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SCENE I

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ORGON, LE MARQUIS.

ORGON.

Valère, encore un coup, songez à ce que vous me faites faire.

LE MARQUIS.

Que je sois anéanti, mon oncle, si je voulois, pour toute chose au monde, vous engager dans une fausse démarche. Faut-il vous le répéter cent fois? Je vous dis que je suis avec elle sur un pied à ne pouvoir pas reculer.

ORGON.

Mais ne vous flattez-vous pas? Etes-vous bien sûr d'être aimé?

LE MARQUIS.

Si j'en suis sûr? Premièrement, quand je viens ici, à peine ose-t-elle me regarder: preuve d'amour; et quand je lui parle, elle ne me répond pas le mot: preuve d'amour; et quand je parois vouloir me retirer, elle affecte un air plus gai, comme pour me dire: "Pourquoi me fuyez-vous, marquis? Craignez-vous de me sacrifier quelques moments? Restez, petit volage, restez; je vais vaincre le trouble où me jette votre presence, et vous fixer par mon enjouement. Mon esprit va briller aux dépens de mon coeur. J'aime mieux que vous me croyez moins tendre, et vous paroître plus aimable. Demeurez, mon adorable marquis! demeurez…" Je pourrois vous en dire davantage; mais vous me permettrez de me taire là-dessus: il faut être modeste.

ORGON.

Ces preuves-là me paroissent assez équivoques. Au surplus, Ariste est trop judicieux et trop mon ami pour s'opposer à ce mariage, si sa pupille y consent… (Voyant paroître Ariste dans le fond.) Je le vois sortir de son appartement. Retirez-vous.

LE MARQUIS.

Y a-t-il quelque inconvénient que je reste? Vous porterez la parole: il donnera son consentement; je donnerai le mien: on fera venir Julie; ce sera une chose faite.

ORGON.

Les affaires ne se mènent pas si vite. Retirez-vous, vous dis-je.

LE MARQUIS.

Cependant…

ORGON, l'interrompant.

Retirez-vous.

LE MARQUIS.

Allons donc. Je reviendrai, quand il sera question d'épouser.

(Il sort.)

La Pupille

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