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XIII

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J'ai une vision confuse du mariage de Marie: la porte grande ouverte, des gens inconnus, avec des rubans blancs à leur boutonnière, entrant et sortant, la chérie en toilette, un petit châle vert, orné de palmettes, attaché à ses épaules. C'est tout ce qui surnage, pour moi, de cet événement.

Je retrouve ensuite Marie, installée dans le logement donnant du côté de l'impasse, sur le même palier que nous.

Cela agrandissait mon domaine. Je pouvais maintenant courir d'un logis à l'autre, et j'étais bien souvent autour de Marie, qui était repasseuse, pour lui tendre à repasser des bouts de chiffons, beaucoup plus pressés que son ouvrage.

Le mari me fut simplement un esclave de plus. Comme il était très grand et très fort, je ne le ménageais pas: quand il était d'une promenade, j'étais toujours fatiguée, afin d'être portée par lui; tandis qu'au contraire, seule avec ma nourrice je ne m'avouais jamais lasse. Il m'asseyait sur sa large épaule, et de cette hauteur, je voyais le monde sous un jour nouveau, avec un petit frisson de vertige qui me plaisait. De courses dans Paris, dont le but m'échappe, je retrouve surtout le retour, à la nuit, aux passages des barrières, – car il fallait toujours repasser une barrière pour rentrer chez nous. – La rangée de réverbères, allumés au-dessus de la grille, me semblait être ce qu'il y avait de plus beau, et je me retournais pour la voir plus longtemps, au risque de tomber du haut de mon observatoire. Ce devait être des soirs de dimanche, car le boulevard extérieur était bruyant et gai; des chants, des cris le traversaient, et des enfants dansaient des rondes dans la poussière, qui montait vers moi, avec une odeur de pain d'épices.

Le collier des jours

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