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LE DÉSIR DE SOUFFRANCE. — Quand je songe au désir de faire quelque chose, tel qu’il chatouille et stimule sans cesse des milliers de jeunes Européens qui tous ne peuvent supporter ni l’ennui, ni eux-même, — je me rends compte qu’il doit y avoir en eux un désir de souffrir d’une façon quelconque afin de tirer de leur souffrance une raison probante pour agir. La misère est nécessaire ! De là les cris des politiciens, de là les nombreuses « calamités publiques » de toutes les classes imaginables, calamités fausses, inventées, exagérées, et l’aveugle empressement à y croire. Ce jeune monde exige que du dehors vienne, ou devienne visible, non pas le bonheur — mais le malheur ; et leur imagination s’occupe déjà d’avance à en faire un monstre, pour pouvoir ensuite lutter avec ce monstre. Si ces êtres avides de misère sentaient en eux la force de faire du bien, en eux-mêmes, pour eux-mêmes, ils s’entendraient aussi à se créer, en eux-mêmes, une misère propre et personnelle. Leurs sensations pourraient alors être plus subtiles, et leur satisfactions résonner comme de bonne musique ; tandis que maintenant ils remplissent le monde de leurs cri de détresse et, par conséquent, trop souvent, en premier lieu, de leur sentiment de détresse ! Ils ne savent rien faire d’eux-mêmes — c’est pourquoi ils crayonnent au mur la misère des autres : ils ont toujours besoin des autres ! Et toujours de nouveau d’autres autres ! — Pardonnez-moi, mes amis, j’ai osé crayonner au mur mon bonheur.

Allusion à la chanson de Claire dans l’Egmont de Goethe « Himmelhoch jauchzend.Zum Tode betruebt… » — N.d.T.

Mémoires de Madame de Rémusat, tome I, pages 114-115. Édition de 1880). Nietzsche cite d’après une traduction allemande et intervertit l’ordre des deux phrases. — N.d.T.

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