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VII

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Les visites à ma famille devaient être régulières, tous les quinze jours, probablement. Elle habitait rue de Rougemont et nous y allions à pied, moi portée, évidemment, une partie du chemin! Il fallait monter au cinquième, par un escalier assez sombre, très ciré et glissant, qui ne ressemblait guère à celui de chez nous, étroit, terne, mais si vite grimpé, à quatre pattes, jusqu'au palier carrelé. On entrait dans une petite antichambre sans fenêtre où il faisait noir. Le salon était au fond, la salle à manger à gauche. Pour moi, le seul intérêt de ces visites était la promenade à l'aller et au retour; j'étais avec la chérie et cela suffisait à mon amusement. Quant aux personnes que nous allions voir, je n'y faisais aucune attention, et une fois partie, je n'y pensais jamais.

La plus ancienne entrevue avec mon père dont je me souvienne, fut plutôt froide; la voix du sang ne parla pas du tout en moi.

C'était dans la salle à manger. J'étais sur un bras de ma nourrice, et mon père, qu'on avait sans doute appelé pour me voir, debout devant moi, s'essayait à me faire des agaceries, pour me décider à sourire. Mais, le regardant de haut, je demeurai grave et hostile.

Alors, il me dit:

– Veux-tu que je te colle au plafond avec un pain à cacheter?

Il ignorait, certainement, quel personnage j'étais, pour me faire une pareille proposition, et ma surprise fut aussi grande que ma colère. Le plafond, très proche de la place où l'on me tenait, me faisait juger le projet très réalisable, et un peu d'inquiétude s'ajoutait à mon indignation; mais je ressentais surtout l'offense. Je dus avoir l'air bien comiquement outragée, car mon père éclata de rire et voulut m'embrasser; je me rejetais vivement en arrière en me cachant contre l'épaule de ma nourrice.

Mon père ne se doutait guère que j'emportais de cette scène un souvenir ineffaçable et une assez longue rancune.

Le collier des jours

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