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AVANT-PROPOS.

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L’ART de se vêtir, dont l’origine est de toute antiquité, est certainement un des plus essentiels au genre humain; aussi en est-on pleinement convaincu: c’est pourquoi en essayant de le décrire ici, il seroit superflu de commencer par s’étendre sur son utilité&ses avantages; on dira seulement que le but des Nations a d’abord été de dérober à la vue l’entiere nudité,&en même temps de garantir le corps des attaques de l’air;&que de la nécessité de se couvrir, on est parvenu à la grâce des vêtements sous des formes différentes, à la distinction des Peuples, &parmi chacun, à celle des différents états&conditions, ce qui a donné lieu à la parure&à la magnificence, principalement chez les Nations policées.

Comme ce Traité est entrepris par un François, sous les auspices de l’Académie des Sciences de Paris, il croit devoir donner ici par préférence l’idée des habillements de sa Nation, tant anciens que modernes: notre goût naturel sur cet article est reconnu dans tout le continent;&si l’Art du Tailleur François, ainsi que ceux qu’on y a joints, sont bien conduits, on ose se flatter que leur description acquerra le mérite que lui aura donné la Nation même.

Dans les commencements de la Monarchie, les Ouvriers qui faisoient l’habillement se nommoient Tailleurs de Robes, attendu qu’à l’exemple des Romains, nos vêtemens étoient des robes plus ou moins longues. Ces Ouvriers furent érigés en corps de Communauté sous ce titre par Philippe IV. dit le Bel, qui leur donna des Statuts en1293. Dans l’intervalle de ce temps, jusqu’au regne de Charles IV, succéderent insensiblement aux robes plusieurs especes de Vestes, par-dessus lesquelles on mettoit des manteaux plus ou moins longs: ces vestes se sont appellées des Pourpoints. En conséquence, sous ce dernier Roi, les ci-devant Tailleurs de Robes reçurent des Lettres Patentes&de nouveaux Statuts en1323. sous le titre de Maîtres Tailleurs Pourpointiers.

On voit dans les Statuts des Cordonniers, la permission à eux accordée de faire les collets des Pourpoints: apparemment qu’au tems de cette permission, ces collets étoient de cuir.

Les Maîtres Pourpointiers ne vêtissoient que le corps proprement dit; il y avoit d’autres Ouvriers qui construisoient l’habillement de la ceinture en bas, comme haut&bas de chausses, caleçons,&c. Ces derniers furent érigés en corps de Maîtrise en1346par Philippe VI, dit de Valois, sous le titre de Maîtres Chaussetiers: ils subsistent encore en partie sous celui de Boursiers Culottiers; mais ceux-ci ne travaillent qu’en peaux chamoisées.

Enfin ces différents Métiers furent heureusement réunis en un seul corps par Henri III en1588, sous la dénomination de Maîtres Tailleurs d’Habits, avec pouvoir de faire tous vêtements d’homme&de femme, sans aucune exception. Ceux-ci se sont volontairement partagés en deux branches, dont l’une s’adonnoit entiérement aux habits d’homme&de femme, l’autre à ne faire que les corps&corsets des femmes&enfans, avec quelques vêtemens qui s’y joignent. Cette seconde branche n’a subi aucun changement; mais Louis XIV. dit le Grand, ayant jugé à propos d’ôter à la premiere la faculté de faire les habits de femmes, créa en1675un corps de Maîtrise féminin sous le titre de Maîtresses Couturieres, auxquelles il donna pouvoir de construire tous les vêtements de leur sexe.

L’ouvrier qui dans l’Art du Boursier s’est restraint à construire des culottes de peau, bas&gants, a tant d’affinité avec celui qui les fait de toutes autres especes d’étoffes, qu’il ne doit pas paroître déplacé d’en expliquer la manufacture à la fuite de celle du Tailleur d’habits pour homme; d’autant plus encore, que celui-ci concourt avec le premier, étant permis à tous les deux de faire bourses à cheveux&calottes.

Depuis plusieurs années quelques femmes de Marchands Merciers se sont donné le titre de Marchandes de Modes; non seulement comme Mercieres elles vendent les rubans, gazes, rezeaux,&autres enjolivements qui servent à décorer les habits de femmes, mais elles deviennent les Ouvrieres de leurs marchandises, les attachent&ajustent; de plus elles font certains vêtements que les femmes mettent par-dessus l’habit ordinaire, raison de les citer à la suite de l’Art de la Couturière, pour expliquer la façon dont elles construisent ces derniers vêtements.

En conséquence de tout ce qui vient d’être dit, on commencera par une explication succinte, mais suffisante, des habillements François depuis Clovis jusqu’à notre tems: cette explication sera éclairée par plusieurs. Figures. Ensuite viendra l’Art du Tailleur d’habits d’homme, terminé par la façon de la Culotte de peau; puis le Tailleur de Corps de femme&enfants; ensuite l’Art de la Couturiere,&la Marchande de Modes pour la partie des vêtements qu’elle construit.

On verra que non-seulement à cause de l’intime liaison que ces Arts ont naturellement ensemble en qualité de vêtemens, mais encore par le peu d’étendue de la plûpart, dont la partie plus considérable est celle du Tailleur, il convenoit mieux de les rassembler en un seul ouvrage, que d’en faire autant de petits Traités séparés.

Pour parvenir à connoître mieux ce qui concerne les anciens habillements François, on a eu recours à M. Jolly, Bibliothécaire du Roi, Garde des Desseins de sa Bibliotheque de Paris, qui a eu la bonté d’en communiquer nombre de très-précieux sur cette matiere. Pour tout le reste on a consulté des Artistes versés&consommés dans leurs Arts. Le sieur Bertrand, Tailleur pour homme, rue Comtesse d’Artois; le sieur Carlier, Boursier-Culottier, rue des Cordeliers, près la Fontaine; le sieur Vacquert, Tailleur de Corps pour femmes &enfans, rue S. Honoré, vis-à-vis l’Opéra, chez un Chandelier, à côté de la tête noire; Madame Luc, ci-devant Couturiere de Madame la Princesse de Carignan, rue Cassette, vis-à-vis la rue Carpentier; Mademoiselle du Buquoy Marchande de Modes dans l’Abbaye S. Germain-des-Prés.

On a peu profité d’ailleurs de quelques ouvrages qu’on a découverts, dont un imprimé en1671qui a pour titre: le Tailleur sincere, par Benoit Boulay, Maître Tailleur, au fauxbourg S. Germain, dédié à sa Communauté. Ce livre est composé d’un avis très-court qui renvoyé le Lecteur à50planches en taille-douce qui contiennent108coupes d’habits pour tous états&conditions, jusqu’à un habit de pauvre, celui du Pape, du grand Turc,&c. le tout sans aucune explication. Les habits de son tems ne ressembloient pas à ceux du nôtre; ainsi on ne peut tirer grand profit de ce livre; on citera seulement dans l’article de la Coupe une remarque extraite de son avis qu’on a cru mériter quelque considération.

En1720un particulier nommé de Cay, présenta a l’Académie des Sciences de Paris, une nouvelle maniere de tailler un justaucorps qu’il avoit imaginé: son justaucorps n’étoit composé que de6piéces, au lieu de22dont il dit que les habits étoient composés de son tems. Cette invention a des inconvénients qui sont cause qu’elle n’a eu aucune suite: elle est insérée avec estampe dans le quatrieme tome des Machines de l’Académie.

En1734parut un petit Livre sous le titre de Tarif des Marchands Frippiers-Tailleurs-Tapissiers,&c. propre à déterminer la quantité d’étoffe nécessaire pour en doubler ou en couvrir d’autres, par M. Rollin, Expert-Ecrivain-Juré. C’est une liste disposée en colonnes comme le Livre des Comptes faits de Barrême, avant laquelle on voit une Table qui peut servir à mesurer la largeur des étosses avec le pied de Roi, dans le cas où on n’auroit point daune; comme cette Table est courte, on la trouvera transcrite à l’article des Etoffes.

Art du tailleur

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