Читать книгу Art du tailleur - François-Alexandre-Pierre de Garsault - Страница 4
ОглавлениеCHAPITRE PREMIER.
De l’Habit François.
CE Chapitre est destiné à donner une explication abrégée des habits tant d’hommes que de femmes depuis Clovis jusqu’à présent, relative à3. Planches qui représentent leurs variétés successives en39Figures; mais il est bon d’avertir que , les4premieres Figures de la premiere Planche sont tout ce qu’on a pu trouver à cet égard pendant les9premiers siecles de la Monarchie, c’est-à-dire, depuis l’année480, tems où Clovis commença de régner, jusqu’à1200sous Philippe-Auguste. Peut-être n’y a-t-il point eu de variétés de mode dans ces tems éloignés parmi un peuple sauvage qui ne songeoit qu’à étendre ou à maintenir ses conquêtes, sans se piquer de transmettre à la postérité les effigies des hommes remarquables parmi eux,&conséquemment leurs vêtements. Il n’est pas même sûr que la Figure A de la premiere Planche, prise sur le tombeau de Clovis, n’ait pas été faite après coup.
La Figure B paroît moins équivoque, parce que son habillement approche beaucoup de celui du peuple Romain. La Figure C qui est celle d’un soldat, paroît encore hazardée; il est à présumer que l’habit des soldats Francs tenoit beaucoup de celui des troupes Romaines. La Figure D est de1204: son vêtement, quoique ce soit celui d’une femme, approche si fort de celui de Clovis, que l’on seroit tenté de croire que les femmes n’avoient pas changé de mode depuis son regne jusqu’à celui de Philippe-Auguste.
Quoi qu’il en soit, on va procéder à l’explication de toutes les Figures des trois premieres planches.
Parmi les nombreux Recueils qu’on a parcourus, on n’a exprimé que les variétés qui s’éloignent assez l’une de l’autre pour faire appercevoir des différences dignes d’être remarquées.
PLANCHE PREMIERE.
PREMIER
RANG.
Fig. A, Clovis vêtu d’une longue Robe a, Toga, serrée par une ceinture b, Zona, de laquelle pend une bourse ou escarcelle c, Crumena scortea; par-dessus la robe un manteau d, Lucerna, ouvert&attaché à chaque épaule avec un bouton ou une rosette. Les souliers ouverts sur le coudepied.
Fig. B, Habillement de la Nation imitant ceux des Romains. On apperçoit la tunique a, Tunica, par-dessus laquelle on voit le manteau à la Romaine appellé Chlamydes bb, dont le derriere&le devant se joignent sur l’épaule droite c, &laissent le bras droit libre; d espece de brodequins.
Fig. C, un Soldat: cette figure est tirée de la Milice Françoise du Pere Daniel, Auteur de l’Histoire de France; elle est factice étant composée parties par parties de plusieurs Auteurs anciens qu’il cite.
Fig. D, une femme en1204; a Tunique; b Robe; c Manteau imitant celui de Clovis; d espece de Coëffe ou Voile.
SECOND
RANG.
Fig. E, un homme en1285; aa Robe à manches pleines; b Escarcelle; cc Chaperon ou Cappe; d Bonnet.
Fig. F, Soldat en1346, vers le tems de la derniere Croisade; a Casque; bb Cotte de mailles; c la Croix sur la poitrine; d Arme singuliere: elle a échappé aux recherches du Pere Daniel.
Nota. Que pour tout le reste des Figures, on n’indiquera plus que les siecles dans lesquels les changements sont arrivés.
SIECLE
1300.
Fig. G, une femme; a Tunique; bb Robe; c Bonnet haut&pointu; d Voile de gaze prenant de la pointe du bonnet&tombant jusqu’aux talons; e Gaze accompagnant les côtés du visage; ff Mitaines. Cet habillement pris à la fuite des Croisades paroît avoir été fait à l’imitation de celui des femmes Turques.
Fig. H, un homme; aa Tunique à larges manches; b Escarcelle; cc Manipules doubles; dd Chaperon à longue queue.
Fig. I, une femme; a Robe; bb Surcotte; cc Manipules simples en dehors.
SIECLE
1400.
Fig. K, un homme; aa Pourpoint plissé; b Fichu; c Toque; dd Pantalon; e petits Brodequins terminés par des Souliers pointus qu’on nommoit Souliers à la poulaine.
Fig. L, un homme; aa Pourpoint avec un collet&plissé; bb Manches pendantes du Pourpoint ouvertes au milieu pour passer les bras; c le Poignard pendant à la ceinture par-devant; d Bonnet plat; ee Sabots pointus à la poulaine.
Fig. M, un homme; aa Pourpoint long non plissé ayant un collet&à manches ordinaires; b Escarcelle plissée; c Toque; d Bande venant de la Toque relevée sur l’épaule; e Brodequins.
SIECLE
1500.
Fig. N, un homme; a Bonnet orné d’une plume par devant; b Pourpoint par-dessus une Veste lacée; c un Manteau long&traînant, à manches pendantes&ouvertes par-devant pour y passer les bras; d un Pantalon ou chausses; e des Bottes molles ou brodequins.
Fig. O, un homme; aa Pourpoint à courtes basques; bb petit Manteau; cc Manches tailladées; dd haut-de-Chausses; ee Souliers tailladés; f Toque avec une plume; g petite Fraise.
PLANCHE II.
Fig. P, François I. Roi de France; aa Pourpoint; bb Manteau; cc Manches tailladées; dd Chausses; ee Jarretieres; ff Souliers de chambre tailladés; g Toque avec plumet.
Fig. Q, un homme; a Pourpoint boutonné; bb petites Basques; c Collet fraisé; dd petit Manteau; ee Gregues; ff Bas-de-chausses; g Toque à plumet; hh Souliers découpés.
Fig. R, un homme; aa Pourpoint à petites basques; bb Manteau; cc Manches tailladées; dd Chausses; e Fraise; f Toque à forme élevée ornée de plumes.
SIECLE
1600
Fig. S, une femme en corps de Robe; a Fraise; bb Panier; cc Jupe; dd Parements; ee Manchettes; f Toque.
Fig. T, Henri IV, Roi de France; aa Pourpoint à petites basques, bb Trousses; cc Fraise; dd Souliers à grandes pieces; e Toque.
Fig. un homme; aa Pourpoint a grandes basques&a manches ouvertes; bb Culotte; cc grand Rabat qui couvre les épaulés; d Bonnet a forme élevée; ee Rosettes aux souliers.
Fig. X, une femme; aa Corps de robe; bb Manches ouvertes; cc Vertugadin; dd Collet monté; e Bonnet ou Cornette a pointe rabattue: ff Manchettes troussées.
Fig. Y, Louis XIV, Roi de France; aa Pourpoint; bb Rabat de dentelle a glands; cc Chemise; d Baudrier; cc Gregues; f f Perruque; g Chapeau orné de plumes; hh Souliers quarrés à talons hauts&à grandes rosettes.
Fig. Z. une femme; a Corps de robe; bb Bas de robbe; c Jupe; d Coëfsure en cheveux terminée par des rangs de Rubans; ee Collerette de dentelle. Cette mode excepté la coëffure, subsiste encore chez le Roi comme habit de cérémonie, sous le nom de Robe de Cour ou grand Habit: il est détaillé ci-après dans l’article du Tailleur de Corps.
SIECLE
1700.
Fig. AA, une femme; a Manteau troussé; b Jupon; c Coëffure haute à barbes; dd Falbala.
Fig. BB, une femme; a Coëffure haute à trois rangs; bb Parements de la robe; cc robe traînante; d Jupon; e Falbala.
PLANCHE III.
Outre les Figures entieres de femmes répandues dans ces trois Planches, on en a trouvé, en parcourant les Siecles, plusieurs autres qui méritent d’être remarquées,&pour ne pas multiplier les Figures entieres, on en a formé un rang de Bustes dont le haut de cette planche est décoré: celui qui est marqué d’une croix est d’une femme du siecle1300; toutes celles marquées d’un gros point sont de1400;&les deux étoilées de1500.
Nota. On verra la Coëffure actuelle des femmes dans l’Art du Perruquier, dont l’impression est précédente à celui-ci.
Fig. CC, un homme en Justaucorps, veste&culotte; a Echarpe; b Cravatte passée dans la boutonnière; cc Perruque; dd Chapeau orné d’un plumet; ee Bas roulés avec la culotte; ff Souliers quarrés par le bout&à talons hauts.
Fig. DD, une femme en Manteau troussé&avec une coëffe&une écharpe; a Coëffe; bbb Echarpe; cc Jupe garnie de falbalas; d Éventail.
Fig. EE, une femme; aa Coëffure en papillon; bb Panier.
Fig. FF, un homme enveloppé dans un Manteau.
Nota. Que le dernier rang de cette Planche est relatif au Tailleur de Corps, &à la Couturiere ci-après.
CHAPITRE II.
L’ART DU TAILLEUR D’HABITS D’HOMME. Idée générale de cet Art.
L’OUVRIER qui exerce cet Art, lequel consiste particuliérement à préserver lé corps des injures de l’air,&par accessoire à le décorer suivant ses dégrés d’aisance, de dignité ou d’opulence: cet Ouvrier, dis-je, ne doit s’appliquer qu’à envelopper son modele animé, de façon qu’il puisse se mouvoir dans son enveloppe sans gêne&sans contrainte;&de plus que son ouvrage soit accompagné dé toute la grâce dont il est susceptible enfin qu’il en résulte un tout ensemble agréable aux yeux,&le plus avantageux qu’il est possible à celui pour lequel il est fait.
Ce n’est nullement les vêtements que cet Art a exécutés,&peut construire par la suite dans le monde habillé, qui font la science du Tailleur; mais on doit être assuré que celui à qui les principes fondamentaux sont familiers,&qui de plus a le coup d’œil juste&gracieux, possede sans difficulté le moyen sur de réussir; il devient même un homme rare, si on y ajoute la probité. Ainsi que le vêtement soit plus ou moins serré, ample, plissé,&c. s’il connoît la bonne&vraie maniere de tailler, assembler, coudre&monter toutes les pieces d’un vêtement quelconque, il ne s’agit plus pour lui que de lui donner toute l’élégance dont il est susceptible en perdant préalablement le moins d’étoffe qu’il sera possible; c’est dans cette derniere circonstance que gît le talent supérieur. Le Tailleur donc qui sçait exécuter avec précision, grace&épargne l’habit complet François,&on peut dire Européen, qui est le Justaucorps, la veste& la culotte, comme étant le vêtement le plus compliqué, parviendra sans peine à construire toutes autres especes d’habillements.