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CHAPITRE V.
Instruments du Tailleur.

Table des matières

COMME toute la manufacture du Tailleur ne consiste qu’à tracer, couper& coudre, il n’auroit besoin que de craye, de cizeaux D, d’un dés à coudre, d’aiguilles, de fil&de soye, si ce n’étoit qu’en faisant ces opérations, il ne peut s’empêcher de corrompre&chiffonner un peu les endroits qu’il travaille; c’est pourquoi afin de les remettre à l’uni, d’applatir ses coutures,&de remettre l’étoffe dans son premier lustre, il est obligé de faire une espece de repassage au moyen du petit nombre des instrumens suivants.

A Le Carreau. C’est pour ainsi dire le seul instrument nécessaire; les autres ne sont qu’auxiliaires: il est entiérement de fer, plus grand&du double plus épais qu’un fer à repasser; il est quarré par un bout,&terminé en pointe par l’autre; il a une poignée qui n’est point fermée pardevant.

Le Carreau s’employe toujours chaud; on ne doit le chauffer que sur de la braise, prenant bien garde qu’il ne s’y trouve point de fumerons; il ne faut pas le trop chauffer; on essaye son dégré de chaleur en l’approchant de la joue, ou bien en le passant sur un morceau d’étoffe qu’il ne doit pas roussir lorsqu’il est au dégré convenable.

Comme tous les Instruments suivants au nombre de quatre, font destinés à aider le travail du carreau, leurs usages conjointement avec le sien va suivre leurs descriptions.

La Craquette B est un instrument totalement de fer; celui qui est représenté ici est quarré; au milieu de chaque face est une rainure: on fait des craquettes en triangle; à celles-là les rainures coulent le long de chaque angle: la craquette s’employe toujours chaude, mais moins que le carreau.

Le Billot C est un instrument de bois plein, de4pouces d’épaisseur, de6 pouces de haut,&de9à10pouces de long.

Le Passe-carreau n’est différent du billot, que parce qu’il est du double plus long.

Le Patira EE est de laine; c’est le Tailleur même qui le construit en cousant l’un à l’autre de grosses lisieres de drap, dont il forme un morceau quarré d’un pied&demi ou environ; on peut en faire un sur le champ d’un morceau d’étoffe; mais le meilleur est de lisieres.

Usage des Instruments.

1o. Le grand usage de la Craquette est pour les boutonnieres; on les pose sur ses rainures,&pressant la pointe du carreau à l’envers de la boutonnière le long de son milieu, ses côtés s’unissent&se relevent. 2o. Le Billot sert à applatir les coutures tournantes,&le Passe-carreau à applatir pareillement les coutures droites&longues. On les pose sur ces instruments,&on les presse à l’envers avec le carreau; il sert encore de la même façon à unir toutes les coutures des rabattements de la doublure avec le dessus. 3o. Le Patira sert à unir les galons après qu’ils sont cousus; on met dessus l’étoffe galonnée, le galon en dessous, du papier entre le galon&le patira,&on preste le carreau à l’envers; mais aux galons de livrée veloutés, on ne met point de papier, de peur de placer le velours.

Nota. Qu’aux draps seuls, afin de conserver leur lustre aux endroits des coutures, il faut, aussi-tôt qu’on a levé le carreau, appuyer son bras à plat sur la couture, &l’y laisser jusqu à ce qu’elle soit refroidie, parce que la chaleur du carreau pompe une humidité en ermée dans l’apprêt du drap qu’on empêche par cet expédient de s’évaporer.

Le Bureau: les Tailleurs nomment ainsi la table quelconque fur laquelle ils tracent&taillent leurs étoffes.

L’Etabli est la table sur laquelle ils cousent&travaillent assis à plat, les jambes croisées.

CHAPITRE VI.
Des Points de Couture.

Table des matières

COMME la connoissance des différents points de couture est essentielle aux Tailleurs, on va tâcher de les détailler ici le plus intelligiblement qu’il sera possible, en les accompagnant de figures qui puissent aider à les faire comprendre. La figure de chacun est dessinée sur trois faces, au bas de la Pl. 5. l’une représente l’épaisseur des étoffes vues de face&un peu éloignées l’une de l’autre, pour faire appercevoir le chemin que le point parcourt; l’autre fait voir l’apparence des points serres du côté où l’on coud; la troisième montre le même point vu par-dessous.

PLANCHE

POINTS SIMPLES

1.

Le point devant.

Piquez les deux étoffés du haut en bas&du bas en haut toujours également sans vous arrêter, a dessus, b dessous.

2.

Le point de côté.

Après avoir piqué les deux étoffes de bas en haut, ramenez par dehors le fil en dessous; continuez toujours de même; quand le dessous dépasse, on pique au travers, c dessus, d dessous.

3.

L’arriere-point ou point-arriere.

Les deux étoffes piquées de bas en haut, repiquez de haut en bas, au milieu du point en arriere,&toujours ainsi d’un seul coup de main sans changer l’aiguille de situation&sans vous arrêter, e dessus, f dessous.

4.

Le point lacé.

Il se travaille comme le point-arriere, excepté qu’il se fait en deux temps; quand vous êtes revenu en haut, vous ferrez le point; puis retournant l’aiguille la pointe en bas vous repiquez en arriere comme au précédent; celui-ci est le plus solide des points simples, g dessus, h dessous.

POINTS A RABATTRE ET DE RENTRAITURE.

On appelle points à rabattre&de rentraiture, ceux dont on se sert quand après avoit joint deux étoffes ensemble par leurs bords à l’envers avec un point simple,&les avoir retournés à l’endroit tout le long de ladite couture, on s’en sert pour serrer les deux retours l’un contre l’autre; ce qui rend la jonction des pieces extrêmement solide.

5.

Le point à rabattre sur la main.

Piquez de haut en bas, puis de bas en haut, toujours en avant, les points près à près,&à égale distance, i dessus, m dessous.

6.

Le point à rabattre sous la main.

Il se fait comme le précédent, excepté qu’ayant percé l’étoffe supérieure, vous allez par dehors piquer l’étoffe inférieure au travers; puis vous les percez toutes deux en remontant: on se sert de ce point pour coudre la doublure au-dessus quand il la dépasse: k dessus, n dessous.

7.

Le point à rentraire.

Ce point s’exécute comme le point à rabattre sur la main; mais il se fait en deux temps comme le point lacé en retournant l’aiguille; avant d’employer celui-ci on coud, comme il est dit ci-dessus, les deux envers avec quelquun des points simples; puis on retourne la piéce à l’endroit,&tirant de chaque main pour découvrir où est la couture, on serre avec ce point les deux retours l’un près de l’autre: les points doivent être très-courts&prendre très-peu d’étoffe pour s’y confondre, de façon qu’à peine puisse-t-on les appercevoir; l’dessus, Le dessous.

Le point perdu.

Suivez le même procédé qu’on vient de donner pour rentraire; vous serez ici le point arriere, qu’à peine doit-on appercevoir; c’est ce qu’on nomme dans ce cas le point perdu.

Nota. Que le point de rentraiture est celui qu’on fait aux draps, à la ratine& autres étoffes qui ont de la consistance;&qu’aux étoffes de soie légeres, comme la lustrine, le camelot de foie,&c. on se sert du point perdu.

Le numéro8est relatif à la Couturiere; on y renverra quand on traitera son Art ci-après.

Les points qui forment les boutonnieres.

Toute boutonniere n’est pas construite par le Tailleur: il s’en fait de diverses façons, soit en galon, en broderie,&c. qu’il ne fait qu’espacer&coudre; mais quand il les forme lui-même il se sert de trois sortes de points: d’abord il trace sa boutonnière avec deux points longs&paralleles r, qu’il nomme points coulés; ces deux points dessinent, pour ainsi dire, la boutonniere,&c’est leur disposition qu’il appelle la passe: il enferme la passe d’un bout à l’autre dans ce qu’il nomme le point de boutonniere,&finit par faire les deux brides, une à chaque bout, par trois petits points coulés près-à-près qu’il enferme ensuite dans une rangée de points noués.

Le point de boutonniere t, se pique de dessus en dessous, le long de la passe, se releve ensuite un peu en arriere&d’équerre à la passe; l’aiguille ayant repercé en dessus, on la fait entrer, avant de serrer, dans l’espece d’anneau que la premiere piqûure a formé le long de la passe, ce qui fait un noeud qui prend la passe en se serrant; on continue ainsi jusqu’à ce que toute une passe soit couverte de nœuds; on les travaille ainsi toutes deux; il ne s’agit plus que de faire une bride à chaque bout.

Pour faire la bride, on commence par trois petits points coulés près-à-près du sens des points de boutonniere; puis on les enveloppe avec le point de bride qui est une espece de point noué tel qu’on peut le comprendre par la figure S; ce point n’entre pas dans l’étoffe, il ne prend que les trois points coulés.

Art du tailleur

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