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PRÉFACE.
ОглавлениеLa médecine vétérinaire ou l’art de traiter les maladies des animaux domestiques a subi trois phases: la première empirique, la seconde spéculative, la troisième positive ou dosimétrique. Nous ne parlons pas de l’experientia in anima vili, qui, bien conduite, a son bon côté puisqu’elle éclaire l’état fonctionnel tant physiologique que pathologique.
Dans la première période la médecine vétérinaire a été grossière dans les moyens qu’elle employait; on croyait même cette grossièreté nécessaire, surtout pour les grands animaux, comme l’indique le terme vulgaire: «médecine de cheval», pour dire quelque chose de fort, emportant la bouche, exfoliant l’intestin. Aussi les affections traitées de la sorte prenaient-elles un caractère ataxo-adynamique à cause de l’épuisement de la vitalité. On concluait alors à un état typhoïde et on y opposait de nouveaux irritants dont la mort était la conséquence.
Ou bien, on épuisait les sujets par des saignées aux kilos, comme si l’animal n’avait besoin de son sang pour vivre. On n’empêchait point ainsi la fièvre, qui jetait ses dernières lueurs, comme un incendie qui s’éteint après avoir tout consumé.
En général, on ignorait ce qu’était prévenir les maladies aiguës; à plus forte raison on ne savait point les juguler. On croyait même à la nécessité de la fièvre et on cherchait plutôt à la susciter qu’à l’abattre.
Que n’a-t-on pas dit de la fièvre typhoïde, par exemple, dont on comptait sur les doigts les septenaires, pendant que le malade succombait faute de résistance vitale?
Dans sa deuxième période, l’art s’est attaché à reconnaître la spécificité des maladies, soit dans des virus ou miasmes, soit dans des microbes. Nous n’avons pas besoin de rappeler ici les belles recherches de MM. Pasteur, Davaine, ainsi que la théorie de l’inoculation qui date déjà de trente ans, mais qui est entrée dans ces derniers temps dans sa phase de culture.
Au point de vue de la prophylaxie des maladies infectieuses et contagieuses c’est un grand pas de fait; mais il lui fallait un couronnement, c’est-à-dire une thérapeutique à la fois sûre, rapide et commode: Cito, tuto, jucunde; c’est sa troisième période ou dosimétrique.
On peut dire maintenant de la médecine vétérinaire qu’elle est faite, ou plutôt qu’elle s’est faite. «Fara de se.» Il n’y a plus qu’à marcher devant soi, les yeux ouverts, et non comme l’aveugle frappant autour de lui avec son bâton au risque d’atteindre les passants.
Les passants, ce sont les propriétaires d’animaux qui subissent des pertes énormes quand un traitement est mal institué.
Nous ne parlons pas de pauvres bêtes pour lesquelles le mot «abatage» est vite prononcé, comme s’il n’y avait là aussi un crime de lèse humanité, puisque nous avons fait de nos animaux domestiques les compagnons de nos travaux, sinon les esclaves de nos joies et de nos plaisirs. Trop heureux encore qu’on abrège leur existence au lieu de leur laisser traîner une vieillesse misérable et prématurée!
Voyez les haridelles de nos grandes villes, portant, la plupart, des traces des mauvais traitements qu’on leur fait subir, en dépit des Sociétés protectrices. Elles ont eu leurs beaux jours (les haridelles), hélas! suivis de jours d’autant plus misérables. Et cependant en les soumettant, à une bonne hygiène, en leur administrant de temps à autre quelques granules d’arséniate de strychnine, point ne serait nécessaire de se servir du fouet, car on les fouetterait intérieurement. Leurs forces musculaires reviendraient et avec elles le calorique et l’électricité, ces deux facteurs de la vie.
Telles sont les réflexions qui nous sont venues en parcourant le Manuel de médecine dosimétrique vétérinaire, de MM. P. Rénier et G. Gsell, et nous les félicitons d’avance du succès qu’ils obtiendront auprès des vétérinaires et des propriétaires d’animaux, et cela d’autant plus que les animaux ont une valeur vénale, et que c’est par l’intérêt qu’il faut prendre les hommes.
Dr BURGGRAEVE.