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INTRODUCTION.

Table des matières

ON se perdrait dans l’obscurité des siècles, si l’on voulait rechercher l’origine de l’agriculture, parce qu’elle n’est due qu’aux besoins que l’augmentation progressive de la société a fait naître.

Elle fut liée au système politique des Gouvernemens qui l’honorèrent et la protégèrent.

Sous les beaux jours de la République Romaine, elle y jouit des premières faveurs; mais’les richesses prodigieuses introduites dans la capitale du monde corrompirent le cœur de ces fiers conquérans. Les champs ne se virent plus alors sillonnés par ces grands capitaines couronnés de lauriers et décorés des honneurs du triomphe. L’agriculture ne tarda pas à se ressentir de la contagion.

Les guerres civiles et l’établissement du régime féodal, qui survinrent ensuite, ruinèrent le fondement social, en achevant de faire perdre à l’agriculture l’appui et le lustre qui lui étaient dûs.

Dès cet instant, aussi funeste au Gouvernement qu’aux mœurs, l’orgueil et la mollesse la reléguèrent entièrement dans la classe la plus abjecte de la société. Là, n’étant plus dirigée par un grand intérêt, elle subit le sort de ceux à qui elle fut confiée.

Les dévastations politiques de ces temps de barbarie durent nécessairement ruiner par les fondemens l’art auquel l’homme fut appelé par son Créateur.

A ce régime de fer, d’ignorance et de superstition, succéda la civilisation, qui a soumis la postérité à l’obéissance aux lois de l’État.

Dès cette heureuse régénération, quelques nations se sont élevées, par leur industrie et leur force, au degré de lumière de celles qui les avaient précédées dans les siècles éloignés.

Le peuple Anglais, que son caractère, son industrie et ses lumières placent au premier rang des nations agricoles, n’a porté la culture de ses terres à ce haut degré de perfection, que par l’effet de ses belles institutions.

Si donc l’agriculture est le premier des arts, celui d’où dérivent toutes les ressources de l’État et de l’industrie nationale, pourquoi la laisser languir plus long-temps dans l’ignorance de la plus grande partie des principes qui doivent la diriger? Pourquoi ne pas établir des écoles à ce sujet? Nous en avons cependant beaucoup d’autres bien moins utiles.

N’est-il pas nécessaire que celui qui se livre à l’intérêt commun de la société, connaisse 1.° les premiers élémens de son art? qu’il sache que c’est par l’air que toutes les plantes reçoivent leur principe de vie; que les tiges, les feuilles et les racines même sont soumises aux influences de l’atmosphère; que chacune de ces parties sont autant de suçoirs par lesquels il s’introduit, en y déposant ses sucs génératifs? 2.° Que c’est à l’humidité combinée avec la chaleur que les plantes doivent leur développement? 3.° Que les émanations solaires donnent la vie à tous les corps, en faisant fermenter les principes végétatifs qui résident dans la terre et dans l’eau? 4.° Que c’est encore à cet astre que toutes les plantes doivent le jeu admirable de la séve? 5.° Ne doit-il pas savoir aussi que les émanations solaires ne sont pas les seules qui concourent à la végétation; qu’il en est encore une autre douce et bénigne, qui s’exhale des entrailles de la terre, qui agit perpétuellement, qui tient toutes les racines dans un état de dilatation propre à se laisser pénétrer par les sucs terrestres? 6.° Qu’il sache encore que, dans le temps des frimats, où la nature paraît avoir oublié ses sujets, c’est alors que cette douce transpiration entretient les racines dans l’état de vie qu’elle communique à la tige? 7.° Qu’il sache enfin que l’intelligence humaine permet de diriger les effets que produit la combinaison de ces quatre élémens, dans lesquels, suivant les nouvelles découvertes, un grand nombre d’autres se confondent?

Quelques personnes répondront peut-être que l’agriculture est un métier assez facile de sa nature, pour n’avoir besoin d’aucune étude pour être appris.

Qu’ils voient, ces bonnes gens, ce que disent à ce sujet un grand nombre d’auteurs célèbres, entre autres Mr l’abbé Fleury, répété par Mr l’abbé Rollin!

Ces personnes, peu instruites, qui se glorifient d’avoir beaucoup d’argent, et peu de moyens pour en faire un noble usage, sont pardonnables, parce qu’elles voient tous les jours cultiver la vigne, les champs, les prés, les jardins; planter des arbres, les tailler, les greffer; récolter les fruits, les grains, les fourrages, les légumes, les raisins, et faire du vin, par des gens qui n’ont pas les premières notions de leur état.

Quant à moi, qui suis loin d’avoir la prétention de fixer l’opinion sur ce que je crois nécessaire pour le bien de mon pays, lorsque j’envisage cet art comme celui qui fournit à tous les besoins de l’État et même aux délices de la vie des personnes que nous regardons comme étant d’une condition élevée; lorsqu’enfin je l’envisage dans tous les détails d’une culture raisonnée et industrielle, j’y trouve un cours d’étude en théorie, en pratique et en morale, d’une bien vaste étendue.

Manuel du bon fermier: Cours théorique et pratique d'agriculture

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