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AVERTISSEMENT.

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Bruxelles 1er juillet 1863.

Je croirais avoir à me reprocher toute ma vie de différer plus longtemps la publication de cet écrit et la révélation des faits qui le motivent; car ils sont de la plus haute gravité ; et chaque instant de retard peut coûter un échec à la confiance publique. Non pas que, dès l’instant de la découverte du danger, je ne me sois hâté de prendre toutes les précautions qu’en pareil cas la prudence suggère, pour arrêter le mal à sa source et en mettre à l’abri ceux qui s’adressent plus spécialement à nous. Mais parce que c’est maintenant à tout le monde à se tenir en garde contre ce qui s’en est écoulé et a passé dans la circulation; et que, pour se tenir en garde contre une chose, il est nécessaire d’en avoir le signalement. Ce signalement, je vais le donner dans cet écrit; si j’avais eu à ma disposition un moyen plus sûr d’arriver au but, je n’aurais pas eu recours à la publicité, pour remplir mon devoir de citoyen et de philanthrope. Mais la seule puissance dont je puisse disposer pour faire le bien, c’est celle de la publicité ; dans le silence, il ne peut rien celui qui n’est rien.

De quelque opinion que vous soyez sur tout autre terrain, lisez-moi sans prévention sur celui-ci; car il s’agit de votre santé et de celle de vos proches. Peu m’importe ensuite que vous vous intéressiez peu à la mienne par esprit de parti ou de religion; mon devoir à moi, ma mission la plus chère est de m’intéresser à la vôtre, dans l’intérêt de l’avenir que le présent condamne à hériter de nos constitutions physiques, sans bénéfice d’inventaire; lui qui rejettera dans le coin le plus obscur de l’histoire, et comme des vieilles friperies des temps passés, nos dissentiments, nos querelles, nos rivalités et nos préjugés religieux ou politiques. Notre vœu commun, c’est, sans aucun doute, de lui léguer des générations fortes et intelligentes (car la force unie à l’intelligence c’est la moralité) Or, il ne dépend que de nous de réaliser ce vœu. Quiconque s’y oppose, dans un esprit de vengeance ou de sordidité, doit être mis au rang des plus inexcusables coupables; et c’est un immense service à lui rendre que de signaler son délit à lui-même avant de le signaler à autrui; c’est ce que j’ai fait. Mais si cet avertissement ne suffisait pas contre son imprudence, je me verrais forcé, dussé-je m’exposer à bien des rancunes privées ou légales et publiques, de recourir à tous les moyens dont je pourrais disposer pour appeler contre sa culpabilité toute la rigueur des lois, ou, à leur défaut, toute l’animadversion et les répugnances de l’opinion publique. J’ai trop eu à souffrir de pareils méfaits, pour que je ne me hâte pas d’en avertir ceux qui sont exposés à en souffrir encore; et, dans cette œuvre de suprême loi, cet écrit me donnera pour auxiliaires tous ceux qui mettent la salubrité publique au dessus de tous les intérêts de croyance ou de parti.

Ici je dénonce les faits, sans désigner les personnes. Je cherche à conjurer le danger, en le signalant même à ceux de qui il émane; Dieu me garde de vouloir tout d’abord nuire à quelqu’un, en cherchant à être utile à tout le monde; ce sont les coupables seuls qui se nuiront à eux-mêmes, si, après cet avertissement, ils transformaient leur imprudence en parti pris et en propos délibéré.

Mais quel que soit le résultat de leur détermination à ce sujet, j’ose leur assurer que je ne leur causerai jamais autant de peines morales que j’en ai éprouvé, dans le premier moment où j’ai eu l’heureuse chance de découvrir la source du mal que j’ai à signaler; j’en suis resté un instant comme anéanti, ne pouvant me décider à y croire, et ne sachant si je devais voir, en cette circonstance, ou un acte de la plus stupide imprudence ou celui de la plus infernale perfidie: c’est-à-dire, ou bien l’aveuglement de l’amour du lucre (auri sacra fames) ou bien l’organisation froidement calculée d’un guet-apens.

Vous voilà préparés à m’écouter; j’ai attendu d’être calme et recueilli, avant de chercher à me faire entendre; et ce calme a duré assez longtemps, après que cette étude est devenue complète, et qu’il ne m’est plus resté le moindre doute à ce sujet sur la véritable cause du mal.

Contre les empoisonnements industriels

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