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III
– Deux jeunes filles. —

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Il passait en effet – sur sa jument de louage, – une jolie bête fringante et vive qu'il montait assez bien. Il passait dans l'avenue de Saxe, fringant comme sa monture, fatigant ses étriers pour trotter à l'anglaise et laissant floconner derrière lui la fumée bleue de son cigare.

Quelle différence y a-t-il, de loin, entre un cinquième clerc d'avoué et un prince?

Il passait. La petite bonne femme ne se trompait pas. C'était bien Léon Rodelet que Césarine et Maxence regardaient.

Césarine, émue et curieuse; Maxence, curieuse mais calme.

Ce n'était pas mademoiselle Maxence de Sainte-Croix qui venait pour Léon Rodelet sous la tonnelle.

– Il est vraiment assez bien, dit-elle quand Léon fut passé, le poing sur la hanche et la bride lâchée.

Il ne faut rien cacher. En passant, il avait envoyé un salut en souriant.

– Assez bien! répéta Césarine avec reproche.

– Très-bien, si tu veux… pour un petit jeune homme.

Vous verrez très-rarement une toute jeune fille apprécier un petit jeune homme.

Césarine répéta encore d'un air piqué:

– Un petit jeune homme!

– Dame, fit Maxence ingénument, et ce n'était pas son défaut dominant d'être ingénue, – c'est à peine si l'on voit sa moustache.

– Tu es myope, toi, ma bonne, répliqua mademoiselle de Mersanz; – moi, je la vois très-bien.

Maxence tourna vers elle ses grands yeux de gitana.

– Est-ce que vraiment tu l'aimes? murmura-t-elle.

Césarine éclata de rire, – mais trop bruyamment.

– J'aime son joli cheval, dit-elle, – sa cravache, la fumée de son cigare… On n'a pas le choix, ici.

Elle était rouge comme une cerise. – Maxence secoua la tête gravement.

– Et que crois-tu qu'on aime dans les hommes? murmura-t-elle.

– Je ne sais pas, repartit Césarine sèchement.

La fabrique de mariages, Vol. I

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