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NOTICE SUR FÉNELON

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François de Salignac de Lamothe-Fénelon, fils de Pons de Salignac, comte de Lamothe-Fénelon, et de Louise de la Cropte de Saint-Abre, naquit au château de Fénelon, en Périgord, le 6 août 1651. Sa famille se recommandait par d’anciens et illustres services; mais, admirable privilége du génie! c’est lui qui devait jeter sur ce nom un impérissable éclat. Fénelon passa dans la demeure paternelle les douze premières années de sa vie; il laissait voir un aimable naturel, et, sous des traits délicats, une vive et précoce intelligence. Il entra dès ce premier âge dans le secret des littératures antiques, dont l’heureuse imitation devait plus tard lui donner de la gloire. Fénelon continua ses études à l’université de Cahors, et les acheva à Paris, au collège du Plessis. Il avait senti de bonne heure la vocation ecclésiastique, et ce fut au séminaire de Saint-Sulpice, sous la direction de M. Tronson, qu’il étudia la théologie et qu’il se forma aux vertus sacerdotales. Il y reçut les saints ordres à l’âge de vingt-quatre ans. La paroisse de Saint-Sulpice eut les prémices de son ministère; il y fit remarquer sa parole élégante et facile dans des explications des livres saints. Cette église fut le berceau de sa renommée.

A vingt-sept ans, l’abbé de Fénelon fut placé à la tête de la communauté des Nouvelles-Converties, à laquelle s’intéressait Turenne, et que Louis XIV protégeait; le but de cet établissement était l’affermissement des âmes ramenées à la vérité : nul mieux que le nouveau supérieur des Nouvelles-Converties ne pouvait exercer cet utile et doux apostolat. Il y consacra dix ans de sa vie: ce furent des années de grande lecture et de sérieux travail. A l’âge de trente ans, il obtint le prieuré de Cavenac, que son oncle l’évêque de Sarlat lui résigna; il avait besoin de ce bénéfice pour soutenir son existence à Paris: il n’en eut pas d’autre pendant de longues années.

Le premier ouvrage de Fénelon appartient à l’époque où il dirigeait la communauté des Nouvelles-Converties; cet ouvrage ne lui fut point inspiré par le soin des âmes confiées à son zèle, mais par son dévouement à une famille dont le nom se lie à l’histoire de Fénelon. Il écrivit pour la duchesse de Beauvilliers, mère de huit filles, le Traité de l’éducation des filles, et cet admirable livre est devenu le trésor de toutes les mères.

Fénelon perdit en 1683 son oncle le marquis Antoine de Fénelon, dont la paternelle affection lui avait été si profitable et si douce. Des amis lui restaient: le duc de Beauvilliers, toujours fidèle; Bossuet, dont le génie l’attirait puissamment et qui l’avait distingué de bonne heure; Tronson, qui l’aimait avec prédilection; l’abbé de Langeron, dont le cœur était si tendrement uni au sien. Les fonctions de Fénelon auprès des protestantes converties et son Traité du ministère des pasteurs, connu de quelques amis, le désignaient pour les missions du Poitou et de la Saintonge, après la révocation de l’édit de Nantes; Bossuet conseilla à Louis XIV de le choisir. Fénelon, après avoir rempli avec succès cette mission difficile, revint à Paris pour y reprendre la direction des Nouvelles-Converties.

En 1689, il sortit tout à coup de sa vie modeste pour entrer à la cour en qualité de précepteur du duc de Bourgogne, dont le duc de Beauvilliers était nommé gouverneur: l’amitié du bon duc lui avait ouvert le chemin. Nous touchons aux plus brillantes années de Fénelon. Il composa pour son royal élève des écrits qu’on lit encore, et le Télémaque, qu’on lira toujours. Il fit surtout un bel ouvrage, le duc de Bourgogne, qui promettait à la France un âge de bonheur dont elle ne fut pas trouvée digne. Le roi le nomma à l’archevêché de Cambrai en 1695, et ce fut Bossu et qui le sacra à Saint-Cyr, en présence de Mme de Maintenon et du petit-fils de Louis XIV. Fénelon devait garder sa charge de précepteur, et ne résider que neuf mois à Cambrai.

Mais une tempête sortie d’une question de théologie, le quiétisme, vint assombrir les jours de Fénelon. Son livre des Maximes des saints souleva de vives contradictions, et l’archevêque de Cambrai rencontra contre lui l’évêque de Meaux. La controverse entre ces deux grands hommes, et à laquelle la société française resta fortement attentive, se termina par la condamnation du livre des Maximes des saints à Rome, et par l’humble soumission de Fénelon. Il avait reçu l’ordre de quitter la cour au mois d’août 1697; cinq mois auparavant, l’incendie, en dévorant son palais à Cambrai, avait anéanti tous ses livres et d’importants manuscrits.

Fénelon consacra à son diocèse les dix-huit dernières années de sa vie. Sa grande et noble existence s’écoulait uniforme et solitaire. Il se levait matin, travaillait beaucoup, accomplissait avec zèle et assiduité, avec sagesse et fermeté, tous ses devoirs de pasteur, et prêchait souvent; toutes les paroisses de son diocèse reçurent sa visite et entendirent sa parole. Sa correspondance était étendue, et les Lettres spirituelles de Fénelon seront toujours une lumière et une joie pour les âmes chrétiennes. L’état malheureux de la France dans les premières années du XVIIIe siècle fut pour l’archevêque de Cambrai une occasion de montrer par des actes tout ce que son âme renfermait d’élévation et de générosité ; on sait de quels égards il fut l’objet durant l’occupation du pays par les armées ennemies.

La Lettre sur les occupations de l’Académie française, pleine d’aperçus ingénieux, de pensées délicates et de choses charmantes; les Lettres sur la religion, adressées au duc d’Orléans, le Traité de l’existence de Dieu, sont les fruits des dernières années de Fénelon. Il eut la douleur de voir mourir tous ceux qu’il aimait; dans la dernière lettre écrite de sa main, l’archevêque de Cambrai disait à Mme de Beauvilliers: «Nous retrouverons bientôt ce que «nous n’avons point perdu; nous en approchons tous «les jours à grands pas; encore un peu, et il n’y aura «plus de quoi pleurer.» Fénelon écrivit ces lignes le 28 décembre 1714; sept jours après, il rendait à Dieu une des âmes les plus belles qui aient jamais honoré l’humanité.

POUJOULAT.

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