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II

Table des matières

Croisements divers pratiqués pour l’amélioration du cheval barbe.

En raison même de l’affinité qui existe entre l’arabe et le barbe, on a cherché de bonne heure à améliorer la structure un peu fruste du barbe en lui infusant du sang arabe ou syrien.

Ce croisement a donné les meilleurs résultats.

L’arabe barbe qui en est le produit est un cheval ayant toutes les qualités et l’endurance du barbe, avec plus de geste, de distinction et d’harmonie dans les formes.

La tête, en effet, est mieux attachée, la croupe plus horizontale, la queue moins basse. Les membres sont mieux trempés, les tissus plus fins.

Malheureusement on ne pouvait se procurer les étalons de pur sang arabe que par l’intermédiaire de revendeurs, plus ou moins consciencieux, qui rendaient douteuses la provenance et l’origine réelles de ces étalons.

C’est alors qu’en 1894 M. le commandant de Vialar, attaché militaire à l’ambassade de France à Constantinople, adressa au ministère de la guerre un rapport détaillé sur les différentes races de chevaux existant en Turquie d’Asie. Il concluait à l’envoi d’une mission spéciale qui parcourrait tout le pays pour se procurer les étalons nécessaires aux besoins des haras d’Algérie et de Tunisie. On se décida donc à aller chercher le pur sang arabe dans son pays d’origine, à sa source même, dans cette Asie Mineure où les Anglais s’étaient procurés les fameux étalons avec lesquels ils créérent leur superbe race de pur sang anglais.

Une première mission, sous les ordres de M. le colonel de Colonjon, alors directeur des remontes d’Algérie, ramena de Syrie 15 étalons et 3 juments. Ces étalons furent répartis entre les trois dépôts d’Algérie et celui de Tunisie.

Les juments furent envoyées à la jumenterie de Tiaret, pour obtenir des produits avec des reproducteurs de choix, de race barbe.

En 1896, une seconde mission ramena 23 étalons et 5 juments.

Enfin, en 1898, on importa quatre nouveaux étalons provenant du Nedj.

Ces importations successives, portant pour la plupart sur des chevaux d’élite, d’une taille cependant un peu petite, donnèrent naissance à d’excellents produits dont beaucoup devinrent, en Algérie, des chevaux de tête remarquables.

Les croisements syriens ne furent pas les seuls qui furent tentés.

A Tiaret, en 1894, sur l’initiative de M. le général Thornton, on songea à transformer la race barbe par le croisement avec le pur sang anglo-arabe. On pensait ainsi corriger la croupe et les jarrets du barbe, et augmenter son sang et sa taille; mais on n’obtint le plus souvent que des produits décousus, ayant plus de lignes et de longueur que le barbe, avec un dessus moins régulier, une plus jolie croupe, une membrure moins forte, sans plus d’ampleur et souvent moins de taille que ce dernier.

L’anglo-arabe-barbe ne valut jamais l’arabe-barbe. Aussi on renonça à ce croisement qui, il faut bien le reconnaître, n’avait été tenté qu’avec des étalons de troisième ordre, les laissés pour compte de l’administration des haras dans la plaine de Tarbes.

A l’établissement de Sidi-Tabet, tous les efforts portèrent, de 1881 à 1898, sur les croisements avec les chevaux de pur sang anglais. Les résultats furent déplorables, comme nous le verrons en retraçant à la fin de cette étude l’histoire de cet établissement.

Il y eut aussi diverses tentatives avec des étalons normands et bretons dans le but de créer le cheval de trait, si nécessaire aux exploitations agricoles, mais on n’engendra le plus souvent que des chevaux décousus et lymphatiques.

A la suite de ces essais infructueux, le gouvernement tunisien se décida à diriger tous les efforts du côté de l’amélioration du cheval barbe, soit par sélection naturelle, soit par infusion de sang syrien.

Les deux décrets du 20 juillet 1896, dont l’un établit les primes annuelles et l’autre institue le Stud-Book, indiquèrent alors la ligne de conduite à suivre en matière d’élevage.

Ces deux décrets sont, en quelque sorte, la reconnaissance des trois types de chevaux qui répondent le mieux aux besoins du pays et qui, en conséquence, doivent être particulièrement encouragés. Ce sont:

1° Le pur sang arabe ou syrien;

2° Le cheval barbe, ou cheval du pays;

3° Le produit du croisement de ces deux races; c’est-à-dire, l’arabe-barbe dont nous avons donné les principaux caractères.

Une impulsion considérable résulta de cette orientation nouvelle.

Les résultats acquis en quelques années prouvent surabondamment ceux qu’on est en droit d’espérer dans l’intérêt général.

Aujourd’hui il semble bien qu’on soit d’accord pour poursuivre l’amélioration de la race indigène avec le sang syrien et surtout avec le sang barbe amélioré.

Selon nous, tous les efforts doivent être dirigés de ce côté, car la sélection de la race indigène peut seule produire une amélioration vraiment durable.

Une tendance toute autre s’est cependant manifestée sur l’intervention de M. le général Faverot de Kerbrech.

M. le général inspecteur des remontes fit en effet décider, le 9 mars 1899, par la commission consultative hippique, l’acquisition d’un cheval de pur sang anglais pour obtenir des chevaux ayant plus de modèle et d’étendue, avec plus de feu et de vitesse.

Disons que l’introduction du sang anglais, après les essais infructueux de Tiaret et de Sidi-Tabet, ne fut pas sans soulever de nombreuses polémiques, qui sont encore loin d’être calmées.

Persuadé que les essais antérieurs n’ont peut-être pas été entourés de toutes les garanties désirables, nous ne pensons pas que cette nouvelle expérience doive être abandonnée avant qu’on se soit rendu compte des résutats qu’elle peut donner.

Les trois dépôts d’Algérie ont reçu d’ailleurs, de leur côté, chacun un étalon de pur sang anglais.

L’essai sera donc poursuivi sur quatre points à la fois, non plus dans des établissements spéciaux, mais chez les petits éleveurs. Il sera d’autant plus intéressant que l’élevage du pur sang anglais a été toujours considéré comme très difficile et comportant des conditions d’hygiène et d’alimentation particulières.

Le pur sang anglais affecté au dépôt de Tunis a été choisi avec un soin tout particulier et une réelle connaissance du cheval.

L’étalon Peu-de-Chose, par Soliman et Primauté, est d’une excellente origine. Il a, de plus, une ressemblance frappante avec le type arabe dont il a tous les caractères extérieurs.

Il rappelle, en effet, presque à s’y méprendre l’arabe Ibèch, un des meilleurs chevaux du dépôt. A ce point de vue, il sera curieux d’étudier sa descendance.

Il n’y a donc pas lieu de s’alarmer d’un essai qui sera forcément très limité.

Les trente juments destinées à Peu-de-Chose ne constituent qu’une infime minorité sur les 3.000 conservées par les étalons syriens ou barbes.

Nous regrettons cependant que ces juments n’aient pas été choisies dans un périmètre plus restreint, car les 150 kilomètres que beaucoup sont obligées de parcourir, tant à l’aller qu’au retour, nous font craindre pour leur fécondité.

Il nous semble aussi qu’en raison de la prime de cinquante francs qui leur était allouée, et de la faveur spéciale qui leur était réservée, on aurait pu imposer aux propriétaires de ces juments l’obligation de garder les produits jusqu’à deux ans.

Il est à craindre, en effet, que l’étranger ne fasse main basse sur cette production, comme il le fait trop souvent, par ces temps de misère, sur des produits de moins brillante origine.

Nous souhaitons donc que les exportations n’empêchent pas de rendre cette expérience concluante.

Tout en favorisant la production du cheval de troupe, voire même du cheval de tête, il est un autre genre d’élevage que nous voudrions voir se développer, car il est réclamé depuis longtemps par les colons et il a été l’occasion de nombreux vœux de la part de la chambre d’agriculture.

Nous voulons parler de l’élevage du cheval de trait, c’est-à-dire du cheval très étoffé.

Les agriculteurs en ont le plus grand besoin pour les travaux des champs et pour le transport des gros poids que permet chaque jour davantage la création de routes plus nombreuses.

L’examen de la population chevaline de la Régence nous montrera qu’on peut très bien l’y tenter avec succès.

Il faudrait se décider seulement à augmenter le nombre des étalons dits «de trait», dont on ne compte, à l’heure actuelle, que quelques rares spécimens.

Cette production servira aux besoins de l’armée, car dans l’Afrique du nord on ne peut craindre de faire des chevaux trop gros pour la selle.

La remonte les utiliserait d’ailleurs avec plaisir pour ses batteries d’artillerie.

La question chevaline en Tunisie

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