moins ce que pensa Sébastien, dont l’attention fut appelée d’un autre côté par Maraudeur, qui aboya, bondit, et parut décidé à s’élancer dans la vallée.

Sébastien eut quelque peine à le calmer et tâcha de saisir la cause de cette nouvelle excitation. Mais il fut assez désagréablement surpris en remarquant, à une courte distance, trois hommes mal vêtus qui sournoisement longeaient aussi le vallon. Leur aspect parlait du trappeur nomade et de l’Indien farouche et pillard.

Ils cheminaient en silence.

A leur vue Sébastien trembla; son visage se couvrit de pâleur.

Se couchant entre les deux chiens, et arrondissant son bras autour du cou de chacun d’eux, il considéra ces gens, en retenant son haleine et comme dominé par l’incertitude et l’effroi.

La vaillantise et la gaîté du jeune garçon s’étaient évanouies.

Ses craintes, cependant, ne semblaient pas le résultat d’une vile lâcheté, mais bien d’une horreur soudaine inspirée par quelque puissance formidable et mystérieuse.

Frissonnant, Sébastien, jeta un regard vers le jeune chasseur: il avait fait halte et apprêté son fusil.

Les trois individus et lui s’étaient découverts au même instant.

Qu’allaient-ils faire? La rencontre serait-elle amicale? Sébastien Delaunay ne le supposait pas.

Le chasseur noir semblait avoir aussi ses doutes. De vrai, les autres avaient l’air de blancs et de francs trappeurs; mais leur extérieur était plus sauvage que celui des indigènes eux-mêmes.

Nous sommes facilement accessibles au soupçon; parfois, l’intuition nous désigne qui nous devons fuir et qui nous devons rechercher.

Celui qui marchait en tête de ces êtres hybrides, ayant lancé une oeillade au chasseur noir, ôta un fantastique casque de peau, orné d’une queue de renard, et, après avoir passé dans ses cheveux hérissés une main qu’on eût pu prendre pour la patte d’un volverenne, il hurla comme un Indien.

Son salut resta sans réponse.

– Ohé! ohé! dit-il, voilà mon mangeux de lard.

– Pas plus mangeux de lard que vous, répliqua froidement le chasseur.

– Point d’impudence, mon garçon. Nous autres, on est né sur les prairies, moitié ours-gris, moitié panthère, moitié Français et moitié Indien. Huh! houh!

Le chasseur noir releva son arme et appuya son index sur la détente.

– Je suis d’humeur paisible, dit-il; je ne me mêle pas des affaires d’autrui, et je réclame le privilège d’être laissé tranquille. Mais les fanfaronnades et les grands airs ne me font pas peur, sachez-le. Si je désire demeurer en paix avec tous, blancs, rouges ou métis, je ne souffre pas les insultes.

Un des trappeurs grogna comme un ours, tandis qu’un second hurlait comme un loup et que le troisième imitait le chant perçant du coq.

Le naturel du jeune homme était évidemment paisible.

– Si, dit-il, vous croyez qu’il convient d’aborder de cette manière un étranger et un blanc, je me permettrai de différer d’opinion avec vous. Votre conduite est grossière, injurieuse; je m’éloigne.

– Pas si vite mon garçon, nous avons affaire à vous.

Et l’interlocuteur marcha sur le chasseur noir d’un air insolent.

– Arrière, ne m’approchez pas! dit celui-ci en le couchant en joue.

Sébastien Delaunay fixait sur cette scène des regards avides. Il n’avait pas changé de posture.

Il était encore étendu entre ses chiens, les mains placées sur leur gueule. Pas un mot, pas un mouvement de ce qui se faisait ne lui avait échappé.

– Peut-être ne saviez-vous pas, morveux, que je m’appelle l’Ours-gris? Je suis la mort pour tout gibier à quatre ou à deux pattes qui ose se poser sur mon chemin. A bas ce fusil d’enfant, et nous allons régler votre affaire!

Le jeune homme haussa les épaules.

– Merci, je saurai prendre soin de ma personne. Je ne me fie pas à des coquins de votre sorte, et ne suis pas homme à me laisser intimider et peut-être piller avec impunité.

L’Ours-gris gronda d’une façon menaçante. La méchanceté naturelle de son caractère s’éveillait.

– Étranger, avez-vous jamais entendu parler de Bill Brace[15], dit-il, d’une voix où la colère perçait déjà?

– Il se peut, mais je ne me rappelle pas, répondit froidement le chasseur.

– C’est moi qui suis Bill Brace, ajouta l’autre.

– Peut-être me ferez-vous l’honneur de me présenter vos compagnons? fît le jeune homme d’un ton moqueur.

– Vous les connaîtrez bien assez vite, c’est moi qui vous le dis. Ce gaillard-là qui peut dévorer une mule crue à son déjeûner, eh bien, c’est Ben Joice; et cet autre qui vous avale une pinte de whiskey sec d’un coup, c’est Zene Beck. Je ne pense pas que vous alliez jamais dire nos noms à l’un des postes de la compagnie de la baie d’Hudson, ou aux établissements.

Il y avait quelque chose de particulièrement sinistre dans la manière dont il prononça cette dernière phrase.

Les muscles de son visage se déprimèrent et une perversité opiniâtre apparut dans tous ses traits.

La vanité de la force physique le rendait insolent. Bill Brace croyait à l’invincibilité de ses nerfs. Déréglé par inclination et habitude, vicieux et agressif par nature, il avait besoin de cette correction qui dompte le scélérat et humilie le brutal.

– Dites-moi quels sont vos desseins et je saurai mieux quoi faire, fit le chasseur noir. Si votre intention est de me dépouiller, je ne suis pas disposé à le permettre. J’ai déjà vu des gens de votre calibre. La plupart se sont montrés paisibles, et je puis vous assurer que ceux qui se sont comportés autrement n’ont rien gagné.

– A bas votre arme! vociféra Bill Brace.

– Oui, à bas les armes! répéta Ben Joice.

– A bas ton fusil! appuya Zene Beck.

Le chasseur redressa sa taille et de douce qu’était sa physionomie, elle devint ferme, presque dure.

Une main sur le manche d’un formidable bowie-knife[16], Bill Brace avança le pied droit.

– Prenez garde, misérables! cria le chasseur, avec un coup d’oeil rapide à la batterie de son fusil; vous êtes trois contre un, mais le premier de vous qui fait un mouvement, je le tue comme un chien. Je vous tiens pour vagabonds et bandits;… cependant, pas pour des lâches. S’il en est un parmi vous qui veuille se mesurer avec moi, à la carabine, au pistolet, au couteau, ou aux armes que la nature nous a données, je suis son homme.

Bill Brace haussa ses épaules herculéennes, et sourit dédaigneusement, mais plutôt de rage que de bon coeur.

– Vous criez bien haut, mon petit, mais je vas vous donnez une fière leçon, grommela-t-il entre ses dents.

En disant ces mots, il s’appuyait sur le canon de son fusil dont la crosse reposait à terre.

Jamais face horrible ne s’était empreinte d’un cachet plus diabolique.

Vivant loin de la contrainte des lois civiles, débarrassé de toutes les formalités et conventions de la société, suivant à sa guise les impulsions d’une nature désordonnée, flattant ses appétits sauvages, singeant les moeurs des Indiens – leurs vices et non leurs vertus – avec une confiance entière en sa puissance musculaire, Bill Brace était devenu le type de la bestialité humaine, si je puis m’exprimer ainsi. Imposer comme loi sa volonté aux autres, telle était son ambition et même sa devise.

Quoique d’une taille plus haute, le chasseur noir était d’une constitution plus grêle.

Il avait plus d’harmonie dans les formes, mais moins de vigueur apparente.

Son extérieur indiquait le sang-froid et cependant la souplesse.

En général il ne semblait pas capable de soutenir une lutte corps à corps avec son adversaire.

Néanmoins, Sébastien observa qu’il était calme, qu’il ne manifestait aucun de ces signes de trépidation qui accompagnent ordinairement la peur ou la colère.

– L’entendez-vous, Ben Joice et Zene Beck? Ce blanc-bec, ce mangeux de lard[17] qui prétend répondre par toutes armes à Bill Brace, depuis ses poings, jusqu’à une espingole.

Dans un paroxysme de dédain comique, mais inexprimable, Brace enleva son casque par la queue de renard qui le surmontait, le lança contre le sol en le foula aux pieds, tandis que ses camarades témoignaient chaleureusement de leur admiration; l’un en sifflant à travers deux de ses doigte fourrés dans sa bouche, l’autre en se tordant dans un éclat de rire convulsif.

Le chasseur noir se tenait parfaitement tranquille, et toujours prêt à faire feu.

– Buveux-de-lait, j’accepte le défi! hé! hé! ho! ho! songez-y mes gars, il veux amorcer Bill Brace le mangeux de chats sauvages, le grand ogre de la Saskatchaouane.

Puis au jeune homme:

– Voyons, dites-nous comment vous voulez quitter le monde et que ça soit fait tout de suite. Est-ce avec le plomb, l’acier ou les griffes de l’ours-gris qui sont mes armes naturelles, comme vous les appelez?

– Nous commencerons avec les armes de la nature; puis, si vous n’êtes pas satisfait, le couteau décidera qui doit être enseveli dans la vallée.

– Quant à cela, je puis vous le dire d’avance. Nous ne prenons pas la peine d’enterrer les gens. Les loups servent de croque-morts, dans les montagnes. Ils ont bientôt fait, et l’on n’a rien à payer pour la fosse et le service. Mais nous gaspillons un temps précieux. Hâtez-vous de dire vos prières et que je vous avale!

– Doucement, doucement, fit le chasseur noir. Écoutez les conditions du duel: Vos armes et celles de vos amis seront déposées près de ce bouquet de pins; puis vos camarades se retireront là-bas, derrière le rocher et resteront spectateurs passifs du combat. Quant à moi, je placerai mes armes derrière cet arbre à gauche, afin de pouvoir les saisir aisément en cas de trahison ou de mauvaise foi.

Brace objecta d’abord à cette proposition, mais finalement il y consentit, et les armes furent, au bout de quelque temps, mises aux lieux indiqués par le chasseur.

Sébastien avait peine à contenir ses chiens, car ces armes avaient été posées à cinq ou six pas de sa cachette. Maraudeur se révolta un peu à l’approche de Brace, et Infortune grogna sourdement. Mais le bruit ne fut pas remarqué.

Beck et Joice se retirèrent à l’endroit désigné.

Sans perdre une seconde, Bill Brace se dépouilla de sa casaque de chasse, en homme pressé d’en finir tandis que son antagoniste quittait flegmatiquement son pourpoint noir au pied d’un cotonnier, et desserrait sa ceinture.

La charpente osseuse et solidement attachée du premier formait un contraste frappant avec les proportions symétriques, quelque peu délicates du second.

Si Bill Brace pesait au moins cent quatre-vingts livres, le chasseur en pesait cent quarante au plus.

– Étranger, fît Brace, vous ne feriez peut-être pas mal de me dire votre nom avant que je ne vous dévore, car il se peut qu’un de vos amis désire couvrir d’une tombe vos os, quand on saura comment vous êtes mort…

– Si vous ou vos coupe-gorge m’assassinez, un individu du nom de

Pathaway manquera dans les montagnes. Êtes-vous prêt, Bill Brace?

– Tout prêt! répondit Brace.

– Venez donc et attrapez ce que vous méritez!

Le jeune homme porta alors en avant son pied et son bras droit, puis le pied et le bras gauche, et fit face à son ennemi.

Ensuite il retira son bras droit en le courbant comme un arc et étendit encore le poing gauche, en ayant les yeux fixés sur ceux de Brace, qui arrivait avec grand fracas, et se proposait de réduire son adversaire par la seule force du poignet. L’insulteur projeta, ramena sa main droite et reçut, en pleine bouche, la gauche de Pathaway.

Ce début suffît à faire voir que le dernier connaissait l’art de se défendre, tandis que l’autre l’ignorait.

– Ce gamin t’a tiré le premier sang; attention, Bill! épia Joice.

Surpris de la riposte, Brace avait reculé. Alors il remarqua que sa barbe changeait de couleur et passait du noir au rouge.

– Repos! exclama Joice.

A la seconde passe, Brace prit plus de précautions.

Son but était de terminer l’affaire d’un seul coup.

Mais pendant ce temps, Pathaway lui allongeait un croc-en-jambe et le faisait choir sur le sol.

Joice et Beck saluèrent cet événement par un rire bruyant; ils pensaient que leur champion se ménageait afin de s’en tirer avec plus d’honneur, quand il aurait joué assez longtemps avec le petit, pour l’éreinter d’un coup.

– Debout, Bill! Pourquoi diable te vautrer comme ça? dit Joice.

– Oh! c’est un fier matois! glissa Beck.

– Oui, reprit l’autre. Il va le démolir en gros, car il n’aime pas le détail, Bill.

Un double éclat de rire couronna cette lourde saillie.

La fureur avait enflammé Bill Brace.

11 s’élança sur Pathaway, en mugissant comme un taureau.

Il frappait à droite et à gauche.

Ses bras s’agitaient comme des fléaux, battaient l’air et jamais n’atteignaient son antagoniste, qui bondissait tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, plantant son poing où il lui plaisait.

– Repos! dit encore Joice.

Bill Brace ne demandait pas mieux.

Il darda sur son jeune adversaire ses prunelles injectées de sang et rugit comme une bête fauve blessée.

Pathaway, lui, n’avait rien perdu de son flegme.

Les bras croisés sur la poitrine, il soutenait, sans sourciller, les regards ardents du trappeur.

Instinctivement Ben Joice et Zene Beck se rapprochèrent.

Ils commençaient à prendre un vif intérêt à cette lutte.

Sébastien aussi, entraîné par l’excitation, se leva pour mieux voir; et les chiens eux-mûmes se dressèrent sur leurs hanches.

Brace, haletant comme une machine à vapeur, proféra un horrible juron et se rua contre le chasseur qui, glissant agilement sous le bras du bandit, lui asséna un coup formidable au-dessous de l’oreille droite. Le blessé fléchit comme un boeuf à l’abattoir et roula à terre. Mais, bientôt relevé, il revint à la charge avec une furie et une violence terribles.

C’est alors que le chasseur noir déploya ses étonnantes ressources de pugiliste. Parant les coups avec adresse, il les portait avec une dextérité et une vigueur qui jamais ne faisaient défaut.

Le visage du trappeur ne fut bientôt plus qu’une masse de chairs pantelantes et saignantes. Il tombait à tout instant, et se remuait déjà avec difficulté, lorsque Pathaway l’acheva par un coup sous le menton.

Bill Brace roula sur le sol.

– Ainsi je punis l’impudence, dit le chasseur.

Puis, se tournant vers Joice et Beck:

– A qui le tour? ajouta-t-il.

Brace recouvrait ses sens.

Il essaya de se mettre sur pied, en hurlant d’impuissantes imprécations. Mais, trop faible pour se tenir debout, il retomba avec une telle faiblesse que toutes les jointures de son corps en craquèrent.

Cédant alors à une rage indicible, il s’écria:

– Vos couteaux, camarades! Hachez-moi ce gredin en chair à pâté. C’est le diable! – le diable en personne, Ben Joice. Sers-lui du baume d’acier, Zene Beck, et je serai ton débiteur pour la vie.

Prompt comme la pensée, Pathaway passa la main derrière son cou et en tira une de ces armes terribles qui portent le nom du célèbre combattant texien, – Bowie le brave, l’intrépide, l’audacieux!

La lame brillante étincela et réfléchit les rayons de la lune comme les facettes d’un diamant:

Joice et Beck sortirent de leurs mitasses des armes semblables, et ils se précipitaient sur le chasseur, avec des cris forcenés, quand ils furent arrêtés par l’attitude déterminée du gladiateur.

– Pourquoi hésiter, poltrons? leur dit-il. Venez-donc! le mangeux de lard, vous apprendra comment on se sert de ce joujou.

Et il montrait son large coutelas.

– N’ayez pas peur, quoique ce soit le diable, grommela Brace d’une voix caverneuse.

Honteux de leur incertitude, Joice et Beck marchèrent sur Pathaway, qui les attendait imperturbablement.

Ils fondirent en même temps sur lui.

Mais, les évitant aussi lestement qu’il l’avait fait dans sa rencontre avec Brace, il laboura le bras droit de Joice avec son couteau.

Ce misérable laissa échapper son arme.

Au même moment, une flèche atteignit Beck à l’épaule et les deux chiens, Maraudeur et Infortune, lâchés par Sébastien, chargèrent vigoureusement les trappeurs, tandis qu’une voix criait à quelque distance:

– Qu’est-ce que c’est que ça? qu’est-ce que c’est que ça? Encore une maudite petite difficulté, je le jure, ô Dieu, oui!

Le chasseur noir

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